Читать книгу L'École française de peinture (1789-1830) - Paul Marmottan - Страница 3
AVANT-PROPOS
ОглавлениеL’école française de peinture, à laquelle on revient tant et si justement aujourd’hui, paraît avoir subi le contre-coup simultané de l’indifférence, de l’oubli ou de l’enthousiasme. La mode qui, malheureusement, pervertit le goût quand elle le rend exclusif pour une époque, prend un tel empire sur nos collectionneurs qu’on pourrait dire que le jugement s’obscurcit au lieu de se fortifier chez la plupart de ceux qui la suivent en aveugles. Le nombre des amateurs est grand, celui des connaisseurs l’est peu.
Il est facile de concevoir que restreint est le nombre des connaisseurs, car pour mériter ce titre, il faut, pendant de longues années, se livrer à des études spéciales et attentives, voyager, comparer, méditer, et tous ne sont pas capables, pour plus d’une raison, de ces efforts réunis. Si le titre d’amateur revient cher dans les ventes, il coûte peu à prendre et moins encore à prouver. Aussi le nombre des vrais connaisseurs se trouve-t-il noyé dans celui des gens du monde qu’on décore du nom d’amateurs et à qui l’argent suffit. D’où cette vogue parfois insensée de la mode, qui attelle à son char les gens dédaigneux d’une opinon artistique s’appuyant sur des études raisonnées et indépendantes.
Voilà comment il se fait que certaines époques de peinture, malgré leur grand mérite, soient délaissées, si l’on apprend, par exemple, que tel maître d’une autre période se vend plutôt que tel autre. Constatation pénible, c’est la mode qui règne en art beaucoup plus que le goût et le savoir! Aussi ne nous étonnerons-nous pas de la décadence profonde dans laquelle entre la peinture de nos jours, car, d’après ce qui se passe sous nos yeux, l’acheteur de tableaux, en portant ses préférences sur les tableaux inférieurs, pour la plupart, d’aujourd’hui, contribue à maintenir en faveur une peinture qu’on accable d’éloges et qui, souvent, ne mérite qu’indulgence.
Aussi produit-on maintenant vite, pour gagner des écus, et finit-on peu ou mal. On ne dessine plus, on ébauche; on ne peint plus, ou brosse. Voilà la tendance de plus en plus marquée du jour.
Heureusement, quelques grands noms nous sauveront devant la postérité de cet oubli complet des règles et de cette décadence déplorable!
Ce relàchement provient surtout de l’ignorance ou de l’indulgence outrée des amateurs, qui se contentent uniquement de chercher l’impression. — S’approche-t-on du tableau, l’œil est sitôt troublé par des visions informes et des coups de pinceau batailleurs! Recule-t-on de trois pas, l’imagination est obligée de se livrer à un véritable travail pour mettre en ordre les objets!
Est-ce là ce qu’on appelle la peinture, l’art? — C’est tout au plus ce qu’on pourrait nommer le procédé. — Il faut faire vite et produire pour la vente, le métier le veut.
Était-ce ainsi que travaillaient nos peintres d’autrefois? — Il n’en est pas un qui ne mérite des éloges pour son travail, sinon pour son talent.
Leurs talents, en effet, n’étaient pas poussés à l’état précoce comme ces plantes qu’une main maladroite a laissées monter au delà de leur croissance normale, et qui, partant, ne valent rien; mais leur gloire, venue sur le tard, est solidement établie et résistera à toutes les époques.
Aussi quelle différence de qualités du tout au tout remarque le connaisseur, et pourquoi faut-il s’étonner qu’il mette les anciens au-dessus des modernes! Les modernes seraient très-forts s’ils commençaient par savoir dessiner, s’ils étaient beaucoup moins nombreux et surtout moins pressés d’arriver; en cela, c’est l’argent des ignorants qui les entretient. Ce n’est pas le coloris qui leur manque, mais l’étude et le labeur.
