Читать книгу Topographie médicale du Sahara de la province d'Oran - Louis Léon Cyrille Armieux - Страница 3
INTRODUCTION.
ОглавлениеIl y a trente-deux ans, la France, en mettant le pied en Algérie, renversait un gouvernement barbare et faisait cesser un spectacle scandaleux et humiliant pour l’Europe civilisée. Après une longue lutte contre un climat inhospitalier et des populations fanatiques et hostiles, la France a affermi sa domination . En étudiant le pays, elle a appris à en éviter les dangers, à en utiliser les richesses en faisant éclater sa force, sa justice, sa magnanimité, elle a fait supporter et bénir son joug. Puis, tranquille au dedans, elle a jeté les yeux autour de sa conquête, elle a poussé plus avant ses investigations, un intérêt puissant l’attire vers les régions du Sud. Il y a là une conquête à faire sur le domaine de l’inconnu.
Les besoins actuels de la politique, les besoins futurs du commerce de l’intérieur de l’Afrique se sont réunis pour servir la science. On a pénétré dans ce Sahara redouté, on a sondé les profondeurs de cette contrée mystérieuse, qui semble un défi jeté à notre curiosité, et qui, placée à nos portes, est moins bien connue que la lune, située à 360,000 lieues de nous, suivant l’expression de M. Babinet.
Plusieurs, n’écoutant que leur ardeur, se sont précipités en avant, quelques-uns ont péri victimes d’un dévoûment glorieux dont nous recueillerons les fruits; d’autres ont interrogé patiemment des nomades, des pèlerins, des nègres, des voyageurs, des commerçants indigènes, et ont fait des livres où ils ont peint avec exactitude un pays qu’ils n’avaient point vu.
La littérature, la peinture ont déjà donné un reflet original du désert entrevu par quelques artistes.
D’autres, la sonde de l’ingénieur à la main, ont renouvelé le miracle de Moïse; ils ont fait jaillir des sources abondantes, aux applaudissements des populations reconnaissantes; ils ont fait naître la vie et l’abondance où régnaient la misère et la mort.
D’autres ont conduit sans accidents des expéditions dans des régions où l’on pensait que des êtres humains pouvaient à peine vivre.
J’ai fait partie d’une de ces expéditions, où tout ce que la prudence et le savoir pouvaient inspirer de soins et de prévisions avait été réuni, et j’ai assisté au curieux spectacle d’une petite armée bravant, pendant quatre mois, les influences climatériques les plus extrêmes, et vivant de la vie précaire du désert, soutenue par la confiance dans le chef, l’attrait de l’inconnu, l’audace et l’insouciance qui sont les traits saillants du caractère français.
La topographie médicale de l’Algérie n’a été qu’esquissée, celle du Sahara algérien est à faire. En attendant des ouvrages plus étendus sur ce sujet si intéressant, j’apporte une pierre à l’édifice.
La partie du Sahara que j’ai étudiée est la plus intéressante de l’Algérie, parce qu’elle est le chemin le plus court et le plus facile pour pénétrer dans l’intérieur de l’Afrique. Elle mérite une description particulière par sa physionomie spéciale, ses limites bien déterminées, son altitude, sa configuration, son climat, ses produits.
C’est une vue d’ensemble que je me propose de donner, et j’aurai ainsi posé les jalons de l’étude plus complète, plus approfondie, d’un pays curieux à plus d’un titre, et dont les phénomènes naturels sont féconds en surprises et en enseignements.