Читать книгу Les Mystères de l’Inconscient, cachés sur l’île de Noureev - Marianna Lanskaya - Страница 3
Chapitre 1
ОглавлениеTout a commencé un jour de printemps pluvieux et froid, comme il ne l’a jamais été auparavant. Les arbres fleurissaient comme si de rien n’était, mais le ciel ne leur répondait pas, car les nuages épais, couvrant le ciel d’une masse menaçante, étaient prêts à déverser à chaque instant des torrents d’eau sur les têtes des passants. La lumière était très étrange: la masse de l’air, condensée par certains endroits, laissait entrevoir des passages, des couloirs entiers, avec une substance très fragile, ressemblant à une poussière de cristal.
Les rares rayons du soleil jouaient dans des milliers de facettes de cette poussière en s’éclatant en couleurs de l’arc-en-ciel, et cette masse vibrante faisait naître une vague impression que tout était possible à cet endroit. Elle aimait venir sur cette place car ici, et uniquement ici, elle ressentait chaque fois la même chose: que tout est possible dans la vie. Que tout ce qu’elle vivait en ce moment n’était qu’un prélude, une répétition à quelque chose de très magique, à la limite de l’imaginable, du compréhensible.
Chaque fois qu’elle se retrouvait sur cette place, quelque chose se passait. Difficile à décrire: toutes les pensées se condensaient dans sa tête et se cristallisaient en images de sa vie future. Bien que rien dans sa vie actuelle ne lui dît que toutes ces images étaient réellement de sa vie future, elle le savait très précisément. Et pour ces raisons elle aimait se promener sur cette place à cinq heures de l’après-midi dans la foule de gens, rentrant de leur travail, enveloppée par le bruit des Klaxon des voitures, par le gaz d’échappement, par les dialogues imperceptibles de milliers de portables et des chants des oiseaux.
Elle se voyait voyager autour du monde entier, faire des films, monter les marches des festivals en robe de stars, découvrir le sens de l’Univers, aimer l’homme le plus désirable de la planète, monter sur une soucoupe volante et connaître les lois de la gravitation, et tout ça de façon très réelle, matérielle, très saisissable. Il semblait qu’il lui suffirait de tendre la main en avant et elle sentirait les objets, elle sentirait les odeurs, les parfums, les flashs des paparazzi… Un léger sentiment d’extrême puissance commençait à lui tourner la tête.
Brusquement Christine se réveilla et regarda autour d’elle: non, rien d’extraordinaire, «ce n’est pas pour aujourd’hui», se dit-elle dans sa tête. Tout était si réaliste et normal, seules les fleurs sur les gazons avaient poussé davantage, très très jaunes, éclatantes, elles attiraient son regard sur elles. À ce moment, elle entendit une petite voix intérieure: «Attends encore un tout petit peu! Les miracles sont tout près de toi, sois attentive, ne les chasse pas, ils sont très peureux pour l’instant. Il faut faire attention à ne pas les brusquer, sinon, ils ne reviendront que dans très longtemps!» Et la voix disparut aussi soudainement qu’elle était apparue.
Christine n’avait pas peur d’entendre cette petite voix interne car elle l’entendait souvent et était assez habituée à sa présence. «Bon, puisque ce n’est pas pour aujourd’hui, je vais rentrer…», se disait-elle, en pensant à une tasse de thé chaud devant l’écran de la télévision qui remplissait ses douces soirées solitaires. Mais ses soirées ne lui pesaient pas pour autant, car elle savait, qui sait pourquoi, que tout cela allait être bouleversé d’un jour à l’autre et qu’elle se retrouverait dans un tel peloton d’émotions, d’événements, d’actions et de relations, que l’idée de se reposer d’avance ne lui déplaisait pas du tout.
À ce moment précis, chez lui il n’était que huit heures du matin, et le soleil tapait déjà fort sur les toits des maisons voisins, quand il se réveilla pour une ordinaire journée de travail. Ce jour-ci, Bill n’avait pas le temps pour les réflexions matinales, il fallait résoudre les derniers problèmes du scénario, avant de lancer le tournage. Cela lui prenait la tête! Ce scénariste, têtu, comme tous les débutants, il ne voulait, à aucun prix, lui laisser la priorité de la décision, à lui, propriétaire de ses Studios!
Dans sa poitrine commençait à bouillonner une légère colère: «Comment ose-t-il! Lui, aurait-il fait tous les sacrifices que je fais moi, pour construire ces Studios! Savait-il, comment je détestais tous ses producteurs qui m’obligeaient à jouer ce que je ne voulais pas! Moi, moi, moi! Le Grand Patron! Maintenant c’est moi, et moi seul, qui dicte les lois ici! Et lui, s’il s’incruste dans son idée encore une journée de plus, je le vire dehors et je stoppe son film, voilà!» Bill n’était pas du tout fier de lui, car cette colère, il ne la maîtrisait pas en général. Une fois commencée, elle ne cessait pas de grandir, durant la journée entière et à la fin elle éclatait en un grand scandale.