Notre époque s’est amourachée des peintres français, et spécialement de l’école du dix-huitième siècle. Pour beaucoup de gens de qualité, il semble que l’on ait cité toute l’école française lorsqu’on a scandé, non sans respect, les noms de Watteau, de Boucher, de Natoire et de Fragonard. Le Poussin et Claude sont délaissés, et même lorsqu’on arrive à l’école moderne, à 1789, sauf quelques grands noms qu’on rougirait de ne pas connaître, il est bien peu d’amateurs, voire même d’experts, qui sauraient nommer dans un rang secondaire, mais pourtant digne d’être connu par son mérite, les continuateurs du mouvement artistique: tant est grand ce dédain avec lequel on affecte de regarder l’époque de la Révolution, du Directoire, de l’Empire et de la Restauration. Ici encore la mode capricieuse joue son rôle, témoignant à nouveau de son incompatibilité avec la vérité.
Le milieu de notre siècle est-il mieux partagé dans la faveur publique? Cette période est peut-être encore moins populaire. — Qu’est devenue l’école de 1830, un instant si prônée? En dépit des efforts de quelques admirateurs ou de quelques critiques qui prononcent seuls le nom de Delacroix, cette école est ignorée du grand nombre, comme ne tarderont pas à l’être, à quelques exceptions près, les maîtres modernes d’avant la République.
Il ressort donc de cette analyse que l’école française à la mode du jour est surtout et presque exclusivement représentée par l’école des Lemoine et des Vanloo, si fade et si faible dans le coloris, et l’époque moderne la plus rapprochée de nous, si peu consciencieuse, c’est-à-dire par des époques de décadence.
Cet engouement pour le dix-huitième siècle, justifié jusqu’à un certain point sans doute, mais poussé à l’excès, a tourné l’attention de tous sur une époque privilégiée au détriment des autres. Des esprits fertiles en imagination ont retourné en tous sens ce nouvel âge d’or, et se sont efforcés, non sans succès, malheureusement, de faire de cette époque la plus étonnante et la plus mirifique de toutes. Ni les dentelures de l’art gothique et de la Renaissance, ni la majesté de l’époque Louis XIV, ni les originalités spirituelles du Directoire et de l’Empire ne purent un instant lutter avec le dix-huitième siècle, dont le dernier mot, paraît-il, la quintessence rare, se résumaient dans le règne du vertueux Louis, XVIe du nom.
Les esprits mûris par l’étude, et placés par là même au-dessus du mouvement capricieux qui emporte la foule inconsciente, virent avec tristesse se dessiner un mouvement appelé à faire bien du tort au goût public. L’exclusivisme de la faveur fit rage durant plusieurs années, jusqu’au jour où la réaction, qui perce déjà dans la recherche plus générale que montrent les gens de goût pour d’autres époques, éclatera, emportant d’un coup de vent cette tendance funeste vers les voies obliques.
Dans le cadre modeste de cet examen des peintres, mon but est de fournir un tableau complet, bien que rapide, de l’art de notre première époque moderne.
Le besoin de curiosité qui pousse notre génération demandait depuis longtemps déjà une étude consciencieuse des artistes de cette période dans toute son étendue. Nous nous sommes efforcé d’atteindre le but en ne laissant rien passer qui nous ait-semblé intéressant et digne d’être consigné. La matière elle-même sera sans doute une nouveauté pour plus d’un, désireux de connaître son siècle, et n’ayant à sa disposition jusqu’ici que des ouvrages spéciaux sur un artiste, ou sur quelques artistes principaux.
Alors que le dix-septième et le dix-huitième siècle n’ont plus de secrets pour l’amateur, on nous saura peut-être gré d’avoir pris à cœur la tâche d’approfondir un peu l’école française plus rapprochée de nous, ne serait-ce que par attrait pour la nouveauté !
N’était-il pas temps de détacher avec discernement l’œuvre de nos pères dans tous les genres de peinture?
L’histoire de l’art n’a pas à tenir compte des caprices de la mode, bien que celle-ci, aujourd’hui, semble établir sa domination exclusive et entraîner tout le monde à sa suite.
Et pour beaucoup, cet entraînement subit prend sa source dans d’autres passions que l’amour de l’art, dans l’intérêt et la spéculation. Si nous prenons en exemple le dix-huitième siècle, quelle est sa plus petite école qui ait été omise par les historiens désireux de flatter la mode ou de la devancer? quelle est la moindre évolution de son art qui n’ait été commentée? A moins de ressasser ce qui déjà a été dit de mille manières et de dépenser des flots d’encre à nouveau, pour vanter les mérites de Boucher et de son école, on peut affirmer que tout a été dit sur le dix-huitième siècle et sur sa peinture, et que la passion avec laquelle on s’est attaché à n’en découvrir que les qualités en a fait perdre de vue les défauts.
