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SAINT-SATURNIN

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Table des matières

L’église la plus anciennement construite fut celle de Saint-Saturnin.

Lorsque Agapit, le premier habitant connu de notre localité, vint s’établir, vers l’an 459, sur les bords de la Sèvre, à l’endroit où devait plus tard s’élever la ville de Saint-Maixent, il commença par ériger, sous l’invocation de saint Saturnin, martyr, évêque de Toulouse, un petit oratoire, autour duquel il fit bâtir des cellules pour lui et pour les moines, ses disciples et compagnons.

Le corps du bienheureux Agapit fut inhumé, naturellement, dans la chapelle qu’il avait fondée; et ce modeste édifice eut encore l’honneur d’abriter provisoirement les cendres du deuxième abbé, saint Maixent.

Mais le retentissement causé par les éclatants miracles du successeur d’Agapit ne tarda pas à attirer une foule de pèlerins, pour l’affluence desquels la primitive église de Saint-Saturnin fut jugée trop petite. On construisit un nouveau sanctuaire, celui-ci dédié à saint Maixent, sur l’emplacement même où le cénobite avait vécu, reclus dans sa cellule.

Plus tard, sous le pontificat de l’abbé Ebles, les habitations des moines s’étant massées autour de la nouvelle église, le monastère fut clos de murs. En dehors de l’enceinte conventuelle, l’église de Saint-Saturnin resta spécialement consacrée aux besoins de la population. Jusqu’à la Révolution, elle fut considérée comme la plus ancienne paroisse et la première de la ville.

Cette paroisse existait en 1081, ainsi que le témoigne une charte, reproduite par M. A. Richard , par laquelle Hugues, fils de Jamon, se désiste, en faveur de l’Abbaye, des droits et prétentions qu’il réclamait sur l’église de Saint-Saturnin.

Néanmoins, probablement en souvenir de son origine, Saint-Saturnin avait conservé son antique qualification de monastère. C’est sous ce titre: «monasterium Sancti Saturnini », que l’église figure dans la bulle du 27 avril 1110, par laquelle le pape Pascal II met l’abbaye de Saint-Maixent sous la protection du Saint-Siège et énumère tous les domaines lui appartenant .

Après l’incendie de 1082, qui dévora mille maisons, l’église de Saint-Saturnin fut refaite et consacrée le 15 mars 1099 (1100) . On y retrouva le corps de saint Agapit, ainsi que nous l’apprend la Chronique de Saint-Maixent:

MXCIX. — Beati Agapii corpus inventum est in ecclesia Sancti Saturnini martyris, in qua idem sanctus Agapius, cum suis monachis, et beatus Adjutor Maxentius Deo militavit abbas post ipsum, sicut in vita ejus clarius legitar. Nova effecta a fundamentίs, hoc eodem tempore fuit sacrata, idus martii.

Le 14 juillet 1116, Saint-Saturnin brûla encore, avec cent maisons:

MCXVI. — Ignis combussit ecclesiam Sancti Saturmni cum centum domibus, IV° nonas julii.

Enfin, l’édifice fut reconstruit de nouveau, peu de temps après et avec des matériaux plus durables, c’est-à-dire en pierres.

Un acte du cartulaire , vers 1164, énumère les droits dont jouissait, au XIIe siècle, le Sacristain de l’abbaye, sur les offrandes de l’église de Saint-Saturnin, sur celles des pèlerins et sur le luminaire des mariages et des enterrements: «In vigilia Osanne XV solidos Pictavensis monete ad faciendam luminariam et in crastino Pasche X et VIII denarios pro oblatione misse..... Oblationes peregrinorum sacriste tota cadele tenebatur sue. De nuptiis et dejacentibus debet habere sacrista aliquam partem candellarum ad illuminandum coronam chori et ad legendas lecciones...» .

