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INSTITUTION DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE de l’Industrie et des Beaux-Arts.

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Table des matières

Le décret impérial instituant l’Exposition universelle est du 8 mars 1853. Ce décret porte:

ARTICLE PREMIER. — Une Exposition universelle des produits agricoles et industriels s’ouvrira à Paris, dans le Palais de l’Industrie, au carré Marigny, le 1er mai 1855, et sera close le 15 septembre suivant.

ARTICLE DEUXIÈME. — L’Exposition quinquennale qui, aux termes de l’article 5 de l’ordonnance du 4 octobre 1833, devait s’ouvrir le 1er mai 1854, sera réunie à l’Exposition universelle.

Dès le 26 mars, le ministre des affaires étrangères l’avait notifié à tous les gouvernements, et, le 31 du même mois, les ministres de la guerre et de la marine le faisaient connaître à l’Afrique française et à nos colonies.

Le 8 avril, une circulaire du ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics invitait les préfets à provoquer le concours efficace des chambres de commerce; et, dans les derniers jours de mai, le Moniteur publiait déjà les réponses et les adhésions des départements et des gouvernements étrangers.

Pour compléter la pensée de l’Empereur, un nouveau décret du 22 juin rattachait l’Exposition universelle des Beaux-Arts à celle des produits de l’agriculture et de l’industrie.

Enfin, le décret du 24 décembre instituait une commission composée de notabilités de la science, de l’agriculture, du commerce, de l’industrie et des arts, et chargée, sous la présidence de S. A. I. le Prince Napoléon, de régler et diriger l’ensemble et les détails de l’Exposition universelle. Le 29 décembre, le prince Napoléon réunissait pour la première fois les membres de la Commission, et leur exposait ainsi le programme de leurs travaux.

«L’Empereur nous confie une noble et honorable mission en nous chargeant d’organiser ce grand concours, dans lequel la France se montrera digne d’elle-même par l’empressement que ses artistes et ses industriels mettront à répondre à l’appel qui leur est fait.

«Notre devoir vis-à-vis des étrangers est de les recevoir avec une large et bienveillante hospitalité.

«Toutes les opinions, en matière d’économie politique, sont représentées dans notre réunion, non pour se livrer à des discussions stériles en dehors de notre mission, mais pour concourir avec une égale ardeur, quel que soit leur point de vue, à la réussite de cette œuvre qui doit illustrer la France et l’Europe du dix-neuvième siècle.

«Sur ce point, Messieurs, nous devons être tous d’accord.

«L’Empereur a témoigné sa haute impartialité en réunissant en un même faisceau les sommités de la politique, des sciences, des arts, de l’industrie et du commerce.

«Pour la première fois, à une Exposition universelle de l’industrie se trouvera réunie une Exposition universelle des beaux-arts.

«Il appartient à notre pays de donner l’exemple de cette alliance, qui va si bien à son génie initiateur.

«J’espère, Messieurs, que la confiance la plus entière présidera à nos rapports, et je vous demande pour voire président une indulgence dont il a besoin.

«Sentant mon insuffisance pour la grande mission que la confiance de l’Empereur a bien voulu me donner, j’y apporterai au moins le zèle le plus ardent et la ferme volonté de bien faire, cette première condition du succès.

«Les questions que nous aurons à résoudre sont nombreuses et compliquées; elles touchent à une multitude d’intérêts divers. Je me propose de les soumettre à votre décision, successivement et à mesure qu’elles se présenteront, pour ne pas nous surcharger inutilemeut dès le commencement de nos travaux.

«Elles se divisent naturellement en deux grandes parties: les décrets que nous avons à provoquer de la part de Sa Majesté, les questions que nous avons à résoudre de notre propre autorité. »

Le Prince Napoléon, en acceptant la mission qui lui était confiée, en avait compris toute l’importance, et, avec cette ardeur d’intelligence qui le caractérise, il s’était mis à l’œuvre résolument. Il n’a cessé, depuis l’origine, de s’occuper avec la plus constante activité des travaux de la Commission. Le Prince a présidé lui-même toutes les réunions qui ont eu lieu, et a voulu préparer, dans le sens le plus large et le plus libéral, c’est-à-dire le plus conforma à l’esprit de la France, toutes les mesures nécessaires pour assurer le succès de cette grande entreprise.

Organisation de l’administration centrale, règlement intérieur, règlement général, constitution des comités nationaux et étrangers, instructions générales et spéciales pour la France, pour les colonies, pour les autres nations, appropriation des locaux qui doivent renfermer les divrs produits de l’agriculture, de l’industrie et des arts: le Prince a voulu que tous ces travaux préparatoires fussent terminés avant son départ pour l’Orient.

