Читать книгу De la Santé des gens mariés - Louis Seraine - Страница 7
DES ORGANES DE LA GÉNÉRATION
ОглавлениеMode de génération dans la série animale. — Omne vivum ab ovo. — Organes génitaux de l’homme. — Testicules. — Canaux excréteurs. Vésicules séminales. — Canaux éjaculateurs. — Verge. — Organes génitaux de la femme. — Vulve. — Hymen. — Vagin. — Matrice. — Trompes de Fallope. — Ovaires. — Physiologie des organes génitaux. Le sperme. — Les spermatozoïdes. — L’œuf. — La copulation. — La fécondation. — Embryologie.
I. Par des routes plus ou moins détournées, l’amour de l’homme et de la femme aboutit à l’union sexuelle. L’un et l’autre sont également poussés par la nature vers ce rapprochement qui de deux êtres n’en fait qu’un. Même en dehors d’indiscrètes leçons, dans l’absence de la volonté et de la pensée, pendant le sommeil, de nouveaux besoins, de nouveaux pouvoirs, ont été révélés. La mission providentielle de la perpétuation de l’espèce, que le Créateur a voulu entourer du prestige du plaisir, arrive bientôt à nous envahir et nous dominer presque fatalement.
Dans la série animale, en remontant du polype à l’homme, les modes de génération sont fort variés.
Au bas de l’échelle, dans cette classe d’êtres où il est souvent difficile de distinguer l’animal du végétal; chez les zoophytes, par exemple, la multiplication se fait par un mode de génération analogue à celui des végétaux cryptogames. L’individu n’offre point d’organes spéciaux à cette fonction, «il se reproduit à l’aide de parties qui se détachent de lui, et qui possèdent la propriété de croître et de se développer. Tantôt le germe se détache de l’individu sous forme d’une vésicule qui parcourra ensuite toutes les phases de son développement (génération par spores); tantôt on voit croître sur une partie du corps de l’animal, en dehors ou en dedans, une sorte de bourgeon qui, après avoir acquis sur place un développement plus ou moins complet, se sépare de l’individu et continue à s’accroître après sa séparation (génération gemmipare); tantôt enfin l’animal nouveau procède d’une partie de l’animal ancien, partie qui se détache par une sorte de scission. Après la séparation, la partie détachée s’accroît et forme un animal nouveau, tandis que l’animal ancien répare la partie qu’il a perdue (génération scissipare).»
A un degré au-dessus se rencontrent les animaux hermaphrodites, chez lesquels l’organe mâle et l’organe femelle se trouvent réunis sur le même individu. Ici le mode de reproduction se rapproche de celui des végétaux dicotylédones, dans lesquels, sous une même enveloppe florale, se trouvent les organes des deux sexes. Beaucoup d’annélides, d’helminthes, de mollusques sont dans ce cas. Parmi les animaux hermaphrodites, quelques-uns ont besoin du contact direct de deux individus pour se féconder réciproquement. Les vers de terre sont dans ce cas. D’autres portent dans des organes séparés les germes mâle et femelle, qui au moment de l’expulsion se rencontrent dans le canal terminal, et n’en sortent que quand la fécondation est accomplie; enfin, quelquefois l’organe mâle et l’organe femelle s’ouvrent séparément au dehors, et leurs divers produits ne deviennent féconds que lorsque la simultanéité d’expulsion leur permet de se rencontrer au dehors.
Dans les degrés supérieurs de la série, les sexes sont séparés et concourent chacun à leur manière au résultat. Il peut arriver alors, comme cela a lieu dans les poissons, que le germe du mâle (sperme) ne se mette en rapport avec le germe de la femelle (œuf) que quand cet œuf a été pondu au dehors par celle-ci. D’autres fois, lé liquide mâle féconde l’œuf avant sa sortie, et celui-ci parcourt ultérieurement les diverses périodes de son développement; c’est ce qui a lieu chez les oiseaux. D’autres fois enfin l’œuf fécondé par le germe mâle dans l’intérieur de la femelle se fixe, après sa fécondation, dans une cavité ou matrice dans laquelle il subit les premières phases de son développement, et ne se détache du corps de la femelle qu’après une gestation plus ou moins longue. C’est le mode de génération des animaux à mamelles, parmi lesquels les naturalistes ont rangé l’homme.
Nous naissons donc d’un œuf fécondé par un germe; et, pour avoir une idée à peu près exacte de ce grand mystère de l’amour, nous devons dès à présent étudier: 1° les organes préparateurs du sperme et de l’œuf, testicules et ovaires; 2° les organes conducteurs de ces deux produits, canal déférent et oviducte; 3° les organes copulateurs ou expulseurs destinés à les mettre en contact, la verge et le vagin; 4° la nature intime des germes des deux sexes; 5° leur combinaison; et 6° enfin le développement du produit C’est le but que j’espère atteindre dans les quatre paragraphes suivants.
II. L’appareil sexuel du mâle, dont nous n’osons parler sans rougir, était autrefois considéré comme un dieu. Un petit livre, intitulé Hexaméron rustique, et attribué à La Mothe Le Vayer, est consacré tout entier à décrire les différents cultes rendus à ces parties par les païens.
Testicules. — La portion essentielle de cet appareil porte le nom de testicules. Ce sont deux organes glanduleux destinés à la sécrétion de la semence. Leur grosseur normale est celle d’un œuf de pigeon; souvent il arrive que l’un d’eux est plus petit que l’autre. Placés à la partie inférieure de l’abdomen, dans un prolongement particulier de la peau (bourses ou scrotum), ils sont séparés par une membrane qui forme entre eux une cloison, de sorte que chaque testicule occupe Une cavité particulière.
Les testicules sont de forme ovoïde, libres et mobiles dans la cavité qui les renferme, et qui est sans cesse lubrifiée par un liquide séreux. Chacun d’eux est composé d’une pelote de tubes longs et déliés. Cette pelote déroulée donnerait un tube filiforme d’une longueur de plus de 1,000 pieds.
