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CHAPITRE PREMIER.

Table des matières

LA FERME DU MANOIR ET SES HABITANTS.

L’été venait.

La saison était belle, bien qu’il y eût eu des pluies assez fréquentes. Cette année, d’ailleurs, tout allait pour le mieux. La tonte des moutons avait produit bonne quantité de laine, la joyeuse saison des foins approchait, et tout le monde était affairé à la ferme du Manoir, qui avait l’air d’une ruche.

Les maîtres de la ferme étaient deux vieillards excellents, M. et Mme Godefroy, dont tout le travail se bornait, en raison de leur grand âge, à surveiller la tâche de chacun et à faire en sorte que tout allât bien et fût en bon ordre dans le domaine.

Ils avaient, pour diriger les travaux, leur fils David, le meilleur homme du monde, et qui passait pour le plus fin fermier du pays, tant pour la terre que pour le bétail. Tous les enfants de la ferme l’appelaient mon oncle, bien que trois seulement fussent ses neveux: Angélique, Jacques et Guillaume, fils de sa chère sœur Louise, qui était partie pour gérer un grand établissement de culture à l’île de France, avec son brave mari, natif d’Alsace, et par cela même tout disposé à l’émigration. Ils n’étaient ni l’un ni l’autre au-dessous de la tâche qu’on leur avait confiée et, s’étant mis au fait de la culture du pays, ils dirigèrent fort habilement le domaine, où ils étaient bien vus de tout le monde, et par conséquent fort heureux.

Mais le climat ne leur convenait ni à l’un ni à l’autre, et l’oncle David, qui avait plus d’argent en poche que bien des mirliflors, n’en avait fait ni une ni deux; en apprenant que sa sœur et son beau-frère étaient malades, il avait gagné Marseille au plus vite; il s’était embarqué pour l’Égypte, avait traversé l’isthme de Suez en chemin de fer, puis, s’embarquant de nouveau sur la mer Rouge, il était arrivé sain et sauf à Port-Louis.

Malheureusement, ce n’avait été que pour voir Louise et son mari partir pour un pays plus beau encore que celui qu’ils quittaient, c’est-à-dire pour le ciel. Prenant avec lui les deux fils de Louise, trop petits pour se rendre compte de la perte qu’ils avaient faite, il les avait ramenés en France, à la ferme du Manoir.

Quant à la nièce de David, Angélique, c’était une Godefroy, celle-là, car elle était la fille d’un second fils de M. et Mme Godefroy. Ce dernier était établi à Paris avec sa femme, et craignant que l’air de cette ville ne fût pas favorable à leur fille, ils l’avaient envoyée à la ferme, où sa grand’maman devait prendre d’elle tous les soins imaginables; le grand air ferait le reste, il vaut mieux que tous les médecins.

Avec ces trois enfants, il y en avait un quatrième, fils d’un riche propriétaire du voisinage, qu’on appelait le chevalier de Saint-Aignan. C’était un esprit libéral, éclairé, et qui se plaisait infiniment dans la compagnie de M. Godefroy. Il avait un fils unique, qui paraissait devoir faire un bel usage du vaste héritage auquel il était appelé, mais qui était d’une santé extrêmement délicate.

Connaissant depuis longtemps la famille de M. Godefroy et forcé de s’absenter pour quelque temps, M. de Saint-Aignan s’arrangea pour que son fils allât passer, de temps en temps, quelques heures à la ferme, surtout le dimanche; mais le jeune homme, se plaisant beaucoup aux travaux sans fatigue qu’il faisait et après lesquels il mangeait de meilleur appétit et dormait mieux, prit l’habitude d’aller à la ferme du Manoir tous les jours, et d’appeler David «mon oncle», comme les autres.

La Ferme du manoir

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