Il devait, alors, se retirer dans sa villa, seul, sans parler à personne, ce qui augmentait la pression de son mécontentement. Mais il ne pouvait vraiment rien faire! Cette force animale était plus forte que lui: il devait toujours avoir raison, quel que soit le prix à payer.
Et le prix souvent était bien cher! La dernière fois, aux Studios, encore Grands Studios où il faisait ses meilleurs films, les conflits étaient vraiment stupides: il refusa de répéter la dernière scène de la journée après le second rôle, puisqu’il lui fallait rentrer plutôt pour passer trois minutes de plus avec sa nouvelle copine. Il éclata tout le tournage, le producteur ne voulait plus entendre parler de lui, et cette copine n’est restée que trois semaines avec lui pour disparaître à jamais.
Bon, d’accord, il a gagné assez d’argent pour pouvoir être totalement indépendant, et il a pu ouvrir sa propre boîte de cinéma indépendante, ce dont il était très fier! Mais l’histoire menaçait de recommencer. C’est vrai, il ne voulait plus de ces conflits, qui risquaient de compromettre ses Studios pour toujours, il fallait freiner fort! Et c’est exactement ce qu’il ne savait pas faire.
Bill était beau, grand et musclé. Il avait tellement travaillé sur son physique, qu’il avait réussi à le transformer complètement. Il était très maigre dans sa jeunesse, puis il était devenu musclé. Il avait un regard troublant et sobre, puis il était devenu un homme souriant avec un air d’une intelligence éclairée. Il n’aimait pas le sport et le mouvement, puis il était devenu un vrai Schumacher! Il n’y avait rien qu’il ne pouvait pas se permettre, mais une chose ne lui obéissait pas. C’était sa conscience! Et plus il avançait dans la vie, plus cela devenait insupportable.
Pour éviter tous conflits avec ses collaborateurs, il avait arrêté de passer ses soirées avec eux, dans les grandes fêtes qu’il aimait tant. Il avait arrêté de les inviter chez lui pour les somptueux dîners qu’il organisait auparavant très régulièrement. Il fuyait toute la société de sa ville, qui ne vivait que des mondanités. Les gens commençaient à le trouver bizarre, et il lui restait une seule chose, c’était son cinéma, ses Studios, où il pouvait retrouver la paix et le calme du travail quotidien. C’était son Temple. Et personne ne pouvait pas troubler l’harmonie, qu’il avait réussi à installer au prix de tels efforts.
Bref, la journée était cruciale: il fallait à tout prix éviter le scandale, mais comment, il ne savait pas encore. Il comptait sur l’inspiration du moment, comme toujours. Mais cette fois-ci, contrairement à ses habitudes, avant de quitter son salon, il s’arrêta devant le divan, s’assit dessus et se mit à regarder les rayons du soleil! Ils étaient bien forts, malgré les lourds stores couvrant les grandes baies vitrées de sa terrasse. Les rayons traversaient le bouquet de tulipes sur la table devant le divan, et pour la première fois de sa vie, il commença à contempler les pétales des fleurs. Il se moquait complètement que l’équipe l’attendait, que sa journée devait être chronométrée à la seconde près, et qu’il lui fallait résoudre ce problème de scénario qui le tracassait depuis hier soir.
Il regardait, comment l’air tremble par milliers de petites poussières, comment les fleurs respirent et tournent légèrement leurs têtes vers le soleil, comment les rayons les enveloppent, tout doucement, tendrement, en évitant de les brusquer. Et, pour la première fois, il demanda de l’aide. Bill ne savait pas exactement à qui il s’adressait… Sans aucun mot, il proférait ses pensées vers l’Univers… Il était déjà dix heures du matin, mais Bill ne bougeait pas, concentré sur les pétales des tulipes…
Christine n’avait rien remarqué pour l’instant. Elle était assise sur son fauteuil préféré, sur sa petite terrasse en plein soleil, et admirait le début du crépuscule. Les oiseaux se déchaînaient en bas, sur les branches des arbres en fleurs. Les cerisiers et les pommiers étaient éblouissants, ornés de grands flocons massifs de fleurs roses. Christine vivait au deuxième étage d’un grand immeuble, et l’unique romantisme de cet endroit était ce beau jardin avec les pommiers. C’était maintenant, en plein mois d’avril, malgré les pluies incessantes et le froid hivernal, que ces arbres resplendissaient devant les yeux de Christine. Elle sentait leur arôme, écoutait les chants des oiseaux et savourait le goût du thé à la menthe. Une vraie gourmande!