La substance propre de chacun de ces petits organes est segmentée et circonscrite par une coque fibreuse résistante, qui porte le nom de tunique albuginée. C’est après avoir traversé cette tunique que leurs différentes bouches viennent s’ouvrir dans les canaux excréteurs, et y verser le précieux liquide dont la distillation leur est confiée.
Canaux excréteurs. — Les canaux excréteurs suivent un très-long trajet. Ce n’est pas trop dire que d’avancer que le liquide qu’ils charrient doit parcourir un trajet de dix mètres au moins, avant d’arriver à l’organe d’expulsion qui est la verge. L’épididyme, corps oblong, vermiforme, de grosseur variable, accolé et aplati sur le bord supérieur du testicule, en est le commencement; il est formé par un seul canal dont le calibre est celui d’un cheveu, replié un grand nombre de fois sur lui-même, et entouré de tissu cellulaire.
De chaque épididyme part le canal déférent qui lui est correspondant. «C’est un cordon rond, épais, résistant, gros comme une plume à écrire, mais percé d’un conduit capillaire. Sa longueur est de vingt-cinq centimètres. Sortant des bourses avec les nerfs et vaisseaux testiculaires pour former le cordon spermatique, il monte le long du pubis, pénètre dans l’abdomen, gagne les côtés de la vessie, puis sa partie postérieure en contournant cet organe, et vient rejoindre son congénère après s’être mis en rapport avec le conduit propre de la vésicule séminale correspondante. Les canaux déférents s’oblitèrent quelquefois, et alors la semence ne pouvant plus se faire jour hors des testicules, la reproduction devient impossible.»
Un peu avant leur terminaison, chacun des deux canaux excréteurs se dilate tout à coup et forme des poches de la grosseur d’une aveline, remplissant à l’égard du sperme le même rôle que la vessie pour l’urine, c’est-à-dire destinées à lui servir de réservoir: ce sont les vésicules séminales. Situés profondément entre le rectum et la vessie, ces organes sont formés par une agglomération de cellules communiquant entre elles. Si on détruit le tissu fibreux qui lie leurs circonvolutions, on trouve une longueur extraordinaire au sac; leur rôle est de recevoir la liqueur fécondante à mesure qu’elle s’échappe des testicules par les canaux spermatiques, et de se contracter à certains moments pour projeter au loin ce liquide.
La dernière partie du long conduit excréteur porte le nom de canal éjaculateur. En quittant les vésicules séminales les deux tuyaux se rapprochent, se touchent presque, et pénètrent en même temps dans une glande grosse comme un marron qui porte le nom de prostate, et sert comme de virole au col de la vessie au moment où il s’unit au conduit extérieur de l’urine. La prostate a une organisation à la fois fibreuse et glandulaire. Le premier élément y domine, le second est représenté par des granulations ayant chacune un petit conduit par où s’échappe, à certains moments, un liquide dit prostatique. Dans la prostate, les canaux éjaculateurs rencontrent l’urèthre, dont il sera parlé tout à l’heure, et se terminent en y pénétrant par un point nommé verumon tanum. C’est également sur le côté du verumontanum que viennent aboutir les canaux infiniment petits qui versent dans l’urètre le liquide sécrété par la prostate.
Organe copulateur. — L’organe copulateur de l’homme est la verge. J’emprunte la description qu’en donne M.J. P. dès Vaulx dans son excellent petit livre. «La verge est située en avant du pubis et au-dessus des bourses. Molle, cylindrique et pendante dans l’état habituel, elle durcit par l’érection, triple au moins son volume, se relève vers l’abdomen et prend la forme d’un prisme triangulaire. La verge est attachée au pubis par son extrémité postérieure au moyen de plusieurs muscles rendus très-sensibles par le réseau nerveux qui les pénètre.»
Cet organe est enveloppé d’une peau d’une finesse et d’une souplesse remarquables, dont l’adhérence avec les parties qu’elle recouvre est extrêmement làche pour faciliter sa mobilité. A l’extrémité de la verge, la peau n’est plus adhérente au gland, mais, se repliant sur elle-même après l’avoir recouvert, elle lui forme une sorte de fourreau mobile qui porte le nom de prépuce. On nomme filet ou frein du prépuce un repli triangulaire qui le fixe à l’extrémité inférieure de l’urèthre. Le feuillet interne participe aux propriétés des muqueuses; il contient des follicules sébacés qui sécrètent une humeur fort odorante. Le prépuce n’existe pas chez tous les individus. Les Orientaux et les Israélites le suppriment à leurs enfants par une opération qui porte le nom de circoncision.
Le membre viril est formé de trois parties: les corps caverneux, le canal de l’urèthre et le gland. — Les corps caverneux, ainsi nommés à cause des nombreuses cavités dont ils sont entièrement composés, forment la partie principale et la plus volumineuse du pénis. Ils sont constitués par un lacis très-épais de veines, d’artères, de nerfs et d’anastomoses, disposés de telle façon que toute trace d’organisation vasculaire semble avoir disparu pour ne plus laisser qu’un amas de spongioles érectiles. Une membrane fibreuse très-forte enveloppe tout l’organe et envoie des prolongements à l’intérieur. A certains moments, toutes ces parties se gorgent de sang, et alors il y a érection. L’urèthre est logé dans la gouttière que forme inférieurement l’adossement des corps caverneux.
