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CHAPITRE PREMIER.

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Table des matières

PREMIER SIÉGE en 1808. — Causes de l’expédition dirigée par Lefèvre Desnouettes. — Prise du monte Torrero par les Français. — Attaque du Portillo. — Premier échec. — Les Français pénètrent dans Saragosse. — Occupation du Cosso. — Énergie de Palafox. — Guerra à cuchillo. — La comtesse Zurita. — Les Français sont repoussés peu à peu. — Secours envoyés à Saragosse. — Retraite du général Lefèvre. — Bataille de Tudéla.

DU 28 MAI AU 23 NOVEMBRE 1808.

Le peuple de Saragosse avait applaudi à la chute de Godoy, et dans l’enthousiasme de sa reconnaissance pour Napoléon il le considérait encore comme le sauveur de l’Espagne, parce qu’il comptait lui devoir l’avénement de Ferdinand VII au trône abandonné par le faible Charles IV.

Les Aragonnais étaient d’abord disposés à témoigner ouvertement leurs sentiments de gratitude, comme les peuples de la Biscaye et de la Castille qui cueillaient toutes les fleurs de leurs jardins et les rameaux de leurs lauriers pour former des arcs de triomphe en l’honneur de leur libérateur; cependant, défiants et jaloux de leurs droits, ils voyaient approcher nos armées avec les plus vives inquiétudes, car ils ne se dissimulaient point qu’en pénétrant dans Saragosse ces troupes étrangères entraîneraient infailliblement l’asservissement de l’Espagne..

Les événements prouvèrent bientôt que ces craintes étaient fondées: Joseph Bonaparte fut désigné par l’Empereur son frère comme roi d’Espagne. Une violente insurrection éclata le 2 mai à Madrid, et causa un soulèvement général dans toutes les provinces.

La révolte se développa avec une telle rapidité dans l’Aragon que les généraux français durent se hâter de chercher à la comprimer. De là ces héroïques efforts et ces moyens extraordinaires de résistance que les Aragonais nous opposèrent et que nous avons tant admirés pendant les deux sièges. La division de cavalerie française de Lefèvre Desnouettes, et celle d’infanterie de Verdier, furent dans ce but successivement dirigées contre Saragosse; mais à leur arrivée sur l’Èbre elles trouvèrent le pays complètement soulevé et parcouru dans tous les sens par des bandes insurgées.

Il y avait alors dans Saragosse plus de soixante mille habitants qui se laissèrent immédiatement diriger par quelques hommes des dernières classes de la société. Les chefs les plus accrédités parmi ces insurgés étaient quelques curés, un certain Tio George, limonadier sur le Cosso, un Tio Marino et quelques moines. Ces meneurs, à la tête de la populace mutinée, se portent chez le capitaine général comte Guillermi, gouverneur de la province d’Aragon, dont ils suspectent les opinions et la fidélité à la cause de Ferdinand VII, et ils le retiennent prisonnier. Ensuite ils se rendent à l’arsenal dont ils se distribuent les fusils, se forment en compagnie et donnent le commandement de la ville au général Mori.

Ce général redoutant de demeurer seul chargé d’une responsabilité si dangereuse, convoqua une junte qui se composait des personnes les plus influentes de la ville, et fit demander à Palafox de venir en faire partie. Palafox, qui arrivait de Bayonne, d’où il s’était sauvé déguisé en paysan, fut très-surpris de cette proposition. Il s’en excusa d’abord, prétextant que son grade de brigadier dans les gardes du corps n’était pas assez élevé pour que son avis pût exercer quelque influence dans le conseil. Mais le Tio George, ne s’arrêtant pas à ces considérations, partit à la tête d’une centaine de paysans armés et se rendit chez Palafox, qui était à la campagne dans son domaine d’Alfranca, pour l’entraîner de force en ville. Ce jeune officier, forcé de céder à ce mouvement populaire, arriva chez le général Mori porté plutôt qu’accompagné par cet intrépide et impérieux cortège.

Tandis que Palafox sollicitait près de la junte la faveur d’être débarrassé de l’importunité du peuple, la foule impatiente, se grossissant à chaque instant, enfonça les portes du palais, et demanda que Palafox fût nommé capitaine général. On ne laissa ni à Mori ni à la junte le temps de délibérer: bientôt lescris les plus passionnés de Vive Palafox, notre gouverneur et capitaine général, annoncèrent à la multitude que l’élu du peuple acceptait cette haute mission. L’exaltation populaire s’apaisa dans l’instant même, et une soumission aveugle remplaça l’insubordination la plus complète.

28 mai.

Don Joseph Rebolledo Palafox y Melzy (qui n’avait alors que vingt-huit ans) prit le commandement général au nom de Ferdinand VII; son premier soin fut d’organiser des corps de volontaires auxquels on donna le nom antique de Tercios; les grands et les nobles formèrent un corps à part sous le non d’Almogavares: ils adoptèrent le costume des anciens espagnols. Le nouveau gouverneur indiqua ensuite pour chacune des parties de la ville les moyens de résistance à employer.

