Читать книгу Le jardinier des appartements, des fenêtres, des balcons et des petits jardins - Maurice Cristal - Страница 15
§ 8. — Labour, semis, bouture, marcotte, greffe. repiquage, empotage, rempotage.
ОглавлениеLes labours de vos caisses, et, plus en petit, de vos pots à fleurs, se fait à reculons; vous prenez la terre par bêchée et vous la replacez sur l’autre bord de la jauge; vous la retournez chaque fois de manière à ce que la terre qui a servi se retrouve dessus.
En hiver, vous mettrez du fumier dans chaque jauge et vous ne l’enterrerez qu’à la profondeur suffisante pour qu’il se trouve à la portée des racines. Vous écraserez soigneusement les petites mottes de terre et vous rejetterez les pierres, les tessons, les détritus, les racines gâtées.
Tout ceci réclame des soins minutieux et difficiles à dire. C’est un ménage de poupée: les enfants y sont très-habiles. Profitez-en pour leur éducation. Aucun domestique ne voudra prendre ces soins pour vous, et il vous mentira s’il dit qu’il ne vous a point désobéi.
Plusieurs seigneurs de la cour s’entretenaient de leurs valets; l’un dit: — Je donne à mon maître-d’hôtel cent pistoles. — Et moi quinze cents francs, dit un autre. — Pour moi, dit un troisième, je me croirais déshonoré si cet homme travaillait pour moi à moins de quatre mille francs. La somme parut exhorbitante. — Mais le payez-vous? lui demanda-t-on. — Jamais, répondit-il.
Eh bien, payez vos valets le prix que vous voudrez, et donnez-leur des fleurs à soigner dans vos salons, et vous verrez comme ils se hâteront de vous demander congé. Après cela, s’il s’agit de fleurs à eux, à cultiver dans leurs chambres respectives, ils auront pour leurs fleurs mille fois plus de soins que pour toutes celles que vous pourrez leur confier.
Morale de la chose: faites vous-même les opérations de votre petit jardinage et ne comptez sur personne.
Dans les caisses et pots à fleurs, les semis se bornent à quelques pincées de graines que vous répandrez uniformément sur le sol ou dans un petit sillon quand vous voulez obtenir des volubilis, des capucines, des pois de senteur, destinés à grimper le long d’un treillage.
D’autres fois, vous vous bornez à faire, avec un plantoir ou avec le doigt, un trou dans lequel vous déposez une ou plusieurs graines suivant leur grosseur.
Quelquefois aussi on sème soit dans une caisse séparée, soit dans un coin de la caisse, des plantes destinées à être repiquées dans d’autres caisses. Cette opération s’appelle semer en pépinière.
Nous reviendrons sur ce sujet.
Pour les boutures, nous devons renvoyer aussi page 62.
De même pour les marcottes.
La greffe est un procédé de multiplication très-profitable dans notre horticulture familière. La greffe en écusson est le procédé le plus en usage. Il consiste à enlever en mai ou en juin un œil de l’arbre que vous voulez multiplier, rosier à tige, arbre fruitier, etc.; à cet œil vous conservez quelques millimètres de l’écorce sur laquelle vous opérez; vous faites une incision en forme de T sur la tige ou sur l’une des branches que vous greffez; dans cette incision, vous introduisez l’œil préparé d’avance. Pour le maintenir en contact parfait avec le sujet, vous donnez quelques tours de ligature de laine. Si vous désirez que les greffes ne se développent que l’année suivante, vous n’opérez votre greffe qu’en août et septembre.
Quant au repiquage, vous prenez un plantoir ou un morceau de bois pointu, vous trouez le sol, vous déposez la plante dans ce trou, vous foulez la terre autour des racines, vous arrosez et ombragez la jeune plante. Si le temps est très-sec, vous arrosez avant de repiquer.
Voilà bien des travaux, direz-vous. Ils sont essentiels, sinon votre culture sera chimérique, et je vous plaindrai de n’avoir pas un grand jardin à votre disposition; si vous négligez un petit pot de fleurs, renoncez au jardinage et n’achetez pas de champs, vous les négligeriez de même.
Le maréchal de Vivonne était d’un excessif embonpoint et souvent il en plaisantait lui-même avec une grâce charmante. Un jour le roi le plaisantait devant le duc d’Aumont, qui lui-même était énorme.
— En vérité, maréchal, dit le monarque, vous grossissez à vue d’oeil; mais aussi vous ne faites point d’exercice.
— Oh! sire, c’est une médisance, répliqua-t-il; il n’y a pas de jour que je ne fasse au moins trois fois le tour de mon cousin d’Aumont.