Une description étendue est nécessaire pour l’urèthre ou canal, à cause de ses importantes fonctions. Ce conduit est à la fois excréteur de l’urine et de la liqueur destinée à la reproduction, et a sous ce rapport quelque analogie avec la vulve de la femme; mais il en diffère essentiellement par tous les autres points. Né du col de la vessie, il se dirige d’abord en avant et en bas, en traversant la glande prostate dont il a été précédemment question. Dans ce trajet, qui est de trois centimètres, il reçoit, comme il a été dit, les deux canaux éjaculateurs par des ouvertures oblongues, étroites, qui sont placées côte à côte, et seulement séparées par l’utricule de Weber. Les canaux proprement dits prostatiques viennent aussi y déverser leur liqueur et le lubrifier. De la sortie de la prostate à sa jonction aux corps caverneux, l’urèthre parcourt un trajet de deux centimètres et demi. Il forme alors un coude pour passer sous l’arcade pubienne; à cet endroit, il est enveloppé de muscles dont les contractions sont quelquefois funestes. Les anatomistes nomment cette partie du canal portion membraneuse de l’urèthre. Au sortir de la symphyse pubienne, il reçoit les canaux de deux petites glandes en grappe de la grosseur d’un noyau de cerise, qui portent le nom de glandes de Cooper, et qui sont situées de chaque côté ; puis il s’engage dans la gouttière qui lui est formée par les corps caverneux, où il est maintenu et fixé par une membrane fibreuse qui convertit cette gouttière en un canal. Cette partie porte le nom de portion spongieuse de l’urèthre, parce qu’elle est protégée en effet par une lame épaisse de tissu spongieux analogue à celui des corps caverneux, qui, après avoir formé à son origine un renflement connu sous le nom de bulbe, l’accompagne jusqu’au gland et lui sert de coussin. Le calibre du canal est difficile à fixer, à cause de sa dilatabilité extrême. Sa direction est la même que celle de la verge, et variable suivant l’érection ou la flaccidité. On pourrait en dire autant de sa longueur, qui varie avec celle des corps caverneux. On lui reconnaît ordinairement de vingt à vingt-sept centimètres depuis sa sortie de la vessie jusqu’à l’orifice du gland.
Gland. — Le gland occupe l’extrémité de la verge; il est formé par l’épanouissement de la portion spongieuse de l’urèthre, et s’unit intimement, avec les corps eaverneux dont il embrasse l’extrémité. Il est extrêmement érectile. Sa grosseur est celle d’une châtaigne, et sa forme est connue de tout le monde. Sa base offre un relief volumineux, circulaire, désigné sous le nom de couronne du gland, et un sillon dans lequel est reçu le filet dont il a déjà été question. Sa surface est couverte d’une lame muqueuse, rouge, humide ou sèche, suivant que les individus ont ou n’ont pas de prépuce. Enfin, son sommet est percé d’un orifice ou fente de six à sept millimètres, qui porte le nom de méat urinaire. C’est ce méat qui donne issue à l’urine, et aussi au sperme. Le gland est un organe éminemment nerveux, et c’est par l’exaltation de sa sensibilité que commence l’éveil du sens génital, qui est le point de départ de l’union sexuelle. Il en résulte un afflux plus considérable de sang artériel, dont l’effet est d’augmenter suffisamment la sensibilité générale pour qu’elle aille retentir dans les centres nerveux.
La longueur apparente du membre viril, dit Dionis , est ordinairement de huit ou neuf travers de doigt, et la grosseur de trois, lorsqu’il se présente dans l’état où les femmes le demandent. Cependant une verge moins volumineuse peut être parfaitement propre à ses fonctions. On dit même que les hommes dont la verge passe la mesure ordinaire sont souvent moins propres au déduit d’amour, et leur approche cause parfois à la femme des accidents qui nécessitent l’intervention de la médecine.
III. L’appareil sexuel de la femme n’a pas été plus négligé par le culte antique que les parties naturelles de l’homme. On trouvera le récit de ces extravagances dans l’Hexaméron, déjà cité, et au tome III de l’ouvrage de M. de Lignac, qui a pour titre: De l’homme et de la femme considérés physiquement. Les Romains, lorsque leurs mœurs furent dépravées, firent construire jusqu’à des vases dont ils se servaient dans leurs repas et auxquels ils donnaient la figure de la partie pour laquelle ils avaient tant de passion. Ces cratères étaient sans doute destinés à figurer à côté des amphores en forme de phallus dont les jeunes débauchés et les courtisanes ornaient leurs tables .
Ces organes sont renfermés dans la cavité du bassin (à la différence de ce qui a lieu chez l’homme, où le membre viril et les testicules sont placés dehors). Ils se composent de deux ovaires, organes dans lesquels l’œuf humain prend naissance, de deux ovicluctes ou trompes de Fallope, qui reçoivent l’œuf à sa sortie de l’ovaire et le conduisent dans l’utérus; — de l’utérus, organe destiné au développement du nouvel être humain; — du vagin, canal qui établit la communication de l’utérus avec l’extérieur, qui reçoit et dirige le pénis et la semence de l’homme pendant le coït ou acte générateur, et le fœtus pendant l’accouchement; — enfin, de la vulve accompagnée de divers accessoires qui, conformément au plan du Créateur, sont surtout des organes de volupté, comme le démontre leur état d’excitation avant et pendant le coït.
Vulve. — La vulve, dont le nom signifie porte, comprend l’ensemble des parties génitales externes, grandes lèvres, petites lèvres, clitoris, méat urinaire et orifice du vagin.
L’entrée de la vulve se présente sous la forme d’une fente qui occupe le même emplacement que la verge et les testicules chez l’homme, c’est-à-dire est étendue depuis le mont de Vénus jusqu’à 25 millimètres en avant de l’anus. De chaque côté se voient les grandes lèvres. Ce sont d’épais replis formés parla peau et circonscrivant l’entrée de l’appareil reproducteur, comme, au visage, les lèvres défendent l’entrée de l’appareil digestif. La face externe des grandes lèvres est recouverte de poils rares; leur face interne est doublée d’une muqueuse mince, lisse et rosée, trouée par une quantité de follicules mucipares et par le conduit de la glande vulvo-vaginale, dont la destination est de sécréter une humeur onctueuse qui sert à maintenir l’humidité et la souplesse dans ces régions. Fermes et fraîches chez les filles qui n’ont point eu commerce avec l’homme, ces parties ne tardent pas à devenir molles et pendantes aux femmes qui ont eu beaucoup d’enfants. Les deux grandes lèvres, par leur partie supérieure, se perdent insensiblement dans les parties graisseuses du mont de Vénus; mais, en s’unissant par leur partie inférieure, elles forment un rebord membraneux qui porte le nom de fourchette. Derrière la fourchette, un petit cul-de-sac de dimension exiguë porte le nom de fosse naviculaire.
