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GROUPES ETHNIQUES
ОглавлениеLes Costumes ruraux, en effet, ne sont pas répandus et confondus au hasard.
Que notre observateur, simplement attiré par la poésie des coiffes blanches, ou désireux de résoudre, par le détail et sur place, l’intéressant problème des races, du langage et des mœurs, accompagne, jusqu’au fond de leurs villages, ces paysannes; qu’il poursuive des mois et des mois son enquête, et il constatera que notre territoire est réparti en une multitude de petites régions ethniques très distinctes.
Le caractère le plus facile à saisir, quand on essaie de tracer et délimiter ces circonscriptions, est certainement fourni par la variété des costumes. Or, dans ces costumes, l’élément caractéristique et distinctif par excellence est celui précisément qui attire les regards au premier abord: la Coiffe des femmes.
En dehors de cet élément d’appréciation, un très long séjour dans une contrée serait indispensable pour arriver à démêler sûrement les nuances de coupe et de couleur des vêtements, les mille particularités de détails, empruntées surtout au vocabulaire et à la prononciation, à l’aide desquels les campagnards arrivent à se classer entre eux. Car ils se distinguent par des appellations ou sobriquets très typiques qui, s’ils étaient partout relevés avec soin, fourniraient à l’ethnographie des indices de haute valeur.
La région d’entre Loire et Garonne, que nous avons particulièrement étudiée, surtout dans sa partie située entre Poitiers et l’Océan, comprend trente de ces circonscriptions ethniques.
Nous disons circonscriptions ethniques et non simplement groupes de costume, parce que nous avons maintes fois constaté qu’aux caractères extérieurs fournis par le vêtement correspondent d’autres éléments plus intimes, d’une importance scientifique autrement considérable, et dont ils ne constituent, en quelque sorte, que le signalement extérieur, visible à tous les yeux.
Dans la région où les femmes portent un béguin de même forme, les patois ont une grammaire identique, avec des désinences pareilles, et ils sont affectés des mêmes accents locaux; les jouets, les outils, les chants, les danses, les goûts artistiques, les traditions, les habitudes superstitieuses, y revêtent un cachet bien particulier, où l’on pourrait trouver la preuve que nos groupements ethniques correspondent aux ultimes ramifications, aux plus délicates subdivisions des races autochtones ou conquérantes, dont la fusion inachevée maintient une certaine variété intellectuelle et physique parmi le peuple de France.
Ce n’est pas ici le lieu d’étudier à fond un aussi vaste sujet; mais nous nous permettrons de croire que si ces vues un peu nouvelles recevaient la confirmation de recherches anthropologiques semblables à celles que le docteur Collignon a inaugurées, et que plusieurs médecins chargés des opérations du recrutement ont continuées depuis (voir Mém. de la Société d’Anthropologie de Paris, année 1894 et suivantes), il serait permis d’espérer que les habitants de la Gaule finiraient par être aussi complètement étudiés et connus que telle obscure peuplade de Boschimans ou de Troglodytes.