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LE BUET

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Le mont Buet, appelé autrefois Mortine, s’élève à une altitude de 3,109mètres, entre les deux branches du Giffre supérieur, dont il commande, vers l’ouest, la vallée naissante, comme il domine d’autre part celles de la Barberine au nord, du Bérard et de l’Eau Noire de Valorcine à l’est, de la Diozas au sud.

La situation qu’il occupe à la naissance des vallons savoisiens et valaisans, juste à la distance requise du Mont-Blanc (dont il n’est séparé que par la chaîne du Brévent et des Aiguilles-Rouges) et au point voulu pour fournir une vue merveilleuse, incomparable, du géant des Alpes, lui donne un attrait exceptionnel, maintes fois reconnu et justement vanté.

Son massif forme une crête allongée du nord au midi, du col de Tanneverge qui le rattache au massif du Ruan et de la Dent du Midi, au col d’Anterne, qui le relie au massif des Fiz. Mais le Buet proprement dit, la cime principale, occupe la partie médiane de cette crête, à peu près à égale distance des deux cols. Elle a une conformation toute spéciale, celle d’un dôme aplati, d’une courbe régulière nettement profilée en blanc immaculé sur l’azur du ciel, résultant d’une épaisse calotte de frimas et de glace qui recouvre son amortissement rocheux, le signale de loin et le distingue de tous les sommets d’alentour.

L’admirable panorama, un des plus réputés de toutes les Alpes, que l’on voit se dérouler du haut du Buet et qui embrasse non seulement la superbe perspective du Mont-Blanc, mais aussi toute la Savoie, le Jura, la Bourgogne lointaine, le Valais, la grande chaîne de l’Oberland, les pics du Combin, du Cervin et du Mont-Rose, désigne tout particulièrement cette montagne aux amateurs d’ascensions faciles, n’exigeant ni grand temps, ni dépenses extraordinaires et n’offrant aucun danger.

Et c’est de la vallée du Giffre que l’ascension est la plus recommandable sous tous les rapports. Elle se faisait d’abord par les autres versants, vers l’orient et le midi: la Vallorcine, Couterey et le Bérard, ou Servoz (sur l’Arve entre Sallanches et Chamounix), les chalets de Villy et le col de Salenton.

L’itinéraire par Sixt et la vallée des Fonds est bien préférable et l’est devenu plus encore depuis que l’accès du Haut-Giffre se trouve facilité, grâce à l’installation d’une voie rapide qui relie Samoëns à Genève.

Le premier guide du voyageur en Suisse, le vieil Ebel, publié en 1810, a déjà cette note caractéristique, concernant le Buet:

«C’est sur la cime du Buet que l’on voit tout ce que le Mont-Blanc a de grand et d’admirable. C’est aussi de là que l’on a, pour la première fois, mesuré avec exactitude le point le plus élevé de l’ancien monde. Rien de plus sublîme que le spectacle dont on jouit sur le Buet. La vue s’étend à l’est sur tout le Valais jusqu’au Saint-Gothard et à l’ouest sur une multitude de montagnes et de vallées de la Savoie jusque dans le Dauphiné. On distingue, en outre, le lac d’Annecy, ainsi que plusieurs parties de Genève et de la grande vallée qui borne le Jura.»

Au siècle dernier les indigènes de Sixt pas plus que ceux de Vallorcine, de l’autre côté, n’étaient renseignés d’une façon précise sur la situation de la montagne. Les uns et les autres ignoraient que le Buet lui-même s’élevât devant eux, formant, par ses contreforts du Grenier et de l’Oreb, un des versants de leurs vallons respectifs.

Les premiers qui atteignirent le sommet furent les frères De Luc, les célèbres naturalistes genevois, le 20 septembre 1770, après trois tentatives infructueuses.

La vallée du Giffre

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