Dès que l’on écarte les grandes lèvres, on aperçoit un peu plus profondément les petites lèvres ou nymphes, complètement muqueuses, minces, délicates, légèrement érectiles et formant comme une sorte de double porte à l’entrée du vagin. Nées d’un mince filet aux environs de la fosse naviculaire, elles vont en s’élargissant à mesure qu’elles montent vers l’orifice vaginal, le voilent, et, contournant l’espace occupé par le méat urinaire et le clitoris, elles viennent se rejoindre au-dessus de ce dernier dans la région du mont de Vénus, en lui formant comme une sorte de capuchon. La forme et la dimension des petites lèvres varient selon les âges, les races et les climats. Elles ne dépassent pas la fente vulvaire chez les jeunes filles de nos pays et s’y montrent d’une belle couleur rouge. Elles s’allongent, se flétrissent et prennent une teinte plombée chez presque toutes les femmes qui ont eu des enfants. Dans certaines contrées de l’Afrique, elles se développent au point de devenir un obstacle aux approches sexuelles. M. Vidal, dans son Traité de pathologie externe, en a dessiné un type remarquable. Pour prévenir ce hideux spectacle, quelques peuples, dit-on, prescrivent la nymphotomie aux filles comme la circoncision aux garçons.
Clitoris. — Organe principal de la volupté chez la femme, le clitoris se montre entre les petites lèvres à la partie la plus élevée de la fente vulvaire, sous la forme amoindrie du membre viril et avec la même composition anatomique; il n’en diffère que par l’absence du canal del’urèthre, lequel se montre isolé un peu plus bas; c’est, en d’autres termes, un petit gland imperforé. Les anciens, qui avaient observé ses propriétés érectiles, lui donnaient le nom d’œstrum Veneris, aiguillon de Vénus. A peine distinct chez les petites filles, il commence à se développer vers l’âge de puberté, il grossit à mesure que se montre en elles le tempérament érotique. La moindre titillation voluptueuse le fait gonfler; il est la source de beaucoup d’égarements solitaires qui plongent celles qui s’y livrent dans le marasme et une foule d’autre maux. C’est à peine si à l’état normal le clitoris doit atteindre la longueur de deux centimètres. Chez quelques femmes il se montre presque aussi long que le membre du mâle, et cette ressemblance avec la verge a enfanté, d’une part, les infâmes jeux lesbiens, et, de l’autre, la fable de l’hermaphrodisme. Le clitoris peut être amputé sans danger: mais les femmes qui ont subi cette opération n’éprouvent dans le rapprochement des sexes qu’une jouissance imparfaite.
Le canal déversoir des eaux de la vessie s’ouvre un peu au-dessous du clitoris, par un étroit orifice qui porte le nom de méat urinaire; ce canal est beaucoup plus court que chez l’homme, puisqu’il parcourt à peine trois centimètres de trajet, quoiqu’il soit tenu fermé par un sphincter qui est destiné à retenir l’urine. On comprend d’après cette disposition que la femme soit plus exposée que nous à lâcher ses eaux contre son gré ; on trouve aussi dans cette structure les raisons pour lesquelles la maladie de la pierre est presque inconnue à ce sexe.
D’après ce qui vient d’être dit de la vulve, on a dû remarquer que cette ouverture est commune, comme le canal de la verge de l’homme (urèthre), aux produits de l’urination et à ceux de la reproduction, puisque le méat urinaire et le vagin y débouchent; mais à partir de ce point, comme à partir de la prostate chez le mâle, les deux appareils se séparent et n’ont plus rien de commun.
Vagin. — Le vagin, sorte de gaîne dans laquelle se glisse Je membre viril pour aller se mettre en rapport avec l’orifice de la matrice, afin d’y instiller la semence fécondante, et qui plus tard sera parcourue par l’enfant dans le travail laborieux de l’accouchement, est la première pièce du conduit qui correspond au canal déférent de l’homme; il s’ouvre, comme nous l’avons dit, entre les deux petites lèvres; sa forme est celle d’un cylindre dont les parois, molles et flasques, sont aplaties et à surface contiguë. Son axe un peu courbé est obliquement dirigé de bas en haut et d’avant en arrière; sa longueur est de onze à quatorze centimètres; sa structure telle, que dans certaines circonstances il s’applique intimement sur la verge de l’homme et la serre avec énergie, tandis que dans d’autres il se dilate au point de laisser passer la tête d’un enfant. A l’intérieur il est tapissé par une membrane muqueuse parcourue sur les faces antérieures et postérieures de l’organe par deux saillies longitudinales qui portent le nom de colonnes du vagin auxquelles aboutissent un grand nombre de plis transversaux, d’autant mieux dessinés que la femme a moins subi l’approche de l’homme, et destinés à offrir une source d’excitation pendant l’union sexuelle.
L’entrée du vagin présente des dimensions fort incertaines; elle est en partie circonscrite par un anneau spongieux et érectile qui porte le nom de bulbe du vagin.
Les anatomistes assurent qu’il existe au même-point, sous le nom d’hymen, une membrane tantôt en demi-lune, tantôt circulaire, qui ferme presque exactement l’ouverture de ce canal dans les filles qui n’en ont permis l’entrée à aucun corps qui ait pu faire violence. Beaucoup d’entre eux ont même fait de la présence ou de l’absence de cette partie le signe palpable de la virginité ; cependant Paré, Graaf, Dionis, Mauriceau et d’autres écrivains qui font autorité dans la science, non-seulement mettent en doute l’infaillibilité de la preuve, mais nient hautement que l’existence de cette membrane soit constante chez toutes les personnes du sexe: «J’ai cru devoir avertir le lecteur de cette circonstance, dit le médecin anglais James, dans le Dictionnaire de médecine, parce que j’ai vu plusieurs maris qui ont fait divorce avec leurs femmes pour n’avoir point trouvé en elles cette faible preuve de leur sagesse.» D’ailleurs Severinus Pinœus qui a donné un traité de Notis virginitatis, affirme que sous certaines influences morbides, comme le flux périodique, «une fille peut admettre un homme aussi facilement qu’une femme qui aurait produit enfant sur terre, quoiqu’elle soit intémérée en sa pudicité ; » et d’autre part, les livres de médecine sont pleins d’exemples de filles devenues mères sans déchirure de l’hymen et chez lesquelles l’accoucheur a été obligé de détruire cette membrane pour donner passage à l’enfant.