Les préparatifs de la défense furent promptement achevés. On ferma et l’on barricada les portes des parties occidentales de la ville; celles du nord, vers lesquelles les Français arrivaient, restèrent ouvertes, et on plaça dans l’espace intérieur, de distance en distance, alternativement deux canons, et un canon et un obusier. On transporta à la porte de l’est quelques autres canons, et enfin une pièce de douze fut établie sur la place de la caserne de la cavalerie, située dans l’enceinte de la ville près la porte del Portillo.

7 juin.

Le général Lefèvre Desnouettes partit de Pampelune le 7 juin avec quatre mille hommes, et se dirigea sur Saragosse. Les insurgés, à son approche, ayant rompu le pont de Tudéla, il traversa l’Èbre à Valtierra, fit attaquer et disperser le corps qui défendait Tudéla, et pénétra dans la ville, où le premier régiment de la Vistule vint le rejoindre.

13 juin.

Le 13, le général Lefèvre Desnouettes, marchant sur Alagon, trouve sur sa route le marquis de Lazan à la tête de quatre mille paysans qui essayent de lui barrer le passage à la position de Malien. Il les met en déroute, et sa cavalerie leur tue plus de mille hommes.

14 juin.

Cette nouvelle jette l’effroi dans Saragosse, mais bientôt le bruit des cloches sonnant le tocsin ranime l’enthousiasme des habitants, et six mille hommes sortent spontanément de la ville, et obligent Palafox de les conduire au combat. Le 14, Lefèvre Desnouettes rencontra les bandes à Alagon, où il les défit complètement. Palafox, battu, désespère un moment du salut de Saragosse: cependant il dissimule ses inquiétudes, et cherche à relever le courage du peuple en parcourant les rues un drapeau à la main; puis, s’échappant précipitamment, il se rendit à Belchite où son frère don Francisco Palafox le rejoignit.

15 juin.

Le 15, Lefèvre Desnouettes, continuant sa marche sur Saragosse, rencontrede nouveau trois mille hommes postés avec du canon à une demi-lieue de la ville, dans une situation très-difficile à attaquer: cependant il les tailla en pièces, et pénétra, en les poursuivant, jusqu’aux portes del Portillo, et de Saint-Engracia. Là, il s’aperçut que la population, dirigée par des moines, travaillait à établir des batteries, des retranchements et des barricades. Alors, craignant d’agir avec imprudence s’il pénétrait plus avant avec des troupes fatiguées par une chaleur excessive, et par un combat opiniâtre qui avait duré neuf heures, il se retira sur les coteaux qui dominent la ville, et prit position pour attendre les renforts qu’on lui avait annoncés. Pendant ce temps il préparait avec Lacoste tous ses travaux d’attaque. Le 17, Lefèvre Desnouettes essaya vainement d’entrer en négociation avec le gouverneur et la junte: la réponse qu’il reçut lui ôta tout espoir de conciliation.

19 juin.

Le 19, Palafox envoya de Belchite à Saragosse un renfort de quatre cents hommes de troupes de ligne, auxquels s’étaient joints beaucoup d’officiers de différents corps, qui venaient offrir leurs services, et ranimer le courage des habitants.

21 juin.

23 juin.

Le 21 juin, le général Grandjean amena le deuxième régiment de la Vistule, et le corps du général Lefèvre se trouva fort de quatre mille huit cents hommes. Le 23, un rassemblement de quatre mille Espagnols, se dirigeant sur Saragosse, arrivait à Épila, à deux lieues sur les derrières du camp français. Lefèvre y envoya le premier régiment de la Vistule, avec le colonel Chlopiski, qui battit les insurgés, leur tua six cents hommes, et leur prit quatre pièces de canon.

26 juin.

Le 26, le général Verdier arriva devant Saragosse avec sa division, et, se trouvant plus ancien de grade que le général Lefèvre, il prit le commandement des troupes dont le nombre s’éleva alors à dix mille cinq cents hommes.

27 juin.

Le 27 juin, vingt à trente mille livres de poudre, que l’on avait imprudemment déposées dans le séminaire, sur le Cosso, sautèrent avec un horrible fracas. Une partie de ce beau quartier de la ville fut renversée, et beaucoup d’habitants furent victimes de cette explosion, qui répandit la terreur dans Saragosse.

28 juin.

Le 28, la hauteur du monte Torrero, à quinze cents mètres de la place, l’une des positions les plus importantes pour la ville, et défendue par cinq cents hommes, fut enlevée à la baïonnette par le général Lefèvre, secondé par le général Habert à la tête du deuxième régiment de la Vistule. L’on s’empara de toute l’artillerie ennemie, et l’on fit un grand nombre de prisonniers.

