Читать книгу Le parler populaire des Canadiens français - N.-E. Dionne - Страница 9

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 Babiche, n. f.

 Lanière étroite de cuir, de peau d'anguille, etc. Ex. Fournir quelqu'un de cuir et de babiche.

 Babicher, v. a.

 —Corriger. Ex. Cet écolier s'est fait babicher sérieusement par son maître.

 —Dire des paroles dures.

 Babine, n. f.—Avoir la babine dépendue, pleurer.

 Babines (ruine=), n. f.

 Petit instrument de musique à bouche dont se servent les enfants pour s'amuser plutôt que pour en tirer des sons harmonieux. Il s'en trouve cependant qui parviennent à en tirer des airs connus.

 Bâbord, n. m.

 Courir de bord et bâbord, de bord à bâbord, aller d'un côté et de l'autre.

 Babouin, e, n. et adj.—Enfant turbulent.

 Baboune, n. f. (Angl.)

 Personne munie de lèvres épaisses, avec toutes les apparences de l'idiotie. Du mot anglais baboon, babouin.

 Bac, bacq, n. m.

 Auge, petite cuvette. Son diminutif baquet est aussi français; vient de l'allemand back, qui signifie toute espèce de vase.

 * Bachelier, n. m.

 Garçon à marier. Ex. Il y aura à Québec, le 18 du mois courant, un grand bal donné par les bacheliers de cette ville. Traduction du mot anglais batchelor.

 Bâcher, v. a.

 Travailler sans soin. Ex. Cet ouvrier bâche tout ce qu'il entreprend.

 Bâcheur, n. m.—Celui qui bâche de l'ouvrage.

 Bachot, n. m.—Bateau de rebut.

 * Back=board,—bôrde, (m. a.)

 Attelle avec dossière pour protéger la poitrine.

 * Back=door,—dore, (m. a.)—Porte de derrière.

 * Backgammon,—gammeune, (m. a.)

 Trictrac, jeu qui se joue avec des dames et des dés, sur un tableau divisé en deux compartiments.

 * Back=store, n. m., (m. a.)

 Arrière-magasin, arrière-boutique.

 Bacon,—bék-onne, (n. m.)

 Viande de porc fumée et salée. On disait autrefois en France baconer pour saler. Bacon n'est donc pas un mot emprunté à la langue anglaise. Notre manière de le prononcer lui donne l'apparence anglaise.

 Bacul, n. m.

 Barre de travers que l'on met en avant d'une charrue ou d'une voiture, qui forme une croupière aux bêtes de trait. Vient de baculus, bâton.

 * Badge, n. f., (m. a.)—Insigne.

 * Badloque, n. f. (Angl.)

 Malchance, infortune. Ex. Je suis dans la badloque. De l'anglais bad luck.

 Badloqué, e, adj. (Angl.)

 Malchancheux. Ex. Il n'y a personne de plus badloqué que moi.

 * Bâdrage, n. m. (Angl.)

 Ennui, tracas. De l'anglais bother, ennui.

 * Bâdrant, adj. (Angl.)—Ennuyeux, assommant.

 * Bâdrement, n. m. (Angl.)—Même sens que bâdrage.

 * Bâdrer, v. a. (Angl.)

 Ennuyer. Ex. Ne viens pas me bâdrer.

 * Bâdrerie, n. f. (Angl.)

 Même sens que bâdrement et bâdrage.

 * Bâdreux, euse, n. et adj. (Angl.)

 Ennuyeux, importun. Ex. Il y a toujours quelque bâdreux qui vient me faire perdre mon temps.

 Bafouiller, v. n.

 Bredouiller, parler comme si on avait la bouche pleine. Expression française, mais familière.

 Backer, v. n.—V. Baquer.

 Bâfrer, v. pron.

 Manger goulument et avec excès.

 * Bagage (chambre à), n. f.

 Consigne. De l'anglais baggage-room.

 * Bagage (char à), n. m.

 Fourgon. De l'anglais baggage-car.

 * Bagamenne, n. m.

 Trictrac. Corruption de l'anglais backgammon.

 Bagatelle, n. f.

 Trou-madame.—Jeu qui consiste à faire passer de petites boules d'ivoire dans des arcades numérotées.

 Bagne!

 Onomatopée en parlant d'une affaire soudaine. Ex. Bagne! il est tombé à plein ventre par terre.

 Bagosse, n. m.

 —Mauvais whiskey, préparé en cachette.

 —Etoffe de poil de bœuf tissée sur de la laine.

 —Chose commune en général. (B. P. F.)

 Bagnère, n. f.—Bannière.

 Bagou, n. m.

 Verbiage, bavardage effronté. Ce mot n'est pas reconnu par l'Académie.

 Bagoulard, n. m.

 Bavard, un homme qui parle beaucoup pour ne dire que des sornettes. Ne se trouve pas dans le Dict. de l'Acad.

 Bagouler, v. n.

 Bavarder, parler à tort et à travers.

 * Bague d'engagement, n. f.—Anneau de fiançailles.

 Baguette, n. f. et int.

 —Interjection d'usage fréquent. Ex. Baguette! que c'est beau!

 —Jalon, (terme d'arpentage).

 Baguetter, v. a.

 Poser des baguettes. Oudin et Cotgrave donnent à baguetter le sens de frapper avec une baguette.

 Baguettes de tambour, n. f. pl.—Jambes frêles.

 Baille, n. f.

 Petite cuve employée dans l'industrie du sucrier ou fabricant de sucre d'érable.

 Bailler, v. a.

 Donner. Ex. Baille-moi cette morue. Expression plutôt acadienne.

 Bâille, n. m.

 Bâillement. Ex. J'étais présent quand il est mort, j'ai vu son dernier bâille.

 Bâiller, v. n.

 Bayer. Ex. Il est là qui bâille aux corneilles.

 Bâillette, n. f.

 Bâillement. Ex. Tu t'endors, mon enfant, tu commences à faire des petites bâillettes.

 Bailli, n. m.

 Huissier. Ce mot était en vogue autrefois, et l'on prononçait bâilli.

 Bain, n. m.

 Baignoire. Ex. Va donc chercher le bain pour le nettoyer.

 Baisage, n. m.—Action de se faire duper, tromper en affaires.

 Baise=la=piastre, n. m.

 Avare, mesquin. Ex. C'est un dur baise-la-piastre, il peut tondre sur un œuf.

 Baiser, v. n.

 —Duper, attraper. Ex. Il s'est fait baiser dans son affaire.

 —Baiser les portes, sortir, être chassé de la classe, du collège.

 Baissant, n. m.

 Reflux, jusant. Ex. Nous irons nous baigner au commencement du baissant.

 Baissière, n. f.

 Enfoncement dans une terre labourée; l'eau des pluies y est retenue.

 Bal, n. m.—Faire le bal, faire beaucoup de tapage.

 Bal à gueule, n. m.

 Réunion où l'on danse sans musique, au son de la voix, seulement.

 Bal à l'huile, n. m.

 Réunion où il ne se fait d'autre dépense que l'huile qui sert à éclairer la salle.

 Balader (se), v. p.

 Marcher en affectant un certain air d'importance. Ex. Voici madame la Pompadour qui passe, se balade-t-elle un peu?

