Читать книгу Amélioration de l'espèce chevaline par des accouplements raisonnés - L. Alasonière - Страница 5
ОглавлениеQuelques réflexions sur les accouplements dans l’espèce chevaline.
Cette question de zootechnie que nous intitulerons: l’Amélioration de l’espèce chevaline par des accouplements raisonnés, a été l’objet de nos observations, depuis plus de trente ans, dans toutes les formes et dans les différents milieux.
Nous avons commencé par nous apercevoir que l’on avait trop généralisé les mêmes modes d’accouplements pour toutes les espèces d’animaux. Dans certaines espèces, comme les bovines et les ovines, on a pu obtenir sans contredit de l’amélioration en suivant des systèmes leur donnant une plus grande quantité de viande, de graisse et une qualité supérieure de laine; mais, si les accouplements ne réussissent, point, on a toujours recours à la boucherie dont les propriétaires retirent de leurs animaux un prix assez rémunérateur.
Ces systèmes, qui ont produit évidemment quelques bons résultats, ont été admis malheureusement pour l’espèce chevaline, et cette première erreur peut avoir été une des causes de la dégénérescence du cheval; il s’en est suivi que chaque pays de production a vu les caractères de sa race tellement changés, il s’est formé une confusion si grande qu’on trouve partout des chevaux provenant des accouplements avec les races anglaise, arabe, allemande, russe, américaine, andalouse, etc..., dont les produits ont été parfois satisfaisants, parce que le hasard avait heureusement préside à leurs destinées; mais, à défaut de ces faveurs, il s’est formé, dans certains pays de production, tant de mélanges qu’il est difficile encore de reconnaître les caractères des types d’une localité ; ce qui conduit à dire que, pour l’espèce chevaline, il faut suivre des principes différents de ceux employés, quelquefois avec succès, chez les ruminants.
Le cheval, étant appelé à rendre des services différents de ceux des autres animaux, doit être considéré comme une machine vivante avec des rouages en parfaite harmonie; nous devons le pourvoir d’un mécanisme bien organisé et rendre particulièrement le cheval français digne de rivaliser avec les chevaux des autres nations qui, on le sait, ne reculent devant aucuns frais pour augmenter chez leurs chevaux toutes les qualités capables de rendre les plus grands services dans l’armée, l’agriculture et l’industrie.
En résumé, nous devons chercher à faire de nos chevaux des machines les mieux organisées pour que leurs mouvements se produisent avec une grande liberté et une action prolongée.
Pour atteindre ce but, nous nous proposons de développer l’ensemble de nos observations, recueillies durant notre longue pratique, soit dans l’armée de France et d’Afrique, soit dans les haras, soit dans les écuries de courses, de luxe, de postes, de roulage, d’agriculture et de l’industrie.
Les chevaux que nous avons vus, faisant encore un bon service à l’âge de quinze, vingt, vingt-cinq ans et même trente ans, offraient tous des caractères particuliers qui vous frappaient et ont tourné notre esprit vers l’étude du cheval, en le comparant de plus en plus à une machine bien harmonisée: Ils étaient réguliers, harmonieux, bien équilibrés, avec de belles têtes et du sang. Dès que l’une de ces qualités faisait défaut, les chevaux avaient beaucoup de peine à faire un service médiocre jusqu’à quinze ans.
Il résulte de ces observations un enseignement qui nous met sur la trace du problème à résoudre: en effet, si nous pouvons par des accouplements raisonnés arriver à faire le bon cheval, en lui donnant les qualités que nous avons remarquées, nous aurons acquis le moyen de produire des chevaux d’un bon et long service; en obtenant cette dernière qualité de longévité, on rendra promptement meilleure notre espèce chevaline, qui par son unité de construction, sera plus à même de relever le nombre et la qualité de notre cavalerie.
Pour établir le plan de fabrique du cheval devant répondre à nos besoins, il est utile de réunir tous les éléments de perfection pour la confection de cet animal; c’est aussi en rapprochant sa construction de celle de la nature que nous aiderons de tous nos efforts à sa véritable amélioration.
Les éléments les plus essentiels à fournir dans la fabrication du cheval consistent dans la connaissance des types qui seront la base des accouplements raisonnés.
Pour suivre avec méthode ce système, il faut le rendre le plus simple et le plus facile à étudier pour tout le monde.
Convenons d’abord que l’espèce chevaline se divise en deux types principaux.
A ce propos, et avant d’aller plus loin, il m’a toujours paru étrange que les auteurs qui ont traité de l’extérieur du cheval, tout en faisant la plus belle description de son mécanisme, se soient abstenus de reconnaître deux types bien tranchés et d’établir par là une distinction essentielle et utile à consulter en matière d’accouplements. Ces deux types ayant un mécanisme tout différent ne peuvent être impunément confondus; tous les deux rendent des services particuliers, en restant ce que la nature les a faits. Tout en lui conservant sa conformation, on peut cependant modifier chaque type et l’améliorer par ses semblables ayant plus de sang et de la sorte lui faire rendre de plus grands services; tandis qu’on arriverait facilement à l’amoindrir par des croisements en contradiction avec la nature et dans lesquels aucune mesure ne serait prise pour défendre l’accouplement de types ne se ressemblant pas.
Dès que cette division principale en deux types sera acquise et bien comprise, il suffira de choisir, dans toute l’espèce, les plus beaux étalons de chaque type devant s’accoupler avec les plus belles juments de ce même type, pour amener les meilleurs produits.
Ces deux types, différents par leurs formes, bien que pouvant avoir la même quantité de sang, seront ainsi désignés:
Le premier, comme type à étendue de contraction.
Le second, comme type à intensité de contraction.
Lesquels, disons-le de suite, dans aucun cas, vu leurs différence de formes, ne devront s’accoupler ensemble, précisément parce que cet accouplement ne produit pas des chevaux d’un bon et long service, et parce que l’on n’y rencontre pas les caractères essentiels que nous recherchons et précédemment cités, c’est-à-dire d’être réguliers, harmonieux, bien équilibrés, avec de belles têtes et du sang.