Dom Chazal (Chronicon, cap. 89) fournit l’état, en 1451, des oblations et offertes appartenant à l’office de Sacristain de l’abbaye de Saint-Maixent:

«... Item à Sainct Sornin a le dit sacristain, comme premier curé, toutes les offertes des quatre festes solemnelles, sçavoir est Noël, la Pentecoste, Teoussains, et la feste de sainct Sornin, soit or, argent, monoyes, cires, chandelle, vaux, et toutes autres manieres d’oblations, avec la moitié de toutes les offertes, en quelque maniere et especes que ce soient, faictes par tout le cours de l’an en la dicte eglise, avec quarante sols sur le fouase de Pasques, et vingt deniers pour les escrit. Aussi la moitié des cierges delaissés par les confreres et confrairies qui sont en la dicte eglise, partant avec le dit vicaire perpetuel, en baillant par le dit prieur au vicaire perpetuel cinq sols un denier par chascune des dictes festes annuelles avec les oblations des prebtres nouvaus... » .

Au sujet de ces privilèges, il y avait parfois, comme nous l’avons dit plus haut, des contestations entre l’Abbaye et les curés des paroisses, lesquels, nommés par l’abbé, n’avaient droit officiellement qu’au titre de vicaires perpétuels. Ainsi, nous lisons dans le Journal des choses mémorables de l’Abbaye, rédigé par un religieux bénédictin, à la date du 29 novembre 1637

«En ce temps-là le vicaire perpetuel de l’église de Saint-Saturnin de cette ville de Raint-Maixent, dependante de l’abbaye, ayant refusé les droits ordinaires qu’a le sacristain du dit monastere dans la dite eglise, et mesme fait scandale le jour et feste du patron, pour le bien de la paix fut transigé entre le dit vicaire, le sacristain et la communauté, et fust arresté de quels droits on jouiroit désormais dans la dite paroisse.» .

Mais la bonne entente ne dura pas. Le débat fut porté en plein Parlement. Celui-ci donna raison à l’Abbaye:

«Le 9e août 1698 a esté rendu un arrest au Parlement de Paris, qui nous maintient dans notre possession des droits honnorifiques et qualité de curés primitifs dans les églises de Saint-Maixant. Ce procès avoit duré cinq ans, pendant lequel tems les curés avoient entierement secoüé le joug; celuy de Saint-Léger, qui n’avoit pas esté mis en cause, quoiqu’il eût esté condamné en cent-soixante et neuf livres par sentence des requestes du Palais, c’est soumis, voïant que celui de Saint-Saturnin avoit esté condamné par le dit arrest ».

Comme la principale et la plus vénérée des paroisses de la ville, l’église de Saint-Saturnin était le lieu, où, de toute ancienneté, se réunissaient bourgeois et manans, pour traiter des affaires intérieures de la cité, même avant l’établissement de la commune, en 1440, par Charles VII.

Cette assemblée générale annuelle des habitants, convoqués au son de la cloche, s’appelait la mercuriale, parce qu’elle se renouvelait chaque année, après l’office du mercredi des Cendres. Alors, le peuple disposait librement de l’emploi de ses deniers, en ce qui regardait la fabrique de l’église et les écoles de la ville.

Après l’établissement d’un Corps-de-Ville, ces assemblées générales tombèrent peu à peu en désuétude. Mais l’échevinage de Saint-Maixent continua à se considérer comme chez lui à Saint-Saturnin.

Réunis dans cette église chaque année, le mercredi des Cendres, les échevins nommaient les chapelains des stipendies de la Madeleine, le principal du collège, les marguilliers, l’organiste et le sacristain de Saint-Saturnin, les amasseurs de deniers pour les pauvres et pourvoyaient aux vacances quand elles se présentaient .

En 1462, le Corps de Ville tint ses séances dans l’hôtel de la chapellenie ou cure de Saint-Saturnin, situé en face de l’église .

Plus tard, après la construction d’un Hôtel de ville, le jour de l’élection du Maire, c’est-à-dire «chaque année, le mardi après Pâques, les échevins se rendaient à l’église de Saint-Saturnin, où était célébrée une messe solennelle du Saint-Esprit, puis ils se transportaient en la maison commune au son de la cloche municipale; là, ils procédaient à l’élection du maire, qu’ils devaient choisir parmi eux.» .