29 juin.

La junte fut tellement irritée de la perte du monte Torrero, qu’elle déclara traître à la patrie le colonel d’artillerie Falcon qui commandait ce poste. Une commission militaire le jugea et le fit pendre immédiatement à l’un des piliers du cirque des combats de taureaux sur la grande place du Portillo, où son supplice fut donné en spectacle au peuple. Les communications de Saragosse avec le pays de la rive droite de l’Èbre furent coupées par l’occupation du monte Torrero. Le vieux colonel Viana, plus que sexagénaire, indigné de la lâcheté de ceux qui avaient perdu cette position, sortit le 29 au lever du soleil à la tête de deux mille hommes pour la reprendre; mais il fut tué en arrivant sur la hauteur, et sa colonne mise en déroute eut beaucoup de peine à rentrer dans la place.

1er juillet.

La garnison et les Aragonnais voyaient avec effroi les préparatifs du bombardement, et ils demandaient à grands cris le retour de Palafox. Tout ce que l’abnégation et le patriotisme peuvent inspirer de sacrifices pour la défense d’une ville fut mis en usage par les habitants de Saragosse: ils défirent les toiles tendues qui servaient de jalousies aux croisées de leurs maisons, et en fabriquèrent des sacs qu’ils remplirent de terre, et dont ils formèrent les embrasures des batteries qui furent élevées: on démolit ou l’on brûla les maisons de l’extérieur, et l’on coupa ou l’on déracina les oliviers. La garnison, qui n’était dans ce moment que de huit mille cinq cents hommes, se renforça chaque jour de quelque détachement de différents régiments de ligne espagnols et suisses, de quelques soldats d’artillerie; enfin les assiégés reçurent de Lérida un convoi de bouches à feu et de projectiles. Les habitants achevaient à peine de retirer des décombres les cadavres des victimes de l’explosion du 27, lorsque les Français commencèrent leur feu. Plus de douze cents bombes, obus et boulets tombèrent dans la ville et y causèrent un affreux ravage, aucun des bâtiments n’étant à l’épreuve du canon.

La ville avait fait élever une batterie devant le Portillo. Ce fut sur ce point que les assiégeants dirigèrent particulièrement leur attaque; plusieurs fois les Espagnols relevèrent l’épaulement sous le feu même de leurs adversaires. Un carnage épouvantable eut lieu à cette batterie. Une jeune femme du peuple, nommée Augustina, étant venue apporter des provisions aux canonniers espagnols dans le moment le plus chaud, et les voyant hésiter à recommencer le feu, se précipita au milieu des morts et des blessés, arracha une mèche des mains d’un canonnier expirant, mit le feu à une pièce de 24, et sautant sur le canon, fit le serment de ne s’en séparer qu’avec la vie. Ce trait d’héroïsme ranima l’ardeur des Espagnols, qui recommencèrent avec une nouvelle vigueur le feu contre les assiégeants.

2 juillet.

Pendant cette attaque contre le Portillo, le général Verdier en dirigeait une autre contre la porte del Carmen. A peine la colonne française s’avançait-elle vers cette porte, que tout à coup, et presqu’à bout portant, une décharge de mitraille renversa le premier rang. Malgré cette forte résistance les Français continuèrent à s’avancer et entourèrent bientôt tout le côté occidental de la ville, depuis l’Èbre jusqu’à la porte Santa-Engracia.

La porte del Carmen, trop faible pour résister longtemps, ne tarda pas à être enfoncée, et les Français se précipitèrent dans la ville; mais les Aragonais, fermes à leurs pièces, n’en continuaient pas moins leur feu, qui, secondé par la fusillade partant des maisons, força les assiégeants à rétrograder. Cependant, beaucoup de ceux des Français qui étaient parvenus dans l’intérieur, se réunirent à leurs camarades qui avaient escaladé la muraille, entre la porte del Carmen et celle du Portillo, et s’avancèrent, tambour battant, sur la place de la Miséricorde et sur celle de Portillo. Cette manœuvre hardie ne déconcerta pas les Aragonais. Pendant qu’un certain nombre d’entr’eux continuait de défendre les deux portes attaquées, d’autres s’élancèrent vers le canon qui était sur la place de la caserne de la cavalerie, au pied du mur qui entoure le couvent et le jardin de Sant’ Inès, et le braquèrent sur le front des Français, que cette attaque arrêta sur le champ.

Palafox, suivi de trois mille hommes, que son frère et le baron de Versage lui avaient conduits à Belchite, revint dans ces entrefaites à quatre heures de l’après-midi, par le faubourg de la rive gauche. Les insurgés, enhardis par la présence de leur chef, et par les renforts qu’il amenait, nous attaquèrent alors de tous côtés avec une nouvelle fureur. Un combat sanglant eut lieu, et la victoire resta aux assiégés. Tous les Français qui échappèrent à la mort se réfugièrent dans la caserne de cavalerie, où plusieurs d’entre eux avaient pénétré pendant le combat. Les Aragonais les y attaquèrent en s’introduisant dans le bâtiment par les toits. Les Français se décidèrent alors à abandonner la caserne, à laquelle ils mirent le feu.