 Baladeuse, n. f.

 Femme ou fille qui se balade à travers les rues.

 Balai (petit), n. m.

 Vergette. Les Montagnais de Tadoussac appelaient le Père jésuite La Brosse la Grande Vergette: le Père avait dû les inspirer lui-même à propos de cette appellation.

 Balan, n. m.

 —Hésiter, être en suspens. Ex. Je suis en balan si j'irai passer l'été à la campagne.

 —Manque de solidité.

 —Balancement. Ex. Le balan de la branche l'a fait tomber de l'arbre.

 Balancille, n. f.—Balançoire.

 Balanciller, v. n.—Se balancer.

 Balancine, n. f.

 —Balançoire, siège suspendu entre deux cordes et sur lequel on se balance.

 —Bascule, longue pièce de bois mise en équilibre sur un point d'appui, et sur laquelle se balancent deux personnes placées aux deux bouts.

 Balanciner, v. n.—Se balancer.

 Balanner (se), v. pron.

 Aller et venir pour se faire voir.

 Balcon, n. m.

 Berceau entouré de verdure. Espèce de tonnelle.

 Balestron, n. m.

 Perche qui sert à tendre la voile dans une embarcation.

 Balet, balette, n. m.

 —Branche de cèdre ou d'épinette dont on fait les balais.

 —Aller au balette, aller couper des branches dans les bois pour en fabriquer des balais. Figurément, aller au diable. Ex. Va-t-en au balette, au plus vite.

 —Fou comme balette, stupide.

 —Cheveux taillés en balet, coupés en carré et un peu long sur la nuque.

 Balier, v. a.

 Balayer. Ex. Marie, balie la place, c'est-à-dire le parquet. Le Dict. de Trévoux dit: «Il ne faut point se servir de ce mot.» Cependant il a toujours été employé, et il l'est encore à Amiens ainsi qu'au Canada.

 Balieux, euse, n. et adj.—Balayeur, balayeuse.

 Balise, n. f.

 —Petit arbre tiré des forêts.

 —Erables, sapins, épinettes qui servent à orner les chemins ou les rues à l'occasion de fêtes publiques.

 —Petits arbres plantés dans la neige pour guider les voyageurs.

 Baliser, v. a.

 —Poser des balises le long des chemins et des rues pour une fête nationale, ou pour l'arrivée d'un évêque en tournée pastorale.

 —Indiquer le chemin à suivre en hiver au moyen de balises plantées dans la neige ou dans la glace.

 Baliures, n. f. pl.—Balayures, ordures ramassées avec le balai.

 * Ballast, n. m. (m. a.)

 —Sable ou pierre concassées qui servent à empierrer les chemins.

 —Lest d'un navire.

 * Ballaster, v. a. (Angl.)

 Poser des pierres concassées, du sable, du gravier sur les voies ferrées pour maintenir les traverses solides.

 Balle, n. f.—Partir raide comme une balle, partir très vite.

 Balleux, euse, adj.

 Personne qui fréquente assidûment les bals.

 Ballon, n. m.—Vaste jupon bouffant, crinoline.

 * Balloune, n. f.—Bulle de savon. Mot anglais, balloon.

 Balusse, n. f.

 Balustre, (n. m.) Ex. Allez vous agenouiller à la balusse. S'emploie souvent au féminin, bien que balustre soit masculin.

 Balustre, n. f.

 Balustrade, rangée de balustres unis par une tablette.

 Bambocher, v. n.

 Faire une vie de débauche, de ripaille. L'Académie ne connaît pas le verbe bambocher, mais bien bamboche, bambochade et bambocheur.

 Bambocheur, n. et adj.—Qui bamboche.

 Banc, n. m.

 —Magistrature. Ex. L'avocat Désy a été appelé à monter sur le banc.

 —Cour de justice. Ex. Le banc est au complet. Le petit banc.

 —Gradin, tabouret, escabeau.

 Banc de brume, n. m.—Brouillard.

 Banc de neige, n. m.

 Amoncellement de neige occasionné par le vent qui, soulevant la neige, la transporte comme de la poudre: d'où le mot poudrerie. V. ce mot.

 Banc=lit, n. m.

 Meuble à double usage. Fermé le jour il sert de siège pour s'asseoir; ouvert la nuit, on y couche comme dans un lit. Le mot anglais bed, d'usage fréquent, sert bien à distinguer le banc-lit de tout autre meuble.

 Bandage, n. m.

 Embatage, posage d'une bande de fer qui serre une roue pour la tenir en état.

 Bande, n. f.

 Corps de musique, de musiciens. Quelques-uns récriminent contre l'emploi du mot bande dans ce sens. Molière a dit: «la bande des musiciens.» Ce mot a dû être importé de France en Angleterre, comme l'a prétendu Blain de Saint-Aubin dans l'Opinion Publique. Le même ajoute que ce mot a été emprunté par les Français aux Italiens.

 Il paraît certain que bande, dans le sens de corps de musique, est du bon français, mais, comme le mot a vieilli, il vaut peut-être mieux dire corps de musique, comme on dit aujourd'hui en France.

 —Bandage herniaire.

 —Avoir de la bande, se dit d'un bâtiment qui penche d'un côté.

 —Prendre de la bande, même sens.

 Bandelière, n. f.—Bandoulière.

 Bander, v. a.

 —Armer. Ex. Ton fusil est-il bandé, fais attention?

 —Raidir. Ex. Bande bien serrée la corde de ton arbalète.

 * Bandeur, n. m. (Angl.)

 Moulinet ou bâton sur lequel on passe une corde pour la serrer en tordant. De l'anglais binder.

 Bang! int.—Coup. Pif! Paf! Pan! V. Bagne.

 * Bank-note, nôte, (m. a.) Billet de banque.

 * Banne, n. f.

 Bande. Ex. Il y aura de la banne, ce soir, sur la terrasse Dufferin. De l'anglais band.

 Banneau, n. m.

 —Charrette garnie de planches dont on se sert pour transporter le charbon, les détritus de la rue et des caves. Diminutif de banne.

 —Sellette carrée des harnais de travail.

 Banque, n. f.

 —Crête d'un fossé, d'un canal. Ne vient pas de l'anglais bank, quoique les deux mots comportent la même signification.

 —Tire-lire des enfants.

 Banqueroute, n. f.

 —B. honnête, qui ne nuit pas à la réputation du failli.

 —B. frauduleuse, punie par la loi.

 Le mot banqueroute signifie faillite et, en France, ne comporte pas de divisions.

 * Banqueter, v. a.

 Donner un banquet. Ex. Nous allons banqueter notre nouveau maire. (Angl.) Banqueter signifie prendre part à un banquet.

 Banqueteur, n. m.

 Celui qui aime à fréquenter les banquets. Ce mot était admis jadis.

 Baptême, n. m.

 —Voiture qui transporte à l'église ou qui en ramène le parrain, la marraine et l'enfant. Ex. As-tu vu passer le beau baptême?

 —Juron fréquent. Ex. Baptême, que tu m'embêtes!

 Baptêmer, v. n.

 —Baptiser.

 —Blasphémer.

