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PRÉFACE.

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En me décidant à publier quelques fragments poétiques, je devais naturellement leur donner un titre, et je les ai appelés Jardin des Glaciers. Qui ne connait de vue ou au moins par récit ce jardin, gracieuse et verdoyante oasis perdue au milieu d’un désert de glaces? N’est-il pas la frappante image d’un cœur de poète?

Je devais ensuite assigner un certain ordre à ces productions écloses en mille situations diverses de l’âme; voici celui qui m’a semblé le plus logique:

Ce livre, très-incomplet du reste, n’est que la première phase du cœur humain que deux autres volumes viendront achever.

Ici, c’est la Foi qui domine; ces poésies appartiennent à cet âge où l’on croit sans presque raisonner; on croit parce qu’on admire, parce qu’une voix intérieure vous dit qu’il est noble de croire. Le doute y est inconnu; les découragements n’y sont que passagers et encore ont-ils un caractère religieux; dans le bonheur, on bénit le ciel; dans la souffrance, on exhale sa tristesse en saintes aspirations; en un mot, l’on a point pris racine à la terre; rien n’a fait surgir ces passions qui vous font concentrer l’univers dans un objets et vous rendent, quoique moins heureux, plus attaché peut-être à la vie!

Dans le volume suivant (Fleurs d’Amour), le cœur commence à s’éveiller au souffle de mille sentiments inconnus qui le charment et le troublent à la fois. Le désir d’abord pur et tendre, s’élance avec ardeur vers tout ce qui lui semble sympathique; puis ne pouvant être satisfait il se matérialise peu à peu et n’est point satisfait d’avantage; c’est une vaine poursuite d’une union intime et infinie avec tous les objets terrestres et inconstants.

Dans le troisième volume (Fleurs d’Espérance), le désenchantement augmente; on fait d’inutiles efforts pour ressaisir la félicité qui fuit devant vos pas. C’est d’abord un mélange de doute, de découragement, de blasphême; fatigué de cet état de lutte et d’incertitude, on cherche à placer son bonheur dans un objet solide. Dégoûté du présent, on tourne ses regards vers l’avenir; l’âme ballottée demande une conviction à tout prix! Après bien des combats, elle revient enfin à une foi mêlée d’espoir, non plus à cette foi primitive, pleine de la pureté et de l’ignorance du premier âge, mais à une foi qui moins chaste et moins poétique peut-être, est nécessairement plus solide, étant fondée tout ensemble sur le raisonnement et le besoin.

Peut-être donc un jour, si Dieu daignait de son souffle leur prêter quelque vie, ces pages pourraient-elles retracer les développements successifs du cœur des enfants de ce siècle, développements souvent d’une incroyable précocité ! Combien les ont subis jeunes encore, et à un front sans ride joignent un cœur déjà mûr!

Ici se présente une question: à quoi attribuer cet état?

Peut-être à uue réaction trop violente.

L’esprit maniéré et le raisonnement sophistique tenaient la plus large place dans le siècle passé.

Les premières années du nôtre n’avaient point de littérature. Le cœur longtemps froissé au tumulte des révolutions et des combats, sentait un immense besoin de se recueillir et de prendre sa revanche; aussi s’est-il jeté avec force dans les idéalités; mais la vie réelle a rarement pu le satisfaire et correspondre à ses désirs; il s’est nourri de rêves, et vainement il a entrepris de les réaliser. — De là ce découragement, cette mélancolie à peu près inconnus au dernier siècle où l’on était blasé pour avoir joui trop et trop tôt, mais où l’on avait du moins le calme dédaigneux et la molle insouciance de la satiété.

Longtemps, pour apaiser cette soif du cœur, le jeune homme s’agite, fait mille essais, trempe sa lèvre à toute chose. — Puis peu à peu les esprits les mieux disposés consentent à envisager sérieusement la vie réelle, et enfin à l’accepter telle qu’elle est; d’autres, tout en reconnaissant la vanité de leurs illusions, ne peuvent s’empêcher de les regretter un peu, et épanchent dans quelques chants le trop plein de leur âme.

Ainsi ai-je fait!

Aussi ces pages toujours l’expression d’un sentiment vrai, peut-être gagnent-elles en naturel ce qui leur manque bien souvent en correction. — Parfois j’ai pu employer des formes neuves pour mieux exprimer ma pensée; c’est le droit du poète: le champ de l’idéal est à lui; tout livre doit être un progrès, si léger soit-il: tout livre doit agrandir l’horizon littéraire, sinon par le fond, du moins par la forme; seulement dans son vol capricieux doit-on emprunter les ailes du bon goût.

Puissé-je m’en être servi pour fuir ce vague, écueil de notre littérature moderne, ainsi que cette profusion de termes barbares et antipoétiques que quelques-uns ont cru devoir employer sous le prétexte d’être pittoresques et énergiques.

Puissé-je ne m’être jamais écarté du grand but de l’art: l’aspiration vers ce qui est beau et éternel!

Puissé-je enfin ne m’être point rendu trop indigne de l’indulgence que quelques personnes dont le jugement m’est précieux, n’ont cessé de témoigner aux faibles essais d’un jeune homme!


Le jardin des glaciers. Premières fleurs. Fleurs de foi

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