Читать книгу Napoléon III - Poésies - Martial Bretin - Страница 5
ОглавлениеREPOS ET JOIE.
De ses derniers reflets qu’il sème dans les airs
Vois-tu l’astre du jour embrasser l’univers?
Penché sur son char qui s’arrête,
Il semble qu’il nous dit dans ses brillants adieux:
Demain j’apporterai de plus splendides feux;
Demain d’Auguste c’est la fête!
Oui, prépare ta lyre à tes hymnes d’amour,
O France, et te levant montre-nous à ton tour
De fleurs ta tête couronnée:
C’est le jour fortuné que nous donnent les Dieux
Pour nous reposer tous, à tes accents joyeux,
De tout le labeur d’une année.
Tous trois nous irons voir notre maître adoré ,
Comme un vaste soleil de soleils entouré ,
Passer devant nous dans sa gloire,
Et ses peuples courront, de ses rayons noyés,
Confondre leurs transports, et, courbés à ses pieds.
Jeter comme un chant de victoire.
Toute voix s’ouvrira pour célébrer son nom:
Le tambour, la cymbale, et le grave canon,
Et le clairon dans sa fanfare;
Puis, à nos cris, son aigle aux yeux étincelants
De la foule viendra sur les flots ondulants
Planer et briller comme un phare.
Chaque main portera sa branche d’olivier;
Car il apparaîtra non pas comme un guerrier
Que la terre en tremblant admire;
Mais il s’arrachera de son char triomphant
Et, comme un tendre père, il prendra notre enfant
Pour le bénir de son sourire.
Quand l’aube allumera son céleste flambeau
Nos mains sur notre seuil suspendront son drapeau,
Et, quand du soir viendra l’étoile,
Mille feux des cités éblouiront les yeux
Pour que sur ce beau jour la nuit du haut des cieux
Ne vienne point jeter son voile.
O femme, après avoir, t’appuyant sur mon bras,
Contemplé sa figure et jeté sur ses pas
Les belles fleurs de ta fenêtre,
Nous irons des berceaux sous le calme enchanté
Célébrer notre ivresse et la félicité
De ce jour trop lent à renaître.
Car c’est lui, notre maître à la puissante main,
Qui nous verse à longs flots le travail et le pain,
De nos lèvres manne féconde:
Au bras comme à l’esprit il sait faire la part,
Et du haut de sa gloire il nous suit du regard
Comme l’œil de Dieu suit le monde.
A des vœux sans espoir sachez tous mettre un frein,
Nous dit-il, et venez sous mon ciel plus serein
Labourer votre œuvre en silence:
N’ai-je pas la rosée ainsi que les rayons
Qui feront à la fois germer dans vos sillons
Et votre vie et l’abondance.
Et le bras est plus fort et l’esprit plus vaillant:
Chacun va répétant son hymne en travaillant
Courbé sur la matière immense,
Car chaque coup frappé par notre rude main
Fait jaillir à nos yeux sur l’obscur lendemain
Comme un doux éclair d’espérance.
Et le soir je revois, plus joyeux sur ton cœur,
Notre fils de mon front essuyer la sueur,
Et, m’enivrant de vos sourires,
Je puis mieux du labeur me reposer du poids
Et m’endormir aux sons caressants de vos voix
Qui me bercent comme deux lyres.
Vivre ainsi n’est-ce pas cueillir tous ces bonheurs
Dont Dieu sème parfois notre vallon de pleurs,
Et qu’il donne au mortel qu’il aime;
Au cœur qui dans la paix sait attendre le jour
Où sa main tirera dans l’éternel séjour
De tout travail un diadème?