 Baptêmeux, n. m.—Qui blasphème à tout propos.

 Baptiser, v. a.

 —Donner des sobriquets.

 —Jeter de l'eau à la figure.

 —Couper le lait avec de l'eau.

 Baptiste, n. m.

 Nom donné à tout Canadien-Français. Ex. Paie, Baptiste!

 Baquer, v. a. et n.

 —Reculer, céder, lâcher. Ex. Nous allons nous entendre pour tâcher d'arriver au pouvoir, mais ne baque pas.

 —Aider. Ex. Je vais te baquer, si tu veux me prendre avec toi pour mener cette affaire à bonne fin.

 Baquer n'est pas un anglicisme, comme on l'a écrit. On l'emploie encore dans l'arrondissement de Valognes (France) comme ici pour signifier plier, céder. Backer était français autrefois et signifiait reculer, céder. On a écrit que ce mot vient de l'islandais bagaz qui veut dire être empêché, être changé de position.

 Baqueur, n. m.

 —Celui qui aide quelqu'un dans une opération financière ou autre.

 —Celui qui recule devant les difficultés.

 * Bar, n. f. (m. a.)

 —Comptoir de restaurant, de buvette. Ex. Tu me rejoindras à la bar du Frontenac.

 —Bar, n. m. En France, le mot bar est masculin et s'emploie dans le même sens qu'ici.

 Baranguer, v. n.

 Parler à tort et à travers. Expression très usitée autrefois dans la région de Montréal.

 Barattée, n. f.

 Contenu d'une baratte, avant ou après la confection du beurre. Ex. J'ai à faire une grosse barattée de beurre.

 En France, une barattée désigne le liquide qui reste au fond de la baratte quand le beurre en a été extrait.

 Barauder, v. a. et n.

 —Aller et venir en tous sens. Ex. Les chemins sont glissants, la voiture baraude beaucoup.

 —Fureter un peu partout, sans s'arrêter nulle part. Ex. Qu'est-ce que tu baraudes dans le grenier?

 —Remuer un objet massif sur son centre ou de côté, pour le changer de place.

 —Flâner, se promener sans but arrêté. Ex. J'ai baraudé dans les rues toute l'après-midi.

 Barauder (se), v. pr.

 —Se promener sans but arrêté.

 —Marcher en se dandinant.

 Baraudeux, euse, n.—Baraudeur, euse, qui aime à flâner.

 Barbe de Capucin, n. f.

 Nigelle de Damas, appelée aussi Cheveux de Vénus. Plante d'ornement.

 Barbeau, n. m.

 —Larve d'œstrides. Ex. Mon cheval est malade, il a des barbeaux.

 —Barbeau de cuisine, le kokerlac, appelé caffard en France.

 —Tache d'encre, pâté.

 —Poisson dont se sert le pêcheur de morue.

 Barbeau-volant, n. m.

 Hanneton.

 Barbis, n. f.

 Brebis. Ex. C'est la barbis du Bon-Dieu que celui-là.

 Barbotte, n. f.

 —Poisson, genre des silures, qui ne diffère de la barbue que par sa queue qui est carrée au lieu d'être fourchue.

 —Tasse de lait dans laquelle on a mis tremper du pain.

 Barbouiller, v. a.

 Donner des nausées. Ex. Ce fricot me barbouille le cœur, chaque fois que j'en mange.

 Barbouiller (se), v. pr.

 Se gâter. Ex. Le temps se barbouille, nous aurons de la pluie bientôt.

 Barbue, n. f.

 Poisson de nos rivières, de la famille des Siluroïdes. Les savants l'appellent l'Ictalarus nigricans.

 Bardasser, v. n.—V. Berdasser.

 Bardasserie, n. f.—V. Berdasserie.

 Bardasseux, n. et adj.—V. Berdasseux.

 Bardassier, n. et adj.—V. Berdassier.

 Bardatter, v. a.

 —Couvrir de bardeaux.

 —Poser des bardeaux. (B. P. F.)

 Bardeau, n. m.

 —Casse de fonte, casseau; réserve dans laquelle on dépose les caractères d'imprimerie inutiles à raison de leur multiplicité.

 —Bérêt d'universitaire.

 —Il lui manque un bardeau, il a l'esprit faible.

 Bardi=barda, loc. adv.

 V. Berdi-barda.

 Bardoiser, v. a.—Couvrir de bardeaux.

 Bardoller, v. a.

 Couvrir de bardeaux, dans le langage des Acadiens.

 Barène, n. f.

 Marelle, jeu consistant à sauter à cloche-pied dans un rectangle tracé sur le sol et partagé en diverses cases, en poussant d'une case dans l'autre une pierre, un palet.

 Barer, v. a.

 Donner. Ex. Veux-tu me barer quinze centins pour mon porte-monnaie?

 Bargagner, v. n.—Commercer, trafiquer.

 Bargagneux, n. et adj.—-Qui se livre à toute espèce de négoces.

 Bargaine, n. m.

 Marché. Ex. Je viens de faire un beau bargaine. Bargaigne, vieux mot français, signifiait commerce, marché. On trouve bargaïnne.

 Bargainer, v. a. et n.

 —Commercer, trafiquer, faire du bargaine en général.

 —Echanger. Ex. Veux-tu bargainer ta montre avec la mienne?

 Bargou, n. m.—Gruau.

 Barguigner, v. n.

 —Hésiter, se décider difficilement. Ex. Il n'y a pas à barguigner, il faut que tu me remettes l'argent que je t'ai prêté.

 —Marchander. Moi j'achète sans barguigner.

 Bar=keeper, kîpeur, (m. a.)—Cabaretier.

 Barlan, n. m.

 Brelan. Ex. Jouons ce soir au barlan de pommes.

 Barley, n. m.

 Orge mondé ou perlé. Ex. Ce pain est fait de barley. Barley n'est pas la traduction anglaise d'orge perlé. C'est un mot français par lui-même; on le trouve dans l'ancien langage français.

 Badine, n. f.—V. Berline.

 Barloque, n. f.—Breloque. Ex. Une vieille barloque.

 Barlot, n. m.—V. Berlot.

 Barlue, n. f.—Berlue.

 Barnèche, n. f.—Barnache, oie marine, à bec court et menu.

 Barniques, n. f. pl.—V. Berniques.

 Barouche, n. f.

 —Voiture de famille, participant à la fois du caractère du carrosse et de la malle-poste.

 —Vieille voiture.

 —Toute chose vieille, hors de service.

 Barouette, n. f.—Brouette.

 Barouettée, n. f.—Brouettée.

 Barrabas à la Passion.

 Etre connu comme Barrabas à la Passion, être connu de tout le monde. Dicton conservé par le patois normand.

 * Barrack, (m. a.)—Caserne.

 Barre à tonnerre, n. f.—Paratonnerre.

 Barre du cou, n. f.

 Cou. Ex. Si tu ne te tiens pas tranquille, je vais te casser la barre du cou.

 Barre du jour, n. f.

 Point du jour. Allusion au pâle sillage qui paraît à l'horizon, aux premiers feux de l'aurore.

 Barreau, n. m.

 Trictrac. Ex. Maintenant que nous sommes tannés de jouer aux dames, faisons une couple de parties de barreau.