D’un seul coup, elle entendit dans sa tête un chuchotement… même pas… juste des pensées nouvelles commençaient à lui venir à l’esprit… elle s’imaginait diriger une équipe de cinéma… cette équipe l’attendait au travail… elle tardait à y aller, attrapée par la beauté de la journée débutante… Soudain, une inquiétude l’envahit: «Qu’est-ce que je vais faire avec ce scénario?» Elle continuait de contempler les arbres en bas de sa terrasse. La petite voix intérieure devenait plus insistante, la poussant presque à prendre une décision.
Christine ne chassait jamais ses pensées, quelle que soit leur étrangeté. Elle les écoutait, comme un cinéma intérieur, mais n’intervenait jamais dans leur écoulement. Mais cette fois-ci, les pensées étaient si fortes, qu’elle se sentait presque concernée par ses inquiétudes. «Bon, et puisque tu insistes tellement, je te dirais de ne pas rejeter ce scénario! Fais semblant d’accepter la version de ton scénariste, et tu verras pendant le tournage si cela fonctionne ou pas. De toute façon, tu auras le temps de tout corriger, en faisant des doubles. Enlève ce problème de ta tête et laisse-moi en paix!» Tout de suite, les pensées disparurent et elle entendit la chanson d’un enfant, jouant sur la pelouse en bas de l’immeuble: elle était parfaitement dans la vie présente.
Ce soir-là, les pensées ne la tourmentaient plus. Elle put regarder, une énième fois, son film préféré avec un grand acteur américain. Elle savait qu’elle n’était pas la seule à l’admirer mais ce fait ne la dérangeait pas du tout. Elle savourait chaque mot, chaque geste, tout ce qui la faisait rire. Elle était vraiment heureuse pendant ces moments-là, oubliant complètement ses rêves précédents, là-bas, sur la place: ses voyages, ses pensées. Elle ne croyait plus une seconde que tout cela pourrait un jour lui arriver. Elle se réjouissait tout simplement d’une journée calme qui annonçait le repos du week-end, la fatigue de la semaine ayant envahi son corps.
Christine s’adonnait pleinement à ce repos mérité, car dans un jour et demi elle devrait à nouveau se mettre en route, cavaler après un bus, un autre bus, quelques pas encore, et voilà, elle serait à nouveau en train d’attendre la fin de la journée, quand elle pourrait à nouveau se retrouver au calme de sa terrasse ensoleillée. La petite routine, tous les jours, tous les jours, tous les ans… Cela faisait longtemps qu’elle ne se rebellait pas. Elle acceptait la vie comme elle venait, sans énervement, sans stress, car elle savait que…
Bill se releva de son divan dans un état de grâce, sachant que, pour la première fois de sa vie, cette journée serait comme il la voudra, et qu’il n’y aurait pas de conflit. Comment ferait-il, il ne le savait pas, mais il savait que ce serait ainsi. Il était heureux. Depuis très longtemps, cette sérénité, il ne la côtoyait pas. Il vivait passionnément, mais jamais raisonnablement, pourtant, passé la quarantaine, il devait peut-être commencer à se calmer… Mais non, le calme, ce n’était pas son style de vie, il aimait action, mouvement, il vivait à deux cents à l’heure.
Il sortit de sa maison, et le soleil lui éclata en plein visage! Il oublia tout, complètement tout et se lança, comme d’habitude, pour vivre sa vie frénétique.
Paul ne se pressait pas de finir son bol de corn-flakes et de commencer la journée.
– Vite, vite, tu vas être en retard à ton collège, dépêche-toi! cria sa mère de la cuisine. Je reviendrai tard ce soir. Tâche de finir tes devoirs avant de t’endormir, ok?
Paul murmura quelque chose d’incompréhensible. La porte d’entrée claqua, et il était désormais livré à lui-même pour toute la longueur de la journée. Sa mère travaillait tellement, qu’il ne la voyait que les week-ends et, pour la plupart du temps, endormie, tellement elle était fatiguée. Il l’aimait beaucoup, mais il n’avait jamais le temps de l’exprimer. Et il savait que sa mère l’aimait aussi, mais elle aussi, elle n’avait jamais le temps de le lui dire.
Aujourd’hui Paul avait décidé de faire quelque chose d’inhabituel. Il composa le numéro du portable de sa mère en lui disant: «Je t’aime, maman!» Sa mère, entourée à ce moment précis par des centaines de gens coincés dans le wagon du métro, put seulement lui faire un sourire en guise de réponse. Paul raccrocha et jeta sur ses épaules son sac qui pesait une tonne! «Bon, au moins, elle sait, que je l’aime…», pensa Paul, descendant avec l’ascenseur. Dehors, le soleil lui éclaboussa sa lumière en plein visage, et Paul oublia et sa mère et sa maison. Une nouvelle journée d’aventures s’ouvrait devant lui!
«Ce serait si génial de s’échapper un jour du collège et de vivre quelque chose d’absolument extraordinaire!», pensa Paul, longeant un petit muret. «J’aurais donné tout au monde, si à ce moment précis une soucoupe volante avait atterri devant moi…», Paul rentra dans le bus et oublia sa soucoupe…
– Tu crois qu’on va débarquer maintenant ou plus tard?
