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INTRODUCTION.

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Table des matières

L’étude de la culture de la vigne, assez généralement négligée dans nos pays, devrait cependant attirer l’attention des agriculteurs sérieux, puisqu’il est certain que les vins sont une des principales richesses commerciales de plusieurs grands peuples de l’Europe, qui, par leur position géographique exceptionnelle, ont le privilége de pouvoir cultiver la vigne avec le plus grand succès.

Pour donner une simple appréciation de l’importance de cette culture, il nous suffira de dire que, d’après des statistiques que nous ne pouvons révoquer en doute, la France, par exemple, possède plus de deux millions d’hectares plantés en vignes, soit six à sept millions de nos journaux de Savoie; que cinq à six millions d’habitants sont presque uniquement occupés à cette culture et vivent du produit de la vigne. Si nous comptons maintenant les propriétaires qui prennent leur aisance dans les produits viticoles, les marchands de vin, d’eau-de-vie, nous verrons qu’un tiers de ce grand et beau pays vit en très grande partie de la vigne et de ses produits.

Nous retrouvons à peu près les mêmes proportions, soit en Piémont, soit en Savoie, dont les vins sont aussi une des principales sources de la richesse nationale. La Savoie, malgré sa position géographique moins favorable, dans certaines parties de son territoire, a cependant des provinces qui fournissent des produits viticoles très estimés des connaisseurs. Ces produits suffisent non-seulement à sa consommation ordinaire, mais encore il s’en exporte une assez grande quantité en Suisse, en Piémont et même en France, depuis la diminution récente des droits de douane.

Placé au centre des vignobles privilégiés de la Savoie et entièrement livré aux études agricoles, la culture de la vigne a toujours eu pour moi le plus vif attrait. Je m’y suis donc adonné avec la passion d’un homme qui, à tout prix, veut arriver à se rendre compte des principaux phénomènes de la végétation. Chaque jour, des observations nouvelles ne viennent-elles pas détruire les anciennes formules généralement adoptées? Trouver l’explication presque géométrique, si je puis m’exprimer ainsi, des différents problèmes viticoles non encore résolus par les hommes de la science, tel a toujours été le but de mes préoccupations de tous les instants.

J’ai, par conséquent, suivi avec la plus minutieuse exactitude les divers phénomènes de la végétation, jour par jour, mois par mois et année par année.

Je suis bien aise d’initier mes confrères vignerons à toutes les sensations variées que j’ai dû éprouver depuis plus de dix ans de travaux viticoles; car ma préoccupation principale était de trouver un moyen d’augmenter la quantité des produits, sur une surface donnée, tout en améliorant la qualité du vin.

Il faut avouer que ce problème, assez complexe, était bien difficile à résoudre, puisque généralement on reconnaît en viticulture que la grande quantité a toujours été au détriment de la qualité ; c’était donc là le seul but de mes désirs et le sujet de mes études incessantes.

Quoique je n’eusse pas besoin de stimulants pour persévérer dans la voie que je m’étais tracée, l’apparition de la désastreuse maladie dite Oïdium tuckeri est encore venue augmenter mon désir de tout observer avec la plus scrupuleuse attention, afin de m’éclairer sur la naissance, la vie et la propagation du mystérieux champignon, espérant encore pouvoir résoudre le problème intéressant de prévenir son apparition et d’en guérir les ceps qui en étaient atteints.

J’ai été assez heureux pour reconnaître d’une manière évidente que mon système de culture, qui était seulement destiné à donner une plus grande quantité de raisins et à produire de meilleur vin, était aussi le moyen le plus efficace de diminuer l’intensité de la maladie, d’en retarder l’apparition et, dans certaines circonstances, de la prévenir complétement. Ce moyen préventif, que le hasard m’avait procuré, avait donc besoin pour être complet d’un moyen curatif pour guérir les ceps qui seraient encore atteints de la maladie.

Après des essais répétés et dont le succès est radical, je suis parvenu à guérir et à faire disparaître le champignon parasite.