 Barreauter, v. a.—Poser des barreaux.

 Barreautin, n. m.

 Petit barreau, diminutif de barreau. Barreaux qui unissent la rampe aux degrés d'un escalier de bois.

 * Bar=room, (roum) (m. a.)—Buvette, estaminet.

 Barres (jouer aux), loc.

 Jeu de course pour enfants.

 Barré, adj.

 Tacheté, bigarré. Ex. Voilà une belle vache barrée. D'où le nom de barrette donné souvent aux vaches barrées.

 * Barrenn'se, n. f—V. Barène. Ex. Jouer à la barrenn'se.

 Barrer, v. a.

 Fermer à clef, au moyen d'une serrure ou d'un cadenas. Ex. Barre la porte, barre la valise, barre la commode, etc.

 Barrettée, n. f.

 Le contenu d'une barrette. Dans certaines églises de campagne, on faisait autrefois la collecte au moyen d'une barrette.

 Barrique, n. f.

 —Ivrogne invétéré, dont l'haleine rappelle l'odeur qui s'échappe d'une barrique vide de liqueur forte.

 —Plein comme une barrique, ivre.

 Barrure, n. f.

 Carré où l'on attache les chevaux et les vaches dans les écuries.

 Bas, n. m.

 Pas, le seuil. Ex. le bas de la porte est tout usé, il faudra y voir.

 Bas=côté, n. m.

 Appentis, petit bâtiment adossé contre un grand.

 Bas=de=soie, n. m.—Sobriquet donné aux Irlandais.

 Bas=percé, n. m.—Dépensier, qui n'a jamais le sou.

 Bas (descendre en), loc.

 —Aller dans un étage inférieur. Ex. Descends en bas me chercher mon chapeau.

 —Aller dans le bas du fleuve. Ex. Vas-tu descendre en bas dans le courant de l'été?

 Bascule (donner la), loc.

 Jeu d'enfants qui consiste à saisir la victime désignée d'avance et à lui frapper le dos sur un mur autant de fois qu'elle a d'années révolues. C'est une manière de célébrer les anniversaires de naissance parmi nos collégiens.

 Basculer, v. a.

 —Renverser un véhicule mobile sur son axe.

 —Se faire rouler d'un côté ou d'un autre au milieu d'une foule remuante.

 * Baseball, n. m. bése-bâle, (m. a.)

 Balle aux champs. Ex. Le jeu de baseball est très en vogue par le temps qui court.

 * Basement, n. m. bèsemènte, (m. a.)

 Soubassement, sous-sol.

 Basir, v. n.—Disparaître, être perdu.

 * Basse=carte, n. f.

 Corruption de l'anglais post-card, carte-postale.

 Bassine, n. f.

 Urinal, vase à col relevé où les malades urinent.

 Bassinée, n. f.

 Contenu d'une bassine.

 Bastinguer, v. a.—Battre.

 Bastonais, n. m.

 Bostonais, citoyen de la ville de Boston. Sous le régime français les Bastonais, c'est-à-dire les Anglais de la Nouvelle-Angleterre, étaient fort redoutés de nos Canadiens.

 * Bat, batte, n. m. (m. a.)—Crosse, battoir, bâton, maillet.

 Bataclan, n. m.

 Attirail, ameublement. Ex. Prends ton bataclan et quitte ma maison.

 Bataclan, d'après Timmermans, voudrait dire moulin faisant claquer son traquet, dit batacle, d'où par métaphore, train, remue-ménage, branlebas.

 * Batch, n. f. (m. a.)—Fournée, tas.

 Batèche.—Juron très répandu dans le peuple.

 Bâtiments, n. m. pl.

 Ecuries, granges. Ex. Cours vite aux bâtiments atteler la grise.

 Bâtir, v. a.

 Construire pour l'usage de quelqu'un. Ex. C'est l'entrepreneur Laroche qui va bâtir monsieur Larochelle.

 Bâtir, v. n.

 —Fortement charpenté. Ex. Cet homme est bien bâti, il doit être fort comme un cheval.

 —Prendre de l'embonpoint. Ex. As-tu rencontré Henri, il commence à bâtir.

 Bâtir (se), v. pron.

 Construire une maison, une résidence. Ex. M. le curé va se bâtir pour se mettre chez lui quand il abandonnera sa cure.

 Bâtisse, n. f.

 Bâtiment, édifice. Ex. Les bâtisses du parlement viennent de passer au feu.

 Bâtisse (jouer à la), loc.

 Jeu de carte très en vogue chez les tout petits enfants. Ils se bâtissent en or, en argent, etc., etc.

 Batiste, n. f.

 Lustrine. La batiste est une toile très fine, d'un tissu très serré; elle diffère de la lustrine, tissu de coton employé pour la doublure des vêtements.

 Bat=le=diable, n. m.

 Individu plein de ressources et dangereux de toute façon.

 Bâton=bleu, n. m.—Connétable, suisse.

 Bâton=de=crème, n. m.—Bâton de sucre.

 Bâton (tour du), n. m.

 Tour de bâton, profit illicite. D'après Borel, cette expression serait formée de bas et ton, parce que lorsqu'on veut faire un gain injuste on ne le dit qu'à voix basse (d'un bas ton) à l'oreille des personnes qu'on met dans ses intérêts.

 Battable, adj.

 Qui peut être surpassé en valeur, en qualité. Ex. Voici un gas qui n'est pas battable.

 Batte=feu, n. m.

 —Briquet.

 —Individu remuant.

 Batterie, n. f.

 Partie d'une grange où l'on bat les grains, les céréales au moyen du fléau.

 Batteur=de=faux, n. m.

 Oiseau qui, à l'époque de la fenaison, fait entendre un chant comparable au son que retire le faucheur de sa faux en l'aiguisant.

 Battée, n. f.

 —Grande quantité. Ex. Y avait-il beaucoup de monde à l'assemblée? Oui, il y en avait une battée.

 —Chaudronnée. Ex. Je viens de terminer une battée de savon, de sucre.

 —Airée, nombre de gerbes qui peuvent être battues d'une seule fois.

 Batteux, n. m.—Machine pour battre le blé.

 Battois, n. m. Battoir, instrument avec lequel on bat le linge.

 Battoué, n. m.—Battoir.

 Battouète, n. m.—Battoir.

 Battre, v. a.

 —Remuer. Ex. Empêche donc la porte de battre au vent.

 —Battre à plate couture, remporter une victoire complète.

 —Battre la campagne, délirer, déraisonner: jeu de phrase pour battre la campane, carillonner.

 —Battre le blé, égrener les épis en les frappant.

 —Battre comme blé, battre sans se lasser.

 —Battre quatre as, ne pouvoir être surpassé.

 —Battre la comète, même sens.

 —Le diable bat sa femme, le soleil luit à travers un ciel pluvieux.

 Battre (se), v. pron.

 —Se battre la gueule, se dit d'un individu qui discourt longuement et à tue-tête. On devrait dire se battre de gueule.

 —Se battre les flancs, cherche à se donner du courage.

 Battu, part. pas. de battre.

 —Etre malade. Ex. Cet homme est battu du rhumatisme.