Le coéquipier souleva les épaules.
– Non, maintenant, c’est trop tôt. Ils ne le comprendront pas, restons invisibles. Je te dirai quand, sois patient! De toute façon, tu sais que notre temps est illimité, c’est la Force qui me dira quand on devra agir dans ce monde. Certains individus me paraissent prêts, d’autres pas du tout, on risque de provoquer la panique. Non, non, c’est trop tôt. Leur niveau de conscience est au tout début de leur développement, je ne pense pas qu’on puisse communiquer d’égal à égal…
– Si tu veux attendre qu’ils soient tous prêts, on sera obligé de tourner autour de cette planète éternellement! Revenons alors dans notre galactique, mes enfants doivent être déjà grands, je ne les ai pas vus depuis des siècles!
– N’exagère pas, qu’est-ce que c’est un siècle devant l’éternité, et devant l’importance de notre mission! Soyons attentifs, on a beaucoup de choses à faire. En tout cas, j’ai un espoir, que c’est pour bientôt. Certains me paraissent être assez proches de la Révélation.
– À qui tu penses?
– Cette jeune femme devant le jardin du Luxembourg, elle me paraissait intéressante, mais bon, on ne peut pas être sûr à cent pour cent. On va continuer d’inspecter doucement…
– Comme tu veux, mais je ne veux pas rester ici encore un siècle de plus! Soit ils évoluent, soit on laisse tomber!
– D’accord, d’accord, mais patiente, tu verras, les choses peuvent se débloquer plus vite que tu ne le penses.
– Passe-moi du Jeas-team, j’ai soif!
– C’est une boisson de mômes! Jette ça par la fenêtre!
Paul sortait du bus, quand la boîte vide d’une boisson inconnue tomba sur le trottoir à côté de lui.
– Eh, là-haut! Faites gaffe si je vous trouve un jour!
Paul était content que la journée ait bien commencé et il ne voulait pas que rien ne gâche sa bonne humeur. Mais il ramassa cette boîte, en pensant la rajouter à sa collection d’objets trouvés, qui contenait déjà une pierre du bonheur, une lime à ongles, un cristal violet, un bout de planche, appartenant apparemment à une vieille soucoupe… et maintenant cette boîte en métal moelleux, changeant de couleurs toutes les dix secondes. Paul ne réfléchissait pas aux origines de ces objets, il les ramassait et les emmenait à la maison, soigneusement, les rangeant dans le casier de sa table. Et puisque sa mère ne rangeait jamais sa table, elle n’avait aucune idée de cette belle collection d’objets extraterrestres.
La journée collégienne commença sans surprise: la prof de maths écrivait les signes au tableau au milieu d’une classe dormante. Les mouches tournaient autour des vases avec des fleurs sur les placards, et Paul était totalement libre de faire tout ce qu’il voulait. Tout d’abord, il commença par mettre tous les signes à l’envers et voir à quoi ils ressemblaient.
Pour l’instant, il ne voyait rien de particulier, sauf que certains de ces signes brillaient dans les rayons de soleil plus que les autres. Ils se détachaient de la feuille de papier et volaient dans l’air à quelques millimètres de la surface. Cela pourtant n’inquiétait pas Paul, qui avait l’habitude d’accepter l’inexplicable comme une normalité, en attribuant le «non-savoir» à son jeune âge.
Il n’avait que douze ans, et pensait que certainement les adultes devaient avoir une explication, mais qu’étant si occupés tout le temps, ils ne pouvaient pas lui fournir la réponse…
«Ce n’est pas grave, se disait-il, quand je grandirai, toutes les choses me seront accessibles et compréhensibles, et pour le moment je ne peux que les observer, c’est déjà très passionnant!» et il continuait de regarder les signes mathématiques survoler sa feuille de papier.
– Ce gamin, décidément, a fait des progrès! Je lui ai appris l’art de la lévitation antigravitationnelle, pour qu’il la pratique! Il est vraiment très doué, je voudrais l’observer davantage. Je vais lui rajouter des tâches à faire. Je vais lui apprendre à sauter les étapes de l’apprentissage!
Le coéquipier s’était étendu sur le dossier de son fauteuil avec un grand sourire.
– Il n’a que douze ans.
– Et alors! À cet âge le cerveau est très mobile! Il accepte beaucoup plus de choses sans réticence, sans méfiance. C’est justement lui, qui pourrait apprendre plus vite que les autres!
– Et l’évolution du cerveau dans le temps? Quoi, cela ne vaut rien? Les gens qui lisent des livres, qui font des travaux spirituels, eux, selon toi, ils ne sont pas plus évolués, que le gamin de douze ans?
