Читать книгу L'ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche - Miguel de Cervantes Saavedra - Страница 38
ОглавлениеCelui qui a perdu sa liberté te la donne (p. 124).
Maudit, et mille fois maudit, s'écria Sancho, soit celui qui me prive du soin de débâter mon âne. Par ma foi, les caresses et les compliments ne lui manqueraient pas à cette heure. Et pourtant quand il serait ici, le pauvre grison, à quoi servirait de lui ôter le bât? Qu'a-t-il à voir aux folies des amoureux et des désespérés, puisque son maître, et ce maître c'est moi, n'a jamais été ni l'un ni l'autre? Mais dites-moi, seigneur, si mon départ et votre folie sont choses sérieuses, ne serait-il pas à propos de seller Rossinante, afin de remplacer mon âne? ce sera toujours du temps de gagné; tandis que s'il me faut aller à pied, je ne sais trop quand j'arriverai, ni quand je serai de retour, car je suis mauvais marcheur.
Fais comme tu voudras, répondit don Quichotte; d'autant que ton idée ne me semble pas mauvaise. Au reste, tu partiras dans trois jours; je te retiens jusque-là, afin que tu puisses voir ce que j'accomplirai pour ma dame, et que tu puisses lui en faire un fidèle récit.
Et que puis-je voir de plus? dit Sancho.
Vraiment, tu n'y es pas encore, repartit don Quichotte: ne faut-il pas que je déchire mes habits, que je disperse mes armes, que je me jette la tête en bas sur ces rochers, et fasse mille autres choses qui te raviront d'admiration?
Pour l'amour de Dieu, reprit Sancho, que Votre Grâce prenne bien garde à la manière dont elle fera ses culbutes, car vous pourriez donner de la tête en tel endroit que dès le premier coup l'échafaudage de votre pénitence serait renversé. Si cependant ces culbutes sont indispensables, je suis d'avis, puisque tout cela n'est que feinte et imitation, que vous vous contentiez de les faire dans l'eau ou sur quelque chose de mou comme du coton; après quoi laissez-moi le soin du reste, je saurai bien dire à madame Dulcinée que vous avez fait ces culbutes sur des roches plus dures que le diamant.
Je te suis reconnaissant de ta bonne intention, dit don Quichotte; mais apprends que tout ceci, loin d'être une feinte, est une affaire très-sérieuse. D'ailleurs, agir autrement serait manquer aux lois de la chevalerie, qui nous défendent de mentir sous peine d'indignité; or faire ou dire une chose pour une autre c'est mentir; il faut donc que mes culbutes soient réelles, franches, loyales, exemptes de toutes supercherie. Il sera bon néanmoins que tu me laisses de la charpie pour panser mes blessures, puisque notre mauvais sort a voulu que nous perdions le baume.
Ç'a été bien pis de perdre l'âne, puisqu'il portait la charpie et le baume, repartit Sancho; quant à ce maudit breuvage, je prie Votre Grâce de ne m'en parler jamais; rien que d'en entendre prononcer le nom me met l'âme à l'envers, et à plus forte raison l'estomac. Je vous prie aussi de considérer comme achevés les trois jours que vous m'avez donnés pour voir vos folies; je les tiens pour vues et revues, et j'en dirai des merveilles à madame Dulcinée. Veuillez écrire la lettre et m'expédier promptement; car je voudrais être déjà de retour pour vous tirer du purgatoire où je vous laisse.
Purgatoire! reprit don Quichotte; dis enfer, et pis encore, s'il y a quelque chose de pire au monde.
A qui est en enfer NULLA EST RETENTIO, à ce que j'ai entendu dire, répliqua Sancho.
Qu'entends-tu par RETENTIO? demanda don Quichotte.
