Читать книгу Van Eyck - Marguerite Devigne - Страница 7

LES VAN EYCK

Оглавление

Table des matières

On ne sait d’eux que peu de chose, à part qu’ils sont les créateurs de la peinture moderne et que leur art s’épanouit au moment même où naît la nation belge sous l’effort d’un grand prince, Philippe le Bon. 1

Il n’est pas certain qu’ils soient frères. On ignore où et sous quelle direction ils se sont formés. On ne connaît pas la date de leur naissance. La détermination approximative qu’on a tenté d’en faire était basée, autrefois, sur l’aspect des deux figures qu’on croyait être leurs portraits, dans le groupe des Juges intègres du polyptyque de l’Agneau; elle peut être plus sûrement fondée sur leur période d’activité et sur la date de leur mort, qui est bien établie.

Si l’on a cru longtemps que Hubert et Jean van Eyck faisaient partie du groupe chevauchant derrière les Chevaliers du Christ, c’est qu’on ajoutait foi aux dires de Lucas De Heere. Celui-ci, dans son recueil de poèmes intitulé Den Hof en Boomgaerd der Poësien, publié en 1565, a reproduit une ode qu’il avait composée en 1559 pour célébrer le polyptyque de l’Agneau et à l’occasion du vingt-troisième chapitre de la Toison d’Or, tenu en l’église Saint-Jean (à présent Saint-Bavon), à Gand, où était, — où se retrouve aujourd’hui, — le retable.

La neuvième strophe de l’ode se rapporte aux soi-disant portraits:

Ten rechten siet men onder de zulcke verkeeren

den princelicken Schilder die dit werck voldee,

met den rooden Paternoster op zwarte cleeren,

sijn broeder Hubert rijdt bij hem in d’hoogste stee.

Et la deuxième strophe cite cette sœur des van Eyck qui aurait été peintre aussi, mais dont l’existence n’est pas autrement prouvée:

Welcken Hubert dit waerck begonste naer syn zee

maer deur de dood moest hyt staken

hi leit hier begraven, ende zyn suster mee,

die ooc in schilderijen dede groote zaken.

Le premier auteur connu qui ait cité le nom de Jean van Eyck est Cyriaque d’Ancône (1391-1457) qui l’appelle le Prince des peintres.

Lucas De Heere, peintre et poète, qui écrivit son ode cent et dix-huit ans après la mort de Jean, est le premier qui mentionne le nom de Hubert, en fasse le frère de Jean et parle de leur sœur peintre.

Il s’appuyait sur une tradition qui n’avait pas eu le temps de vieillir et au témoignage de laquelle on doit encore prêter attention.

Cependant, aucun document précis n’ayant confirmé l’existence de la sœur des van Eyck, on est venu à en douter. En revanche, des textes d’archives établissent la présence, à la cour de Philippe le Bon, d’un Lambert van Eyck, frère de Jean, qui fut employé par le duc à des besognes non spécifiées, notamment en 1431, et qui se trouvait à Bruges en 1442.

On connaît aussi un Henry van Eyck qui est au service de Jean de Bavière, comte de Hollande, dit Jean sans Pitié, au moment où Jean van Eyck fait lui-même partie de la maison de ce prince. Quand celui-ci meurt, son neveu par alliance, Jean IV de Brabant, second mari de Jacqueline de Bavière, veut prendre à son service Henry van Eyck; mais ce dernier préfère suivre, à la cour de Philippe le Bon, le peintre qui est probablement son parent.

Il entre au service du duc en qualité de fauconnier. Il est mentionné plusieurs fois dans les comptes du receveur des finances, du 24 décembre 1426 jusqu’en 1444. Il épouse alors la fille du maître fauconnier du duc. On le retrouve en 1452 à Termonde, où il est installé ; il devient bailli de la ville et de son territoire en 1461, et il conserve cette fonction jusqu’à sa mort, en 1466.

