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CHAPITRE III.

Table des matières

LES ANIMAUX DE LA FERME. — QUELQUES MOTS SUR LES MOUTONS.

Il y avait beaucoup d’animaux à la ferme du Manoir: non seulement des chevaux de selle et d’attelage, des chevaux de travail, des vaches, des moutons, mais aussi des cochons, de la volaille, des chiens, des chats, des oiseaux en cage.

Vous avez sans doute observé le caractère de chacun de ces animaux. Le moment de la journée où les vaches sont le plus jolies à voir, c’est quand, après avoir passé la journée à paître, elles reviennent à la ferme lentement, et en poussant, çà et là, un mugissement, qui s’adresse sans doute au pré qu’il faut laisser pour l’étable. La petite vachère les appelle quand elles s’attardent trop au bord de la mare, près de la porte d’entrée; alors elles se remettent en route, et des gouttes d’eau pure pendent à leurs naseaux comme des perles de cristal.

Les cochons ne sont pas des animaux bien intéressants, bien qu’ils soient très utiles, et nous n’en dirons rien. Quant aux moutons, il faut convenir que ce sont les moins intelligents des animaux, tellement que, si l’un d’eux a la maladresse de se laisser choir dans un fossé, les autres sont assez bêtes pour y sauter à la queue leu leu. Il faudra que tout le troupeau y passe, si le berger ne s’en mêle.

Alors les enfants demandèrent à M. Godefroy s’il avait jamais entendu parler d’un mouton intelligent, ou capable de montrer une affection particulière pour le berger.

Le bon vieillard sourit, se recueillit un moment, et finit par dire qu’il se rappelait un agneau, qui était devenu le compagnon inséparable d’un cheval qu’on regardait comme indomptable.

On le nommait Fol Arabe, à cause de son caractère fougueux. Son maître, voyant qu’il ne pouvait le monter sans exposer sa vie, le vendit au directeur d’un cirque, qui passait pour avoir parmi ses écuyers un homme des plus habiles à dresser les chevaux. Il venait à bout des plus difficiles, et bientôt Fol Arabe s’assouplit au point de devenir un des chevaux les plus doux de la troupe. Il s’était lié avec un agneau, auquel il permettait de lui monter sur le dos et d’y faire des gambades, qui excitaient au plus haut point la gaieté du public.

Fig. 4. — Porc.


Fig. 5. — Moutons communs.


Les enfants se demandèrent alors si cela ne prouvait pas plutôt l’attachement du cheval à l’agneau que de l’agneau au cheval. Le grand-père dit que la question méritait d’être prise en considération, et que peut-être l’oncle David serait un meilleur avocat de moutons qu’il ne l’était lui-même.

Cependant, Angélique avait écouté, d’un air distrait, la dernière histoire de M. Godefroy; elle semblait inquiète, triste. Son grand-papa lui demanda ce qu’elle avait, et elle répondit en s’efforçant de retenir deux grosses larmes, qui roulaient dans ses yeux bleus:

«Je pense à maman, que j’embrassais tous les soirs avant de me coucher.»

Les deux petits garçons se mirent à se moquer d’elle.

«Vous avez tort,» leur dit M. Godefroy d’un ton sévère; «loin de tourner en dérision cette marque du bon cœur d’Angélique, vous devriez chercher à la consoler. Ah! je suis bien sûr qu’il vous en arriverait autant, la première fois que vous coucheriez hors d’ici, par exemple chez les parents d’Angélique. Quand la lumière est éteinte, et que vous n’êtes pas endormis, n’aimez-vous pas à savoir que nous sommes tout près de vous, votre bonne maman et moi?»

Guillaume et Jacques se regardèrent en se poussant du coude, comme pour s’engager mutuellement à répondre; puis, ne trouvant rien à dire, ils baissèrent les yeux d’un air confus.

«Que peut faire de plus louable une petite fille que de se souvenir de sa mère?» reprit M. Godefroy. «Le beau mérite de penser aux gens quand on les voit! Le souvenir des absents honore toujours celui qui en est capable, et, bien loin d’en vouloir à Angélique de regretter, même ici, la maison maternelle, je lui en sais bon gré. Ce n’est pas qu’elle soit mal auprès de nous, ce n’est pas qu’elle n’aime tendrement son bon papa et sa bonne maman; c’est qu’elle aime encore plus sa mère, voilà tout.»

Les petits garçons furent vivement émus des sages paroles de M. Godefroy, et ce fut leur tour d’avoir des larmes dans les yeux. Voyant cela, Angélique alla vers eux, les embrassa l’un après l’autre et, à partir de ce moment, ils furent les meilleurs amis du monde.

La Ferme du manoir

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