L’extrémité opposée du vagin embrasse le col de l’utérus en formant un cul-de-sac circulaire qui ressemble grossièrement, dit le docteur J. P. des Vaulx, au fond d’une bouteille regardée par le goulot.
Matrice. — Au-dessus de lui, en remontant le canal excréteur du germe femelle, se rencontre un organe assui important pour le développement du produit, que celui-ci l’est pour les jouissances de la copulation, c’est la matrice ou utérus. Son nom, qui veut dire moule, lui vient de ce que c’est dans son sein que doit se développer, après la fécondation, l’embryon auquel la conception donne naissance. La figure de la matrice à l’état de vacuité a la forme et la grosseur d’une poire tapée; sa cavité, qui est triangulaire, pourrait tout au plus contenir une fève, et l’orifice qui la met en communication avec le vagin est si étroit, qu’on a de la peine à y introduire un stylet. Lorsque la femme est enceinte, au contraire, cet organe prend une forme à peu près ronde, présente une cavité assez grande pour contenir, sans le gêner, un enfant à terme et acquiert un développement qui porte son poids de quelques grammes à plus d’un kilogramme; c’est assez dire qu’elle est formée d’un tissu très-élastique qui jouit de l’étonnante propriété de se dilater et de s’accroître rapidement dans la grossesse et de revenir à peu de chose près à sa dimension première, lorsque l’accouchement a eu lieu.
L’utérus est situé dans la cavité du bassin entre la vessie et le rectum; il est maintenu en place par des ligaments spéciaux qui le soutiennent sans le gêner. Pendant la grossesse, lorsque arrive le moment où la cage pelvienne ne suffit plus à le loger, il remonte et se porte en avant en donnant au ventre des femmes enceintes cette forme singulière qui le caractérise.
L’extrémité par laquelle cet organe communique avec le vagin porte le nom de col de la matrice. Cette portion est arrondie, de dimension variable, et est percée d’un orifice étroit, auquel les anatomistes distinguent deux lèvres et qu’ils ont appelé museau de tanche à cause de sa forme. Toutes ces parties se distendent dans l’accouchement, au point de partager l’exagération momentanée du calibre du vagin. Dans l’état ordinaire, le museau de tanche éprouve à l’approche du mâle des dilatations spasmodique, qui doivent amener l’entrée de la semence dans la cavité utérine.
Trompes de Fallope. — Le canal que nous avons remonté jusqu’ici se bifurque au sortir de l’utérus. Le fond de cet organe présente à chaque angle un étroit pertuis. Ce sont les orifices des trompes de Fallope, ainsi appelées du nom de l’anafomiste qui les décrivit le premièr. Chacune d’elles représente extérieurement la forme d’un petit cylindre terminé par un pavillon évasé et frangé. Les trompes sont retenues en place par un tissu cellulaire assez lâche, ce qui fait dire qu’elles flottent. Leur canal, qui à sa sortie de la matrice est assez étroit pour laisser passer avec peine une soie de porc, va en s’élargissant à mesure qu’il s’en éloigne; sa longueur est de douze centimètres environ. Ce qu’il y a de remarquable dans la disposition de ces parties, c’est que l’extrémité évasée des pavillons, dont la mission est de recueillir l’œuf au sortir de l’ovaire, qui le sécrète pour le conduire à la cavité utérine où il doit se développer, ne communique pas directement avec lui, mais forme tout autour une sorte de coupe qui selon qu’elle est plus ou moins bien appliquée, reçoit ou laisse échapper l’œuf au moment ou il se détache de l’ovaire.
Ovaires. — Il existe un ovaire pour chaque trompe, de même qu’il existe deux testicules chez l’homme. La fonction de ces organes, comme celle des testicules, est de sécréter un produit indispensable à la fécondation.
Logés dans un repli des ligaments de la matrice, et à portée du pavillon des trompes, ils se présentent avec la forme et à peu près la grosseur d’une amande. Leur surface, parfaitement lisse chez la jeune fille avant l’établissement des règles, présente plus tard des inégalités d’autant plus nombreuses que la femme avance davantage dans la période d’activité des organes génitaux. Après cette période, l’ovaire s’atrophie.
Chez une jeune femme cet organe laisse apercevoir à l’œil une quinzaine de petits globules qui enferment des œufs et portent le nom de vésicules de Graaf. Autour de ces vésicules on voit une foule de petites cicatrices, résultat de la rupture dès vésicules; on leur a donné le nom de corps jaunes. Au microscope, on distinguerait une foule d’autres petits points, qui plus tard formeront de nouvelles vésicules. Une vie active réside dans les ovaires, le sang s’y rend en abondance, et la nature y tamise le plus pur de la substance de la femme pendant toute la période où elle peut devenir mère.
IV. Toutes les fois que les organes de la génération sont distincts, dit Béclard, l’organe femelle produit un œuf et l’organe mâle un liquide nommé sperme, dans lequel nagent de petits êtres, nommés animaux spermatiques, par lesquels cet œuf est fécondé, c’est-à-dire rendu apte à se développer.
L’espèce humaine, qui est soumise à la première partie de cette loi, ne pouvait manquer d’obéir à la seconde. Chez nous, comme dans le plus grand nombre des êtres, il ne faut pas moins de deux vies, momentanément confondues en une rapide unité, pour en produire une troisième.
L’enfant naît d’un œuf fécondé. La liqueur fécondante ou le sperme se forme chez l’homme dans les testicules; l’œuf prend naissance chez la femme dans les ovaires; la fécondation s’opère dans le rapprochement des deux sexes par la copulation ou coït.
De là trois divisions naturelles: 1° Étude de l’œuf; 2° Étude du sperme; 3° Étude de la copulation.
