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VI LA JOIE

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Joie que l’on prend parfois en soi,

Dans l’instant en une heure amie,

Et sans que l’on sache pourquoi

Elle est venue, et vous sourit,

Si douce elle est, qu’on croit qu’on aime,

Et si claire que l’on voit Dieu,

Et que l’on se mire en soi-même,

Pour mieux savoir qu’on est heureux.

Paix qu’on en prend, rare en sa somme,

Qui lors chante en l’âme éperdue,

Et qui vous conduit loin des hommes

Au monde, tel un enfant nu,

Comme si l’on n’avait vécu,

Ou qu’on était l’agneau sans tache,

Qui paît son pré, sans vouloir plus,

Que l’herbe tendre, verte et drue.

Si loin alors tout le savoir,

Tout ce qui leurre et qui attache,

Et que les yeux sont las de voir

Et qu’en son cœur on tait ou cache;

Ame de tout qui se délie,

Et monte si haut, prenant ailes,

Qu’on ne sait plus si c’est au ciel

Ou bien au monde qu’on a vie,

Soleil alors en toutes choses,

Même en ce que l’on a haï,

Tout qui s’endort et qui repose

Dans une paix douce infinie,

Il fait si clair qu’on croit qu’on aime.

On est si haut, qu’on le bénit,

Le monde en bas, où c’est quand même

Qu’on les eût les jours de sa vie.

Aegri somnia

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