Le règlement général qui sert de base à tous ces travaux a été publié dans le Moniteur du 6 avril dernier. Ce règlement a été préparé par une sous-commission créée au sein de la Commission impériale, présidée par le Prince Napoléon, et composée de MM. le duc de Mouchy, le comte de Lesseps, Le Play, Legentil, Schneider, Émile Pereire, le général Morin, Vaudoyer, Arlès-Dufour et Adolphe Thibaudeau. Les ministres d’État et de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, le président du conseil d’État, ont également pris part à cette œuvre.

Le règlement général contient les dispositions les plus libérales pour les exposants français et étrangers. Tous leurs produits sont traités sur le pied de la plus complète égalité ; ils sont transportés gratuitement: les produits français, depuis le lieu de production; les produits étrangers, depuis la frontière. Toutes facilités sont données à l’introduction des produits, étrangers; la protection la plus efficace est assurée aux dessins et aux inventions; en un mot, rien n’a été négligé pour répondre à la grande pensée de l’Exposition universelle.

La sous-commission, émanation directe de la Commission, n’a cessé, depuis le départ du Prince, de fonctionner activement, sous la présidence de Son Exc. M. le ministre d’État; elle a publié successivement des instructions, des circulaires, un Système de classification pour servir de base à la composition des collections de produits à exposer, au classement de ces produits dans le palais de l’Exposition, et aux travaux du Jury inter national; en un mot elle a procédé à l’application de toutes les mesures prescrites par le règlement, et a préparé les éléments de succès de l’Exposition de 1855. Ces décrets, règlements, instructions, circulaires, traduits dans toutes les langues, se trouvent aujourd’hui répandus dans toutes les parties du monde.

L’inauguration de l’Exposition universelle a eu lieu le 15 mai, en présence de l’Empereur et de l’Impératrice, des membres de la famille impériale, des hauts dignitaires de la couronne, et des grands corps de l’État.

S. A. I. le Prince Napoléon a prononcé le discours suivant, qui restera comme la préface de l’histoire de notre Exposition universelle:

«SIRE,

«L’Exposition universelle de 1855 s’ouvre aujourd’hui, et la première partie de la tâche que vous nous avez donnée est remplie.

«Une Exposition universelle, qui, en tous temps, eût été un fait considérable, devient un fait unique dans l’histoire par les circonstances au milieu desquelles celle-ci se produit. La France, engagée depuis un an dans une guerre sérieuse, à huit cents lieues de ses frontières, lutte avec gloire contre ses ennemis. Il était réservé au règne de Votre Majesté de montrer la France digne de son passé dans la guerre, et plus grande qu’elle ne l’a jamais été dans les arts de la paix. Le peuple français fait voir au monde que, toutes les fois que l’on comprendra son génie et qu’il sera bien dirigé, il sera toujours la grande nation.

«Permettez-moi, Sire, de vous exposer, au nom de la Commission impériale, le but que nous avons voulu atteindre, les moyens que nous avons employés, et les résultats que nous avons obtenus.

«Nous avons voulu que l’Exposition universelle ne fût pas uniquement un concours de curiosité, mais un grand enseignement pour l’agriculture, l’industrie et le commerce, ainsi que pour les arts du monde entier. Ce doit être une vaste enquête pratique, un moyen de mettre les forces industrielles en contact, les matières premières à portée du producteur, les produits à côté du consommateur; c’est un nouveau pas vers le perfectionnement, cette loi qui vient du Créateur, ce premier besoin de l’humanité, cette indispensable condition de l’organisation sociale.

«Quelques esprits ont pu s’effrayer d’un pareil concours, et ont naguère cherché à le retarder; mais vous avez voulu que les premières années de votre règne fussent illustrées par une Exposition du monde entier, suivant en cela les traditions du premier Empereur, car l’idée d’une Exposition est éminemment française; elle a progressé avec le temps, et, de nationale, elle est devenue universelle.

«Nous avons suivi nos voisins et alliés, qui ont eu la gloire du premier essai; nous l’avons complété par l’appel aux beaux-arts.

. «Votre Majesté a constitué la Commission impériale le 24 décembre 1853. Notre premier travail a été le règlement général que vous avez approuvé par décret du 6 avril, qui est devenu la loi constitutive de l’Exposition, et qui comprend une nouvelle classification que nous croyons plus rationnelle.