 —Etre surpassé en qualité. Ex. Ici l'on vend des huîtres qui ne sont pas battues.

 Batture, n. f.

 —Rivage laissé à découvert à la marée basse. Ex. La batture aux loups-marins.

 —Glace formée sur les rives du fleuve.

 Bauche, n. f.

 —Course très vive. Ex. Mon cheval a fait dix lieues d'une seule bauche.

 —Travail rapide, dans un temps limité.

 —Course entre hommes. Ex. Veux-tu tirer une bauche avec moi.

 Baucher, v. n.

 —Courir vite. Ex. Nos chevaux ont lutté de vitesse, je t'assure que ça bauchait.

 —Travailler vite.

 —Courir pour s'amuser. Ex. Veux-tu que nous bauchions tous deux?

 Baudet, n. m.

 Lit de sangle. Ex. De mon temps, au collège, nous couchions sur des baudets.

 Baume, n. m.

 Pimprenelle, plante aromatique qui croît sur le bord des chemins.

 Baume du Canada, n. m.

 Baumier de Giléad; c'est la gomme de sapin, dont on faisait autrefois une térébenthine en usage dans la peinture et le vernis.

 Bavaloise, n. f.

 Pont de culotte, dite à la bavaloise ou bavaroise. Ce mot indiquerait que la mode en a été empruntée à la Bavière. Bavaroise se dit également.

 Bavardement, n. m.—Bavardage.

 Bavassage, n. m.—Bavardage.

 Bavassement, n. m.

 —Bavardage. Ex. Encore une affaire qui va soulever des bavassements à n'en plus finir.

 —Propos désobligeants.

 Bavasser, v. n.

 —Bavarder. Ex. Quel homme dangereux? Il bavasse à la grande journée.

 —Dénoncer, faire des rapports. Ex. Cet écolier passe son temps à bavasser au maître.

 Bavasserie, n. f.

 —Bavarderie.

 —Rapport, dénonciation.

 Bavasseux, euse, n. et adj.

 —Bavard, qui aime à parler.

 —Rapporteur.

 Baver sur quelqu'un, loc.

 —Dire du mal de quelqu'un.

 Bavures, n. f. pl.—Bave, matières vomies.

 * Bay rhum, n. m., bé-rome, (m. a.)

 Lotion alcoolique pour les cheveux.

 * Bay=window, (m. a.)—V. Bow-window.

 Bazir, v. n.—Disparaître. Expression acadienne.

 * Beam, bîme, (m. a.)—Poutre.

 * Bean, bîne, (m. a.)

 Haricot. Ex. Aimes-tu les beans, toi? Oui, les beans au lard.

 * Beater, bîter, v. a. (Angl.)—Surpasser, l'emporter. V. Biter.

 Béatis, n. m. pl.

 Béatilles. Petits morceaux de viande, rejetés dans l'apprêt des mets, et dont tire parti une économie bien entendue.

 Beauté (une), n. f.

 —Beaucoup mieux. Ex. Pierre écrit une beauté mieux que Jean.

 —Un grand nombre. Ex. Y avait-il beaucoup de monde au concert? Il y en avait une beauté.

 * Beaver, n. m., biveur. (Angl.)

 Chapeau de castor, haut de forme.

 Bébelle, n. f.

 —Jouets d'enfants. Ex. Voici le jour de l'an qui approche, nous allons visiter un magasin de bébelles.

 —Histoires. Ex. Ne me fais pas de bébelles.

 Bébelleries, n. f. pl.—Jouets d'enfant.

 Bec, n. m.

 Gibier. Expression usitée par les chasseurs pour déplorer l'absence du gibier. Ex. Pas un bec aujourd'hui.

 —Donner un bec, un baiser.

 —Taire son bec, cesser de parler.

 —Se rincer le bec, le gosier.

 —Cela m'a passé devant le bec, cela m'a été refusé, j'ai manqué l'occasion.

 —Un chapeau à bec, chapeau fermé.

 —S'affiler le bec pour parler, se préparer à faire un discours.

 —Faire le gros bec, montrer de la répugnance à faire une chose.

 —Tomber le bec à l'eau, rater une affaire.

 —Avoir du bec, de la jasette.

 —Avoir le bec carré, avoir de la difficulté à parler, à raison du froid qui a raidi les muscles de la mâchoire.

 Bec de corneille, n. m.

 Petite moule comestible, de forme allongée, et dont la coquille ressemble au bec de la corneille, d'où son nom.

 Becco (de), adv.

 De trop peu, de moins qu'il ne faut. Ex. Voici un bas de becco, dépareillé. Locution très usitée dans le comté de Kamouraska; vient du Perche. On entend dire souvent de bécotte, et beccotte, un bas bécotte.

 Bec=fin, n. m.

 Personne qui fait la grimace sur tous les mets qu'on lui sert.

 Bec=sucré, n. m.

 —Bouche mielleuse.

 —Personne qui aime beaucoup le sucre.

 Bèché, adj.—Eclos. Ex. Mes poulets sont tous bèchés.

 Bécher, v. a.—Becqueter.

 Bèchetée, n. f.—Le contenu d'une bèche.

 Bêcher, v. n.

 Tomber la tête la première. Ex. Prends garde de bêcher en courant trop vite.

 * Bécouite, n. m. (Angl.)—De l'anglais buckwheat, sarrasin.

 Becquer, v. a.—Becqueter. Ex. Becque-moi, mon petit.

 Bec=scie, n. m.—Harle d'Amérique.

 * Bed, n. m., (m. a.)

 Banc-lit. Ex. Toi, tu coucheras ce soir dans le bed. V. Banc-lit.

 Béda, n. m.—Cochon mâle. Expression acadienne.

 Bédainer, v. n.—Bedonner, prendre du ventre.

 Bedonner, v. n.—Prendre du ventre. Français familier.

 Bédame, bindame.

 Mais. Ex. Aimes-tu cela? Bindame, ça dépend.

 Bédâne, n. m.

 Bec-d'âne, outil tranchant de charron, de menuisier, pour creuser des mortaises.

 * Bedder, v. a. (Angl.)

 —Poser. Ex. Bedder une vitre.

 —Asseoir, fixer. Ex. Bedder une pierre sur son lit de mortier. (B. P. F.)

 Bedeau, n. m.

 —Faire quelque chose en bedeau, travailler avec soin.

 —Le trou du bedeau, la fosse dans un cimetière.

 * Bee, bi, n. m. (m. a.)

 Corvée. Ex. Faisons un bee pour éplucher du blé d'Inde.

 Béguer, v. a.—Bégayer.

 Bégueux, n. m. et adj.—Bégayeux.

 Beigne, n. m.—Beignet.

 Beignet, adj. et n.

 Benet, homme peu intelligent. Ex. Les Beignets de Sainte-Rose. Sobriquet tombé en désuétude.

 Belle (en), loc.

 —Avoir en belle, avoir beau jeu, être situé favorablement pour faire une chose. Ex. Tu as en belle, sauve-toi.

 —Prendre son en belle, saisir l'occasion favorable. Ex. Je saurai bien prendre mon en belle, quand l'occasion se présentera.