– Mais si, mais si, mais ils doivent traverser des grandes épreuves, des désillusions, des chocs de la vie, pour qu’ils ouvrent leurs voix intérieures à la compréhension supérieure. Les gamins le font sans souffrance, sans avoir à passer par tous ces états d’âme, ils sont plus rapides.
– D’accord, mais leur bagage intellectuel ne peut pas être suffisant pour évoluer dans les matières complexes.
– Pas sûr, ils acceptent l’inexplicable, ils sont moins figés dans leurs consciences, ils ont les pensées plus pures, et les âmes plus intactes.
– Alors, tu comptes plus sur les gamins?
– Pas forcément, mais sur les gamins aussi. Ils arriveront tous en même temps, tu verras! Cela sera très passionnant, un peu comique peut-être…
– Tu prédis l’avenir?
– Non, je le vois!
– Paul, tu as tout le temps la tête en l’air! Peux-tu te concentrer une minute sur ce qu’on fait en classe?! Tes notes baissent de plus en plus! Il faut que je voie ta mère!
– Pour ça, bon courage, Madame! Même moi, je ne la vois pas plus de cinq minutes pendant le brossage des dents!
– Paul! Un peu de tenue!
La classe éclata de rire.
Paul était au septième ciel, car celui qui réussissait à énerver la prof passait pour un héros pendant toute la journée et tous les copains lui serraient la main! Mais la prof, elle-même, avait un autre point de vue sur cette affaire. Elle était devenue toute rouge, tellement rouge, qu’elle faisait peur, pouvant exploser à tout moment.
Elle commença à crier de plus en plus fort, ce qui rajoutait de la joie dans les derniers rangs. Elle tremblait en crachant des mots tout courts, étouffée par sa colère.
– Vous êtes pénibles! Vous êtes pénibles!
C’est tout ce qui lui était passé par la tête. Les enfants s’agitaient de plus en plus. Voir leur prof perdre les pédales au point de ne plus pouvoir parler, c’était une véritable jouissance. Ils se sentaient de plus en plus puissants face à son désarroi. L’agitation était à son comble. Paul était aux anges, sans se soucier de ce qu’il allait lui arriver après. À ce moment précis, il était le Héros.
– Tu vas avoir une heure de colle!!! Non!!! Trois heures de colle!!! Tu vas dormir sur les planches!!!
Peu à peu elle s’épuisait, en baissant le volume de sa voix, et ses dernières paroles elle les prononça tout doucement:
– Va chez le directeur! Immédiatement!
Paul se sentait soulagé, car il ne pouvait plus observer cette scène insensée par le niveau de sa violence et sa stupidité. Le sentiment de pitié, que provoquait sa prof, lui montait à la gorge. Il sortit dans le couloir, où un air rafraîchissant, emmené par une légère brise de la fenêtre ouverte, lui caressa le visage. Dehors les arbres se couvraient de feuillage, on sentait fort l’odeur du tilleul en fleur, le printemps arrivait inévitablement.
Bill avait terminé sa journée, très étonné de tout ce que lui était arrivé: il était très calme, raisonnable, soucieux de bien faire vis-à-vis de ses collaborateurs… Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Contre toutes ses craintes et prévisions, il avait accepté très facilement le scénario qui lui posait tant de problèmes, et le film avait été lancé dans les délais prévus. Le scénariste ne cessait pas de remercier Bill, mais Bill n’avait rien à lui répondre, car il ne savait pas lui-même, pourquoi il avait réagi comme ça! Mais, néanmoins, la journée sans conflit lui avait beaucoup plu, et il s’était décidé de continuer de la même manière.
Bill se dit: «Si cette journée, je la reproduisais au détail près demain, elle sera aussi bien, demain aussi!» En arrivant chez lui, il se mit à se rappeler dans les moindres détails tout ce que lui était arrivé et commençait à le noter dans un cahier. C’était des choses complètement nouvelles pour Bill, il n’avait jamais rien noté ni écrit dans sa vie, tout avait été fait par ses assistants, par ses scénaristes et par ses producteurs auparavant, mais jamais par lui-même! Cette façon de passer une soirée, derrière la table à écrire, n’était pas du tout dans ses habitudes. Il était pourtant un excellent observateur et il avait pu noter tous ses états d’esprit pendant la journée de travail.
Le lendemain, Bill se réveilla dans l’intention de reproduire la nouvelle journée dans tous les détails qu’il avait réussi à noter la veille. Il se releva énergiquement, se rhabilla, prit son café et, juste avant de franchir la porte de son domicile, il s’arrêta dans la porte entrouverte. Quelque chose lui manquait, mais il ne se souvenait pas de quoi il s’agissait… Déjà dans sa voiture, il remarquait que le soleil était caché par un léger brouillard, mais les pensées quotidiennes de son nouveau film l’envahissaient et il avait oublié son programme de recommencer la journée de la veille.
