Читать книгу Aegri somnia - Max Elskamp - Страница 5
I LIMINAIRE
ОглавлениеC’est ton livre qui s’ouvre ici
Dans un jour mauve, jaune et gris,
Ainsi qu’une maison de thé
Où dès matin, l’on s’en va boire,
Souchong, Hyson, Péko, Hangkai,
Qui sont thés verts et sont thés noirs;
C’est ton livre qui s’ouvre ici
Aux Chines fermées de ta vie,
En les jours que tu as vécus
Comme on les a, comme on l’a pu,
Aux heures ainsi qu’elles viennent
D’heur, de clarté, d’ombre ou de peines.
Or ce sont ici paradis
Ou bien encore enfers et flammes,
Et puis plus simplement aussi
Joies ou douleurs d’hommes et femmes,
Et celles qui furent en toi
D’hiver ou d’été tant de fois,
Et s’avérèrent tout d’émois
Ou bien noires, te dirent croix.
Mais la chair aussi t’a parlé
Et ton cœur alors l’a vécue,
En l’amour, tel soleil monté,
Qui luisait dans ton âme nue,
Et tu as su bouches et lèvres,
En leur émoi doux, dans tes fièvres,
Et puis connu la peine après
Dans les chagrins, dans les regrets.
Or plus haut lors tu es monté
Cherchant foi, en prenant des ailes,
Et d’âme et cœur t’en es allé
Aux éthers ultimes du ciel,
Trouver dans le songe clarté
Luie en sa candeur éternelle,
Et ton livre s’ouvrant ici
C’est choses qu’on sait dans les rêves,
De douleur ou bien de merci
Et dans le sommeil qui s’achèvent.