J'entends par RETENTIO, qu'une fois en enfer on n'en peut plus sortir, répondit Sancho; ce qui n'arrivera pas à Votre Grâce, ou je ne saurais plus jouer des talons pour hâter Rossinante. Plantez-moi une bonne fois devant madame Dulcinée, et je lui ferai un tel récit des folies que vous avez faites pour elle et de celles qui vous restent encore à faire, que je la rendrai aussi souple qu'un gant, fût-elle plus dure qu'un tronc de liége. Puis, avec sa réponse douce comme miel, je reviendrai comme les sorciers, à travers les airs, vous tirer de votre purgatoire, qui semble enfer, mais qui ne l'est pas, puisqu'il y a espérance d'en sortir, tandis qu'on ne sort jamais de l'enfer, quand une fois on y a mis le pied; ce qui est aussi, je crois, l'avis de Votre Grâce.
C'est la vérité, dit don Quichotte; mais comment ferons-nous pour écrire ma lettre?
Et aussi la lettre de change des trois ânons? ajouta Sancho.
Sois tranquille, je ne l'oublierai pas, reprit don Quichotte; et puisque le papier manque, il me faudra l'écrire à la manière des anciens, sur des feuilles d'arbres ou des tablettes de cire. Mais je m'en souviens, j'ai le livre de poche de Cardenio, qui sera très-bon pour cela. Seulement tu auras soin de faire transcrire ma lettre sur une feuille de papier dans le premier village où tu trouveras un maître d'école; sinon tu en chargeras le sacristain de la paroisse; mais garde-toi de t'adresser à un homme de loi, car alors le diable même ne viendrait pas à bout de la déchiffrer.
Et la signature? demanda Sancho.
Jamais Amadis ne signait ses lettres, répondit don Quichotte.
Bon pour cela, dit Sancho; mais la lettre de change doit forcément être signée: si elle n'est que transcrite, ils diront que le seing est faux, et adieu mes ânons.
La lettre de change sera dans le livre de poche, reprit don Quichotte, et je la signerai; lorsque ma nièce verra mon nom, elle ne fera point difficulté d'y faire honneur. Quant à la lettre d'amour, tu auras soin de mettre pour signature: A vous jusqu'à la mort, le chevalier de la Triste-Figure. Peu importe qu'elle soit d'une main étrangère, car, si je m'en souviens bien, Dulcinée ne sait ni lire ni écrire, et de sa vie n'a vu lettre de ma main. En effet, nos amours ont toujours été platoniques, et n'ont jamais passé les bornes d'une honnête œillade; encore ç'a été si rarement, que depuis douze ans qu'elle m'est plus chère que la prunelle de mes yeux, qu'un jour mangeront les vers du tombeau, je ne l'ai pas vue quatre fois; peut-être même ne s'est-elle jamais aperçue que je la regardasse, tant Laurent Corchuelo, son père, et Aldonça Nogalès, sa mère, la veillaient de près et la tenaient resserrée.
Comment! s'écria Sancho, la fille de Laurent Corchuelo et d'Aldonça Nogalès est madame Dulcinée du Toboso?
Elle-même, répondit don Quichotte, et qui mérite de régner sur tout l'univers.
Oh! je la connais bien, dit Sancho, et je sais qu'elle lance une barre aussi rudement que le plus vigoureux garçon du village. Par ma foi, elle peut prêter le collet à tout chevalier errant qui la prendra pour maîtresse. Peste! qu'elle est droite et bien faite! et la bonne voix qu'elle a! Un jour qu'elle était montée au haut du clocher de notre village, elle se mit à appeler les valets de son père qui travaillaient à plus de demi-lieue; eh bien, ils l'entendirent aussi distinctement que s'ils eussent été au pied de la tour. Ce qu'elle a de bon, c'est qu'elle n'est point dédaigneuse: elle joue avec tout le monde, et folâtre à tout propos. Maintenant j'en conviens, seigneur chevalier de la Triste-Figure, vous pouvez faire pour elle autant de folies qu'il vous plaira, vous pouvez vous désespérer et même vous pendre; personne ne dira que vous avez eu tort, le diable vous eût-il emporté. Aldonça Lorenço! bon Dieu, je grille d'être en chemin pour la revoir. Elle doit être bien changée, car aller tous les jours aux champs et en plein soleil, cela gâte vite le teint des femmes.
