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DEUXIÈME NOTICE.

Table des matières

SAMBUC (JULES-THÉOPHILE), né à Toulouse en 1804, étudiant en droit, qui a fait ses études classiques dans les universités d’Allemagne.

Que l’on imagine un jeune homme doué par la nature, d’une imagination ardente, né dans le Midi, au sein d’une de ces cités de France les plus caractérisées par l’esprit national, où ceux qui partagent les opinions patriotiques, sont chaque jour en butte aux poignards du fanatisme religieux, et qui, bien que livré à lui-même par la nature de ses occupations, sait conserver des mœurs pures et naïves dans un tems où les moyens de séductions de toutes sortes abondent à chaque pas. Ce jeune homme, ainsi gratifié de la nature, passe les frontières natales, s’avance dans l’antique Germanie, et va puiser, dans les plus célèbres universités allemandes, au milieu des condisciples distingués par leur amour pour l’indépendance, les plus nobles sentimens de patriotisme, le culte de la liberté, de l’ordre, de l’union universelle, en même tems qu’il étudie la science fondamentale des droits des nations. Ce jeune homme, après avoir ainsi orné son esprit et agrandi son âme, sent son cœur battre avec transport et ses idées s’élever aux seuls noms de patrie! honneur! liberté ! Il quitte alors la Germanie, va respirer quelque tems l’air suave de la Suisse; là il voit en réalité ce que son imagination lui avait fait entrevoir seulement jusque là, des mœurs franches et loyales, de l’union, une concorde harmonieuse, fruits du règne des bonnes mœurs, des lois simples, protectrices d’un peuple libre et fier, embelli par la contemplation des sites pittoresques et âpres de la nature, transporte l’âme du jeune homme; elle lui fait croire à la possibilité d’un monde tel que l’a décrit l’auteur d’Emile; et son imagination, secondant l’essor de son cœur, il découvre enfin la source du vrai bonheur dans le libre arbitre; il sent alors que la liberté ne peut exister réellement que dans un pays où toute politique arbitraire est bannie. Devenu ainsi possesseur du secret des Dieux, et rempli des délicieuses impressions que lui cause cette découverte, il revient dans sa patrie. Qu’y voit-il, un roi entêté dans de vieilles et détestables idées de pouvoir absolu, des satellites dévoués, l’ignorance religieuse..... Subitement la scène change: un dernier effort de mauvaise foi et de parjure du vieux roi absolu a enfin réveillé le lion national; enfin les satellites dirigent contre lui leurs efforts mercenaires, le lion brise toutes ses entraves et les fait voler en poussière, ne laissant à ces traîtres, pour tout espoir, qu’une fuite honteuse qu’il veut bien daigner ne point troubler.

Ce tableau n’est point idéal; tous ceux qui ont suivi la procédure des prétendus conspirateurs ont déjà reconnu M. Sambuc dans cet homme passionné pour là liberté universelle du genre humain. Doué d’une imagination telle que nous l’avons dépeinte, le jeune Toulousain n’a pas plutôt vu les merveilles de notre glorieuse révolution, qu’il brûle de contribuer à cette lutte par tous les moyens que lui donne son intelligence.

En effet, la révolution de juillet s’éloigne chaque jour de son but par la marche rétrograde de quelques hommes à principes positifs, et par les doctrinaires qui veulent continuer une restauration dite constitutionnelle, mais entièrement dans leur intérêt; un tel spectacle attriste Sambuc; mais au lieu de réfroidir son imagination, elle s’enflamme au contraire davantage pour ses idées cheries de liberté. Les émeutes populaires, derniers gémissemens de la révolution étouffée dans ses principes, ajoutent un nouvel aiguillon à son âme impatiente de se produire. En moins d’un mois il essuie un procès académique, concourt à la formation de trois-sociétés, compose une brochure, fonde un journal qu’il remplit des travaux de sa plume (la Tribune), écrit cent lettres, fait mille discours à l’Ecole de droit, à la Bastille, au Panthéon, à la Sorbonne. Dans tous ces divers travaux d’un esprit actif, on distingue toujours le même but: le désir énergique de rapprocher les âges, de lier le riche au pauvre, d’inspirer la vertu, la patience, le travail; instruction universelle, amélioration de toutes les classes: telle est la pensée dominante dans l’esprit de l’étudiant toulousain.

Pour les âmes qui ne s’effraient point d’elles-mêmes, c’est un besoin que de te regarder en face; le jeune homme qui entre dans la vie, tant qu’il n’a point à rougir, se cite volontiers chaque soir au tribunal de sa conscience. Heureux celui qui enregistre long-tems sans rien omettre, tous ses actes et toutes ses pensées. Beaucoup ont commence un travail de ce genre; bien peu le continuent long-tems; car, à la première faute, la main hésite, la plume s’arrête..... De là une lacune au journal. M. Sambuc, aussi, a écrit le journal de ses actions dans la capitale..,.. Il ne s’y trouve point de lacune. Fidèle à l’habitude de bien faire, il a pu conserver celle de tout écrire. Ce jeune et infatigable étudiant a rédigé différens articles pour la Sentinelle du Peuple, lors des troubles de décembre. Ces articles sont singulièrement empreints d’une douce phylantropie; ils peuvent peut-être sembler être le fruit d’une imagination brillante, mais neuve aux choses de la vie, cela vient de la nature même du caractère distinctif de leur anteur, qui est la naïveté et l’abandon d’une conscience pure: ces articles respirent l’amour de l’ordre et le respect le plus profond pour les lois. Ils étaient d’ailleurs rédigés avec la plus grande réserve, parce qu’ils étaient destinés a un journal s’adressant au peuple. M. Sambuc a écrit d’autres articles insérés dans la Tribune, journal dont les opinion sympathisaient avec les siennes: dans ces derniers articles, le jeune écrivain donnait un libre cours à ses principes politiques. Il a préparé un prospectus pour des leçons de droit qni auraient été intitulées: le Siècle. Dans une telle carrière. M. Sambuc pourrait donner une direction ses vœux patriotiques, qui ont pour but définitif l’accomplissement des promesses du programme de l’Hôtel-de-Ville.

M. Sambuc s’est plaint en voyant que l’on a donné de la publicité au journal de son séjour à Paris. Ce journal qui n’est que le simple détail circonstancié de ses actions journalière, sans aucun ornement littéraire, n’avait point été destiné à l’impression par son auteur qui, dans cette circonstance a été présenté au public comme Allemand de nation, tandis que né à Toulouse, comme nous l’avons dit, il a seulement étudié dans les universités d’Allemagne, où la plupart des jeunes gens sont dans l’usage de rédiger journellement leurs actions. Le procès dont M. Sambuc est sorti victorieusement, a mis au grand jour les nobles sentimens qu’il professe. Interpellé de déclarer pourquoi il n’a pas trahi ce qu’on nommait un complot, il a répondu avec une estimable simplicité : «Il est peu aisé en France de faire le métier de révélateur.» Sa liaison avec MM. Cavaignac et Guinard, sout une preuve en faveur de son esprit. MM. Royer-Collard, professeur à l’Ecole de Droit, et Blondeau, doyen de la faculté, ont déclaré reconnaître dans les projets de M. Sambuc des idées fort louables d’ordre et d’améloration.

Procès de la conspiration dite républicaine de décembre 1830

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