Читать книгу Études sur la géologie, la paléontologie et l'ancienneté de l'homme - Jacques-Ludomir Combes - Страница 6
ÉPOQUE SECONDAIRE.
ОглавлениеA ce premier âge des temps anté-historiques de notre région, les animaux d’ordre supérieur ne vivaient pas encore. L’homme, le plus parfait et le dernier en date, ne devait lui-même se montrer qu’après une infinité de siècles.
La température était très élevée. Le soleil, plus lumineux et plus chaud que de nos jours, entretenait, dans une atmosphère saturée de vapeurs aqueuses, une végétation merveilleusement active. C’étaient surtout des coniféres et des cicadées, puis des équisétacées et des fougères.
De vastes mers s’étendaient à la surface des terres, servant d’asile à d’énormes sauriens, sorte de poissons-reptiles qui occupaient le premier rang parmi les êtres vivants d’alors. J’ai trouvé et je possède de nombreux débris de quelques-uns d’entr’eux, notamment de l’Ichthyosaure, du Mégalosaure, du Plésiosaure; ces débris permettent d’assigner aux animaux dont ils proviennent, une. longueur de quinze à vingt mètres.
Il y avait encore le Lépidotus, le Saurocephalus, le Girodus, le Spherodus, le Lemna, l’Asterocanthus, le Pterodactyle, sorte de lézard volant.
Ainsi déjà existaient les vertébrés, mais non encore les mammifères et les oiseaux proprement dits.
Cette époque fut aussi le règne des Ammonites, des Térébratules, des Gryphées, des Rudistes, de nombreuses espèces d’Oursins, de Polypiers, d’Echinadermes, de Foraminifères et de Spongiaires.
Tels sont les êtres qui nous ont précédés sur le coin du globe que nous habitons, êtres dont le Haut-Agenais a conservé les innombrables dépouilles dans les couches régulièrement superposées qui forment l’ensemble de ses terrains.
C’est, au reste, le moment de faire connaître l’ensemble de ces terrains, tels que nous les montrent les collines et les plaines de notre région. Ils ont été formés par des dépôts calcaires ou marneux appartenant, comme les êtres vivants dont j’ai dit un mot au début de ce travail, aux trois époques anté-historiques déjà indiquées. On aura une idée exacte de leur ordre de succession par le tableau suivant qui, bien que placé dans le chapitre consacré à l’époque secondaire, doit aussi servir de guide pour l’étude des époques tertiaire et quaternaire:
COUPE GÉNÉRALE DES TERRAINS
DU DÉPARTEMENT DE LOT-ET-GARONNE.
Deux grands ordres ou systèmes de dépôts comprennent les portions les plus basses et aussi les plus élevées du département de Lot-et-Garonne et en expliquent la formation. Ce sont:
1°. Le système des dépôts à coquilles d’eau douce;
2°. Le système des dépôts à coquilles marines.
Au premier de ces deux systèmes appartient la presque totalité du département. Il n’y a d’exception que pour une petite fraction située au nord-est, pour quelques points disséminés au hasard et pour la région landaise où les sables quartzeux et à coquilles marines ont dû être jetés par une irruption de l’océan sur nos terrains d’eau douce et jusques dans les vallons qui découpent la vallée de la Garonne.
Après que les mers eurent déposé le terrain Triasique (qui est le dernier de l’époque primitive et qui confine au Jurassique, le premier de l’époque secondaire et le plus ancien de l’Agenais), il y eut de nombreux soulèvements. Des terres depuis longtemps formées s’abîmèrent dans les flots de l’océan, et de nouvelles émergèrent. D’autres naquirent de sédiments peu à peu superposés. Telle fut l’origine des formations Jurassiques qui s’étendirent fort loin en Europe et dont les limites, partout très-distinctes, marquent celles des mers du sein desquelles elles se précipitèrent.
Au-dessus des formations jurassiques, de nouvelles mers déposèrent les formations Crétacées, non moins étendues et aussi exactement limitées à leur base et sur leurs bords.
Je consigne ici un fait de la plus haute importance. Le terrain crétacé pousse une pointe au nord-est de l’Agenais, par le Périgord et le Quercy. Il fait là sa jonction avec le jurassique. Si l’on veut fixer leurs limites respectives, on les trouve à peu près représentées par une ligne qui passerait sur Biron, La Capelle, Gavaudun, Monsempron, Fumel, Saint-Vite, Péricard, Pec-de-l’Estèle, Tournon, etc; il en résulte que tous les calcaires situés à l’ouest de cette ligne jusqu’à Agen et, par-delà, près des Landes, ne renferment que des coquilles d’eau douce, tandis que ceux qui se trouvent à l’est, le département du Lot presque tout entier compris, sont caractérisés par des coquilles marines.
Mais ces terrains sont-ils contemporains des cours d’eaux qui les traversent? Plusieurs raisons, dont voici les principales, me portent à admettre l’opinion contraire:
1°. Les couches tertiaires d’eau douce des hauteurs du Pec-de-l’Estelle et de Tournon s’étendent dans une parfaite horizontalité sur-des couches marines: d’où la conclusion naturelle et nécessaire qu’elles leur sont postérieures;
2°. Les lits de la Garonne, du Lot et des ruisseaux qui y aboutissent ont été faits par érosion dans les couches jurassiques, crétacées et tertiaires. Ces terrains préexistaient donc aux cours d’eau qui devaient les diviser;
3°. Ce que j’ai dit plus haut des sables des Landes et des coquilles marines qu’ils renferment, établit jusqu’à l’évidence l’antériorité des deux grandes vallées et des vallons latéraux, à la surface desquels ils se sont déposés.