De plus, le jour de Quasimodo, anniversaire de la défaite des troupes de la Praguerie en 1440 et date mémorable pour la vaillance saint-maixentaise, il y avait une grande fête pour célébrer cet événement.

«Ce jour de la Quasimodo, le vicaire de Saint-Saturnin se rendait à la maison commune chercher le maire et les échevins, qu’il emmenait ensuite en procession solennelle dans son église, où l’on célébrait la messe; les échevins s’y transportaient, tenant en main des cierges, dont ils faisaient ensuite cadeau par moitié aux vicaires de la paroisse et par moitié à la fabrique ».

Les dons faits aux fabriques augmentaient journellement le trésor des paroisses; mais, si, de ces trésors, les échevins consentaient à faire bénéficier, par usufruit, le clergé, ils entendaient néanmoins en être considérés comme uniques propriétaires et pouvoir en user dans l’intérêt de la ville.

Ainsi, en 1544, le Roi ayant contracté un emprunt, duquel devaient répondre les villes closes, c’est-à-dire fortifiées et enceintes de murailles, la part contributive de Saint-Maixent s’éleva à la somme de 715 livres tournois, et pour la payer il fut convenu de vendre les trésors des églises de Saint-Saturnin et de Saint-Léger.

On était, d’ailleurs, dès cette époque, en plein dans le mouvement hérésiarque.

Le 3 octobre 1537, l’évêque suffragant de Poitiers vint en cette ville visiter les églises et

«donner couronne à plusieurs enfants».

«Fut fait injonction ès vicaires de Saint-Saturnin de publier un arrest au prosne, lequel arrest concerne les sectaires de l’hérésie de Luther, pour lesquels l’on publie chacun dimanche, ès paroisse de cette ville, une monition émanée de l’official de Poitiers, contre lesdits Luthériens, et ceux qui les cèlent ».

Le 28 mai 1562, les églises de Saint-Maixent furent, une première fois, pillées et profanées par les Protestants.

Ces excès se renouvelèrent en mars 1568. Les révoltés détruisirent les églises de Saint-Léger et de Saint-Martin, ainsi que celle des Pères Cordeliers, «et réservant celle de Saint-Saturnin pour en faire un arsenal ou magasin, ils en ruinèrent les autels, cassèrent les vitres, brisèrent les vitraux et en ôtèrent toutes les marques de religion.»

On fut obligé de «faire les fonctions curiales des paroisses, à l’hôtel-de-ville de Saint-Maixent, jusqu’au mois de mars 1572, qu’ayant réparé l’église de Saint-Saturnin, on put y célébrer la messe et les offices, le 23 mars, qui estoit le dimanche de la Passion ».

D’ailleurs, tous les moyens furent mis en œuvre pour hâter cette reconstruction. Des lettres-patentes du roi furent signées, le 5 juin de la même année, à Boulogne-lès-Paris, pour contraindre les bénéficiaires de la ville, c’est-à-dire les ecclésiastiques pourvus de bénéfices, à contribuer à la réédification de l’église Saint-Saturnin d’après l’état de leurs revenus. Le Corps de ville s’employa à l’exécution de ces lettres-patentes, malgré l’opposition des religieux de l’Abbaye, prétendant qu’ayant leur église à part, ils ne pouvaient être contraints à cette subvention.

Le 9 novembre 1573, Jacques Le Riche fit le serment d’avocat, en cette ville. Le même jour furent reçus procureurs, François Texier, fils de Jean Texier, et Jean Texier, fils de François Texier, sieur de la Gloutière; à chacun d’eux il fut enjoint de bailler 20 sous pour la fabrique et réparation de Saint-Saturnin. En outre il fut ordonné que dorénavant ceux qui seraient créés avocats, procureurs, notaires, sergents, etc., paieraient pour entrer en fonctions la somme d’un écu sol pour employer comme ci-dessus.

