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I.

Table des matières

RÉVEIL.

Muse, pourquoi venir de mon humble chaumière

Chasser encor la nuit d’un rayon de tes yeux?

Pourquoi venir encor me rouvrir la carrière

Où me guidait jadis ton doigt du haut des cieux?

J’avais dit: c’en est fait, loin des vains bruits du monde,

J’irai m’ensevelir dans la paix des déserts,

Et, seul avec le Dieu dont l’amour pur m’inonde,

J’élèverai vers lui mon âme et mes concerts.

Bois touffus, frais vallons, grottes, riants bocages,

Dans vos abris secrets accueillez un ami;

Je viens me reposer sous vos charmants ombrages:

Répandez vos parfums sur mon front endormi.

Tel un prudent pêcheur voit en paix sur la plage

L’Aquilon soulever le vaste sein des mers

Là, je ne craindrai plus que l’aile de l’orage

Roule encor dans mon ciel la nuit et les éclairs.

Là, je me nourrirai du trésor de l’abeille;

J’irai me rafraîchir à l’onde du rocher;

Des voix d’Anges viendront enchanter mon oreille

Sous les berceaux fleuris où j’irai me cacher.

Là, je trouverai mieux l’idéal que j’adore,

Ce Dieu, l’objet vivant de mes ardents soupirs

Je le verrai briller dans les pleurs de l’Aurore,

Je l’entendrai parler dans l’accent des Zéphyrs.

Les yeux tout éblouis de sa magnificence,

Je redirai sa gloire aux feux naissants du jour;

Ma voix des nuits planant dans le vaste silence,

Sous les cieux étoiles, chantera son amour.

Des sphères écoutant la nocturne harmonie

Je monterai vers lui sur leur pas cadencé ;

De la Foi dans mon sein le céleste Génie

Versera l’espérance et l’oubli du passé ;

Jusqu’au jour où s’ouvrant sur un plus beau rivage,

Tel le lys du vallon aux rayons de l’été ,

Mon âme, sous l’éclat d’un soleil sans nuage,

Ira s’épanouir dans son éternité.

Mais voilà, tu reviens me bercer dans tes rêves,

Muse, comme un enfant dans les bras maternels;

Vers tes brillants sommets mon front que tu soulèves

Se revoit couronné de tes feux immortels.

J’entends, tout éperdu, ta voix qui me gourmande,

Qui me dit: pour dormir est-ce déjà le soir?

Faut-il de mes hauteurs qu’aujourd’hui je descende

Pour te courber, ingrat, sous le joug du devoir?

L’Aigle un jour, je le sais, te toucha de son aile,

Se pencha sur ta lyre et bénit tes transport;

Son œil laissa sur toi tomber une étincelle,

Et toi, tu resterais sans âme et sans accords!

Pour elle t’inondant de mes plus doux sourires

Je posai sur ta lèvre un baiser fraternel;

Tu lui dois et le jour et l’air que tu respires;

Et tu n’éclates pas en un hymne éternel!

Voyons, replonge-toi dans son feu qui t’embrase

Comme elle, oiseau des Dieux, dans l’orbe du soleil,

Et tel qu’un cœur bercé dans une sainte extase

Sur mon sein qui t’attend viens chanter ton réveil.

— Muse, je suis toujours ton serviteur fidèle;

Toujours j’ouvre mes yeux à tes rayons si doux.

Dans mon obscurité puisque ta voix m’appelle,

Regarde, me voilà t’adorant à genoux.

Il est vrai, dans ma nuit je voulais disparaître,

M’échapper pour jamais de ton parvis sacré :

Hélas! je n’osais plus élever vers le Maître

Les accents sans éclat de mon luth ignoré.

Quelle voix devant lui ne tremble et ne s’arrête,

Disais-je, et, contemplant son astre à l’horizon,

Qui ravivant sa bouche au charbon du prophète

Pourrait jeter un chant digne encor de son nom?

Viens donc purifier mes lèvres à ta flamme.

Pour lui puisque tu veux que mon luth vibre encore,

Dans ton splendide azur viens emporter mon âme

Comme un cygne flottant sur un nuage d’or.

Napoléon III - Poésies

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