.Faites par jour trois fois le. tour de votre jardin, et je vous assure que vous aurez du travail.
Passons à l’empotage et au rempotage.
Si vous n’achetez pas votre plante toute plantée et bien en train, il vous faudra vous-même opérer l’em potage. C’est une opération délicate.
Vous achetez du terreau et de la bonne terre de jardin; vous mélangez; le mélange fait, vous le tassez légèrement à l’intérieur du pot en ménageant un rebord vide d’un ou deux centimètres, en ayant soin de placer au bas du pot, à la sole, sur le trou par où s’opère l’écoulement des eaux, un tesson qui couvre l’orifice et qui empêche l’eau d’entraîner la terre en s’écoulant.
Quand le printemps se prépare, la végétation palpite déjà ; dès que le soleil s’allume, on la sent fermenter dans les plantes abreuvées de séve. Les mois que l’on parcourt alors sont inconstants; ils répandent par caprices et par boutades les ondées, les vents, les effluves de chaleur et de lumière, les atmosphères grisâtres, les tièdes journées, les nuits de froid et de givre; ces variations obligent à mille précautions l’horticulteur des plantes familières de nos appartements et de nos croisées.
Le rempotage est en ce moment une mesure nécessaire pour les arbustes vigoureux élevés en pots. Ces plantes absorbent vite les sucs de la terre où elles grandissent, et la maigreur de leurs pousses, le jaunissement de leurs feuilles annonceraient bientôt qu’elles ne trouvent plus de quoi vivre si on ne les renouvelait par le procédé que nous avons mentionné et que nous allons décrire.
Pour opérer le rempotage on prend chaque pot, on place la main gauche sur la surface de la terre et on laisse la tige passer entre les doigts; on renverse le pot, et, le soutenant de la main droite, on le toque légèrement; la motte se dégage et on l’inspecte. Si elle est tapissée de racines desséchées, on les coupe; si l’on aperçoit de la terre épuisée, on la fait tomber; on supprime les racines désempotées ou rompues; la motte est ensuite imbibée d’eau et mise à dégoutter, après quoi on la rempote. Le pot qui lui est destiné doit être proportionné à la vigueur de la plante et au volume de ses racines; il doit être nettoyé et recouvert à chaque trou de tessons que l’on noie dans du gravier. Sur ce gravier on étend un lit de terre végétale, et dessus on place la motte égouttée et maintenue la tige au milieu du pot et bien perpendiculaire; entre la motte et les parois du vase on insinue de la terre que l’on tasse en heurtant le fond du pot contre le sol et on comble avec de la terre que l’on foule du doigt en ayant soin de laisser, entre la surface de la motte et les rebords du pot, un vide qui puisse servir de bassin à l’eau des arrosements. On supprime ensuite les pousses surabondantes qui pourraient fatiguer la plante ou se faner; on mouille à plusieurs fois pour faciliter la reprise de végétation et l’adhérence. On place, à l’ombre, et quelques jours après l’empotage on diminue les arrosements. Le rempotage printanier s’applique aux Pelargenium, aux Calcéolaires, aux Verveines, aux Cinéraires, aux Camellias, aux Hortensias et aux plantes grasses. Les Pelargenium sont les plus pressés, et certains jardiniers les rempotent même dès le commencement de septembre.
L’abbé Haüy, grand minéralogiste, était tout entier à l’étude et regardait le monde politique comme une chose sans importance et le serment à un gouvernement nouveau comme une inutilité. Il avait prêté le serment voulu à Louis XV, à Louis XVI, à la République, au Directoire, au Consulat, à l’Empire; seulement il trouvait que cette cérémonie revenait un peu trop souvent: cela le dérangeait; aussi, quand vint la Restauration, il dit avec une admirable naïveté au fonctionnaire chargé de recevoir son serment: — Monsieur, ne vous serait-il pas une fois pour toutes, possible d’enregistrer le serment solennel que je fais d’avance à quiconque gouvernera, de lui obéir et de lui rester toujours fidèle. Cela serait pour moi une grande économie de temps.
Je vous en dis autant, cher lecteur; je vous recomm- ande mille opérations, mille soins, mille précautions; chaque fois, j’aurais à vous répéter mes recommandations; il suffit, sans que j’y insiste plus, que je vous dise une dernière fois qu’avec les quelques conseils que vous glanerez ici, si vous les suivez bien, vous êtes sûrs d’avance du succès dans la culture de vos fleurs à la fenêtre et dans l’appartement.