Pendant ces engagements partiels l’attaque des autres portes continuait. Les tirailleurs français, placés derrière les arbres dont la ville était entourée, faisaient beaucoup de mal aux Espagnols, mais sans pouvoir abattre leur courage. L’attaque contre les portes fut renouvelée, et toujours le feu des assiégés força les assiégeants à reculer.

Les munitions vinrent à manquer aux Espagnols après quelques heures de combat, et, quoiqu’en ville tout homme fût soldat, et qu’il n’y eût pas un chef pour donner des ordres, le bruit ne s’en fut pas plutôt répandu parmi les assiégés, qu’on vit les femmes et les enfants apporter de la poudre des magasins; d’autres aller de maison en maison rassembler des clous et du vieux fer pour la mitraille; et un grand nombre couper leurs habits pour faire des sacs à mitraille et des bourres de canon. On vit des femmes et des enfants se risquer au plus fort de la mêlée: un garçon de onze ans s’empara du drapeau d’un enseigne qui venait d’être blessé, et le porta en triomphe dans les rues, en criant: Viva Maria del Pilar! Ce cri, mille fois répété, électrisa les Espagnols. Lors même que les Français seraient parvenus à forcer les portes, ils auraient eu de la peine à pénétrer dans cette portion de la ville, car tous ceux qui, incapables de manier les armes, étaient restés dans les maisons, avaient transporté sur les balcons et dans les étages supérieurs des meubles, du fer, des pierres et de la chaux pour écraser les vainqueurs.

L’abord des portes était rendu plus difficile par les monceaux de morts qui les obstruaient; cependant, après sept heures d’efforts, les Français voulurent tenter encore de s’en rendre maîtres; mais tout leur courage vint échouer contre la vigoureuse résistance des assiégés, et ils furent forcés à la retraite. Ils perdirent dans cette attaque environ quinze cents hommes tanttuésque blessés, et quatre canons.

12 juillet.

Le général Verdier, ne pouvant, à cause de l’insuffisance de ses troupes, renouveler de vive force ses attaques contre une ville dont les habitants se défendaient avec tant d’opiniâtreté, se borna, jusqu’au 11 juillet, à surveiller les portes extérieures, et fit réunir les matériaux nécessaires à la construction d’un pont de radeaux sur l’Èbre. Les Français passèrent ce fleuve le 11 malgré les efforts des assiégés. Un détachement d’infanterie prit position sur la rive gauche pour protéger l’établissement du pont, qui fut terminé le 12. Divers partis d’insurgés voulurent en vain s’opposer à cette opération et couper la communication des assiégants; ils furent partout repoussés. Les moulins sur l’Èbre, qui servaient à l’approvisionnement de la ville, furent détruits par la cavalerie française, qui ôta ainsi à Palafox les moyens de se procurer des munitions et des vivres.

17 juillet

Pour obvier à ce grave inconvénient, le général espagnol fit établir des moulins conduits par des chevaux; et, sous la direction de plusieurs officiers d’artillerie, employa les moines à la fabrication de la poudre à canon. On mit en réquisition tout le soufre qui pouvait se trouver dans la ville; on leva la terre des rues et des caves pour en extraire le salpêtre; et les tiges de chanvre, qui, en Espagne, sont fort élevées, servirent à faire le charbon nécessaire à cette préparation. La garnison faisait, pendant ce temps, de fréquentes sorties pour maintenir ses communications avec l’extérieur, par le faubourg de la rive gauche de l’Èbre.

28 juillet.

Le général Verdier, ayant été informé que des troupes venant de la Catalogne étaient déjà parvenues jusqu’à Osera et Aguilar, chargea le général Habert d’aller les combattre avant que leur nombre fût devenu plus considérable. Ce général partit le 28, les aborda le même jour dans leurs positions, les dispersa, et les poursuivit jusqu’à Pina. Il rentra au camp le 3o juillet.

1er août.

Le 1er août, la belle brigade du général Bazancourt arriva au camp, escortant les provisions et les objets d’artillerie que l’on attendait. Ces secours ranimèrent l’ardeur de nos troupes, qui étaient très-fatiguées, et qui manquaient de vivres dans ce pays entouré d’insurgés. Les longues marches avaient presque entièrement usé les vêtements et la chaussure de nos soldats, qui étaient venus promptement, et comme pour un coup de main: sans administration, sans hôpitaux, et manquant des approvisionnements nécessaires, ils souffraient les privations les plus pénibles.

