Читать книгу La santé par le tricycle - Oscar Jennings - Страница 7
ОглавлениеHISTORIQUE
Quelques mots sur l’origine du vélocipède peuvent ne pas être sans intérêt, pour ceux qui ne connaissent pas cette question. La machine actuelle descend en ligne droite de celle qui fut imaginée quelques années avant la guerre, par M. Michaux ou un de ses ouvriers (car les érudits ne sont pas d’accord sur ce point). On la considéra évidemment à ce moment comme un jouet, destiné seulement à une vogue éphémère, et devant disparaître, comme plus tard, les patins à roulettes . Les Anglais, plus pratiques dans l’espèce, ont bien prévu les possibilités futures de la vélocipédie et la perfection actuelle des machines est due en grande partie à leur industrie. L’appareil de M. Michaux, cependant, n’était encore que le perfectionnement d’une machine déjà connue au commencement du siècle sous la dénomination de «Draisienne» d’après le nom de son inventeur et dans laquelle le cavalier était assis sur une traverse supportée par deux roues et se faisait avancer en poussant les pieds contre le sol.
Il existe des caricatures du temps représentant une course en Draisienne, dans les jardins du Luxembourg.
On dit que quelques années après l’invention de la Draisienne, en 1836, un tonnelier écossais Gavin Dalzell, auquel on avait donné à réparer une Draisienne, la transforma en une sorte de bicycle primitif. J’ai lu quelque part qu’une machine semblable a été vue en France vers la même époque. Mais ces faits sont restés isolés. Les recherches des membres érudits de la confrérie ont aussi mis en lumière des véhicules actionnés par les pieds, qui furent construits vers la fin du siècle dernier, et en Angleterre en 1774 où une machine en bois à quatre roues, dirigée par deux hommes, fit son apparition à Hyde-Park, et en France, cinq ans plus tard, où une machine sembable actionnée par des leviers au moyen des mains et des pieds, fut présentée, devant la cour de Louis XVI, à Versailles.
Tous ceux qui ont lu Dumas savent que ce monarque était un excellent serrurier, et il est probable que, sans la Révolution française, il aurait pu s’occuper du perfectionnement de cette machine et aurait ainsi passé, dans la postérité, comme père de la vélocipédie. Les cyclistes enthousiastes ont encore cru retrouver les indices de l’existence du bicycle dans une très haute antiquité.
Certains d’entre eux veulent le reconnaître dans des cartouches d’hiéroglyphes égyptienset pensent retrouver des allusions à leur sport favori dans les poètes latins. Ils disent par exemple qu’Horace parlant de son
Justum et tenacem propositi virum.
le décrit indifférent à la ruine de son vélocipède
Si fractus illabatur orbis
Impavidum ferient ruinœ !
Il nous raconte encore que le cycliste de l’époque
Spernit humum fugientem!
Faisait allusion évidemment à une forme primitive de Draisienne. La question de vélocipédie militaire aussi a été anticipée par Shakspeare qui voyait, en imagination, Achille sur un bicycle quand il s’écrie:
Mark what I say, attend me where I wheel .
C’est peut-être trop demander à nos lecteurs que d’adopter ces fantaisistes interprétations: mais je ne puis m’empêcher de citer un fait qui démontre que l’idée du vélocipède semble avoir existé depuis longtemps dans l’imagination; car un artiste du XVIIe siècle nous a même laissé le dessin de son rêve, qui, sous forme de vitrail, représente un ange sur une Draisienne. Ce vitrail, d’un haut intérêt pour l’archéologue se trouve dans l’église de Saint-Gilles à Stoke Poges, en Angleterre. L’Athenœum de 1869 en contient une description et il en est aussi fait mention dans Notes and Queries (série IV, volume IV, page 215). Tout récemment le Dr Cooke et M. Marsh, tous deux membres de la Société des Cyclistes, sont allés voir cette curieuse relique. M. Marsh a fait à ce sujet un court travail paru dans The Wayfarer. Nous reproduisons, d’après le dernier numéro de cette publication, le dessin du vitrail dont nous empruntons la description suivante au journal Wheeling. «La fenêtre où l’on voir la Draisienne se trouve dans une chapelle qui communique avec l’aile nord de l’église. Cette chapelle a la. forme d’une croix. Dans le couloir du côté droit, de petits vitraux représentent des scènes tirées de l’évangile de saint Marc et saint Mathieu et le miracle de la multiplication des pains. Du côté gauche, les vitraux renferment les portraits de saint Luc et de saint Jean et le bon Samaritain, qui est censé représenter feu M. James Coleman. A l’intérieur de la vieille chapelle, se trouvent huit fenêtres renfermant d’autres vitraux, et, au premier abord, le visiteur s’étonne de voir les sujets les plus disparates réunis dans la même fenêtre. Ici des portraits en pied de plusieurs saints. Là, saint Antoine avec sa clochette et son livre de prières se préparant à prêcher aux animaux, tandis qu’un sanglier à ses pieds porte une clochette à l’oreille droite. Ailleurs se trouve la figure d’une femme en armure complète et soutenant une enclume; ailleurs encore, on voit un seigneur portant un sac d’argent à la ceinture et un mendiant qui demande l’aumône à genoux. Deux autres fenêtres contiennent les portraits de la Vierge et de l’Enfant Jésus. Les autres vitraux paraissent renfermer des fragments provenant d’origines diverses. La légende prétend qu’ils viennent du vieux manoir. Ils ont été rassemblés par des mains ignorantes et se trouvent souvent sens dessus dessous. En entrant à gauche dans la chapelle on voit la fenêtre en question. A sa partie supérieure, se trouve un oiseau, un nom et une date — 1643. —Deux écussons armoriés, puis un cercle; au sommet du cercle, un canard; au-dessus, un satyre cornu; plus bas le «Dandy horse», tandis que la partie inférieure du cercle est occupée par un écu supporté par un dragon. Le segment qui contient l’ange et le «Dandy horse», a 7 pouces 1/4 de longueur et 5 3/4 de largeur. L’ange est nu et sans ailes. Il représente un jeune homme robuste, aux cheveux bouclés; il tient une longue trompette (nos cyclistes modernes se servent d’une trompe plus courte) et paraît sonner un appel vigoureux. La roue de devant est très petite; celle de derrière beaucoup plus grande. La trompette passe par une fente ménagée dans la tête de ce singulier cheval. Au sommet du carré on voit des rayons solaires, d’où sort une corde qui se réfléchit sur une poulie et vient s’attacher à la roue postérieure. Cet emblème se rattache évidemment à la mission divine du jeune homme et l’ensemble représente peut-être la trompette du jugement dernier. Les pieds sont en mouvement; le pied droit frappe un nuage; le pied gauche est relevé. Les autres parties de la fenêtre contiennent des figures bizarres; un homme jouant du violon, un autre qui fume sa pipe: les costumes sont ceux de l’époque de Cromwell. Nous sommes convaincus qu’à l’avenir, l’église de Stoke Poges sera la Mecque des Cyclistes.» Le cadre restreint de cet ouvrage ne nous permet pas de nous étendre plus longtemps sur ce sujet. Le lecteur curieux trouvera dans les collections de la Nature d’intéressants articles sur l’historique du vélocipède et des fac-similé de gravures du temps, preuve nouvelle que c’est souvent par la caricature que nous parviennent des documents qui passeraient inaperçus .