 Nous disons encore attendre son en belle, pour signifier la même chose. M. Chauveau, dans les Notes qui suivent ses Légendes, écrit: «Embellie est un terme de marine, c'est un changement favorable dans le temps, dans l'atmosphère; on profite d'une embellie pour mettre à la voile. De là peut-être l'avoir embelle ou avoir embelle.» Il est plus rationnel de croire que, dans, le cas présent, belle est substitué à beau, avoir belle pour avoir beau.

 Belle (avoir) loc.—Avoir beau.

 Belle (faire la), loc.

 Enfant que l'on fait tenir debout avant qu'il ait appris à marcher. Se dit aussi d'un chien que l'on fait asseoir sur son train de derrière.

 Belle (paru), loc.

 Echappé belle. Ex. Je l'ai paru belle.

 Belle=Angélique, n. f.

 Plante aromatique cultivée dans nos jardins.

 Belle heure, loc.

 Longtemps. Ex. Il y a belle heure que je suis arrivé.

 Belle heure (à), loc.

 Heure indue. Ex. Tu arrives à belle heure, toi.

 Béloné, n. m.—Gros saucisson.

 Beluet, n. m.—Bluet.

 Belzamine, n. f.—Balsamine.

 Ben, adv.

 Bien. Ex. Nous sommes ben ici, restons-y.

 Bénane, n. f.—Banane.

 Bénifice, n. m.—Bénéfice.

 Béniquer, n. m.—Bénitier.

 Bénissoué, n. m.

 Goupillon. Ex. M. le curé nous a bénis avec son bénissoué.

 Ber, bers, n. m.

 Berceau. Quelques-uns ont cru que le mot ber était une corruption de l'anglais bar. Le Dr Devron a écrit dans les Comptes rendus de l'Athénée Louisianais (janvier 1888), que ce mot est usité en Louisiane dans le sens de berceau, et il cite les Mémoires de la Mère Tranchepain, l'une des premières religieuses ursulines fixées à la Nouvelle-Orléans, pour faire voir qu'elle a été importée de France. Le docteur écrit ber et non pas bers. Cependant on trouve bers dans le Roman de la Rose pour signifier berceau.

 Berçante, n. f.—Berceuse.

 Berceau, n. m.

 —Partie d'une charretée de foin, du fond de la charrette à la hauteur des ridelles.

 —Tonnelle en verdure. Ex. Allons nous mettre à l'ombre dans le berceau, au fond du jardin.

 Berceuse, n. f.

 Chaise berceuse. Ex. La berceuse de ma grand'mère.

 Berdas, n. m.

 —Nettoyage, ménage de maison. Ex. As-tu fait ton berdas, ce matin?

 —Bruit, tapage. Ex. Quel berdas est ça! j'ai la tête cassée.

 —Série confuse. Ex. J'ai fait des berdas de rêves la nuit dernière.

 Le mot berdas, d'après M. de Gerville, veut dire bavardage. Il existait pendant les anciens Etats de Rennes une société où se réunissaient tous les nobles des deux sexes pour causer et parler politique, d'où est venu le mot berdasse.

 Berdassement, n. m.—Bruit ennuyeux.

 Berdasser, v. a. et n.

 —Faire le ménage. Ex. J'ai une servante qui n'est bonne qu'à berdasser, elle ne sait pas faire la cuisine.

 —Vaquer à des travaux de peu d'importance. Ex. Quand tu auras fini de berdasser, nous nous mettrons à l'ouvrage.

 —Se faire secouer. Ex. J'arrive de Lorette, je me suis fait berdasser dans des chemins affreux.

 —Inquiéter, tracasser. Ex. J'ai quelque chose qui me berdasse.

 —Disputer. Ex. Si je peux lui mettre la main sur le corps, je vas le berdasser à mon goût.

 —Faire du bruit. Ex. Achève donc de berdasser, tu me fatigues.

 Berdasserie, n. f.

 V. Berdassement.

 Berdasseux, adj. et n.

 V. Berdassier.

 Berdassier, n. et adj.

 —Celui qui fait plus de bruit que de besogne.

 —Celui qui fait toute espèce de métiers.

 —Celui qui se mêle des affaires des autres.

 —Chicanier.

 Berdi-Berda, n. m.

 —Grand bruit. Ex. Quel berdi-berda! On ne se comprend plus.

 —Désordre. Ex. J'ai eu beau chercher dans ma valise, je ne trouve rien, c'est un berdi-berda où une chatte perdrait ses petits.

 Berdouiller, v. a.

 Bredouiller. Ex. Qu'est-ce que tu berdouilles là?

 Bergamaux, n. m. pl.

 Lisières d'écorces de bouleau.

 Berlan, n. m.—Brelan.

 Berlander, v. n.

 —Flâner, fainéanter. Ex. Qu'est-ce que tu berlandes là?

 —Dire des balivernes. Ex. Berlander du matin au soir.

 —Hésiter. Ex. Il n'y a pas à berlander, il faut s'exécuter.

 Berlandeux, n. et adj.

 —Fainéant.

 —Indécis.

 Berline, n. f.

 Voiture propre aux boulangers pour transporter leurs pains.

 Berloque, n. f.

 Breloque. S'entend ordinairement d'une montre de peu de valeur.

 Berlot, n. m.—Voiture d'hiver plus légère que la carriole.

 Berniques, n. f. pl.—Lunettes, bésicles.

 Berouette, n. f.—Brouette.

 Bérouettée, n. f.—Brouettée, la charge d'une brouette.

 Bertelles, n. f. pl.—Bretelles.

 Bésique, n. m.

 Bésigue, jeu de cartes qui se joue à deux, trois ou quatre joueurs, avec deux, trois ou quatre jeux de trente-deux cartes.

 Besoin (de), loc.

 Besoin. Ex. Prête-moi ton canif, j'en ai de besoin.

 Besoin (pour son), loc.

 Pour son usage. Ex. C'est vrai que j'ai beaucoup de papier, mais j'en ai pour mon besoin seulement.

 Besson, ne, n. et adj.

 Jumeau, jumelle. Le Dict. de l'Académie dit que ce mot a vieilli, mais il s'emploie toujours, en France comme en Canada.

 * Best, adj. (m. a.)

 Le meilleur. Ex. Nous sommes quatre bons joueurs, mais c'est toi, Louis, qui est le best.

 Bestage, n. m.—Habitude de bester.

 Bester, v. n.

 Avoir beaucoup d'affection pour une personne du même sexe que soi. (B. P. F.)

 Besteux, adj.—Qui a l'habitude de bester.

 Bêtas, bêtasse, adj.

 Bête, imbécile. Ex. Un gros bêtas.

 Bêtassement, adv.—Bêtement.

 Bête, n. f.

 —Bête comme ses pieds, très bête.

 —Bête à manger de l'herbe, très bête.

 —Bête à coucher dehors, sot.

 —Une bonne bête, un bonasse.

 —Bête comme un chou, imbécile.

 —Rester bête, éprouver une surprise qui donne un air bête.

 —Faire la bête, simuler le manque d'intelligence.

 Bêtement, adv.

 Très, beaucoup. Ex. Je me suis coupé bêtement.

 Bête puante, n. f.

 Moufette. C'est l'enfant du diable mentionné par nos premiers missionnaires.

