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CHAPITRE I.er

Table des matières

Dissertation sur les différentes natures de Terres.

LA première instruction de celui qui veut se livrer à l’agriculture, est celle de bien connaître les différentes qualités de terres qui composent sa propriété, afin de pouvoir leur appliquer avec succès les cultures les plus convenables, surtout pour celles qui entrent dans l’aménagement des assolemens.

Pour raisonner de la terre en observateur, il me semble pouvoir dire qu’elle n’est, en grande partie, qu’une décomposition de végétaux, de rocs plus ou moins accessibles aux influences de l’atmosphère, de vases déposées par les inondations, effets des révolutions terrestres.

Elle n’est composée que d’un sable très-menu, lié par un terreau plus ou moins mucilagineux, qui en forme un corps propre à la végétation.

Ces corps réunis sont propres à la production des végétaux, par le moyen des sucs nourriciers dont ils sont pourvus, qui se dilatent par les effets de la chaleur, de l’humidité et de l’air.

Sans la réunion de ces deux corps, tout resterait mort; et sans la réunion de la chaleur, de l’air et de l’humidité, tout serait encore neutre, parce qu’il ne pourrait s’opérer aucune transpiration.

Si le visqueux qui forme de ces sables un corps, en était séparé, la terre deviendrait infertile, comme elle l’est en certaines parties du globe.

C’est cette réunion, plus ou moins abondante, qui constitue les terres fertiles, les terres médiocrement bonnes, ou les terres mauvaises.

On peut dire encore que la terre, à la considérer comme un des quatre élémens, n’a aucune disposition première pour la végétation, sans la coopération des trois autres.

Maintenant, comme il s’agit de reconnaître la fécondité plus ou moins grande, ou la stérilité de chaque nature de terre, on peut dire avec assurance que toutes les nuances ne sont pas grandement essentielles pour en distinguer la qualité.

Les terres contiennent une assez grande quantité de sucs nourriciers; il s’agit seulement de mettre les racines à portée de pouvoir en profiter. Les terres ont des pores intérieurs; mais le plus souvent ils sont trop petits pour la filtration des eaux et la pénétration des racines; ou ils sont trop grands et quelquefois en trop grand nombre, pour que le jeu des racines puisse sucer les sucs qui leur sont propres: ce qui donne lieu de considérer les différentes terres selon qu’elles sont plus ou moins propres à la végétation, et plus ou moins fertiles.

Les terres profondes, d’un sable extrême ment fin, sont ordinairement très-visqueuses, par conséquent grasses et fortes; elles contiennent beaucoup de terreau, et sont propres à toute espèce de culture: elles se nomment terres franches. On en trouve de grises, de brunes, de blanches et de rousses. Les blanches et les grises sont les meilleures pour le froment; les autres, quoiqu’inférieures, sont néanmoins encore fort bonnes pour le grain.

Les terres calcaires sont celles qui proviennent d’une décomposition de roc de l’espèce; elles sont aussi grasses, fortes et amplement pourvues de suc nourricier. Sur les coteaux elles sont les meilleures pour la culture de la vigne.

Les terres fortes sont un mélange de calcaire et d’argile. Leur base est ordinairement glaireuse. Elles sont fertiles si elles sont cultivées avec soin.

Les crayeuses sans mélange sont ordinairement incapables de production. Il s’en trouve de différentes espèces: quelques-unes sont propres à la fertilisation des autres terres. Nous en avons dans ce pays une très-grande quantité, que l’on nomme marc, surtout en colline. Une partie est cependant en culture; mais il s’y trouve un mélange de terres végétales qui y ont été amenées par les éboulemens ou par les ravines. Elles sont, en colline, propres à la culture de la vigne blanche.

Les terres légères ou sablonneuses sont un mélange de sable et de gravier déposés par les torrens ou rivières. Le soleil évapore leur suc promptement. Le seigle y réussit passablement si les chaleurs ne sont pas trop prolongées.

Évitez donc toute recherche sur une plus ample distinction de terre; vous avez là un fondement suffisant d’opérations. Si vous en demandez davantage, vous ne saurez plus où vous fixer, parce que ces divisions s’étendant depuis la terre la plus forte, la plus grasse, jusqu’à la plus légère, on ne peut et on ne doit rien rechercher de plus.

On n’aura qu’à labourer profondément les terres fortes, par un temps convenable, et les terres légères par un temps un peu humide; donner à chacune de ces terres les cultures et les engrais qui lui sont propres, on verra que toutes les récoltes réussiront, et que le travail sera toujours amplement payé.

En principe, vous vous rappellerez que plus les terres sont mucilagineuses, plus elles contiennent de principe de vie, moins elles s’effritent par les labours d’été et par l’abondance des récoltes qu’elles produisent. Cependant, malgré toutes ces perfections, le cultivateur intelligent aura toujours soin de les conserver dans cet état de faveur par les engrais ou le repos.

Manuel du bon fermier: Cours théorique et pratique d'agriculture

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