Читать книгу Napoléon III - Poésies - Martial Bretin - Страница 4
ОглавлениеLE POUVOIR.
O vous, nautoniers sans étoile,
Qui dans la nuit cherchez le port,
Qui croyez gouverner la voile
Sans guide intelligent et fort.
Prenez garde: votre imprudence
Va recevoir sa récompense,
Le ciel confondra votre orgueil,
Car la tempête sous son aile
Prendra le navire infidèle
Pour le broyer sur un écueil.
Tel de l’erreur dans la nuit sombre
Quand un peuple précipité
Vient de sa main briser dans l’ombre
Le flambeau de l’autorité ,
Son heure arrive, il faut qu’il tombe;
Il peut désormais dans sa tombe
Dormir son éternel sommeil:
Son souffle a déchaîné l’orage;
Il a perdu loin du rivage
Et sa boussole et son soleil.
Mortels, qu’emportent vos chimères,
Qui vous arrache ainsi du port?
Pourquoi ce trouble et ces colères,
Ces cris de combats et de mort?
Dans la nuit qui vous environne
Quand le rayon que Dieu vous donne
Seul peut éclairer vos déserts,
Pourquoi votre fureur impie
Vient-elle vous fermer la vie
En l’éteignant sur l’univers?
Hélas! de la nature humaine
Telle est l’invariable loi,
Un rien nous irrite et nous gêne
Et l’orgueil seul est notre roi.
Au sein de sa propre faiblesse
L’homme aveuglé cherchant sans cesse
Son levier et son point d’appui,
Veut être en son indépendance
Le rayon de son existence,
Son guide et son pouvoir à lui.
Et maintenant de vos doctrines
Contemplez tous la vanité ;
Au moins d’entasser des ruines
Vous avez eu la liberté.
Dans vos efforts sans harmonie
Vous consumiez votre génie,
Et d’être seuls, ô matelots,
Quand vous tentiez l’expérience,
Le vaisseau qui portait la France
Courait s’abîmer sous les flots.
Mais, s’arrêtant dans sa carrière,
Souvent le pouvoir à son tour
Ferme lui-même sa paupière
Aux rayons éclatants du jour.
Son esprit trompé sur sa route
Laisse se flétrir dans le doute
Ses principes conservateurs,
Et de la tête populaire
Eloignant sa main tutélaire
Il s’assoupit sur ses hauteurs.
C’est peu. Mais prendre un diadème,
Le sceptre et le royal manteau
Pour dire au Mal: sois mon système!
Comme à l’Erreur: sois mon drapeau!
Au culte impur de la matière,
De foi, d’amour et de lumière
Livrer un peuple dépourvu,
Puis le lancer dans un abîme,
Ah! direz-vous, c’est un grand crime;
Et ce crime, vous l’avez vu.
Alors, dans nos jours de tempêtes.
Nous nous levions pleins de courroux;
La foudre éclatait sur nos têtes,
Le sol tremblait autour de nous.
Nos pieds broyant une couronne,
Nous nous disions: Son heure sonne,
Il fut sans justice et sans foi,
Frappons sur sa figure immonde;
Sur son cadavre que le monde
Dise: des Juifs voilà le roi!
Mais de sa France bien-aimée
Dieu, pour lui rendre son époux,
Soulevait la tête calmée
Et la berçait sur ses genoux.
D’un signe apaisant ses orages,
Son doigt écartait les nuages
Groupés sur son front obscurci;
Puis, la redressant sur sa voie,
C’est temps, disait-il; dans ta joie
Que tes bras s’ouvrent, le voici!
Et toi, prophète au front de flammes,
Renversant nos temples impurs,
Du vaste Ilion de nos âmes
D’un mot tu relevais les murs.
Les esprits, fatigués d’eux-mêmes,
Jetaient aux vents leurs vains systèmes,
Plongés dans ton sein paternel,
Et notre monde politique
Dans ta région pacifique
Retrouvait son axe éternel.
Le pouvoir à son agonie
Se redressant à ton côté ,
Dans les sources de ton génie
Repuisa sa vitalité.
Sur nous tu lui rendis sa place:
De cet astre suivant ta trace
Tu fus le centre et le soutien,
Et plus dans sa céleste voûte
Ta main élargissait sa route,
Plus les peuples criaient: c’est bien!
Tu le revêtis sur son trône
De son antique dignité ,
Et tu lui donnas pour couronne
La Justice et la Vérité.
Dans ta gloire aujourd’hui s’il passe,
Vers nous s’il incline sa face
Du haut de son brillant séjour,
La foule avec respect s’arrête
Et tout à coup l’écho répète
Un cri d’allégresse et d’amour.
La force avec l’intelligence,
Voilà le mot de son drapeau;
La paix du monde est sa science
Et ta sagesse est son flambeau.
De ses destins dépositaire,
Seul il peut réchauffer la terre
Dans sa calme sécurité :
Pour talisman de sa durée,
N’a-t-il pas dans sa main sacrée
Ton nom plein d’immortalité ?