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PRÉFACE.

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Table des matières

Les Chrétiens ont établi l’Histoire évangélique sur le cinquante-troisième chapitre du prophète Isaïe. Ils sont persuadés que la vie, la mort, et la passion de Jésus-Christ, qu’ils révèrent comme le véritable Messie, et qu’ils adorent comme leur sauveur et leur Dieu, y sont dépeintes si parfaitement, qu’à moins d’un entêtement et d’une opiniâtreté invincibles, les Juifs ne peuvent se dispenser de suivre le même sentiment. L’Eglise nomme ce chapitre Passional et veut qu’il serve de base fondamentale à la religion chrétienne. Tous les docteurs de cette religion assurent que le prophète Isaïe, rempli d’un esprit divin, a prédit dans ce chapitre tout ce que Jésus-Christ a souffert pour expier les péchés du genre humain, tout ce qui est contenu dans l’Évangile, et que la rédemption que Dieu avait promise, plusieurs siècles avant la venue du Messie, au peuple d’Israël par l’organe de ses Prophètes, y est évidemment annoncée; ils prétendent que ce peuple obstiné, réduit à la fin à embrasser la foi chrétienne, avouera qu’il a fait injustement mourir son sauveur, son rédempteur et son véritable Messie, qu’il admirera la glorieuse fin d’un Dieu qu’il a ignominieusement réduit au supplice et qu’il a traité comme criminel de lèse-Majesté divine; et qu’après toute la répugnance qu’il a montrée pendant tant de siècles à vouloir adopter cette vérité, il ouvrira les yeux et voudra bien la reconnaître.

Il faut examiner avec attention si le raisonnement de tant de docteurs est solide, s’ils prouvent bien ce qu’ils avancent, et si leur doctrine n’est point abusive.

L’apôtre saint Paul écrit une lettre aux Hébreux pour tâcher de les convertir, il y cite une infinité de passages de l’Ecriture bien moins propres à persuader cette nation, et plus obscurs que ce chapitre que tous les Chrétiens trouvent si clair, et saint Paul n’en fait aucune mention. Il est constant que cet apôtre le savait, puisque, de l’aveu de tous les Chrétiens, il était l’homme le plus versé dans l’Écriture-Sainte. Serait-il naturel de penser qu’il n’eût pas fait connaître aux Hébreux la vérité de sa religion en leur expliquant ce chapitre sans leur alléguer d’autres raisons qui, bien loin de les convaincre, les affermissaient dans l’observation de la Loi pure et éternelle que Moïse avait reçue de la bouche du Seigneur sur la montagne de Sinaï. Une faute si grossière, une omission si nuisible, aurait détruit toute la bonne opinion que les Chrétiens ont des grandes lumières de saint Paul; et bien loin de révérer ses écrits autant que l’on fait, l’Église en aurait supprimé une lettre qui découvre si bien son ignorance, et qui laisse à la postérité une preuve infaillible de la mauvaise interprétation que l’on donne aux paroles du Prophète, comme je le prouverai évidemment dans la suite de cet ouvrage.

Israël vengé

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