 Bétille, n. f.—Béquille.

 Bêtise, n. f.

 —Sottise. Ex. Ne fais pas la bêtise d'aller sur l'eau par un temps pareil.

 —Insulte. Ex. Il m'a chanté un tas de bêtises.

 Bêtiser, v. n.—Dire des bêtises.

 Bêtiseux, n. et adj.

 Homme qui tient des propos plutôt malséants.

 Bétôt, adv.—Bientôt. Ex. Tu viendras bétôt.

 Bette, n. f.

 Betterave. Ex. Des bettes à vache, des bettes rouges.

 * Better, v. a. (Angl.)

 Parier, gager. Ex. Je bette avec toi cinq piastres contre une.

 Beu, n. m.

 Bœuf. Ex. Des souliers de beu. Ma foi de beu.

 Beugler, v. n.

 Chanter très fort. Ex. Nous avons un chantre à l'église qui chante bien, mais il beugle beaucoup trop.

 Beurdas, n. m.—Berdas. V. ce mot.

 Beurdasser, v. n.—Berdasser.

 * Beurneur, n. m. (Angl.)—Brûleur, bec de lampe.

 Beurre de mai, n. m.

 Beurre fabriqué en mai. Ce beurre aurait, dit-on, la propriété de guérir les plaies, les ulcères. En France, on prépare ce beurre avec du sel, on l'étend sur un morceau de toile qui prend alors le nom de toile de mai, et que l'on conserve toute l'année. La même coutume existe ici.

 Beurrée, n. f.

 Tranche de pain recouverte de beurre, de confitures, etc. Ex. Une beurrée de beurre (pléonasme), une beurrée de confitures (impropre).

 Beurrer, v. a.

 —Flatter. Ex. Tu n' as pas besoin de vouloir me beurrer, tu n'obtiendras rien de moi.

 —Tacher. Ex. J'ai tout le visage beurré de sirop.

 —Etendre sur un corps quelconque une substance grasse. Ex. Beurrer de la graisse ou du beurre sur du pain.

 Beurrerie, n. f.—Fabrique de beurre.

 Beurrette, n. f.—Petite beurrée.

 Biais (sur le), loc. adv.

 En biais, d'une manière oblique. Ex. Tu poseras cette étoffe sur le biais.

 Bibelot, n. m.

 Amas confus d'objets réunis ensemble. Ex. Quel tas de bibelots? Débarasse-moi de cela au plus vite.

 Bibelotage, n. m.

 Action d'amasser des bibelots. Ex. Cesse donc de faire du bibelotage, tu t'encombres inutilement.

 Bibite, n. f.

 —Insectes et petits animaux de rang inférieur. Ex. Cette maison fourmille de bibites. Avoir des bibites dans les cheveux.

 —Froid. Ex. J'ai la bibite aux doigts.

 —Individu suspect. Ex. Je t'assure que c'est une vilaine bibite que ce garçon.

 Biblothécaire, n. m.—Bibliothécaire.

 Biblothèque, n. f.—Bibliothèque.

 Bic en blanc (de), loc. adv.—De but en blanc.

 Bicher, v. a.—Embrasser.

 Bicler, v. a.—Regarder du coin de l'œil.

 Bicleux, euse, n.—Qui bicle.

 * Bicouite, (Angl.)—De l'anglais buckwheat, sarrasin.

 Bidette, n. m.—Flandrin.

 Bien, adv. et n.

 —Correct sous tous rapports. Ex. Tu connais Moïse, n'est-ce pas que c'est un homme bien?

 —Juste. Ex. L'horloge est-elle bien?

 Bière (petite), n. f.

 Chose de peu de valeur. Ex. Ce gars ne vaut pas grand'chose, en somme c'est de la petite bière.

 * Bifsteck, n. m. (Angl.)

 Bifteck. Tranche de bœuf grillée ou cuite à la poêle.

 Biger, v. a.—Embrasser, baiser. (B. P. F.)

 * Bigne! bagne!

 Pif, paf; onomotapée exprimant un bruit éclatant. Bang est anglais.

 Bigre, n. m.

 Bougre. Ex. Quel bigre d'enfant! il mérite le fouet. Bigre! c'est sérieux!

 Bigrement, adv.

 Bougrement, extrêmement. Ex. Cet homme est bigrement fort.

 Bijouetter, v. a.

 —Biseauter. Ex. Nous mettrons des vitres bijouettées à la porte.

 —Bécheveter, mettre tête-bêche.

 Bijouettre, v. a.—Bécheveter. (B. P. F.)

 Bileux, euse, adj.—Bilieux.

 Bill, n. m.

 —Projet de loi. Ex. J'ai un bill à présenter à la chambre.

 —Compte, note. Ex. Prépare ton bill, si tu veux être payé.

 —Billet de banque. Ex. Un bill de cinquante piastres.

 —Affiche, pancarte. Ex. Poster un bill.

 —Menu, bill of fare.

 —Connaissement, bill of lading.

 —Acte d'accusation, true bill.

 —Lettre de change, bill of exchange.

 —Billet à vue, bill at sight.

 Bille de billard, n. f.—Tête chauve.

 Bille de bois, n. f.—Bûche de bois.

 * Biller, v. a. (Angl.)

 Poser un bulletin d'expédition. Ex. Voulez-vous biller ma valise pour Cacouna?

 —Facturer. Ex. Biller des caisses de marchandises.

 Billet promissoire, n. m.—Billet à terme.

 Billotte, n. m.

 —Billot.

 —Bille, pièce de bois rond d'une longueur régulière, qui sert à hacher la viande.

 —Etre prêt à mettre son cou sur le billotte, être sûr d'une chose au point de risquer sa tête.

 Bin, adv.—Bien.

 Biner, v. n.

 Lâcher prise, renoncer à une affaire.

 Bindame oui, bindame non.

 Expression qui indique une grande hésitation à répondre à une question. Ex. As-tu fait cela? Bindame oui, bindame non.

 Binette, n. f.

 Tête, visage. Ex. Quelle drôle de binette? Binet était un perruquier célèbre au XVIIe siècle.

 Binheureux, adj.—Bienheureux.

 Bisc=en=coin (de), adv.

 De travers, de biais. Ex. Ne me regarde pas de bisc-en-coin. En France on trouve bisacoin, bicacoin, en zigzag.

 Biorque, n. m.—Couac. V. ce mot.

 Birgitté, e, adj.

 Brigitté. Ex. Un chapelet birgitté.

 Biscotin, n. m.—Petit biscuit.

 Biscuit de matelot, n. m.—Biscuit de mer.

 Biscuit (faire le), loc.

 Réduire à l'impuissance. Ex. Laisse-moi, je vais lui faire son biscuit en pas grand temps.

 * Bisdille, n. f.

 Maldonne. Corruption du mot anglais misdeal. V. Misdille.

 Bisque, n. f.

 Farine de blé délayée avec de l'eau, et mangée cuite, forme un plat très peu appétissant. Il y a, en France, une bisque qui est un potage fait avec du coulis d'écrevisses.

 Bisque en coin (de), loc.—D'un coin à l'autre.

 Bisquer, v. a.—Faire endêver.

 Bistringue, n. f.

