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RENCONTRE AUX CHAMPS

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Il allait, tenant à la main

La fleur prise au bord du chemin,

Et sa voix éclatait, joyeuse.

Elle, marchant à pas posé,

Venait dans le sens opposé

Et chantait, en marchant, rêveuse.

Or, au détour d’un petit bois,

Tous deux se rencontrèrent,

Restèrent tous les deux sans voix

Et tous les deux se regardèrent.

Enfin lui, plus audacieux,

D’autant qu’elle baissa les yeux,

S’avança d’un pas sur la route.

Elle également fit un pas,

Sans savoir pourquoi, pour ne pas

Avoir l’air d’avoir peur, sans doute.

Il lui dit avec embarras:

–Bonjour, mademoiselle.»

Elle, un peu confuse et tout bas:

–Bonjour, monsieur,» répondit-elle.

Ce n’était pas compromettant,

Et ce simple bonjour pourtant

Fut loin de les mettre à leur aise;

Ils restaient là, sans dire un mot,

Lui, rougissant comme un pavot,

Elle, plus rose qu’une fraise.

Un oiseau jeta sa chanson

Au-dessus de leur tête:

–Ah dit-elle, c’est un pinson.»

–Non, dit-il, c’est une fauvette.»

Voyant qu’ils s’étaient donné tort,

Et désireux d’être d’accord,

Avec une grâce parfaite

Vite ils se donnèrent raison:

–Oui, disait-il, c’est un pinson.»

–Non, disait-elle, une fauvette.»

Il résulta de l’incident

La preuve incontestable

Qu’il était tout à fait galant,

Qu’elle était tout à fait aimable.

Pourtant il murmura, chagrin:

–Adieu! Suivez votre chemin,

«Votre promis attend, sans doute.»

Elle dit, comme avec regret:

–Votre promise m’en voudrait

«De vous attarder sur la route.»

–Ma promise? Je n’en ai pas

«Et ma peine est profonde.»

–Un promis? Moi? dit-elle, hélas!

«Personne ne m’aime en ce monde.»

Alors, se rapprochant un peu,

Sous l’effet de ce double aveu

Qui l’un vers l’autre les attire,

Les yeux baissés, troublés, émus,

Ils cherchent et ne trouvent plus

La moindre parole à se dire.

Mais chaque cœur bat en secret

Et bat et bat si vite,

Si fort qu’il devient indiscret

Et trahit l’émoi qui l’agite.

Si bien que lui, voyant soudain

La fleur qu’il tenait à la main,

L’offre et, d’une voix indécise:

–Je suis ton promis, si tu veux?»

Elle, la fleur dans ses cheveux:

–Si tu veux, je suis ta promise.»

Ils s’unirent au premier jour.

Et tout ceci nous montre

Que le cœur est fait pour l’amour

Et, sans le chercher, le rencontre.

Ça !... et le reste

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