Œuf. — L’œuf de la femme, avons nous dit, prend naissance dans l’intérieur de la vésicule de Graaf, qui n’est elle-même qu’une partie de l’ovaire. Au moment de son plus grand développement, il n’a guère qu’un cinquième ou un dixième de millimètre de volume. Cependant les anatomistes trouvent moyen d’y distinguer plusieurs parties: une enveloppe relativement très-épaisse, qui porte le nom de membrane vitelline, un jaune analogue à celui des œufs d’oiseau que l’on nomme quelquefois vitellus, et une vésicule germinative nommée par d’autres vésicule de Purkinge, du nom de l’anatomiste qui en a signalé l’existence.
L’ovule n’attend point l’époque de la menstruation pour apparaître dans l’ovaire des petites filles; on l’y découvre à l’état rudimentaire aussi bien que dans celui des poulettes qui n’ont pas encore pondu. «Aussitôt que les premiers signes de la puberté se déclarent, une ou plusieurs vésicules de Graaf augmentent rapidement de volume et refoulent autour d’elles la gangue celluleuse de l’ovaire. Pendant ce temps, l’ovule a suivi le développement de la vésicule qui l’entoure; bientôt elles viennent faire saillie à la surface de l’ovaire, la tumeur éclate, l’ovule s’échappe avec force et est recueilli par le pavillon de la trompe, pendant que la vésicule restée vide se cicatrise peu à peu.»
Ce phénomène peut se renouveler périodiquement chez les femmes en état de santé tous les mois, depuis la puberté ; c’est-à-dire l’établissement des règles, jusqu’à la ménopause, ou l’époque où la femme cesse de voir couler son sang. En France, cette période s’étend depuis l’âge de quatorze ans environ jusqu’à quarante-cinq. Mais on comprend que cette limite n’a rien d’absolu: elle varie non-seulement avec les climats, mais avec une foule d’autres circonstances.
Il serait curieux de savoir si, avant la conception, les œufs contiennent tout formés les linéaments du fœtus, l’élément fécondant n’ayant dans ce cas pour fonction que de leur communiquer l’impulsion nécessaire à leur développement; en d’autres termes, si le fœtus existe primitivement dans l’œuf, ou bien, au contraire, s’il doit tout son être à la fécondation.
Nous croyons que le rôle de l’élément fécondant ne se borne pas à éveiller le germe endormi dans l’œuf, et à déterminer son développement. Il nous semble qu’il le modifie, au contraire, d’une manière très-profonde, ainsi que le prouvent les animaux nés de deux espèces différentes ou mulets, les individus nés d’une blanche et d’un noir, les maladies héréditaires, les ressemblances des enfants à leur père, etc.
Toutefois, il est probable que le germe est un œuf. Cuvier, qui tenait cette conclusion pour légitime, la regardait comme l’un des plus beaux résultats de l’anatomie comparée.
Sperme. — Chez les individus mâles, capables d’engendrer, la semence est sécrétée dans les testicules sous la forme d’un liquide épais et blanchâtre, qui porte le nom de sperme.
Un grossissement de 3 à 400 fois fait apercevoir une grande quantité de petits corps très-rapprochés, qui se meuvent vivement dans un liquide peu abondant; ce sont les animalcules spermatiques ou spermatozoaires; chez l’homme ils sont très-petits (1/50 ou 1/40 de ligne), le corps est ovale, un peu aplati en forme d’amande, et transparent; la queue, qui est filiforme, devient à son extrémité d’une ténuité excessive.
Quand les spermatozoïdes sont portés directement de l’urètre de l’homme dans les organes génitaux de la femme, ils peuvent y conserver leurs mouvements et leur propriété fécondante pendant plusieurs jours, une semaine même, au dire de quelques-uns. Mais lorsque le sperme est abandonné à l’air, ou mêlé à l’urine, quelques heures suffisent pour détruire toute sorte de mouvement. Le froid, la chaleur, l’eau, les acides, les alcalis, certaines qualités du mucus vaginal de la femme, accélèrent encore ce résultat.
Ces remarques sont importantes, car c’est à la présence et à la vibratilité des spermatozoïdes que la liqueur séminale doit sa propriété fécondante. Leur absence rend impropre à la reproduction le sperme des trop jeunes gens, celui des vieillards, et celui des individus qui répètent trop souvent le coït. Nous reviendrons sur ce sujet, en parlant de l’impuissance.
Les substances génératrices, ainsi formées, sont individuellement inhabiles à produire l’être qu’elles représentent. Il faut pour cela qu’elles soient mises en contact, en suivant les lois de la nature. «Qui pourrait raconter la puissance du Créateur? C’est pendant la durée de cet éclair que le flambeau d’une nouvelle vie s’allume, et que le mystère de la reproduction est consommé. »
Nous ignorerons probablement toujours comment ce mystère s’accomplit. Ce qui est certain, c’est que le contact des substances génératrices est indispensable.
L’étude de cette question chez les animaux supérieurs présente des difficultés particulières, mais elle est facile chez les êtres organisés d’un ordre moins élevé.
Chez les plantes, il est démontré qu’il y a contact matériel intime entre la fovilla pollinique et le nucléus de l’œuf, et que ce n’est que postérieurement à ce contact que se forme l’embryon.
Chez les grenouilles et les crapauds, on voit, au temps des amours, le mâle, placé sur le dos de la femelle, arroser de son sperme les œufs au moment où ils sont pondus. Cette sorte de copulation, qui dure souvent plusieurs semaines, ne cesse jamais qu’après l’expulsion de tous les œufs.
Chez les poissons, où il n’y a pas copulation, on a remarqué que les femelles sont poursuivies par les mâles, et que le sperme est répandu dans le moment même où les femelles déposent leurs œufs.
Chez les insectes, lorsque l’accouplement est terminé, on trouve, chez la femelle, une grande quantité de sperme déposée dans un réservoir que les œufs doivent nécessairement traverser au moment de leur sortie.
Ces exemples démontrent que quelles que soient les conditions dans lesquelles s’accomplit la génération, que ce soit avec ou sans copulation, le sperme et les œufs doivent être mis réciproquement en contact.
Chez les oiseaux et les mammifères on peut encore, quoique moins facilement, démontrer, après le coït, la présence des spermatozoaires dans les parties génitales internes.
Leuwenhoeck fit couvrir des chiennes, et un ou deux jours après il trouva toujours dans l’utérus, et jusqu’au commencement des trompes, une grande quantité de spermatozoaires.
