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LETTRE DE MONSIEUR O. DE ROCHEBRUNE

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à MONSIEUR ESCUDIER.

CHER MONSIEUR,

C’est dans le courant de l’année 1890 qu’il vous vint à la pensée de graver une série de planches destinées à reproduire les types si variés de nos costumes Poitevins.

Vous eûtes alors l’amabilité de m’offrir vos premiers essais dans cet art, qui me passionne encore, bien que les années et la maladie aient refroidi mon premier enthousiasme. Je me souviens toujours de la satisfaction que me fit éprouver la vue des premiers cuivres tirés à votre presse. L’idée en elle-même était des plus heureuses, car d’ici quelques années, grâce aux costumes tout faits de la Belle Jardinière ou du Pont-Neuf, la plus désespérante monotonie remplacera les variétés originales et si souvent gracieuses et charmantes de nos costumes nationaux. Où trouver en effet rien de plus seyant et coquet que la toilette du dimanche d’une jeune fille de La Crèche, de la Mothe-Saint-Héray ou de Saint-Maixent.

Vous avez donc eu la bonne fortune de découvrir une mine presque inépuisable, car les Sables-d’Olonne, la Garnache, Fontenay, Bressuire, etc., etc., vous réservent également des types très intéressants à étudier: aussi ne vous en êtes-vous pas fait faute; mais en bon patriote avez-vous préféré débuter par les contrées qui vous avoisinaient. Je ne puis qu’applaudir à ce choix et i’y trouve vos meilleures inspirations.

Vous avez su conserver dans vos divers types, hommes et femmes, un sentiment de naturalisme, un facies du crû, tel que dans les nos 1, 4, 5, 6, 11, 15, 16 on devine de suite qu’un artiste habitant le pays a, seul, pu saisir sur le vif l’allure et la physionomie intime de ces personnages. Il n’y a, dans ces productions si vivantes, rien qui touche à la convention, au parti pris, et à l’allure boulevardière qui domine notre art «fin-de-siècle», jusqu’à ce qu’il le conduise au complet anéantissement.

Continuez à rester ce que vous êtes, à vous pénétrer de plus en plus de la simple poésie du terroir, à nous donner des types fins et gracieux comme les nos 2, 3, 7, 8, 12, 14, 26, et votre œuvre sera feuilletée avec le plus vif intérêt par les vrais connaisseurs; car ils seront heureux d’y rencontrer cette naïveté, cette sincérité dans le rendu qui révèle l’artiste consciencieux, tel que je le retrouve avec plaisir dans ces premiers essais.

Vos morsures ont d’excellentes qualités comme ton et profondeur, quelques retouches de pointe sèche suffiraient pour relier les différents plans, et donner un effet de vie et de couleur qui ajouterait une saveur encore plus grande à vos jolies compositions.

Croyez, cher Monsieur, à mes sentiments bien dévoués.

O. DE ROCHEBRUNE.

Terre-Neuve, 8 Juin 1896.

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