Toute la journée fut une catastrophe en continuité: une des actrices se désista, l’équipe était énervée, le scénariste continuait à s’entêter sur la fin du film, bref, un véritable cauchemar se déversait sur la tête de Bill ce jour-ci. Il était désespéré! Il revint dans sa villa, sans vouloir répondre aux nombreux appels, avec un horrible mal de tête, et il s’enferma dans sa chambre en demandant de l’aide, qui sait à qui.
Doucement, il sentait l’harmonie s’installer dans son âme, les maux de tête l’ont laissé, et, d’un coup, il put entendre une légère voix intérieure, qui lui disait: «Va chercher ton bonheur et ton bien-être là-bas, sur les îles…» «Quelles îles?» Bill n’était pas prêt à quitter ses Studios juste au démarrage de son nouveau film! Mais la voix insistait: «… sur les îles, sur les îles, tu trouveras ce que tu cherches…» Bill, très étonné de cette apparition, avait laissé tomber la compréhension de sa contradiction intérieure, et s’endormit, pensant qu’il avait trop travaillé ces jours-ci et que cette voix n’était qu’une simple hallucination liée à la fatigue.
Le lendemain Bill se réveilla dans un esprit bien meilleur. Au moment de son départ, il remarqua quelque chose qui lui rappela ce qu’il cherchait à se remémorer désespérément la veille. C’était le soleil!!! Ses rayons étaient placés au même endroit que la journée d’avant: les pétales des fleurs, étant un petit peu fanés, n’avaient pas perdu pour autant leur grâce et leur beauté, et les petites graines de la poussière jouaient dans les particules minuscules du soleil. Bill se rassit sur son divan, hypnotisé par cette image magique.
Il la regardait très longuement. La même question, qui l’avait tourmenté tout ce temps-là, commençait à se formuler à l’intérieur de lui: «Que faire? Comment trouver une harmonie dans tous ses rapports? Comment éviter tous ces conflits, si fatigants?» Bill attendait patiemment la réponse, sachant cette fois-ci, qu’elle arriverait tôt ou tard. Et elle ne tarda pas à arriver…
Christine s’arrêta devant la grande fontaine à l’entrée du jardin. C’était dimanche, Christine ne devait pas aller au travail, mais quelque chose l’avait poussée à venir sur cette place. Peut-être, ses souvenirs d’une agréable sensation de rêve, qu’elle avait éprouvée quelques jours avant… La journée se déclinait vers le crépuscule, ce qui n’empêchait pas aux fleurs de garder leurs couleurs intenses, leur aromate se répandait très loin, et Christine se sentait enveloppée par toutes ces senteurs. Cette fois-ci, Christine s’imaginait dans une grande villa, assise sur un divan moelleux, en cuir blanc, devant une grande baie vitrée, cachée derrière des rideaux épais, qui laissaient passer quelques rayons de soleil…
Les souvenirs des voyages sur les îles italiennes tournaient lentement dans sa tête. «Pourquoi les îles? Ça fait si longtemps… Je les ai presque oubliées… Pourquoi maintenant je m’en souviens?», se demandait-elle consciemment. Et sa voix intérieure lui redondait: «Les îles, les îles, là, où tu as vu Noureev…» Elle comprenait, pourtant, que rien dans sa vie actuelle ne pouvait l’emmener dans ces îles méditerranéennes. Elle n’avait aucun moyen de se rendre là-bas dans l’immédiat. Elle demanda à sa voix intérieure: «Comment tu veux que je me rende là-bas?» La réponse changea subitement de voix. C’était une voix d’homme, basse et épaisse, qui lui répondait: «Moi, je t’emmènerai. Où es-tu, toi?» «Je suis à Paris, mais qui est-tu, toi?», répondit subitement Christine. Puis elle entendit la voix à nouveau: «J’arrive! Tu me verras en arrivant, il faut qu’on en parle! Tu m’attends à la même heure et à la même place!»… Et puis la voix disparut…
«Voilà, c’est parfait, encore une fois je me suis tellement plongée dans mon imaginaire, que je ne me suis pas rendu compte, que je parle dans ma tête! Qu’est-ce que penseront les gens autour!» Christine tourna la tête et regarda autour d’elle. Heureusement, ils étaient tous occupés par eux-mêmes. «Ils ne me regardent même pas, tant mieux! Il est peut-être temps que je rentre, la pluie va tomber bientôt…» Christine regarda le ciel et se précipita de monter dans un bus pour échapper aux premières gouttes de la pluie.
Bill n’avait entendu que la fin de la phrase: «Comment me rendrai-je là-bas?» Qui sait pourquoi, Bill comprit tout de suite qu’il s’agissait des îles, citées par la petite voix d’hier soir, et il reprit le jeu: «Moi, je t’emmènerai!» mais il se demanda aussitôt: «Mais qui dois-je emmener? Moi-même? Qui d’autre? Il n’y a personne dans cette chambre, à côté de moi?» Et il lança: «Où es-tu, toi?» Mais à ce moment le téléphone sonna. Il décrocha:
– J’arrive! Tu me verras en arrivant, dit-il dans l’appareil. Il faut qu’on en parle! Tu m’attends à la même heure et à la même place! Et il raccrocha, prit son blouson et se précipita vers la sortie.