A l’aide de ces renforts, le général Verdier put cerner entièrement Saragosse. Ses troupes passèrent le ravin de la Huerba, et s’établirent entre cette petite rivière et la ville. Lacoste fit construire sept batteries qui menaçaient tout l’espace compris entre la droite de Santa-Engracia, la porte del Carmen et celle du Portillo. Il pressait vivement les travaux; car il lui importait beaucoup de forcer la place à se rendre avant qu’elle pût recevoir de plus nombreux secours.

3 août.

Dès que les batteries furent armées, le général Verdier voulut recourir encore aux voies de la négociation; mais le parlementaire qu’il envoya fut repoussé. Alors au signal donné, quarante-trois bouches à feu tonnèrent en même temps contre Saragosse, et répandirent la terreur dans toute la ville.

Les bombes furent d’abord dirigées sur les maisons voisines des points attaqués, ensuite vers le cloître Saint-François, et enfin sur le grand hôpital de Notre-Dame de Grâce, où il y avait des enfants trouvés, des aliénés, et beaucoup d’autres malades. Ces projectiles ne tuèrent personne, mais ils causèrent un tel effroi, que plusieurs malades et blessés abandonnèrent leur lit, et sautèrent dans la rue par les fenêtres, pour se sauver plus vite. On les rencontrait enveloppés de leurs draps ensanglantés, et traînant sur le pavé leurs membres horriblement mutilés.

Les Aragonais, qui étaient déjà assez occupés de la défense de leurs postes, déployèrent cependant un zèle au-dessus de tout éloge dans les soins qu’ils donnèrent à ces malheureux. En peu d’heures, presque tous furent mis en lieu de sùreté, et il en resta peu dans l’hôpital. Des bombes éclatèrent aux pieds de ceux qui portaient les malades; un de ces derniers, qui était à l’agonie, voyant qu’une de ces explosions n’avait blessé personne, retrouva assez de force pour s’écrier: C’est Sainte Marie del Pilar qui nous protège! C’est elle! répondirent les porteurs; et ils continuèrent à s’avancer courageusement au milieu des éclats de tous ces projectiles. Le fanatisme religieux chez ces hommes déterminés, soutenait le dévouement patriotique.

4 août.

Ce feu dura, sans interruption, jusqu’au 4 août, dans la matinée. Alors les batteries de brèche, composées de pièces de 16 et de 24, commencèrent à canonner la porte Santa-Engracia et le mur du jardin situé entre cette porte et la tour Pino. Tout ce qui se trouvait dans la direction des boulets fut renversé en un instant.

Les défenseurs des batteries et des portes del Cammen et Santa-Engracia firent en vain tous leurs efforts pour conserver leurs postes. Tous moururent sur leurs pièces, et furent remplacés par de nouveaux soldats, qui ne tardèrent pas à éprouver le même sort.

Des brèches étaient ouvertes partout à dix heures du matin, et l’assaut général commença. Après deux attaques faites sur deux points différents, et qui furent repoussées, trois mille assiégeants, soutenus par des réserves, sortirent des tranchées, et s’avancèrent sur les ruines qui s’étendaient depuis la porte del Carmen jusqu’au cloître Santa-Engracia. Ils arrivèrent jusqu’aux décombres sans trouver de résistance. Là des Espagnols, cachés derrière ces ruines, parurent tout à coup et voulurent barrer le passage aux Français; mais ils étaient trop inférieurs en nombre et ne purent y parvenir. A onze heures et demie les assiégeants pénétrèrent dans Saragosse par la brèche du cloître et par celle de la porte del Carmen.

Santa-Engracia est située à l’extrémité de la grande rue qui mène droit au pont sur l’Èbre par le milieu de la ville. A moitié chemin de Santa-Engracia à ce pont, cette rue est coupée transversalement par la grande et large communication del Cosso, qui, à l’est, se courbe vers l’Èbre, et, à l’ouest, se termine au grand Marché Neuf, et à une rue de traverse qui aboutit également au fleuve. Ainsi le Cosso étant parallèle à l’Èbre, et ses deux bouts y tombant perpendiculairement, entoure dans la ville un massif oblong considérable, qui en est comme la cité intérieure, dont l’église del Pilar et la porte de l’Èbre font partie.