Le mercredi 19 février 1586, il fut arrêté que l’on n’enterrerait plus de corps morts, en l’église de Saint-Saturnin, que moyennant 3 écus sols.

Le 19 mai 1610, sur les dix heures du matin, les échevins et les principaux habitants se réunirent dans l’église de Saint-Saturnin, où le maire leur donna lecture, d’une lettre du duc de Sully, gouverneur du Poitou, signifiant la nouvelle du «plus malheureux accident du monde, survenu en la personne de notre bon roi (Henri IV) dernier décédé », et recommandant la plus grande prudence et fidélité, ainsi que l’exécution des édits.

En 1658, on décida qu’il y aurait annuellement, en l’église de Saint-Saturnin, un service pour l’âme des membres du Corps de ville décédés .

Samuel Lévesque nous donne l’état du clergé paroissial de Saint-Maixent, en 1698;

Il y a deux paroisses: l’une dédiée à saint Saturnin, et l’autre à saint Léger, et peuvent valoir, la cure de Saint-Saturnin cinq cens livres et celle de Saint-Léger quatre cens livres, y compris les prestimonies ou chapelles qui y sont annexées. La première, qui est celle de Saint-Saturnin, tenue par le sieur Du Bois, et celle de Saint-Léger, par le sieur Nosereau; outre lesquelles il y a dix autres chapelles ou prestimonies, du revenu chacune près de deux cens livres, sous le patronage de Sainte-Marie-Magdelaine, à la présentation des sieurs maire et échevins de Saint-Maixent, et élection de M. le duc de Mazarin, seigneur incommutable par échange du domaine de Saint-Maixent, et sont les enfants originaires de la ville préférés aux étrangers pour remplir les vacantes, conformément à l’intention des fondateurs, et il y a ordinairement six prêtres qui en possèdent six et servent par moitié les deux paroisses.

Dans ces deux églises il a les chapelles, sçavoir: dans l’église de Saint-Saturnin, celle de Saint-Jean, de revenu de trente livres, tenue par le sieur Giraut, prêtre à Parthenay-le-Vieux; de Saint-Cosme et de Saint-Damien, par le sieur Romanet, clerc du diocèze de Poitiers, de soixante livres; de Saint-Michel et de Sainte-Catherine, de cinquante livres, par Adrien Du Bois, curé du Fresne près Blois; de Notre-Dame, de quarante livres, tenue par.....; celle de la chapelle Blanche, de vingt-cinq livres, tenue par le sieur Barbier, prêtre à Poitiers; celle de Sainte-Barbe, de trente-six livres, par le sieur Amette; et sept chapelles de Chaurais, chacune de quarante livres, tenues par les sieurs Gogué, Gerbier, Soubirant et autres. En l’église de Saint-Léger il y a deux chapelles, l’une appelée Notre-Dame de Gourville et l’autre Saint-Nicolas d’Insay, chacune de quatre-vingts livres, tenues par le sieur Gerbier, curé de Sainte-Néomaye.

Nous parlerons plus loin des chapelains de la Madeleine. Disons quelques mots sur les chapelles de Chauray.

Au quinzième siècle, Pierre Paën, sgr de Chauray, institua, en l’église de Saint-Saturnin, une fondation de sept messes par semaine, devant être célébrées à l’autel du Crucifix, qui depuis s’appela l’autel des Paëns. Les bénéficiaires de ces sept chapellenies de Chauray étaient à la nomination des descendants du fondateur.