Seigneur don Quichotte, continua Sancho, je dois vous confesser une chose. J'étais resté jusqu'ici dans une grande erreur; j'avais toujours cru que madame Dulcinée était une haute princesse, ou quelque grande dame méritant les présents que vous lui avez envoyés, comme ce Biscaïen, ces forçats, et tant d'autres non moins nombreux que les victoires remportées par vous avant que je fusse votre écuyer; mais en vérité que doit penser madame Aldonça Lorenço, je veux dire madame Dulcinée du Toboso, en voyant s'agenouiller devant elle les vaincus que lui envoie Votre Grâce? Ne pourrait-il pas arriver qu'en ce moment elle fût occupée à peigner du chanvre ou à battre du grain, et qu'à cette vue tous ces gens-là se missent en colère, tandis qu'elle-même se moquerait de votre présent?
Sancho, reprit don Quichotte, je t'ai dit bien des fois que tu étais un grand bavard, et qu'avec ton esprit lourd et obtus, tu avais tort de vouloir badiner et de faire des pointes. Mais, pour te prouver que je suis encore plus sage que tu n'es sot, je veux que tu écoutes cette petite histoire. Apprends donc qu'une veuve, jeune, belle, riche, et surtout fort amie de la joie, s'amouracha un jour d'un frère lai, bon compagnon et de large encolure. En l'apprenant, le frère de la dame vint la trouver pour lui en dire son avis: «Comment, madame, une femme aussi noble, aussi belle et aussi riche que l'est Votre Grâce, peut-elle s'amouracher d'un homme de si bas étage et de si médiocre intelligence, tandis que dans la même maison il y a tant de docteurs et de savants théologiens, parmi lesquels elle peut choisir comme au milieu d'un cent de poires?—Vous n'y entendez rien, mon cher frère, répondit la dame, si vous pensez que j'ai fait un mauvais choix; car pour ce que je veux en faire, il sait autant et plus de philosophie qu'Aristote.» De la même manière, Sancho, tu sauras que pour ce que je veux faire de Dulcinée du Toboso, elle est autant mon fait que la plus grande princesse de la terre. Crois-tu que les Philis, les Galatées, les Dianes et les Amaryllis, qu'on voit dans les livres et sur le théâtre, aient été des créatures en chair et en os, et les maîtresses de ceux qui les ont célébrées? Non, en vérité: la plupart des poëtes les imaginent pour s'exercer l'esprit et faire croire qu'ils sont amoureux ou capables de grandes passions. Il me suffit donc qu'Aldonça Lorenço soit belle et sage: quant à sa naissance, peu m'importe; on n'en est pas à faire une enquête pour lui conférer l'habit de chanoinesse, et je me persuade, moi, qu'elle est la plus grande princesse du monde. Apprends, Sancho, si tu ne le sais pas, que les choses qui nous excitent le plus à aimer sont la sagesse et la beauté; or, ces deux choses se trouvent réunies au degré le plus éminent chez Dulcinée, car en beauté personne ne l'égale, et en bonne renommée peu lui sont comparables. En un mot, je m'en suis fait une idée telle, que ni les Hélènes, ni les Lucrèces, ni toutes les héroïnes des temps passés, grecques, latines ou barbares, n'en ont jamais approché. Qu'on dise ce qu'on voudra; si les sots ne m'approuvent pas, les gens sensés ne manqueront pas d'être de mon sentiment.
Seigneur, reprit Sancho, vous avez raison en tout et partout, et je ne suis qu'un âne. Mais pourquoi, diable, ce mot-là me vient-il à la bouche? on ne devrait jamais parler de corde dans la maison d'un pendu. Maintenant il ne reste plus qu'à écrire vos lettres, et je décampe aussitôt.