«L’accord le plus parfait a régné entre les membres de la Commission; et je suis d’autant plus heureux de le constater, que les tendances, les opinions et les points de départ de mes collègues étaient très-différents. La diversité d’opinions nous a éclairés sans nous entraver, l’importance de notre mission a écarté tout dissentiment.

«Deux précédents nous ont naturellement guidés: les expositions françaises et l’Exposition universelle de 181; Quelques modifications ont cependant été apportées; elles sont toutes dans un sens de liberté et de progrès.

«Nous avons établi, pour l’Exposition, un tarif douanier exceptionnel, d’où le mot de prohibition a été effacé. Tous les produits exposables sont entrés en France avec un droit ad valorem de 20 pour 100. Nous avons trouvé le plus bienveillant concours dans la direction des douanes, et j’espère que nos hôtes étrangers emporteront une bonne impression de leurs relations avec cette administration.

«La même libéralité a été appliquée dans les transports, dont nous avons pris les frais à notre charge.

«Enfin, par une innovation hardie, qui n’a pas été faite à Londres, les produits exposés peuvent porter l’indication de leur prix, qui devient ainsi un élément sérieux d’appréciation pour les récompenses. Tous ceux qui s’occupent des questions industrielles comprendront combien ce principe est important et quelles peuvent en être les conséquences, malgré certaines difficultés d’application.

«Dans les beaux-arts, deux systèmes se présentaient: fallait-il faire une exposition pour les œuvres, sans se préoccuper de savoir si les artistes étaient morts ou vivants, ou pour les artistes, en n’admettant que les œuvres des vivants?

«La première idée a été soutenue; elle répondait peut-être mieux au programme qui voulait un concours de l’art au dix-neuvième siècle; elle n’a cependant pas été adoptée, à cause des difficultés d’exécution qu’elle soulevait.

«Nous avons accueilli sans révision toutes les œuvres des artistes étrangers admis par leurs comités; nous n’avons été sévères que pour nous-mêmes. La tâche d’un jury d’admission est difficile et ingrate, surtout dans une exposition universelle, où les principes des expositions ordinaires n’étaient plus applicables, et où le jury avait à choisir les armes de la France dans cette lutte qui s’agrandissait.

«L’insuffisance du bâtiment nous a suscité des difficultés sérieuses. La construction d’un édifice spécial ayant été écartée, il a fallu nous installer dans le Palais de l’Industrie, dont les inconvénients viennent de ce qu’il n’a pas été établi eu vue d’une exposition aussi vaste.

«Nous tenons à le dire hautement à Votre Majesté et à l’Europe, le concours des exposants a été si grand, que la place nous a manqué, malgré les 117,480 mètres carrés de superficie, sur lesquels 55,900 mètres de surface exposable.

«Obligés de recommander aux comités d’admission une grande réserve, nous ne pouvions nous en départir qu’à mesure qu’il nous était permis de disposer d’un peu plus d’emplacement. Ce défaut d’ensemble dans le commencement des opérations a nui à la régularité et à la justice des admissions, et a rendu encore plus difficile la tâche des comités locaux, auxquels je me plais à rendre hommage pour le concours qu’ils nous ont prêté.

«Des retards fâcheux ont eu lieu dans les travaux, malgré l’activité et l’intelligence de leur direction; mais on avait vraiment trop présumé de ce qu’il était possible de faire. Ce vaste et splendide palais a été construit en moins de deux ans, et n’est pas encore complètement terminé. Nous avons pensé que le meilleur moyen d’en presser l’achèvement était d’y installer l’Exposition, dont l’ouverture ne pouvait plus être retardée.

«La séparation du bâtiment affecté aux Beaux-Arts a tout d’abord été reconnue indispensable, et cette construction provisoire a été achevée à l’époque fixée. A mesure que l’Exposition prenait du développement, on décidait une construction nouvelle. Pendant que j’étais en Orient pour le service de la France et de Votre Majesté, une annexe de 1,200 mètres de long, sur le bord de la Seine, a été établie. Cette annexe, qui contient les machines en mouvement, sera terminée dans quinze jours.

«Depuis quelques semaines seulement, le Panorama a été reconnu indispensable; il doit être entouré d’une vaste galerie qui mettra en communication le bâtiment principal avec l’annexe, et qui sera prête avant un mois.

«Alors l’Exposition sera complète.

