Читать книгу Études sur la géologie, la paléontologie et l'ancienneté de l'homme - Jacques-Ludomir Combes - Страница 8
ÉTAGE KIMMÉRIDGIEN ( D’ORB. ).
ОглавлениеLe département de Lot-et-Garonne ne renferme qu’un seul des nombreux étages qui constituent le groupe jurassique: c’est le Kimméridgien de d’Orbigny, portion de l’étage supérieur du système oolitique de MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont. L’étage Portlandien, le dernier et le plus élevé du même groupe, manque, et avec lui les trois étages du terrain crétacé, formant la série dite inférieure, qui, dans l’ordre complet et régulier des faits, devraient lui être immédiatement superposés . Il résulte de ces lacunes que l’étage Génomanien, le premier du crétacé supérieur, se juxtapose immédiatement à l’étage kimméridgien, qui est l’avant-dernier du groupe jurassique dans sa série supérieure.
Une coupe de ces terrains aidera à l’intelligence d’une démonstration que je voudrais rendre simple et claire pour tous.
Si, des bords du Lot, à Fumel, on s’élève jusqu’au sommet des plus hautes collines qui dominent la ville dans la direction du Lot, on rencontre une série de couches indiquées dans le tableau suivant qui les représente de haut en bas:
COUPE AU NORD DE FUMEL.
Ces quatre étages sont très-distincts et l’on peut aisément les étudier sur plusieurs points de la colline.
Mais revenons à l’étage kimméridgien, le plus ancien de tous, et observons-le particulièrement aux environs de Fumel.
Il commence à se montrer au-dessous du niveau du Lot, s’élève aux deux tiers en moyenne de la hauteur des coteaux, puis, s’infléchissant de nouveau suivant un angle de seize degrés, dans la direction de la rivière, finit par y disparaître à trente mètres environ de la chaussée. Cette singulière évolution de ses couches s’aperçoit d’ailleurs on ne peut mieux des deux rives opposées du Lot.
Avec l’étage kimméridgien finit tout ce que la région possédait de calcaire jurassique.
La parfaite régularité de ses strates parallèles et le petit nombre de fossiles qu’on y trouve, accusent la profondeur de la mer au sein de laquelle se sont déposées ses couches remarquables par leur étendue et par leur puissance. On juge, au reste, que cette mer devait être agitée, en constatant que, dans certaines portions, les strates, bien que parallèles, sont ondulées et même arquées.
Leur épaisseur, moindre dans le bas que dans le haut, varie entre vingt et cinquante centimètres. La couleur va du jaune au gris verdâtre ou bleuâtre. Elle passe au roux d’autant plus qu’on approche davantage de l’ouest.
La direction générale des collines jurassiques aux abords de Fumel, est de l’ouest à l’est. Le calcaire qui les constitue possède une grande dureté. Il est ordinairement argilifère. Des veines spathiques s’y montrent parfois et l’oxyde de manganèse y dessine assez souvent de fines arborisations.
Les assises dont la teinte est gris-verdâtre, sont particulièrement abondantes. On en tire un ciment-romain d’excellente qualité. L’exploitation s’en fait sur une assez grande échelle, c’est l’unique emploi de ce calcaire, qui est humide et gélif. On pourrait, à la rigueur, s’en servir sous forme de moellons, mais avec addition d’un prompt et solide crépissage; sous l’influence de la gelée, il se délite, si dur qu’il soit, et sa dégradation est rapide.
J’ai retiré de ce terrain jurassique une infinité de fossiles que je conserve dans ma collection et dont on me permettra de citer les plus caractérisques.
1°. Sauriens et poissons:
Ichthyosaure: — Plusieurs dents et un maxillaire inférieur, côté droit, mesurant 66 centimètres de longueur; — Mégalosaure: Plusieurs dents, très-belles; — Lepidotus et Girodus: Mâchoires entières et parties de mâchoires armées de toutes leurs dents; — Saurocephalus, Spherodus gigas, Lemna parodoxa: dents; — Asterocanthus, deux variétés: plaques ou écailles des vertèbres, divers gros ossements, dents (non encore suffisamment étudiées).
2°. Coquilles:
Ammonites longispina; Ammonites decipiens; Ammonites Lallieranus, etc., etc.: Pterocera Ponti et autres; Chemnitzia gigantea; Mactra; Pinna granulata: deux espèces, de proportions différentes; Pinnigena; Ceromya excentrica; Céromya obovata; Arca; Trigonia; Pholadomya; Mya rugosa; Panopœa; Natica; Nucula; Tellina; Pecten; Terebratula sella; Terebratula subsella; Exogyra ou Ostrea Virgula; Thracia suprajurensis; Fucoïdes, etc., etc.
3°. Végétaux indéterminés, sous forme de lignite.
En terminant ce rapide exposé de l’étage kimméridgien, je crois devoir faire remarquer que les coquilles qui le caractérisent le plus sûrement, c’est-à-dire la Terebratula subsella et l’Exogyra, s’y rencontrent en grande abondance.
Le soulèvement de la Côte-d’Or mit fin à la période jurassique.