Don Quichotte prit le livre de poche, et s'étant mis un peu à l'écart, il commença à écrire avec un grand sang-froid. Sa lettre achevée, il appela son écuyer pour la lui lire, parce que, lui dit-il, je crains qu'elle ne se perde en chemin, et que j'ai tout à redouter de ta mauvaise étoile.
Votre Grâce ferait mieux de l'écrire deux ou trois fois dans le livre de poche, reprit Sancho; c'est folie de penser que je puisse la loger dans ma mémoire; car je l'ai si mauvaise, que j'oublie quelquefois jusqu'à mon propre nom. Cependant, lisez-la-moi; je m'imagine qu'elle est faite comme au moule, et je serai bien aise de l'entendre.
Écoute, dit don Quichotte.
LETTRE DE DON QUICHOTTE A DULCINÉE DU TOBOSO.
«Haute et souveraine Dame,
«Le piqué jusqu'au vif de la pointe aiguë de l'absence, le blessé dans l'intime région du cœur, dulcissime Dulcinée du Toboso, vous souhaite la santé dont il ne jouit pas. Si votre beauté continue à me dédaigner, si vos mérites ne finissent par s'expliquer en ma faveur, si enfin vos rigueurs persévèrent, il me sera impossible, quoique accoutumé à la souffrance, de résister à tant de maux, parce que la force du mal sera plus forte que ma force. Mon fidèle écuyer Sancho vous rendra un compte exact, belle ingrate et trop aimable ennemie, de l'état où je suis à votre intention. S'il plaît à Votre Grâce de me secourir, vous ferez acte de justice, et sauverez un bien qui vous appartient: sinon faites ce qu'il vous plaira; car, en achevant de vivre, j'aurai satisfait à votre cruauté et à mes désirs.
«Celui qui est à vous jusqu'à la mort.
«Le chevalier de la Triste-Figure.»
Par ma barbe, s'écria Sancho, voilà la meilleure lettre que j'aie entendue de ma vie! Peste, comme Votre Grâce dit bien ce qu'elle veut dire, et comme vous avez enchâssé là le chevalier de la Triste-Figure! En vérité, vous êtes le diable en personne, et il n'y a rien que vous ne sachiez.
Dans la profession que j'exerce, il faut tout savoir, dit don Quichotte.
Paris, S. Raçon, et Cie, imp.
Furne, Jouvet et Cie, édit.
Dulcinée du Toboso (p. 127).
Or çà, reprit Sancho, écrivez donc de l'autre côté la lettre de change des ânons, et signez lisiblement, afin qu'on sache que c'est votre écriture.
Volontiers, dit don Quichotte. Après l'avoir écrite, il lut ce qui suit:
«Ma nièce, vous payerez, par cette première de change, trois ânons des cinq que j'ai laissés dans mon écurie, à Sancho Panza, mon écuyer, valeur reçue de lui. Je vous en tiendrai compte sur le vu de la présente, quittancée dudit Sancho. Fait au fond de la Sierra Morena, le 26 août de la présente année.»
Très-bien, s'écria Sancho; Votre Grâce n'a plus qu'à signer.
C'est inutile, répondit don Quichotte, je me contenterai de la parapher, et cela suffirait pour trois cents ânes.
Je m'en rapporte à vous, dit Sancho; maintenant je vais seller Rossinante; préparez-vous à me donner votre bénédiction, car je veux partir à l'instant même, sans voir les extravagances que vous avez à faire; je dirai à madame Dulcinée que je vous en ai vu faire à bouche que veux-tu.
Il faut au moins, et cela est nécessaire, reprit don Quichotte, que tu me voies nu, sans autre vêtement que la peau, faire une ou deux douzaines de folies, afin que les ayant vues, tu puisses jurer en toute sûreté de conscience de celles que tu croiras devoir y ajouter, et sois certain que tu n'en diras pas la moitié.