Voici le texte d’une lettre d’un autre Pierre Paën, arrière-petit-fils du précédent, octroyant à Jehan Bonin, une des sept chapellenies de Chauray:

Pierre Paen, escuyer, licentié es droictz, seigneur de Chaurray, à tous ceulx quy ces présentes lettres verront, salut. Scavoir faisons que, nous, adverty du décès de feu messire Jehan Benest, prestre, en son vivant l’ung des sept chappellains stippendiaires de la chappellenie ou stippendie perpetuelle de sept messes fondées et ordonnées par feu noble homme Pierre Paen, en son vivant seigneur de Chaurray et notre bisayeul, et deservie en l’église parrochialle de Sainct Saornin de ceste ville de Sainct Maixent, à l’aultier du Crucifix, appelé l’aultier des Paens, par chascun jour de la sepmaine; de laquelle stippendie la collation, provision et totalle disposition nous appartient, comme patron d’icelle; voullans pourveoir à l’entretiennement du divin service de ladite stippendie, que avoit acoustumé deservir ledict Benest, chascun jour de mercredy, de présent, vaccant par sondict décès: considerans les vertuz et bonnes moeurs de maistre Jehan Bonin, demourant en ceste ville de Sainct Maixent; à icelluy Bonin, present et acceptant, avons donné et conféré, et par ces présentes donnons et conférons ladite stippendie ainsi vaccante par le décès dudict Benest, et en icelle l’avons institué et ordonné, instituons et ordonnons, avecques les droictz, fruictz, proffitz, revenus et esmolumens a icelle appartenans et quy en deppendent; et l’en avons mis et mectons en bonne possession et saisine, par la tradition et octroy de ces présentes; et néantmoings requerons et supplions à tous notaires et clercz de mectre icelluy Bonin en possession réelle, actuelle et corporelle, d’icelles stipendie au cas requis et appartenans. En tesmoing desquelles choses, nous avons signé ces presentes de notre main et scellé du seel de noz armes, le huitiesme jour de novembre, l’an mil cinq cens trente cinq.

P. PAEN.

(Archives de Saint-Maixent )

Ce parchemin est scellé d’un sceau en cire jaune. L’écusson semble porter trois besants ou tourteaux.

A l’époque de la Réforme, les Paën de Chauray, ainsi que la plupart des gentilshommes de la région, tournèrent au protestantisme et en profitèrent pour s’affranchir de payer aux chapelains les émoluments annuels auxquels ils s’étaient engagés par l’acte de fondation. Mais, par arrêt du Parlement en date du 16 juin 1640, ils furent condamnés à verser une somme de quatorze cent cinquante-cinq livres, ainsi que nous l’apprend la pièce suivante:

Aujourdhuy vingt uniesme jour de juillet mil six centz soixante quatre, Mre Pierre Genu, prebstre, curé recteur de l’églize de St Saturnin, et Gabriel Poisbeau, aussy prebstre, curé recteur de l’églize paroissialle de St Legier de cette ville de Sainct Maixent, et Michel de Vallée, prebstre, trois des chapelains des chapelles de Chaurray, deservies en la chapelle et à l’hostel dudit sr de Chaurray, estant dans ladite église, de St Saturnin et ledit sieur Genu leur syndicq, ont receu presentement, tant pour eulx que pour les autres chapelains, des deniers de dame Margueritte de Constant, veusve en premières nopces de Mre Pierre Payen, chevallier seigneur de Chaurray, et en secondes de Mre Rodolphe Charles, seigneur baron de Gruastin, la somme de soixante douze libres quinze solz, pour les arérages de l’intherest au denier vingt de quatorze cent cinquante cinq livres, que ledit deffunct seigneur de Chaurray a esté condempné envers lesdits chapelains, pour l’emploier en fondz et dommaine, par arrest de Nosseigneurs de la Cour du Parlement de Paris, du seize juin mil six centz quarante, ledit arérage escheu au mois d’avril dernier. Et de ladite somme de soixante douze livres quinze solz, ont quicté et quictent ladite dame de Constant, le seigneur et dame de Blet, héritiers dudit seigneur de Chaurray, par les présentes, qu’ils ont signés de leur main et faict signer aux notaires royaux à St Maixent soubzignez, lesdits jour et an avant midi.

P. GENU, scindicq, pour avoir receu cinq portions de la dicte somme.

G. POIBEAU. pour avoir receu ma portion.

M. DEVALLÉE, prebstre, pour avoir receu ma portion.

COUDRÉ, notaire royal.