Le lieu d’origine des van Eyck paraît bien être la ville d’Eyck sur Meuse, autrement dit Maeseyck. Un des indices les plus certains que l’on en ait, outre leur nom, c’est le fait que la fille de Jean, Liévine, dont le patron, saint Liévin, est l’un des saints protecteurs de Gand, voulant prendre le voile en 1450, c’est-à-dire près de dix ans après la mort de son père, s’en fut au couvent de Sainte-Agnès, à Maeseyck. Il semble vraisemblable que si Liévine van Eyck s’est choisi un lieu de prière et de retraite aussi éloigné de Bruges, où elle avait vécu jusqu’alors, c’est que des raisons particulières, des raisons de sentiment, peut-être le désir de retourner vers le berceau de sa famille, motivaient son choix.

P. 6

Retable de l’Agneau Mystique

(Extérieur)


P. 7

Retable de l’Agneau Mystique

(Detail: Josse Vydt)


On sait que Hubert était l’aîné des deux artistes prodigieux dont la légende simplificatrice a fait les inventeurs de la peinture à l’huile. On le sait par l’inscription que le chanoine De Bast découvrit, en 1823, dans les manuscrits du jurisconsulte gantois Christophe van Huerne (+ 1629) et que Waagen put lire, peu après, sur le bord inférieur des volets fermés du retable.

Mais la lecture faite au XVIe siècle par Christophe van Huerne et celle que Waagen publia en 1824 ne concordent pas. L’inscription est formée de quatre vers hexamètres dont le dernier est un chronogramme. Or, par le contact des mains qui ouvrirent et fermèrent pendant des siècles les volets du retable, une partie de cette inscription est totalement effacée; c’est le commencement du troisième vers. Peut-être, au XVIe siècle, la lecture en était-elle déjà difficile et peu sûre. Par la suite, l’inscription fut recouverte d’une couche de couleur, et c’est en enlevant cette couleur que Waagen la découvrit. Dans les quelques lettres disparues gît l’un des éléments du problème le plus passionnant de l’histoire de notre ancienne école de peinture.

Sans chercher à remplacer les mots disparus et sans entrer dans la discussion relative à l’interprétation du texte, M. le chanoine van den Gheyn l’a très exactement transcrit:

Pictor Hubertus... Eyck maior quo nemo repertus

Incepit pondus qz Johannes arte secundus

..... Judoci Vyd prece frelus

Vers V seXta Mal Vos CoLLoCat aCta tVerl

Quant à Van Huerne, il lut ainsi cette inscription:

Pictor Hubertus e Eyck, major quo nemo repertus

Incepit pondus quod Joannes arte secundus

Frater perfectus Judoci Vyd prece fretus

VersU seXta Mal Vos CoLLo Cat aCta tUerI

Et voici la lecture de Waagen:

Pictor Hubertus ab Eyck, major quo nemo repertus

Incepit, pondusque Johannes arte secundus

(Suscepit letus), Judoci Vyd prece fretus.

VersU seXta Mal Vos CoLLaCat aCta tUerl

Le frater perfectus n’a pas de sens, comme le remarque Friedländer, et frater perfecit n’offre pas la double rime qu’on croit devoir rétablir dans ce vers. Le qz du troisième vers doit être lu quod, et des deux autres lectures, Hubertus e Eyck et Hubertus ab Eyck, c’est la première qui est la bonne. Le mot frater n’est pas admis dans tous les essais de reconstitution du texte. 2 Quand Van Huerne copia l’inscription, les premiers mots du troisième vers étaient probablement déjà fort effacés. Il peut les avoir mal déchiffrés ou mal reconstitués, et la lecture du mot frater lui aura peut-être été inspirée par l’ode de Lucas De Heere.

Généralement d’ailleurs, on a accepté la tradition que le peintre poète nous a transmise sur la parenté des van Eyck. Mais la région mosane, d’où ils viennent, est en ce moment l’objet d’études diverses et approfondies. M. Ligtenberg a consacré un ouvrage important aux ateliers de sculpture de Maestricht, ville riche, centre d’art actif dont Maeseyck n’est pas fort éloigné. 3 C’est là peut-être que les van Eyck firent leurs premières études.

Un autre travail destiné à mettre en lumière l’importance historique de la vallée de la Meuse avant le XIIIe siècle sera prochainement publié, 4 et l’on annonce que deux érudits flamands ont trouvé des pièces d’archives qu’ils feront bientôt connaître et qui sont susceptibles de modifier les présomptions que l’on avait jusqu’ici sur la parenté des deux peintres.

Van Eyck

Подняться наверх