Encouragé par les résultats obtenus, et surtout par l’intérêt bienveillant qu’ont bien voulu me témoigner les hommes distingués qui faisaient partie de la Commission nommée par l’Académie royale de Savoie, pour venir constater les effets produits par l’application de mes procédés, je me suis décidé à publier mes expériences pratiques sous le titre de: Nouveau Manuel du vigneron.

Avant de commencer la rédaction de ce petit et modeste Manuel, j’ai voulu me rendre raison de la tâche que j’allais m’imposer; il en est résulté que mon intention invariable a été d’écrire pour les simples ouvriers vignerons.

Je devais, en conséquence, éviter de me servir de termes scientifiques autant qu’il me serait possible de le faire.

C’est, je crois, ce qu’il est important d’observer, lorsqu’il s’agit d’expliquer des expériences pratiques à de pauvres agriculteurs praticiens et non à des savants.

J’ai principalement visé à la clarté et à la simplicité dans la démonstration des divers phénomènes résultant de mes expériences. Je n’ai point cherché à faire des phrases, qui d’ailleurs sont fort peu appréciées par notre intéressante classe de vignerons.

Ce petit Manuel, essentiellement pratique, m’a paru devoir être d’une assez grande utilité ; car, il faut l’avouer, les théories scientifiques, que je respecte infiniment, contribuent beaucoup moins qu’on ne le croit au progrès agricole; leur tendance invariable à tout vouloir généraliser, soit dans les arts, soit en agriculture, soit partout, n’a-t-elle pas été la cause principale de bien des erreurs funestes? Ne voyons-nous pas très souvent des agriculteurs à imagination vive et ardente se laisser entraîner sans s’apercevoir du danger? Et ne faut-il pas avouer que ces erreurs ne sont dues le plus souvent qu’à des circonstances spéciales de sols, d’expositions et de climats, et enfin ne devons-nous pas reconnaître que la théorie scientifique étant un peu trop isolée devrait toujours consulter la pratique intelligente et sérieuse? Il résulterait nécessairement, de cette heureuse entente, des ouvrages mis à la portée de toutes les intelligences, ce qui éviterait des essais infructueux et très souvent ruineux.

Le système de culture de la vigne que j’ai l’honneur de publier est vraiment nouveau, puisque sur deux opérations principales il diffère de l’avis de tous les ouvrages de viticulture, savoir: l’époque de la taille et la façon des labours.

Mon nouveau Manuel est divisé en deux parties: la première, composée de quinze chapitres, concerne la culture de la vigne en général et développe le nouveau système dans ses moindres détails. La seconde partie est consacrée à l’étude de la maladie dite Oïdium tukeri, soit la naissance du champignon, sa propagation plus ou moins active, et enfin aux moyens à employer pour guérir un cep qui en est atteint.

Le nouveau Manuel du vigneron sera suivi de deux rapports, l’un du 16 novembre 1853 et l’autre du 21 décembre 1854, rédigés par une Commission nommée par l’Académie royale de Savoie, pour étudier les effets produits par ce système de culture et constater l’efficacité de mes moyens préventifs et curatifs contre la maladie qui ravage nos vignobles.

A la fin du volume, on trouvera la table des chapitres, ainsi que celle des matières; chaque paragraphe est numéroté pour faciliter la recherche des articles que voudront consulter les vignerons.

J’ai voulu réunir dans ce petit volume, et le plus brièvement possible, toutes les questions les plus importantes concernant la culture de la vigne.

J’ai cru devoir appuyer mes observations pratiques par quelques citations des hommes de la science; ce qui était indispensable pour développer et expliquer mon système.

J’ai tâché d’éviter les redites et les longueurs; car il est évident qu’elles fatiguent l’attention du cultivateur qui, en général, n’a que fort peu de temps à donner à la lecture et finit par se dégoûter d’un article trop long et d’un style trop relevé.

J’ai donc l’espoir que les vignerons me sauront gré du travail que j’ose leur offrir et qu’ils ne me refuseront pas leur bienveillante et franche approbation, ce qui sera pour moi un puissant encouragement et la plus douce des récompenses.

Le but de mes désirs sera-t-il atteint? C’est le vœu sincère que je forme; et, animé comme je le suis de l’ambition sainte d’être utile à mes semblables, mon courage ne faillira jamais!

Nouveau manuel du vigneron

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