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II.

Table des matières

LE POUVOIR.

O vous, nautoniers sans étoile,

Qui dans la nuit cherchez le port,

Qui croyez gouverner la voile

Sans guide intelligent et fort.

Prenez garde: votre imprudence

Va recevoir sa récompense,

Le ciel confondra votre orgueil,

Car la tempête sous son aile

Prendra le navire infidèle

Pour le broyer sur un écueil.

Tel de l’erreur dans la nuit sombre

Quand un peuple précipité

Vient de sa main briser dans l’ombre

Le flambeau de l’autorité ,

Son heure arrive, il faut qu’il tombe;

Il peut désormais dans sa tombe

Dormir son éternel sommeil:

Son souffle a déchaîné l’orage;

Il a perdu loin du rivage

Et sa boussole et son soleil.

Mortels, qu’emportent vos chimères,

Qui vous arrache ainsi du port?

Pourquoi ce trouble et ces colères,

Ces cris de combats et de mort?

Dans la nuit qui vous environne

Quand le rayon que Dieu vous donne

Seul peut éclairer vos déserts,

Pourquoi votre fureur impie

Vient-elle vous fermer la vie

En l’éteignant sur l’univers?

Hélas! de la nature humaine

Telle est l’invariable loi,

Un rien nous irrite et nous gêne

Et l’orgueil seul est notre roi.

Au sein de sa propre faiblesse

L’homme aveuglé cherchant sans cesse

Son levier et son point d’appui,

Veut être en son indépendance

Le rayon de son existence,

Son guide et son pouvoir à lui.

Et maintenant de vos doctrines

Contemplez tous la vanité ;

Au moins d’entasser des ruines

Vous avez eu la liberté.

Dans vos efforts sans harmonie

Vous consumiez votre génie,

Et d’être seuls, ô matelots,

Quand vous tentiez l’expérience,

Le vaisseau qui portait la France

Courait s’abîmer sous les flots.

Mais, s’arrêtant dans sa carrière,

Souvent le pouvoir à son tour

Ferme lui-même sa paupière

Aux rayons éclatants du jour.

Son esprit trompé sur sa route

Laisse se flétrir dans le doute

Ses principes conservateurs,

Et de la tête populaire

Eloignant sa main tutélaire

Il s’assoupit sur ses hauteurs.

C’est peu. Mais prendre un diadème,

Le sceptre et le royal manteau

Pour dire au Mal: sois mon système!

Comme à l’Erreur: sois mon drapeau!

Au culte impur de la matière,

De foi, d’amour et de lumière

Livrer un peuple dépourvu,

Puis le lancer dans un abîme,

Ah! direz-vous, c’est un grand crime;

Et ce crime, vous l’avez vu.

Alors, dans nos jours de tempêtes.

Nous nous levions pleins de courroux;

La foudre éclatait sur nos têtes,

Le sol tremblait autour de nous.

Nos pieds broyant une couronne,

Nous nous disions: Son heure sonne,

Il fut sans justice et sans foi,

Frappons sur sa figure immonde;

Sur son cadavre que le monde

Dise: des Juifs voilà le roi!

Mais de sa France bien-aimée

Dieu, pour lui rendre son époux,

Soulevait la tête calmée

Et la berçait sur ses genoux.

D’un signe apaisant ses orages,

Son doigt écartait les nuages

Groupés sur son front obscurci;

Puis, la redressant sur sa voie,

C’est temps, disait-il; dans ta joie

Que tes bras s’ouvrent, le voici!

Et toi, prophète au front de flammes,

Renversant nos temples impurs,

Du vaste Ilion de nos âmes

D’un mot tu relevais les murs.

Les esprits, fatigués d’eux-mêmes,

Jetaient aux vents leurs vains systèmes,

Plongés dans ton sein paternel,

Et notre monde politique

Dans ta région pacifique

Retrouvait son axe éternel.

Le pouvoir à son agonie

Se redressant à ton côté ,

Dans les sources de ton génie

Repuisa sa vitalité.

Sur nous tu lui rendis sa place:

De cet astre suivant ta trace

Tu fus le centre et le soutien,

Et plus dans sa céleste voûte

Ta main élargissait sa route,

Plus les peuples criaient: c’est bien!

Tu le revêtis sur son trône

De son antique dignité ,

Et tu lui donnas pour couronne

La Justice et la Vérité.

Dans ta gloire aujourd’hui s’il passe,

Vers nous s’il incline sa face

Du haut de son brillant séjour,

La foule avec respect s’arrête

Et tout à coup l’écho répète

Un cri d’allégresse et d’amour.

La force avec l’intelligence,

Voilà le mot de son drapeau;

La paix du monde est sa science

Et ta sagesse est son flambeau.

De ses destins dépositaire,

Seul il peut réchauffer la terre

Dans sa calme sécurité :

Pour talisman de sa durée,

N’a-t-il pas dans sa main sacrée

Ton nom plein d’immortalité ?

Napoléon III - Poésies

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