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ARGUMENT DES DEUX DIALOGUES

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Soubs le règne de Loüis treisiesme, d’heureuse mémoire, Robinet, fils d’un marchand de Paris, bien fait de sa personne et qui pour ses grandes richesses avoit quitté le trafic de son père, se mettant à hanter les bonnes compagnies, devint amoureux d’une jeune fille nommée Fanchon, belle par excellence, mais un peu trop simple, pour avoir toujours esté nourrie soubs l’aisle de sa mère, qui estoit une bonne bourgeoise et dans la maison de laquelle il avoit liberté de la voir quand il vouloit. Ayant long temps caché la passion qu’il avoit pour elle, et voyant qu’il ne la pouvoit gagner à soy, pour sa trop grande simplicité, il s’avisa de pratiquer une autre fille de son quartier, nommée Susanne, plus expérimentée que l’autre, et qui pour estre un peu moins belle, n’en estoit pas moins sçavante et spirituelle en amour, et qui avoit mesme, pour plus de commodité à son dessein, quelque rapport de parenté avec elle. Il fait donc si bien qu’il la gagne à force de présens pour luy persuader de mettre l’amour à la teste de sa cousine, et estant partie à cest effect, ayant premièrement instruit Robinet de ce qu’il devoit faire, elle empaume si bien l’esprit de la jeune Fanchon, par ses discours comme de fil en esguille, et lui sait si bien représenter les douceurs de l’amour, dont elle jouissait d’une bonne partie, avec des instructions et des naïvetez si plaisantes, qu’elle lui en fait venir l’eau à la bouche, et l’oblige enfin à consentir que Robinet vienne en cachette lui faire sentir les douceurs de l’amour. Il arrive à point nommé comme leur discours finissoit, et Susanne aussitost s’étant retirée pour les laisser seuls, il trouve son escolière sur le lict, qui l’attendoit, dont il jouit à son souhait, et la dépucelle. Voilà le sujet du premier dialogue.

Au second, Susanne estant revenue quelques jours après pour sçavoir de sa cousine comment elle se trouvoit de ses amours et de son dépucellage, elle lui en fait rendre un compte exact, et ces deux filles en suite s’estant engagées en des discours qui leur plaisoient, elles s’arrestent à s’enquérir et examiner tout ce qui appartient à l’amour et à son jeu, et le font avec des questions si rares et chatouillantes et plaisantes, si nouvelles, si subtiles et si convaincantes, qu’elles inspirent l’amour en les lisant, et je m’asseure que les plus dégoustées de ces dames y trouveront de quoy se satisfaire.

L'escole des filles réimpression complète du texte original sur la contrefaçon hollandaise de 1668

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