«Dans notre pays, c’est habituellement le gouvernement qui se charge de toutes les grandes entreprises; pour arrêter l’exagération de cette tendance, Votre Majesté a donné un grand essor à l’industrie privée. La compagnie à laquelle l’exploitation du Palais de l’Industrie a été concédée, devait trouver dans le prix d’entrée la rémunération du capital employé à la construction; de là la nécessité d’un prix d’entrée. Nous avons cependant sauvegardé autant que possible les intérêts du peuple, en obtenant que, les dimanches, l’entrée fût réduite à 20 centimes.

«Nous pouvons dès à présent, grâce au Catalogue fait avec une grande activité, indiquer le nombre des exposants. Il ne s’élèvera pas à moins de 20,000, dont 9,500 de l’Empire français et 10,500 environ de l’étranger.

«La puissance que nous combattons elle-même n’a pas été exclue. Si les industriels russes s’étaient présentés en se soumettant aux règles établies pour toutes les nations, nous les aurions admis, afin de bien fixer la démarcation à établir entre les peuples slaves, qui ne sont pas nos ennemis, et ce gouvernement dont les nations civilisées doivent combattre la prépondérance.

«A la fin l’Exposition, quand nous proposerons à Votre Majesté les récompenses à décerner, nous pourrons juger les résultats de cette grande Exposition, que nous prions Votre Majesté de déclarer ouverte.»

L’Empereur a répondu:

«MON CHER COUSIN,

«En vous plaçant à la tète d’une Commission appelé à surmonter tant de difficultés, j’ai voulu vous donner une preuve particulière de ma confiance. Je suis heureux de voir que vous l’avez si bien justifiée. Je vous prie de remercier en mon nom la Commission des soins éclairés et du zèle infatigable dont elle fait preuve. J’ouvre avec bonheur ce temple de la paix, qui convie tous les peuples à la concorde.»

L’Exposition Universelle a tenu toutes les promesses du programme tracé par S. A. I. le Prince Napoléon.

Inaugurée dans les conditions les plus défavorables, et considérée comme un échec aux premiers jours de l’ouverture, l’Exposition de 1855 a dépassé bientôt toutes les prévisions, et laissé loin derrière elle les brillants souvenirs de l’Exposition de Londres. Ces résultats inespérés, ce succès éclatant sont dus aux mesures prises par l’administration supérieure, dont nous nous proposons d’écrire l’histoire dans la 3e partie de cet ouvrage: Les Visites de S. A. I. aux produits collectifs des nations étrangères.

Nous nous bornerons à rappeler ce que tout le monde a déjà proclamé, que c’est le Prince Napoléon qui a pris l’initiative de toutes ces mesures, et imprimé son intelligente activité à tous les services administratifs, qu’il a été admirablement secondé par M. Le Play, commissaire général de l’Exposition depuis le 25 mai, dont l’esprit éclairé, le caractère ferme et conciliant à la fois, le dévouement infatigable, ont si puissamment contribué au succès de cette œuvre importante.

Moins de deux mois après l’ouverture de l’Exposition, MM. les Commissaires des Gouvernements étrangers adressaient au Prince Napoléon la note suivante, qui en dit plus que tous les éloges:

«A SON ALTESSE IMPÉRIALE LE PRINCE NAPOLÉON.

«Monseigneur,

«Les Commissaires des puissances étrangères viennent remplir un devoir, en offrant au Président de la Commission impériale l’hommage de leur admiration pour la manière éclatante avec laquelle vient d’être accomplie l’œuvre de l’Exposition Universelle.

«La grande pensée de l’Empereur est donc réalisée.

«Grâces en soient rendues aux efforts bienveillants de Votre Altesse Impériale, à la sollicitude de tous les instants qu’elle a accordée à cette grande œuvre, à la puissante impulsion qu’elle lui a donnée.

«L’Exposition brille aujourd’hui au milieu de la capitale de la France, à laquelle elle ajoute un nouveau lustre.

«Elle offre un tableau de tout ce que la Providence nous fournit de produits de la nature, et des transformations opérées par les hommes; elle contribuera puissamment aux progrès des beaux-arts, de l’industrie, et à la prospérité du commerce, qui ont fait constamment l’objet de la plus vive préoccupation de l’Empereur.

«En venant aujourd’hui, Monseigneur, vous exprimer les sentiments dont tous les Commissaires sont pénétrés, et en vous présentant une copie de la déclaration qu’ils ont adoptée dans leur dernière séance hebdomadaire, pour être adressée à leurs nationaux, ils saisissent cette occasion pour renouveler à Votre Altesse Impériale l’assurance de leurs hommages respectueux.

«Paris, le 12 juillet 1855.»

Visites et études de S. A. I. le prince Napoléon au Palais des beaux-arts

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