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INTRODUCTION GÉNÉRALITÉS

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La plupart des auteurs qui se sont occupés de vélocipédie ont envisagé la question au point de vue du sport, ou encore comme exercice hygiénique. En Angleterre, le côte médical, c’est-à-dire le tricycle dans ses rapports avec la santé, a été étudié par le Dr Richardson, dans The Tricycle in relation to Health and Recreation, par le Dr Gordon Stables dans Health upon Wheels, et dans un petit pamphlet d’un auteur anonyme, intitulé : Twenty Doctors: a sufferers experience of Rheumatic gout. Mais je ne sache pas, du moins jusqu’ à présent, qu’il y ait aucun ouvrage de ce genre en français. Les brochures intéressantes des Drs Bellencontre , Desmartis , Tissié , ne traitent que de l’hygiène, et quoique tout vélocipédiste devrait les posséder, pour y puiser des renseignements de la plus haute importance pratique, on n’y trouve que peu d’indications sur la valeur du tricycle pour le rétablissement de la santé. Mon expérience personnelle du tricycle ne date pas de longtemps, à peine une année, et je n’aurais certainement pas assumé une tâche que d’autres seraient mieux en mesure de mener à bonne fin, si je n’avais rencontré, chaque fois que j’ai conseillé cet exercice à mes malades, une très grande opposition et des préjugés trop tenaces pour être combattus avec succès, malgré toute la persuasion dont je pouvais disposer. Comme on a plus de déférence pour tout ce qui est écrit et imprimé, j’ai rassemblé les documents que j’ai pu trouver en faveur d’un exercice que je préconise maintenant en bien des circonstances, pour permettre à nos lecteurs de juger en connaissance de cause.

L’emploi modéré du tricycle dans les conditions nécessaires pour éviter toute conséquence fâcheuse, est en même temps une distraction charmante, et en beaucoup de cas un moyen agréable de Kinésithérapie. Il est évident que l’excès peut être suivi d’inconvénients. Mais il serait injuste de mettre sur le compte du tricycle les effets d’un usage imprudent et ceux qui ne sont pas entraînés ne devraient s’en servir que comme exercice, distraction ou moyen de promenade, évitant les courses ou les efforts prolongés. Comme j’écris surtout pour les valétudinaires et pour indiquer un moyen de recouvrer la santé pour certains d’entre eux, il serait superflu de m’étendre ici sur les dangers des courses et de l’entraînement. Mais malgré la désapprobation, que je prévois, des athlètes jeunes et enthousiastes, je dirai que l’état de santé qui accompagne l’entraînement parfait est loin d’être aussi satisfaisant qu’on pourrait le croire. Il y a quelque temps, un médecin anglais a fait une enquête sur la santé ultérieure de ceux qui s’étaient entraînés depuis plusieurs années pour prendre part dans le match annuel d’aviron entre les Universités d’Oxford et de Cambridge, et il a démontré que, dans un certain nombre de cas, la santé s’en était prématurément ressentie.

Il a été reconnu, dès la plus haute antiquité, que l’état de perfection de la santé qui semble résulter de l’entraînement est souvent illusoire. Hippocrate nous dit que «la bonne condition du corps des athlètes est dangereuse quand elle parvient au dernier degré de la plénitude; car elle ne peut demeurer dans le même état, et, comme elle ne peut s’accroître, elle doit s’altérer». La justesse de cette observation a reçu récemment une confirmation éclatante dans la déchéance et la mort prématurée d’un jeune médecin bien connu dans le monde vélocipédique et l’auteur précisément d’un traité estimé de l’entraînement.

Si par conséquent la course et la lutte doivent être évitées par ceux qui ne sont pas entraînés, il reste à savoir ce que nous devons comprendre par l’expression modérée, et quelles sont les conditions pour rendre l’exercice agréable et salutaire. Voici les principales règles que je crois les meilleures et auxquelles je me suis arrêté. Elles concorderont, j’ensuis sûr, avec les données de plus vieilles expériences que la mienne.

— Tout d’abord, il va de soi que la machine doit être irréprochable et que le premier essai devrait être fait dans les conditions les plus favorables; c’est-à-dire, sur une route à niveau et par un beau temps. Des inégalités de terrain, un état boueux du sol, un vent assez fort, offrent des difficultés qui pourraient rebuter un commençant.

A mon avis le tricycle doit être un cripper, c’est-à-dire ayant la barre du gouvernail en avant; il doit être aussi léger que solide. Le poids moyen d’un tricycle moderne est d’environ 3o kilos. La machine doit être bien roulante, la selle bien suspendue, et ne gênant en rien le veloceman.

Je m’abstiens à dessein d’entrer dans la discussion des nombreux modèles des différents fabricants. Comme pour acheter un cheval, il est très difficile de faire un choix; beaucoup de vélocipèdes se recommandant par des perfectionnements spéciaux brevetés, que d’autres ne peuvent pas posséder. En dehors des questions de vitesse et de sûreté, il y en a d’autres qui doivent être prises en considération, telles que les moyens de remédier à ce spectre des Cyclistes, la vibration, et les avantages pour diminuer la fatigue du two speed gear. Ceux qui désirent étudier ces questions à fond consulteront avec profit l’ouvrage de Lord Bury et M. Hillier, On Cycling, et la Vélocipédie pratique de M. de Baroncelli.

En ce qui concerne le veloceman lui-même, les principales considérations sont celles qui se rapportent au degré d’effort et de fatigue qui constitue l’exercice modéré, et qui se rattachent à l’hygiène du vêtement et de l’alimentation. Avant de se demander ce qu’est la modération, il ne sera pas sans intérêt pour mes lecteurs de dire ce que l’on peut faire. Voici quelques données que nous avons empruntées au livre de Lord Bury et de M. Hillier. On a parcouru en bicycle 488 kilomètres en une journée, en tricycle 377. On a encore fait en tricycle 32 kilomètres en une heure et un peu plus en bicycle. On verra plus loin que des vieillards, des dames et même des convalescents ont fait plusieurs milliers de kilomètres dans l’espace d’un mois, et cela, avec le plus grand bien pour la santé et sans la moindre fatigue. Pour les débutants, les règles à suivre sont très simples. Il faut surtout se méfier de la tendance qu’on a à se laisser entraîner par l’attrait irrésistible qu’on éprouve à franchir l’espace à toute vitesse. Pour moi, un novice doit non-seulement se ralentir à la moindre accélération du cœur, mais aussi au plus léger indice de transpiration, surtout s’il n’est pas vêtu d’une façon appropriée. Pour les vélocemen exercés, cette dernière recommandation n’est pas nécessaire. Il faut donc débuter par une allure raisonnable et n’attaquer les côtes que lorsqu’on est sûr de ses moyens. Je conseillerai d’adopter comme vitesse ordinaire une marche de 10 kilomètres à l’heure, chiffre auquel s’est arrêté notre ami M. de Baroncelli, cycliste très expérimenté et l’auteur de plusieurs ouvrages précieux pour le vélocipédiste. Grâce à ces précautions le tricycliste d’un âge même avancé n’aura rien à redouter. Et, si sur les cinq cent mille vélocemen qui sillonnent les routes de l’Angleterre un ou deux accidents sont enregistrés d’année en année, ils ne peuvent être attribués, comme nous l’avons déjà dit, qu’aux imprudences des victimes.

La santé par le tricycle

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