Le but des assiégeants était de rassembler leurs troupes, qui entrèrent par Santa-Engracia, parvinrent sur le Cosso, où elles se partagèrent en trois colonnes, dont l’une, composée de Polonais, se dirigea à droite, en descendant le Cosso, vers la place Santa-Magdalena et l’Èbre; l’autre, à gauche, vers le Nouveau Marché, et la troisième courut droit au pont. Cette dernière s’empara d’abord de la salle de la comédie, qui fut bouleversée; et voulant poursuivre sa route pour marcher droit au pont, elle se trompa de chemin et se trouva engagée dans la rue étroite et tortueuse del Arco de Cinejga, conduisant à la Torre Novo, où elle rencontra une troupe d’Espagnols qui furent saisis à son aspect d’une terreur panique. Ces hommes vivement attaqués se sauvaient en désordre, et Palafox lui-même était entraîné par la foule avec ceux qui fuyaient vers l’Èbre, lorsque tout à coup un prêtre, revêtu de ses habits sacerdotaux, sortit de la chapelle Saint-Jean et apparut à leurs yeux élevant le calice et l’hostie et leur reprochant d’une voix forte et solennelle d’abandonner ainsi Dieu, la foi et la patrie! A ces mots si puissants les fuyards s’arrêtèrent; la voix tonnante du prêtre leur promit les bénédictions du ciel en. leur montrant le signe sacré de la rédemption, qui leur rendit un nouveau courage. Aussitôt ils revinrent à la charge, et tête baissée se précipitèrent sur les Français en criant: Viva España! Une mêlée affreuse s’en suivit; on tirait par toutes les portes et toutes les croisées, et presqu’à bout portant, sur les Français, qui, après avoir éprouvé des pertes considérables, ne savaient pas même quel chemin prendre pour se retirer sur le Cosso.

Les deux autres colonnes françaises, également repoussées, furent contraintes de revenir sur le même point. Les Espagnols n’abandonnèrent pas pour cela leurs retranchements; quelques-uns d’entr’eux seulement se détachaient pour venir au secours de ceux qui combattaient dans les rues.

Les colonnes des assiégeants avaient ainsi pénétré par la porte del Carmen; une partie de ces troupes marcha sur le Cosso, et le reste chercha à pénétrer sur la place de la Miséricorde. Au milieu du trajet, les Français se virent tout à coup barrer le chemin par un autre prêtre: c’était Santiago Sas, celui que Palafox avait nommé capitaine. Ce religieux se trouvait aux batteries du Portillo; mais dès qu’il avait appris l’entrée des assiégeants, il était accouru vers le Cosso avec deux compagnies, et se rencontra ainsi avec la tête de la colonne française. Il se précipita aussitôt sur elle, terrassa d’un coup de sabre l’officier qui la conduisait, et força les assiégeants à se replier jusqu’au cloître Santa-Fé. Là ceux-ci renouvelèrent le combat; mais les Espagnols se firent un passage à travers les portes et les fenêtres, et chassèrent les Français, qui, renforcés par de nouvelles troupes, s’établirent enfin à côté de l’église Santa-Rosa.

La seconde division des assiégeants, entrée par la porte del Carmen, et qui se dirigeait vers la place de la Miséricorde, parvint jusqu’à la haie du jardin du cloître de l’Incarnation. A l’extrémité de la place se trouvait une troupe d’Espagnols occupés à faire une coupure dans les décombres, afin de couvrir quelques canons retirés des batteries perdues. Les Français ne supposant pas que cette poignée d’hommes pût avoir l’intention de se maintenir dans un poste déjà tourné par d’autres colonnes, leur firent avec un mouchoir blanc des signaux pour les inviter à se rendre. Les Espagnols y répondirent en attachant au bout d’un pieu un morceau de toile sur lequel ils avaient tracé ces mots: Vaincre ou mourir pour Ferdinand VII. Ils plantèrent cet étendard dans un tas de sable, et dirigèrent sur les Français une forte canonnade à laquelle ceux-ci répondirent.

Saragosse présentait en ce moment un effroyable aspect; on n’avait fait aucun préparatif pour une défense intérieure; aussi les assiégeants, une fois entrés dans la ville, pensèrent-ils qu’ils ne devaient plus craindre aucune résistance, et beaucoup de soldats français et polonais, se séparant de leurs corps, entrèrent dans les maisons pour piller. Les plus grands excès furent commis, mais la plupart des pillards trouvèrent la mort. Les femmes elles-mêmes aidaient à les massacrer et à les précipiter par les fenêtres. Malheureusement ce pillage fortifia les habitants dans la généreuse résolution qu’ils avaient prise de se défendre à toute outrance.

Malgré la résistance opiniâtre des Espagnols sur plusieurs points, les Français se trouvaient à sept heures du soir maîtres de la moitié de Saragosse. Le général Verdier et le général Bazancourt venaient d’être blessés; Lefèvre Desnouettes avait aussi reçu une blessure, mais elle était légère et il put reprendre le commandement de l’armée. Présumant que les assiégés devaient être convaincus de l’inutilité de leur résistance, il envoya au général Palafox un parlementaire avec une sommation écrite qui ne contenait que ces mots: «Une capitulation.» Mais Palafox n’était plus en ville: entraîné dans la déroute qui avait précédé, il s’était échappé pour aller à Osera presser l’arrivée du secours qu’il attendait impatiemment, et ce fut Antonio de Torrès, auquel il avait laissé le commandement en son absence, qui répondit laconiquement en ces termes au bas du billet: «Guerra à cuchillo.» Ce qui veut dire guerre au couteau, ou guerre à mort. Pour que l’on ne doutât pas de ses intentions, il fit planter un drapeau rouge sur la nouvelle tour qui est peu éloignée du Cosso, et un autre de la même couleur, avec une croix blanche au milieu, pour annoncer aux renforts qui arrivaient au secours de Saragosse que la ville tenait encore.