Prévost et Dumas, ayant ouvert des femelles de chiens et de lapins vingt-quatre heures après l’accouplement, trouvèrent dans l’utérus des masses de spermatozaires se mouvant avec vivacité. Mais le vagin n’en contenait pas. — Chez des chiennes, trois ou quatre jours après l’accouulement, les trompes contenaient parfois des spermatozoaires en petite quantité ; les cornes de l’utérus en contenaient toujours beaucoup qui étaient très-vivaces. Enfin, ils trouvèrent encore des spermatozoaires dans la matrice au sixième et au septième jour, mais leur nombre était remarquablement diminué ; ils n’en virent pas dans les trompes.
Bischoff et Wagner ont confirmé ces observations. Le premier de ces physiologistes a été assez heureux pour rencontrer des spermatozoaires vivants et se mouvant avec vivacité dans le vagin, l’utérus, les trompes et leurs franges, et enfin dans la poche que forme le péritoine autour de l’ovaire et même sur ce dernier. Le second, ayant sacrifié une chienne quarante-huit heures après l’accouplement, trouva dans le vagin un grand nombre de spermatozoaires, qui tous étaient morts; le nombre de ceux contenus dans l’utérus était plus considérable, et tous étaient vivants; ils étaient plus nombreux encore dans les cornes et les trompes, et leur mobilité était plus apparente; il en était de même de ceux qui se trouvaient très-près de l’ovaire, dans les franges des trompes.
Non-seulement les observations faites sur les animaux après la copulation démontrent la nécessité du contact du sperme avec l’ovule pour que la fécondation ait lieu, mais les fécondations artificielles viennent déposer dans le même sens.
La fécondation artificielle, si facile à pratiquer chez les poissons (puisqu’il suffit d’arroser de sperme, obtenu par la compression de l’abdomen du mâle, les œufs de la femelle dont on a déterminé la ponte par le même procédé), est également praticable chez les animaux supérieurs. Spallanzani raconte un fait remarquable de fécondation artificielle. Il prit du sperme provenant d’un chien (par éjaculation spontanée) et l’injecta, au moyen d’une petite seringue chauffée à 30° R., dans l’utérus d’une chienne en chaleur. Deux jours après cette injection, la chienne cessa d’être en chaleur; au bout de vingt jours le ventre grossit, et le soixante-deuxième jours elle mit bas trois petits chiens bien vivants, deux mâles et une femelle, qui par leur forme et leur couleur ressemblaient non-seulement à la mère, mais aussi au mâle qui avait fourni la liqueur séminale.
On comprend d’après cela que pour qu’un accouplement soit fécond chez l’homme il n’est pas absolument nécessaire que le pénis soit complètement introduit dans le vagin, bien que cette introduction facilite et assure la fécondation; il suffit que le sperme soit éjaculé dans l’organe femelle et lancé dans le vagin; cela peut arriver même lorsque l’hymen reste intact.
Les mouvements spontanés et volontaires des spermatozoaires peuvent suffire seuls à expliquer leur marche et leur présence dans le vagin, l’utérus, les trompes, en un mot dans tout le système des organes génitaux femelles.
On trouve dans les écrits des physiologistes anciens et modernes un grand nombre d’exemples avérés de lécoudation survenue sans introduction réelle du pénis.
L’érection et la copulation ne sont donc pour les savants que des accessoires; toutefois il est important d’en tenir compte, car dans la vie réelle leur concours est indispensable à la fécondation.
L’érection est caractérisée chez l’homme par la turgescence sanguine de la verge et par son changement de direction. Dans la femme elle se manifeste par l’augmentation de volume du clitoris et du bulbe du vagin. Dans l’un et l’autre sexe elle est amenée par l’accumulation dans les mailles du tissu érectile d’une quantité considérable de sang, qui ne peut être repris par les veines dont les orifices sont fermés spasmodiquement. La moelle épinière, ou pour mieux dire tout le système nerveux, prend aussi une part active à ce phénomène, ainsi qu’on peut s’en convaincre en considérant l’influence que les titillations, la vue des nudités d’autrui et simplement l’imagination exercent sur son développement.
Copulation. — L’érection facilite l’introduction du membre viril dans le vagin de la femme, et la sensibilité exaltée qui accompagne cette introduction fait que les organes, mâle et femelle, s’appliquent intimement l’un sur l’autre de manière à ne point laisser perdre la semence, et à assurer la reproduction de l’espèce par le plaisir qui en résulte.
A ce moment il se déclare, tant chez l’homme que chez la femme, un sentiment d’indéfinissable volupté.
Pendant la durée d’un éclair, les forces de la vie sont ébranlées et l’âme résonne jusque dans ses profondeurs. C’est l’intime union de deux âmes, c’est l’incompréhensible fusion de deux êtres auxquels Dieu a confié pour un instant l’un de ses attributs souverains: tout ce que la vie a de puissance est au service de l’amour.
Il faut ajouter que l’excitation des organes et le plaisir qui l’accompagne n’ont pas seulement la volupté pour but et pour effet, il ont encore pour résultat d’élever à sa plus haute puissance l’activité vitale des organes génitaux internes et de tout l’organisme, ce qui est la première condition de la transmission de la vie.
Le spasme amoureux, chez l’homme, se termine par l’éjaculation ou émission de semence qui en est le couronnement. Alors la congestion se dissipe peu à peu, et un affaissement considérable succède aux transports de l’amour; chez la femme, la déperdition des forces est moindre, quoique le spasme dure plus longtemps; il est probable que pendant sa durée l’orifice externe de la matrice s’ouvre pour recevoir le sperme éjaculé. Une sécrétion plus abondante des mucosités du vagin a lieu constamment vers la fin de l’acte; il ne serait même pas étonnant que dans certains cas l’ébranlement fût assez considérable pour faire éclater extemporanément une vésicule de Graaf et amener un œuf au-devant du liquide fécondant de l’homme.