En ce cas, seigneur, dépêchez-vous, repartit Sancho; mais, pour l'amour de Dieu, que je ne voie point la peau de Votre Grâce, cela me ferait trop de chagrin, et je ne pourrais m'empêcher de pleurer. J'ai tant pleuré cette nuit mon grison, que je ne suis pas en état de recommencer. S'il faut absolument que je vous voie faire quelques-unes de ces folies, faites-les tout habillé, et des premières qui vous viendront à l'esprit; car je vous l'ai déjà dit, c'est autant de pris sur mon voyage, et je tarderai d'autant à rapporter la réponse que mérite Votre Grâce. Par ma foi, que madame Dulcinée se tienne bien et réponde comme elle le doit, car autrement je fais vœu solennel de lui tirer la réponse de l'estomac à beaux soufflets comptants et à grands coups de pied dans le ventre. Peut-on souffrir qu'un chevalier errant, fameux comme vous l'êtes, devienne fou, sans rime ni raison, pour une...? Qu'elle ne me le fasse pas dire deux fois, la bonne dame, ou bien je lâche ma langue, et je lui crache son fait à la figure. Oui-da, elle a bien rencontré son homme; je ne suis pas si facile qu'elle s'imagine; elle me connaît mal, et très-mal; si elle me connaissait, elle saurait que je ne me mouche pas du pied.
En vérité, Sancho, tu n'es guère plus sage que moi, dit don Quichotte.
Je ne suis pas aussi fou, répliqua Sancho, mais je suis plus colère. Enfin, laissons cela. Dites-moi, je vous prie, jusqu'à ce que je sois de retour de quoi vivra Votre Grâce? Ira-t-elle par les chemins dérober comme Cardenio le pain des pauvres bergers?
Ne prends de cela aucun souci, répondit don Quichotte; quand même j'aurais de tout en abondance, je suis résolu à ne me nourrir que des herbes de cette prairie et des fruits de ces arbres. Le fin de mon affaire consiste même à ne pas manger du tout, et à souffrir bien d'autres austérités.
A propos, seigneur, dit Sancho, savez-vous que j'ai grand'peur, lorsque je reviendrai, de ne point retrouver l'endroit où je vous laisse, tant il est écarté?
Remarque-le bien, reprit don Quichotte; quant à moi, je ne m'éloignerai pas d'ici, et de temps en temps je monterai sur la plus haute de ces roches, afin que tu puisses me voir ou que je t'aperçoive à ton retour. Mais, pour plus grande sûreté, tu n'as qu'à couper des branches de genêt, et à les répandre de six pas en six pas, jusqu'à ce que tu sois dans la plaine; cela te servira à me retrouver; Thésée ne fit pas autre chose, quand à l'aide d'un fil il entreprit de se guider dans le labyrinthe de Crète.
Sancho s'empressa d'obéir, et, après avoir coupé sa charge de genêts, il vint demander la bénédiction de son seigneur, prit congé de lui et monta en pleurant sur Rossinante.
Sancho, lui dit don Quichotte, je te recommande mon bon cheval; aies-en soin comme de ma propre personne.
Là-dessus, l'écuyer se mit en chemin, semant les branches de genêt comme don Quichotte le lui avait conseillé. Il n'était pas encore bien éloigné, que revenant sur ses pas: Seigneur, lui dit-il, Votre Grâce avait raison quand elle voulait me rendre témoin de quelques-unes de ses folies, afin que je puisse jurer en repos de conscience que je vous en ai vu faire, sans compter que l'idée de votre pénitence n'est pas une des moindres.
Ne te l'avais-je pas dit? répondit don Quichotte. Eh bien, attends un peu; en moins d'un Credo ce sera fait.
Se mettant à tirer ses chausses, il fut bientôt en pan de chemise; puis, sans autre façon, se donnant du talon au derrière, il fit deux cabrioles et deux culbutes, les pieds en haut, la tête en bas, et mettant à découvert de telles choses, que pour ne pas les voir deux fois Sancho s'empressa de tourner bride, satisfait de pouvoir jurer que son maître était parfaitement fou.
Nous le laisserons suivre son chemin jusqu'au retour, qui ne fut pas long.