Dans cette orgie de productions et de statistiques savantes sur le dix-huitième siècle, on a méconnu comme à plaisir le dix-neuvième, qui arrive à l’expiration de son mandat. Notre siècle n’a-t-il pas aussi ses artistes, à l’égal des autres, et pourquoi cette indifférence, cet oubli, cette ignorance?
L’étude que j’offre au public ami des arts vient combler une lacune dans l’histoire générale de la peinture. Ce siècle peut déjà se diviser en trois périodes distinctes au point de vue artistique. Le goût classique va jusqu’en 1830, le romantisme emplit le règne de Louis-Philippe, enfin, avec 1848 et le second Empire, commence une troisième période dérivant du romantisme ou plutôt du réalisme, qui ne suit aucune règle et constitue l’indépendance complète de l’art. L’avenir dira quels résultats cette troisième période aura produits; il serait peut-être prématuré de formuler un jugement définitif. Les prémices de cette absence complète d’école, confirmés par l’expérience de ces dernières années, ne nous font augurer rien de haut ni de bon.
En prenant donc ce siècle à son début, nous nous sommes d’abord tracé la tâche de donner la monographie des peintres qui ont soutenu l’art paysagiste et la peinture de genre de la fin du dix-huitième siècle à 1830. Cette étude d’ensemble, cette classification de la moyenne et de la petite école manquaient. On en était réduit, pour avoir des renseignements sur la foule des peintres paysagistes et animaliers de cette époque, à consulter des dictionnaires incomplets , des ouvrages de peinture ne traitant que çà et là de tous ces artistes de mérite. Ni Siret, ni Charles Blanc, ni Paul Lacroix, ni le docteur Lachaise, ce dernier pourtant plus progressiste, ni M. Renouvier, dont l’étude s’arrête à 1800, ni même Gabet, dont la sèche nomenclature est encore l’ouvrage le plus complet sur la matière, n’avaient donné aux paysagistes et peintres animaliers la place qu’ils méritaient.
Les rares chercheurs consultaient parfois les salons de Landon, mais tous ces ouvrages mêmes, difficiles à se procurer, étaient individuellement incomplets et ne donnaient pas de classification.
Il nous a donc semblé qu’une série de notices par ordre alphabétique, présentant cette école groupée et décrite aussi consciencieusement que le permettaient l’étude de tous les livres parus jusqu’ici et nos recherches patientes de plusieurs années, offrirait une tâche attrayante, en même temps que l’occasion d’être utile aux historiens respectueux de la chronologie.
La réaction de style et de manière opérée dans les arts en 1830, contre toute l’école de David et l’école de paysage et de genre, marque bien la délimitation à laquelle le critique soucieux de la distinction des écoles doit s’arrêter. Même pour le paysage indépendant, de 1789 à 1830, une séparation doit être établie avec le paysage pratiqué après 1830.
L’ordonnance est la même, la nature n’a pas changé, tout au plus dans les réminiscences de l’histoire appliquée au paysage, se contentait-on déjà vers 1825 de varier le style des monuments et des costumes, car Chateaubriand avait mis le moyen âge à la mode, et les héros de la race d’Agamemnon cédaient le pas aux paladins de la chevalerie et aux châtelaines du temps de Charlemagne. Mais même pour l’école de Demarne, ce qui marque un changement après 1830 avec Rousseau, Millet, Troyon, Daubigny, Corot, c’est à la fois l’étendue de la toile et la manière. Les premiers paysagistes de ce siècle étaient fins, précieux, consciencieux au possible, léchés, si je puis dire; les paysagistes d’après 1830 sont moins esclaves du dessin et de la perfection, ils cherchent l’impression, le chic, la montre du coup de pinceau, et ouvrent la voie aux prédicateurs de la peinture sans aucune règle, qui représente, paraît-il, l’art de l’avenir, comme la musique de Wagner constitue, suivant les progressistes toujours, la symphonie de l’avenir.
D’ailleurs, à l’attachement particulier que nous avons voué aux qualités des maîtres français du début de ce siècle, s’ajoutait une seconde raison pour nous décider à ne pas pousser plus avant nos études.