PIET, notaire royal.

(Archives de Saint-Maixent.)

En 1792, les élections pour la Convention Nationale se firent à Saint-Saturnin.

Voici ce que rapporte à ce sujet M. Jules Richard, dans son Histoire de l’Administration supérieure du département des Deux-Sèvres (tome Ier, p. 133):

Le décret de la Législative du 11 août, changeait le système électoral de la Constitution de 1791, et appelait, dans les assemblées primaires, tous les citoyens de 25 ans, sans s’arrêter à aucune entrave de cens. Les électeurs du second degré s’assemblèrent à Saint-Maixent le 2 septembre (dans l’église, détruite depuis, de Saint-Saturnin) et élurent députés Lecointe-Puyraveau, Jard-Panvilliers, Auguis, Duchastel, Dubreuil-Chambardel, Lofficial et Charles Cochon; Briault présidait l’assemblée, et d’Orfeuille, membre du Directoire du département, était secrétaire du bureau.

A la Révolution, l’église de Saint-Saturnin, désaffectée, fut vendue à un entrepreneur, qui la démolit, en 1809, pour profiter des matériaux. Aujourd’hui, il n’en reste plus trace et, sur son emplacement, a été érigé, en 1878, un monument au docteur Amussat.

A l’époque de sa destruction, on ne prit même pas la peine d’en tracer un croquis sommaire; de sorte que nous ignorons quelle pouvait être la physionomie de cet édifice.

Il existe bien dans la collection Chastillon, une planche, du commencement du XVIIe siècle, représentant Saint-Maixent, sur laquelle Saint-Saturnin ligure tant bien que mal. Mais ces gravures de Chastillon sont d’un dessin ultra-fantaisiste et d’une reproduction peu fidèle.

Sur la planche que nous avons devant les yeux, Saint-Saturnin n’offre aucun caractère architectonique. C’est un carré long, surmonté d’une toiture à haut pignon, que domine une-tour quadrangulaire, coiffée d’un clocheton en pointe. Evidemment, ce croquis n’a rien de sérieux, au point de vue de l’exactitude.

M. Bellin de la Liborlière, qui a connu Saint-Saturnin, en parle en ces termes, dans les Bulletins de la Société des Antiquaires de l’Ouest, tome II, année 1839:

L’église de Saint-Saturnin, réédifiée à la fin du onzième siècle, était un joli vaisseau gothique . Elle occupait le terrain qui maintenant reste vide un peu au-dessous des bâtiments de l’abbaye. Au pied du clocher se trouvait un ancien petit cimetière entouré de murs, dans lequel on voyait quelques tombeaux ombragés par un ormeau d’une dimension extraordinaire , que la tradition invoquait comme étant le seul arbre qui eùt survécu à la destruction de la forêt de Vauclair. Tout cet ensemble majestueux, que jadis j’admirai tant de fois, est tombé sous le fer des démolisseurs révolutionnaires.

Aujourd’hui il ne reste plus rien de l’église de Saint-Saturnin, si ce n’est peut-être un bas-relief, trouvé en 1881. M. A. Richard a fàit mention de cette découverte dans les Bulletins de la Société des Antiquaires de l’Ouest:

Au mois de septembre 1881, à Saint-Maixent, M. Laveyssière, en faisant réparer le dallage du vestibule de sa maison, sise rue de la Croix, s’aperçut que l’une de ces dalles n’était autre qu’un bas-relief, dont la face avait été retournée et enfoncée dans la terre, tandis que la partie opposée avait été polie pour l’usage auquel elle avait été affectée. Il me fit immédiatement prévenir, et, sur le vu de sa trouvaille, je m’empressai de lui demander de la céder à la Société des Antiquaires de l’Ouest. Il y consentit volontiers, et, grâce à lui, notre Musée est aujourd’hui en possession d’un specimen intéressant de l’art du moyen âge.