5 août.

Les Français occupaient un des côtés du Cosso, les Espagnols tenaient le côté opposé : ils y élevèrent à la hâte quelques retranchements où ils placèrent du canon. L’espace qui séparait les deux partis fut bientôt comblé par des cadavres d’hommes, jetés du haut des maisons où ils avaient trouvé la mort, ou tués en bas dans la mêlée. Le 5 août, et les jours suivants, les deux partis restèrent ainsi en présence, mais sans cesser de combattre. Le général craignit que cette accumulation de cadavres n’amenât une contagion; mais les Espagnols étaient dans un tel état d’exaspération, qu’ils ne voulurent pas même demander une trêve de quelques heures pour se délivrer de ce foyer d’infection. Ils firent alors conduire les prisonniers français, liés avec une corde, au milieu des morts, pour en retirer les corps des Français et leur donner la sépulture, tandis que les Espagnols rendaient à leurs frères le même devoir. Le nombre des morts était si grand qu’on fut obligé d’en jeter une partie dans l’Èbre. Nous avions eu cinq cents hommes tués et quinze cents blessés.

5 août.

Les Français n’étant maîtres que d’une partie de la ville, et n’ayant pas assez de troupes pour empêcher l’introduction de tout secours du dehors, Palafox, arrivé à Osera, profita de cette circonstance pour faire entrer du renfort. Le 5 dans l’après-midi, son frère, don Francisco Palafox, parvint à forcer le passage. Il pénétra dans Saragosse avec un bataillon composé de troupes espagnoles, de Suisses, et de volontaires d’Aragon. escortant un convoi de poudre, de vivres et de trois pièces de canon. La garnison se trouvait ainsi forte de treize mille quatre cents hommes.

Le général espagnol Antonio de Torrès réunit, le 5 août, un conseil de guerre qui décida à l’unanimité que l’on continuerait à défendre les quartiers de la ville que l’on avait conservés; que si les Français finissaient par l’emporter, la population se retirerait aussitôt dans les maisons du faubourg de la rive gauche, en traversant l’Èbre, et qu’après avoir détruit le pont, on se défendrait jusqu’à la dernière extrémité dans cette position.

Le plus violent combat se prolongea de rue en rue, de maison en maison, pendant plusieurs jours. Les assiégeants se perdaient sans cesse dans toutes ces petites rues étroites et tortueuses. On les fusillait à bout portant par les portes et les croisées, et cette guerre si meurtrière contre des ennemis qu’ils ne pouvaient ni voir ni aborder, devenait pour eux insoutenable. Dans la journée du 5 ils perdirent encore quatre cents hommes.

Les habitants de Saragosse finirent par rentrer dans une partie des positions dont les Français s’étaient emparés, et ceux-ci se trouvèrent réduits seulement à l’occupation d’un huitième de la ville.

7 août.

Le 7 août, Lefèvre Desnouettes apprit que Palafox s’avançait par la route de Lérida, avec quatre mille hommes de troupes de ligne, une masse considérable de paysans insurgés, et un grand convoi d’artillerie, de vivres et de munitions, pour se jeter dans Saragosse.

Sans hésiter il marche à sa rencontre avec deux bataillons et le régiment des lanciers Polonais. Il culbute l’avant-garde près de Villa-Mayor, et lui enlève quatre drapeaux, les bagages et la caisse du régiment d’Aragon. Mais se trouvant trop faible pour attaquer le corps principal, il prend position pour attendre des renforts. Dans son bivouac il reçut l’avis de l’évacuation de Madrid, et l’ordre de se tenir prêt à lever le siége très-prochainement. Lefèvre rentre donc au camp; et Palafox, qui le suivait, fit son entrée dans Saragosse le 9 août, avec les troupes et le convoi qu’il amenait.

L’arrivée de ces renforts et les nouvelles que l’on recevait de l’Andalousie et de Madrid, causèrent tant de joie aux habitants qu’ils le manifestèrent par les plus vifs transports, et Saragosse oublia un moment tous ses malheurs.

Palafox ne négligea aucun des moyens qui pouvaient augmenter cette exaltation des Aragonais: il faisait des promotions, il promettait des récompenses; des prêtres et des moines dans les églises, dans les rues et sur les places publiques, adressaient des exhortations religieuses et patriotiques, par lesquelles, au nom du Dieu des armées, ils ordonnaient à tous les Espagnols de sacrifier leur fortune et leur vie pour la sainte cause de la patrie. Ces ministres de la religion ne se bornaient pas à ce rôle excitatif; armés de fusils ils combattaient eux-mêmes dans les rangs du peuple, et mettaient dans leurs actions autant d’énergie que dans leurs paroles. Santiago Sas se faisait remarquer au milieu de tous par son courage et son sang-froid. A la tête de quarante hommès, il parvint à effectuer l’introduction d’un convoi de poudre venu de Lérida.