 Bastringue. Ex. Danser la bistringue.

 * Bit, n. f., (m. a.)

 Morceau, peu. Ex. Tu veux du pain, tu n'en auras pas une bit.

 * Biter, v. a. (Angl.)

 Surpasser. Ex. Hein, mon cher, cela te bite.

 * Bitters,—teursse, n. m., (m. a.)

 Bitter. Ex. Je viens de prendre un bon bitters.

 * Black=ball, n. m., (m. a.)

 Cirage en boule ou en boîte. Nous disons aussi black-bol.

 * Black and tan, annd-tanne, (m. a.)

 Chien à peau noire et brune. Ex. Que voilà un beau petit black and tan!

 Blackbouler, v. a.

 —Rouler. Ex. Cet individu s'est fait blackbouler comme il méritait.

 —Bloquer. Ex. Je me suis fait blackbouler à mon examen de terme par le docteur Sanguinet.

 * Blackeye, aïe, (m. a.)

 Œil poché. Ex. Tu as le tour des yeux noirs, as-tu reçu une black eye?

 * Blackguard, blaggarde, (m. a.)—Polisson, voyou.

 * Black=hole, hôle, (m. a.)

 Cachot. Ex. Coucher au black-hole.

 * Black=moon, moune, n. f., (m. a.)

 A l'anglaise (T. de jeu de balle). Cet écolier a une belle black-moon.

 Blague, n. f.

 Bavardage de fanfaron. Ex. Ce que tu me dis là, ça sent la blague. L'origine semble venir du fait que la blague des fumeurs a souvent l'air d'une bourse bien garnie. Cependant elle ne renferme que du tabac.

 Blaguer le service, loc.

 —Ne pas s'occuper d'une affaire, bien qu'on s'en soit chargé.

 —Fausser la vérité.

 Blanc, n. m.

 —Document qui renferme des phrases imprimées et des parties non imprimées qu'il faut remplir à la plume. Ex. Blanc de billet, blanc de chèque. (Angl.)

 —Mettre du blanc, augmenter le nombre des interlignes, (terme d'imprimerie).

 Blanc de cirusse, n. m.—Blanc de céruse.

 Blanc d'Espagne, n. m.—Craie.

 Blanc=mange, n. m.—Blanc-manger.

 Blanchissoir, n. m.

 Espèce de pinceau dont on se sert pour blanchir les murs des maisons et des granges avec de la chaux.

 Blanchissoué, n. m.—Blanchissoir.

 * Blank, (m. a.)—Formule en blanc.

 Blasphémer, v. a.

 Outrager. Ex. Ce misérable m'a blasphémé.

 Blé d'Inde, n. m.

 —Maïs. Ex. Un épi de blé d'Inde.

 —Réprimande sévère. Ex. Je lui ai fait manger un bon blé d'Inde.

 —Affront, insulte.

 Blémichon, n. m.—Petit garçon très pâle.

 Bleu, n. m. et adj.

 —Ecchymose.

 —Indigo. Ex. Veux-tu passer ce linge au bleu.

 —Partisan d'une fraction politique dite des bleus, des conservateurs.

 —Flambé, coulé. Ex. Notre ancien maire est coulé, il est bleu comme la poule à Simon.

 —Terrible. Ex. Jean a eu une colère bleue. Pierre a eu une peur bleue.

 Bleuet, n. m.—Bluet.

 Bleusir, v. a.—Bleuir, faire devenir bleu.

 Bleuvir, v. a.—Bleuir.

 * Blind, blaïnn'de, (m. a.)—Abat-jour, persienne.

 Blinder, v. n.

 Protéger. Ex. Je suis blindé contre toutes les attaques qui pourraient m'être adressées.

 * Blizzard, n. m. (m. a.)

 Forte tempête de vent et de neige.

 Bloc, n. m.

 —Pâté, îlot. Ex. Un bloc de maisons.

 —Glaçon. Ex. Un bloc de glace.

 * Blocade, n. f. (Angl.)—Action de bloquer.

 Blond, adj.

 Bai-clair. Ex. Mon cheval est d'un beau blond. As-tu rencontré le blond à François Laroute?

 Blonde, n. f.

 Jeune fille courtisée. Ex. Ce soir je vais aller voir ma blonde. Ce mot s'emploie sans distinction de la couleur des cheveux ou de la peau de la jeune fille. Il existe une chanson où, après avoir fait le portrait d'une brune, l'amoureux ajoute qu'il en fera une blonde.

 Blondet, adj.—Diminutif de blond.

 Blondiner, v. n.—Blondir.

 * Blood, n. m. (bleude), (m. a.)

 Homme courageux, sur lequel on peut compter. Ex. Qu'est-ce que tu penses d'un tel? Un tel, mais c'est un vrai blood.

 Bloquer, v. a. et n.

 —Enrayer. Ex. Nous étions à deux milles de la ville, lorsqu'une de nos roues a bloqué.

 —Subir un échec. Ex. Imagine-toi donc que je viens de bloquer mon examen de baccalauréat.

 —Arrêter par la neige. Ex. Un train bloqué.

 —Se dit du fait de remplacer provisoirement une lettre pour éviter le parcourement. Nos imprimeurs se servent également du mot virer.

 * Blotting, n. m. (m. a.)—Papier buvard.

 * Bloumersses, n. m. pl. (Angl.)—Pantalons de femmes et d'enfants durant la saison d'hiver.

 Blouse, n. f.

 —Veston, par-dessus.

 —Réprimande.

 * Blue book, n. m. (blou bouc), (m. a.)

 Livre bleu, qui contient les documents parlementaires. Le mot bleu vient de ce qu'en Angleterre, les livres qui contiennent les documents diplomatiques portent une couverture bleue.

 * Blue nose, (blou nôse), (m. a.)

 Habitant des Provinces Maritimes d'origine anglaise ou écossaise.

 Bluet, n. m.

 Airelle du Canada. Fruit à confitures très commun dans la Province de Québec. La croquette et la pomme de terre sont deux variétés d'airelle. V. ces mots.

 * Bluff, n. m., bloff, (m. a.)

 —Parole ou action propre à intimider ou à provoquer l'illusion.

 —Poker. Ex. Jouons au bluff.

 * Bluffer, v. a. (Angl.)—Illusionner.

 * Bluffeur, n. m. (Angl.)—Qui bluffe.

 Bob (passer au), loc.

 Infliger une leçon sévère. Le mot anglais bob dans cette locution, signifie coup, tape.

 * Bodkin, (bode-kine), n. m., (m. a.)

 Pointe. Outil dont se servent les imprimeurs pour la correction.

 Bœuf, empl. adj.

 Complet, parfait. Ex. Il a eu un succès bœuf.

 Bœuf de garde, n. m.

 Taureau. Expression acadienne.

 Bœuf de soupe, n. m.—Bouilli.

 Bogane, n. f.—Ruisseau, flaque d'eau.

 Boile, n. f.—Cuveau pour laver le linge.

 Bois, n. m.

 Corps. Ex. C'est un monsieur qui porte bien son bois.

 —De quel bois cet homme se chauffe-t-il? Quelle espèce d'homme est-ce?

Le parler populaire des Canadiens français

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