Le bureau de Bill était aussi spacieux que sa maison, tout respirait l’argent et le luxe. Il se plongea dans un énorme fauteuil et commença à feuilleter un magazine de mode. Sa secrétaire lança en rentrant: «On a reçu un e-mail à votre nom. Je sais que vous ne lisez jamais les e-mails des inconnus, mais il est tellement étrange… Voilà, jugez par vous-même!» Elle lui tendit la feuille imprimée et s’éclipsa derrière la porte. Bill jeta la feuille sur sa table et sortit dehors. La première moitié de la journée s’était passée, comme d’habitude, sans trop de bouleversements.
La routine cinématographique n’était pas si différente de n’importe quelle autre routine: les gestes habituels, les gens habituels, les rituels des rencontres qui se ressemblaient les unes les autres comme deux gouttes d’eau. Toute cette banalité commençait à ennuyer Bill. «Quoi encore? Où trouver la satisfaction de la vie? Plus d’argent? J’en ai assez… Plus de femmes? J’en ai autant que je peux le souhaiter… Un peu d’aventures, peut-être? Les îles… Ah… si… les îles, mais lesquelles?»
Bill n’arrêtait pas de penser à ces îles…
Mais aucune idée, plus ou moins explicite, ne lui venait à l’esprit.
Son regard glissait par-dessus la table, pleine de papiers de toutes sortes. «… Tu trouveras sur les îles, ce que tu cherches…», une seule phrase tournait depuis des heures. «L’obsession! s’écria Bill. Je commence à les voir partout, ces îles!» et il posa son regard sur le papier imprimé et se mit à lire: «Cher Monsieur Bill! Je sais que ma lettre va vous paraître bizarre, mais je ne peux pas ne vous faire part de mon éblouissante découverte! Nous sommes parents!»
– Magnifique découverte! s’écria Bill. Vous ne pouvez pas inventer quelque chose de plus originale! Tous ces fans, comment ils me fatiguent!
Mais la ligne suivante accrocha son regard à nouveau: «… Le fait que nous, moi et vous, nous sommes parents, ne vous paraîtra pas une nouvelle si extraordinaire, mais le fait que nous sommes tous les deux les descendants du Grand tsar Dimitri, et que nous sommes tous les deux héritiers de ses biens, se trouvant sur les îles de Noureev, vous éblouira davantage! Comment ces biens ont atterri sur ces îles, je vous raconterai, quand nous nous verrons. Je reprendrai contact avec vous très prochainement! Paul.»
«Rien d’autre que le Grand tsar Dimitri! Rien d’autre que les îles de Noureev! Encore un Russe célèbre! Mais moi, qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans! Ces fans! Quelle imagination! Je les admire! Ils sont capables de tout pour pouvoir s’immiscer dans ma vie privée!» Il jeta ce bout de papier sur la table, en sentant qu’une nouvelle vague de colère commençait à remonter en lui. Il bascula en arrière du fauteuil, puis se mit à regarder les pages d’internet très nerveusement, en cliquant sur toutes les fenêtres sans y prêter d’intention. Bill pensait à une autre chose… «Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans?» Une seule pensée tournait dans sa tête…
«Les îles, Noureev… je ne le connaissais même pas! Un danseur… oui, paraît-il, il possédait des îles dans la mer Méditerranéenne, en face de la côte Napolitaine… C’est tout ce que je sais…», Bill n’arrêtait pas de frotter son front. Il pouvait très bien se débarrasser de ce papier et oublier cette histoire comme beaucoup d’autres, mais la petite voix intérieure, elle aussi, elle lui avait parlé de ces îles… c’est tellement bizarre… l’existence de cette voix ne lui permettait pas d’abandonner cette nouvelle, comme totalement insignifiante.
«Et encore cette idée du tsar!» Cela ne rentrait dans une aucune explication logique, car ni Bill, ni ces ancêtres, n’avaient aucun lien avec la Russie, en tout cas, d’après ce qu’il savait déjà. Et tout cet envahissement subit de consignes très étranges l’intriguait. Il n’était pas de nature peureuse, et ces événements, il les prenait avec beaucoup de curiosité, mais rien ne lui indiquait pour autant, par quel chemin il pouvait avancer pour comprendre quelque chose. Bill décida d’attendre de nouvelles consignes: «S’ils veulent rentrer en contact avec moi pour une finalité que j’ignore, alors ils vont insister encore une ou plusieurs fois. Nous verrons ce qu’il adviendra plus tard!», ce jeu commençait à lui plaire car, de façon très inattendue, il amenait un léger suspense dans sa routine quotidienne.