Les femmes rivalisaient avec les hommes de patriotisme et de dévouement. La comtesse Zurita avait organisé une compagnie de femmes destinée à secourir les blessés et à porter des vivres aux soldats jusque dans les postes les plus dangereux. Belle, jeune et délicate, cette femme ne s’écarta pas un seul instant de la noble mission qu’elle s’était tracée. On la vit partout au milieu du feu le plus terrible, des bombes, des obus, de la mousqueterie. Toutes ses compagnes suivirent l’exemple héroïque qu’elle leur donnait, et plusieurs furent tuées dans les combats.

13 août.

Le 13 août, un ordre formel du roi Joseph, apporté par un de ses aides de camp, prescrivit au général Lefèvre de lever le siége dans la nuit même, et de rejoindre l’armée française qui se repliait sur l’Èbre.

Déjà le général Lefèvre Desnouettes, entouré de partis insurgés, et menacé de l’arrivée prochaine des troupes de Catalogne et de Valence, avait reconnu que sa position devant Saragosse était des plus hasardées, et avait dirigé sur Pampelune la plus grande partie des blessés, et le matériel d’artillerie qu’il pouvait emmener. Il fit détruire, brûler, ou jeter dans le canal les canons espagnols qu’il avait pris, les chariots du parc d’artillerie et tous les embarras qu’il ne pouvait ni faire atteler, ni emporter. Il n’avait laissé dans les batteries qu’un certain nombre de pièces de campagne, ordonnant qu’elles fissent un feu très-soutenu pendant les premières heures de la nuit.

Dès que l’obscurité put permettre à ce général de dérober ses mouvements à l’ennemi, il mit ses colonnes en marche, et resta jusqu’au jour devant Saragosse pour protéger son arrière-garde, pour presser la canonnade, et faire emmener ensuite les pièces en silence.

14 août.

A minuit l’incendie se manifesta dans plusieurs édifices; les Aragonais se rappelaient le terrible bombardement du 3 et tremblaient de le voir se renouveler, lorsque rien n’était préparé pour s’en garantir; aussi leur joie fut extrême quand ils virent le lendemain, au lever du soleil, les colonnes françaises rétrogradant sur la route de Malien. Quelques Espagnols voulaient se lancer à la poursuite des fugitifs, mais Palafox, présumant que cette retraite avait pour but de l’attirer dans un piége, s’y opposa, et il s’estimait heureux d’avoir atteint le but de ses efforts en conservant la ville qu’il avait juré de défendre. Les Aragonais se félicitèrent de cette retraite comme d’une victoire. Elle exalta au dernier point leur courage, et ils firent retentir l’air des cris longtemps répétés de Vive Notre-Dame del Pilar! Vive Palafox! Ce siège nous coûta trois mille cinq cents hommes: les Espagnols en perdirent trois mille.

16 août.

septemb.

octobre.

Le général Castanos arriva en effet vingt-quatre heures après avec vingt-cinq mille hommes. Oneil en amena ensuite plus de dix mille, et Palafox organisa en armée environ trente mille paysans aragonais. Ces trois généraux portèrent leurs troupes dans le haut Aragon jusqu’au delà de Calahora, et ils y formèrent une armée composée de soixante mille hommes, en sept divisions.

Le maréchal Lannes, à peine arrivé de Naples, reçut l’ordre d’aller les combattre. L’armée espagnole, prévoyant cette attaque, revint sur ses pas pour prendre une position formidable sur les hauteurs de Tudéla.

23 nov.

Le 23 novembre, elle y était rangée en bataille, lorsque le maréchal Lannes fit déployer sur son front soixante bouches à feu. — Le général Maurice Mathieu, profitant du moment où cette canonnade jetait l’incertitude dans les rangs espagnols, enfonça le centre de leur armée. La division de cavalerie de Lefèvre Desnouettes enveloppa la droite de l’ennemi déjà attaquée de front par la division Morlot. La division Lagrange abordait la gauche des Espagnols appuyés au bourg de Cascante. En un instant, et presque sansavoir le temps de manœuvrer, toute cette armée fut mise dans une déroute complète, et se sauva en désordre du champ de bataille. Quatre mille hommes furent tués ou noyés dans l’Èbre; trois cents officiers, et plus de trois mille soldats restèrent prisonniers; trente pièces de canon et sept drapeaux furent pris par les Français dans cette journée, à laquelle nous donnâmes le nom de bataille de Tudéla.

Sièges de Saragosse

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