Читать книгу Le Roman Historique a l'Epoque Romantique - Essai sur l'Influence de Walter Scott - Louis Maigron - Страница 6
AVERTISSEMENT
ОглавлениеCette nouvelle édition ne diffère pas essentiellement de la précédente, et elle en reproduit les idées générales sans importantes modifications.
La principale de ces idées, c'est que, dans notre littérature, la fortune du roman historique est indissolublement liée à celle du romantisme lui-même. Impossible avant le XIXe siècle, il ne triomphe à partir de 1820 que pour disparaître presque immédiatement après 1830. La vogue en fut un moment prodigieuse: elle fut plus éphémère encore. De ce problème d'histoire littéraire et d'esthétique, bien digne, semble-t-il, de piquer la curiosité, l'objet des pages qui suivent est d'essayer une solution.
Nous y maintenons deux points encore sur lesquels on nous permettra d'attirer la réflexion du lecteur.
La Chronique de Charles IX a ici la place d'honneur, et nous la mettons délibérément au-dessus de Notre-Dame de Paris. Non qu'il s'agisse de préférer le talent, très distingué sans doute, mais d'assez faible envergure, de Mérimée, au génie prestigieux de Victor Hugo. C'est de tout autre chose qu'il est question. La Chronique a un mérite, incontestable, qui est d'être un excellent roman historique, c'est-à-dire de tirer tout son intérêt de son exactitude, de sa fidélité à reproduire des moeurs historiques. Et l'on ne prétend certes pas que ce genre de vérité soit absent de Notre-Dame de Paris; mais enfin, s'il y a de l'histoire dans l'oeuvre de Victor Hugo, il y a peut-être plus encore de poésie, de fantaisie, d'imagination: toutes choses intéressantes, fort précieuses même, qu'il sera prudent néanmoins de ne pas étaler avec trop de complaisance dans un roman historique, parce qu'elles le gâteront infailliblement, qui gâtent en effet Notre-Dame de Paris, et qui expliquent ainsi que, dans l'évolution de notre genre, c'est l'oeuvre diligente du prosateur exact, et non celle du prodigieux poète, qui représente le degré le plus voisin de la perfection.
De même, nous persistons à croire que, si Augustin Thierry doit beaucoup à Chateaubriand, il se pourrait qu'il fut encore plus redevable à Walter Scott. Bien loin d'être téméraire et inattendue, l'assertion, croyons-nous, ne doit paraître que très simple et très naturelle à quiconque voudra bien prendre la peine d'y regarder d'un peu près,—et sans jamais perdre de vue que des influences étrangères se sont exercées alors sur notre littérature, avec continuité et profondeur. Il serait par trop fâcheux du reste que l'application d'une méthode particulière ne fit pas rencontrer de temps à autre quelque modeste trouvaille.
Contrairement à la formule, nous aurions pu écrire: «Nouvelle édition, revue et considérablement… diminuée.» La nécessité de réduire la rédaction primitive a supprimé beaucoup de pages; elle en a écourté d'autres: et c'est sans doute un avantage. Mais elle a aussi fait disparaître, ou à peu près, toutes les notes. Le livre a ainsi l'air d'être privé de ses appuis, pour ne pas dire de ses fondements: et c'est peut-être un inconvénient sérieux. Mais enfin on a droit de rappeler que ces fondements existent; et le lecteur scrupuleux saura toujours où retrouver preuves et justifications.
Clermont-Ferrand, décembre 1911.
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