La dalle dont il s’agit mesure 92 centimètres de hauteur sur 51 centimètres de largeur. Dans une niche à plein cintre, sans décoration, supportée par deux colonnettes formées d’une torsade, surmontées de chapiteaux, non décorées et sans base, se trouve un saint évêque. Ce personnage est assis, bien qu’il n’y ait pas trace de son siège; il tient son bras droit replié sur la poitrine, le pouce et l’index étendus, les trois autres doigts sont repliés. De la main gauche il tient une crosse à volute recourbée, qui s’étend tout le long de la colonnette. La tête, se détachant du milieu d’un nimbe rond, est nue et porte la tonsure à son sommet; les cheveux, partagés sur le front, sont rejetés derrière les oreilles; la barbe est courte, et rappelle le type de saint Pierre; deux trous sont percés au milieu des prunelles; les pieds sont nus. Le saint évêque est revêtu par dessous d’une aube qui lui recouvre les jambes, et dont on voit les attaches à ses poignets. Autour de son cou apparaît, semble-t-il, une étole, dont les extrémités sont cachées sous la chape. Celle-ci, qui recouvre presque tout le corps et fait des plis nombreux sur les bras, offre cette particularité qu’elle est rattachée en haut par une agrafe singulière, qu’on peut prendre, à la rigueur, pour deux morceaux du riche galon orné de trous servant de bordure à la chape, tailladés, et au milieu desquels serait un fermoir.

Tel est l’ensemble de cette sculpture, qui a un caractère singulier d’archaïsme, tant dans son faire que dans l’agencement des plis des vêtements. On pourrait presque croire à une réminiscence gallo-romaine, ou encore être tenté de voir un de ces types bysantins si souvent reproduits par les émaux du temps.

Pour ce qui est de son âge, nous n’hésitons pas à l’attribuer à la fin du XIe siècle. La maison d’où provient cette pierre a été construite au commencement de notre siècle; or, en 1807, se fit la démolition de l’église paroissiale de Saint-Saturnin, dont nous avons déjà retrouvé plusieurs débris employés comme matériaux de construction. Cette église, la plus ancienne, il est vrai, de celles de la ville de Saint-Maixent, fut brûlée à deux reprises, en 1098 et 1116. Il ne semble pas téméraire d’attribuer à l’une de ces deux dates la sculpture dont nous venons de donner la description.

Cette pierre existe toujours au musée des Antiquaires de l’Ouest. Voici ce qu’en dit M. B. Ledain, dans son Catalogue de la galerie lapidaire, n° 501:

Bas-relief attribué par quelques archéologues au XIe siècle, trouvé à Saint-Maixent, rue de la Croix, en 1881. Il provient très probablement de l’église aujourd’hui détruite de Saint-Saturnin, reconstruite en 1099. Il représente, dans une niche à plein ceintre, entre deux colonnettes formées d’une torsade, un évêque assis dont la tète est nimbée. Le bras droit est replié sur la poitrine. De la main gauche, il tient une crosse à volute recourbée. La chape qui le revêt par dessus l’aube est bordée d’un riche galon orné d’incrustations de pierres précieuses, comme le démontre la série de petits trous dont il est percé. Elle s’attachait sous le cou par une agrafe ou fermoir. Les trous dont sont percés les prunelles des yeux avaient dû recevoir également des incrustations. Cette sculpture présente dans son ensemble une réminiscence lointaine d’une stèle romaine. Mais elle a surtout un caractère bysantin qui la ferait attribuer à l’époque carlovingienne plutôt qu’au XIe siècle. Elle a dû certainement être placée dans un tympan de porte de l’église de Saint-Saturnin, et elle représente sans doute le saint de ce nom, premier apôtre et évêque de Toulouse. Si elle appartient à la reconstruction de cet édifice, c’est une œuvre insolite pour l’époque. L’attitude générale du personnage, les incrustations, la supériorité de la sculpture, comparée aux œuvres connues du XIe siècle, semblent faire de ce bas-relief un monument plus antique. Dans ce cas, il aurait appartenu à la première église de Saint-Saturnin de Saint-Maixent.

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