La période d’après 1830 est encore très-rapprochée de nous. A plusieurs exceptions près, beaucoup de peintres de cette époque vivent encore, et la postérité demande un temps plus long pour donner sa consécration. Cette observation nous paraît d’autant plus digne de considération, que nous vivons dans un temps où il n’existe plus d’écoles, de chefs d’école, et où le nombre des artistes atteint un chiffre prodigieux.
La critique de nos jours, tout en préparant la consécration durable que l’avenir seul peut donner, agira prudemment en apportant dans ses jugements une circonspection sévère. Nos successeurs, ne se sentant pas gênés par les influences et les sympathies du milieu ambiant, si imperceptibles qu’elles soient, seront plus à même de formuler un jugement autorisé, et ne classeront définitivement les artistes modernes que d’après le mérite réel et personnel de leurs œuvres.
Si nous jetons un coup d’œil dans la même époque sur des genres moindres, mais dont l’éclat a brillé également, par exemple sur la miniature, la gravure et la peinture sur porcelaine, nous sommes forcés de saluer des noms relativement obscurs à côté de l’éclat donné aux graveurs du dix-huitième siècle, mais qui font brillant honneur à leur temps.
On cultive et l’on porte très-haut la gravure en couleur, la gravure au pointillé, la sépia, l’aquatinta, le fixé, l’aquarelle, l’eau-forte, la gravure en médaille, la lithographie. Est-il besoin de citer Moreau le jeune, Audouin, Debucourt, Jazet, Bervic, Laugier, Desnoyers, Tardieu, Godefroy, Adam, Bouillard, Masquelier, Levachez, Chaponnier, Mecou, Mariage, Couché, Duplessis-Bertaux, Bovinet, Gatine, Martinet, Andrieu, Brenet, Galle et Gatteaux, Aubry-Lecomte, Deroy, Vigneron, Grévedon; dans la miniature, Isabey, Aubry, Bordes, Jaser, Machera, Augustin, Saint, Guérin, Sicardi, Wille, Jules Vernet; enfin les fameux peintres sur porcelaine, Robert de Sèvres, Jacquotot, Ziégler, Parant, Redouté, Langlacé, Schmidt, Jacobber, dont les productions sont autant de chefs-d’œuvre?
A quoi bon continuer cette nomenclature en d’autres genres? La génération du commencement de ce siècle, on peut le dire, était universellement douée.
Nos pères ne sont donc pas à dédaigner, justice doit leur être rendue; il serait à souhaiter que nous possédions nombre de leurs qualités.
Les peintres de paysage et d’animaux, dont j’ai rappelé les noms, sont devenus assez rares à trouver dans le commerce. Beaucoup de marchands les confondent parfois avec les Hollandais ou leur donnent des noms de supposition.
Quelques amateurs, fort heureusement, à défaut des musées, ont gardé de leurs œuvres, et il s’en rencontre parfois dans les ventes publiques: leur état de conservation se ressent souvent du dédain avec lequel on les a mis de côté.
Nous comprendrons dans le groupement de nos peintres ceux seulement qui ont produit leur œuvre principale de 1789 à 1830, fussent-ils nés, par exemple, dans le courant du dix-huitième siècle; la plupart, dirons-nous même, sont nés avant la Révolution et font partie d’une génération qui entrait dans la jeunesse ou l’âge mûr de 1800 à 1825.
D’ailleurs, si l’on peut, à point nommé et en quelque sorte mathématiquement, donner la statistique complète d’un siècle, en s’en tenant aux quantièmes du début et de la fin d’une si longue période, il n’en est pas de même souvent pour le critique dans le compte qu’il doit tenir d’une révolution opérée dans l’art, si cette révolution ne se soucie pas des chiffres. Pour l’écrivain, une époque commence là seulement où s’ouvre la naissance d’un mouvement rénovateur ou d’une école.
C’est ce qui explique, par exemple, que David et tous les maîtres de son école, bien qu’ayant produit sous la dernière portion du dix-huitième siècle, font partie néanmoins du dix-neuvième, de même que l’époque moderne, historiquement parlant, commence à 1789.
Nous donnerons aussi les noms de plusieurs maîtres dont les débuts datent d’avant le romantisme, bien que leur œuvre principale ait été accomplie après 1830; mais nous ne ferons exception pour ceux-là qu’autant que leurs premières œuvres, déjà remarquées avant 1830, méritent une mention spéciale ou expliquent tout au moins le changement de manière qui se prépare.