V. Pour que la fécondation soit consommée, il ne suffit pas que la copulation ait lieu et qu’un sperme de bonne qualité soit éjaculé dans le vagin de la femme, même au milieu des plus tendres caresses, il faut encore la présence d’un ovule en état d’être fécondé. J’ai déjà insisté sur cette condition essentielle de la mise en contact des deux germes: c’est le point capital; si l’ovule manque ou si le sperme est dépourvu d’animalcules, l’union la plus voluptueuse ne produira jamais rien.
«Pour que la fécondation ait lieu, dit M. J. P. des Vaulx, d’après le physiologiste Barry, il faut que les spermatozoïdes rencontrent l’ovule et s’y attachent; ordinairement il en pénètre un certain nombre jusque dans son intérieur, et ils concourent ensemble avec le germe femelle au développement d’un nouvel être.
«Le point des organes génitaux de la femme où s’opère la fécondation, c’est-à-dire où se rencontre et s’identifie le sperme avec l’ovule, n’est pas constamment et nécessairement le même; c’est ordinairement la cavité de l’utérus ou le conduit des trompes de Fallope; mais les grossesses extra-utérines prouvent que le sperme peut quelquefois aller au-devant de l’ovule jusque sur le pavillon de la trompe et le féconder immédiatement après sa sortie de l’ovaire.
«Quant aux époques les plus propres à la fécondation, l’expérience journalière démontre, de concert avec la théorie, que ce doivent être celles dans lesquelles le coït a lieu peu de jours après la rupture mensuelle de la vésicule de Graaf et lorsque l’ovule est encore dans les trompes ou dans l’utérus; mais comme des influences accessoires peuvent retarder d’une part l’acheminement de l’œuf au dehors à travers ces parties, ou d’autre part y prolonger la vie des spermatozoïdes qui y ont été déposés par l’éjaculation, il résulte qu’on ne peut affirmer, comme quelques physiologistes l’ont fait, que le coït n’était fécondant que dans les huit jours qui précèdent ou qui suivent les règles; si cela était, il y aurait dans chaque mois, entre les époques menstruelles, une période de quinze jours environ pendant laquelle le coït serait toujours infécond, ce que l’expérience journalière dément. MM. les docteurs Hirsch et Wagner rapportent des faits dans lesquels la fécondation aurait eu lieu seize, dix-huit et vingt jours après la période menstruelle.
«On rencontre des cas de grossesse double, triple et même quadruple; cela tient à la rupture simultanée ou à très-courts intervalles de deux ou plusieurs vésicules de Graaf et à la fécondation, soit dans le même coït, soit dans des coïts rapprochés, des deux ou plusieurs ovules qui en sont sortis. On admet généralement qu’une femme qui a conçu depuis huit jours ne peut plus être fécondée.
«Tout le monde sait comment l’œuf fécondé ou embryon se développe dans l’utérus de la mère s’y nourrit de sa substance et y grandit pendant neuf mois, au bout desquels il est expulsé au dehors par l’accouchement. »
Le fœtus passe assez vite par les premières gradations. Trois ou quatre jours après la conception, on n’aperçoit dans la matrice qu’une bulle ovale transparente, remplie d’une humeur semblable à une glaire d’œuf. Dans son milieu est un nuage plus opaque qui doit former l’embryon. Sept jours après la conception, on distingue à l’œil simple les premiers linéaments du fœtus, dans lequel on reconnaît faiblement la tête et le tronc, désignés par deux vésicules; on ne voit point encore les extrémités. A quinze jours on distingue la tête et les parties les plus saillantes du visage; le nez paraît sous la forme d’un petit filet éminent et perpendiculaire à une ligne qui fait connaître la séparation des lèvres; on découvre deux points noirs à la place des yeux; deux petits trous à celle des oreilles; on voit aux deux côtés de la partie supérieure du tronc de petites protubérances qui sont les prémices des bras et des jambes. Ces premières ébauches des extrémités restent quelquefois en arrière, et la nature s’arrête dans son travail; on voit alors comme un enfant sans bras et sans jambes.
Après trois semaines, le corps du fœtus s’est un peu augmenté ; les bras et les mains, les jambes et les pieds se distinguent. Vers la fin du premier mois de grossesse, le fœtus a un pouce de longueur; il a la figure humaine bien décidée, toutes les parties de la face sont reconnaissables, le corps a sa forme, les hanches et l’abdomen sont élevés, les membres sont formés, les doigts des pieds et des mains sont séparés les uns des autres; des fibres pelotonnées désignent les viscères. A six semaines, le fœtus a allongé d’un demi-pouce.
Deux mois après la conception, l’enfant a deux pouces un quart; il a trois pouces et demi à trois mois; à quatre mois et demi, il a cinq pouces, et son corps est si fort augmenté, que toutes les parties s’en peuvent distinguer au point de reconnaître les ongles des doigts et des orteils. Il commence même à avoir des mouvements distincts, et la mère émue le sent remuer dans son sein.
A partir de ce moment jusqu’à neuf mois, terme de la gestation dans notre espèce, l’accroissement des enfants est fort variable en poids comme en volume. Une foule d’influences qu’il serait trop long d’énumérer ici font varier ces appréciations. On peut dire en moyenne que l’enfant de neuf mois a cinquante centimètres de longueur et pèse quatre kilogrammes.
Pendant tout le temps qu’il passe dans la matrice, le fœtus est environné de deux membranes protectrices, le chorion et l’amnios, et d’une couche épaisse de liquide dans lequel il nage, et qui lui sert comme de coussinet contre les violences extérieures. Il reçoit sa nourriture de la mère, dont le sang est amené dans ses vaisseaux par le cordon ombilical, après avoir été filtré dans un appareil vasculaire qui porte le nom de placenta, et se détache, après l’accouchement, comme une masse informe de chair.
Tels sont les fonctions importantes et le rôle providentiel qui sont assignés aux organes génitaux dans les deux sexes pour la reproduction de l’espèce. Ces considérations doivent suffire pour montrer aux jeunes gens que ce n’est point comme instruments de plaisir que ces organes leur ont été donnés, et qu’ils doivent compte non-seulement à Dieu, mais à leurs enfants et à l’humanité tout entière, de l’abus qu’ils en pourraient faire.