La préparation du film devenait un petit peu plus agréable pour lui, mais personne, ni son entourage proche, ni ses amis ne savaient rien de ce qui s’était passé avec lui. En plus, Bill n’avait pas grand-chose à leur raconter… «Quoi, il va leur parler des voix qu’il entend? Ridicule! Encore la lettre, c’est une preuve, mais preuve de quoi? Il y a tellement de bêtises sur internet! Et qui est-ce Paul?» Rien, rien ne le raccrochait pour l’instant à une logique quelconque de sa vie réelle, c’était quelque chose d’ordre extra, venu complètement d’ailleurs, mais d’où? Il n’en avait pas la moindre idée. Un léger pressentiment, c’est tout. «Mais avec qui tu peux partager ça? Avec personne!» Alors, Bill vivait ses sensations intérieures de façon complètement autonome.
Mais en même temps, personne ne pouvait dire que la vie de Bill était lente et vide de tout événement. Tout ce qu’il y a de contraire! Il était, quand même, l’acteur le plus demandé et le plus apprécié de toute l’industrie cinématographique. Ses collègues lui portaient respect et envie, les admirateurs, restant loin, se faisaient sentir quand même par leurs incessantes lettres, appels, e-mails et toutes sortes d’invasions aux moindres occasions. Les photographes l’attendaient à chaque cérémonie, son visage remplissait les pages d’internet, il était partout, il était tout, et il représentait tout pour pas mal du monde sur la planète.
Mais qui savait que c’était un homme très solitaire, qui voulait être invisible, qui voulait plus que tout au monde, que les gens le regardent comme un homme quelconque, que dans leurs yeux il cesse, une fois et pour toujours, d’apparaître cette étincelle d’émerveillement de la reconnaissance! Comme tout cela le fatiguait, comme cela le dérangeait, mais à qui pourrait-il le dire? À personne! Voilà le drame: à personne! On l’aimait pour ce qu’il était et ce «ce qu’il était» était devenu, une fois et pour toujours, inséparable de son vrai être, son costume extérieur, qu’il ne pouvait plus enlever.
Et, comme toutes les personnes créatives, talentueuses, rebelles, il rêvait de pouvoir tout changer encore une fois, plusieurs fois, s’il le voulait, changer à l’infini, être maître de sa propre image, de sa propre vie, tout en concervant ses capacités d’agir, de produire et de créer les films qu’il aimait profondément. Voilà, les films! La vie créative! Elle était au-dessus de tout autre intérêt, elle l’accrochait à la réalité et quand il réussissait à sortir un nouveau film, il était heureux.
Mais tourner, sans arrêt, dans une boucle, même luxueuse et pleine de possibilités, cela reste toujours «tourner dans une boucle» et lui, il voulait aller voir ailleurs. Où? Il ne savait pas encore. C’est pour ça que ces nouvelles intrusions ne lui déplaisaient pas, bien au contraire, il savourait la sensation du renouveau très proche, et chaque instant d’attente ne l’énervait pas, mais donnait un grand plaisir de quelque chose d’inévitable.
Le soir, Bill se retrouva à nouveau seul, dans sa villa, épuisé par les débats incessants autour du nouveau film. Les acteurs, les actrices, les décorateurs, les musiciens, les costumiers, tous étaient demandeurs de conseils, d’opinions, de résolutions. Il était une sorte de «papa» pour un groupe de quelques centaines de gens adultes. Cela lui pesait parfois. Il aimait se retrouver seul, quand il ne devait plus rien à personne, quand il ne devait plus apporter de solutions, quand il ne devait pas être toujours «à la hauteur» des exigences des autres, être toujours «impeccable». Dans sa solitude, il pouvait se débarrasser de son masque et ne plus se soucier, oublier complètement l’existence de son aspect extérieur et s’adonner pleinement à sa vie intérieure, qui était loin d’être pauvre.
Bill devait tout à lui-même: sa carrière d’acteur, ses expériences en tant que réalisateur, et, enfin, la création de sa propre boîte de production. Tout cela, il ne le devait à personne d’autre qu’à lui. Il avait l’énorme potentiel créatif qui n’est donné qu’à un petit nombre de gens, et il s’en servait avec une grande efficacité. Sa carrière avançait sur une ligne droite, toujours plus haut, toujours plus loin, mais un jour Bill s’aperçut qu’il avait atteint les limites des êtres humains. Il était bloqué, car rien dans son entourage ne pouvait plus le stimuler à avancer: il était au sommet! Mais, inconsciemment, au plus profond de son âme, il sentait que tout cela n’était pas encore une limite, qu’il pouvait aller plus loin, beaucoup plus loin…
«Les tsars, les héritiers, les îles mystérieuses…», ces mots flattaient son ego, «Et pourquoi pas commencer à croire à l’impossible… Comme ça, d’un coup, commencer à croire et c’est tout. Sans se demander pourquoi, commencer à croire…», il s’endormait lentement, enveloppé par ses pensées.