Nous aurions pu nous borner à ne présenter au public que les soixante et quelques paysagistes marquants de cette période relativement courte et pourtant féconde en hommes supérieurs, mais, en faisant escorter les maîtres de talent, dont le nom survivra, par ceux plus nombreux qui sont demeurés dans l’obscurité, nous avons tenu à présenter le tableau complet d’une époque, attestant ainsi sa vitalité par le nombre et la valeur des sujets.
D’aucuns, bien que spécialement architectes, peintres d’histoire ou même de marine, seront néanmoins mentionnés dans cette première partie, s’ils ont aussi traité à leurs heures le paysage ou les animaux; mais notre examen sera alors rigoureusement circonscrit à ce qui regarde uniquement leur talent ou leurs œuvres dans ce genre.
L’initiative d’une minutieuse reconstitution d’ensemble de cette période intéressante n’avait encore été prise par personne. Une opinion générale, mal définie, reposant sur des données vagues, sur des études partiales ou peu approfondies d’auteurs, s’était formée qui tenait cette époque pour secondaire, n’ayant rien ou presque rien produit d’artistique. Le monde des critiques, tout entier à son admiration du dix-huitième siècle, ne daignait pas s’occuper d’elle, la considérant et ne la jugeant que sous le rapport du style académique vu partout, et l’on conçoit, devant ce tolle passé de mode, que les auteurs n’aient pas senti le courage de l’approfondir.
Ce livre fera connaître l’inanité d’une semblable opinion et montrera, nous l’espérons, combien on a eu tort de mépriser ainsi cette période de l’école française, si féconde pour tous les genres en maîtres supérieurs, et si originale de style et de manière.
La première partie de notre ouvrage est consacrée aux paysagistes et peintres d’animaux. Nous l’avons traitée aussi consciencieusement qu’il était possible. On pourra juger, d’après le seul énoncé de la nomenclature, du rang distingué qu’a tenu, au début de ce siècle, ce genre si français du paysage, et des effets de son intéressante combinaison avec l’histoire.
Nous avons ajouté, dans un chapitre supplémentaire, l’examen des peintres spéciaux d’intérieur et de genre qu’on ne pouvait, à proprement parler, classer dans aucune des trois grandes catégories sous lesquelles nous étudions l’école française, à savoir: le paysage, l’histoire et le portrait. Ce chapitre, qui contient les peintres d’intérieur et de fleurs, complète l’étude de la petite et de la moyenne école.
La deuxième partie est réservée à la peinture d’histoire, qui joue un grand rôle à cette époque. Pour mieux en faire distinguer les tendances, nous l’avons envisagée sous les trois aspects qu’elle s’est plu à revêtir: sujets d’antiquité, sujets contemporains ou français, et sujets religieux.
On nous saura peut-être gré d’avoir su nous borner à une rapide description de la peinture d’histoire, voulant éviter de parler longuement de sujets mythologiques et antiques dont le goût n’est plus dans les mœurs actuelles. En outre, comparativement aux deux autres genres, la peinture d’histoire de l’école de David est celle qu’on a le moins dérobée aux yeux du public, et partant est celle qu’on peut étudier de visu dans les musées du Louvre et de Versailles.
Il n’en était pas de même pour la petite et moyenne école du paysage, de genre proprement dit, et pour le portrait dont les musées sont si pauvres. Aussi avons-nous tenu à être le plus consciencieux possible en ces deux dernières parties.
Enfin nous avons groupé dans notre troisième grande division les portraitistes, y compris les miniaturistes, dont l’étude ne manque pas d’attrait. Plus d’un d’entre eux est aussi peintre d’histoire; mais nous ne le traitons dans chaque chapitre qu’au seul point de vue spécial, persuadé que cette distinction de notre sujet ne pourra que contribuer à attacher le lecteur par la clarté et la logique avec lesquelles les genres lui sont présentés.
Les jugements portés sur chaque artiste dans nos notices tiennent compte, jusqu’à un certain point, des rares appréciations d’auteurs antérieurs; mais nous nous sommes attaché surtout à présenter un jugement sincère, jaloux de son indépendance, s’appuyant sur une longue et studieuse pratique des originaux.
P. MARMOTTAN.