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CÉLÉBRITÉ LOCALE.

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Le dernier curé de Neulles, au moment de la Révolution, M. l’abbé Bouynot, né à Saint-Maurice-de-Tavernolle, vers 1755, et qui desservit la paroisse dix ou douze années, fut exilé en Espagne, pour refus de serment à la constitution civile du clergé, en 1792. Il est mort en exil, à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Cet ecclésiastique a publié une grammaire espagnole-française, qui dut rendre d’importants services aux nombreux confesseurs de la foi, ses compatriotes, déportés en Espagne, sur la fin du dernier siècle. Cette grammaire y fut imprimée vers 1794.

Les ressources que l’abbé Bouynot se procura comme professeur de langues française et latine, tant au collége royal de Valence, que chez le comte d’Orgas, grand d’Espagne, adoucirent les rigueurs de son exil, et après la Révolution, ils rendirent sa position à l’étranger tellement avantageuse, qu’il ne songea plus à en sortir. Il écrivait à son frère, en 1817, que la privation des relations de famille, était la seule cause de ses regrets. L’abbé Bouynot refusa modestement une place d’instituteur dans le palais même du roi à Madrid. Peu avant la Restauration, il vit le duc d’Angoulême en Espagne. Rentré en France, ce prince se rappela l’exilé et lui envoya, en 1816, par l’entremise du duc de Duras, la petite décoration du lis.

Pour faire faire à nos lecteurs une entière connaissance avec ce vénérable prêtre, nous transcrirons presque en entier, sa belle profession de foi faite, non sans un grand courage, alors que le gouvernement exigeait le serment à la constitution civile du clergé. Elle porte le cachet de cette charité catholique, comme de cette fermeté doctrinale digne des premiers temps de l’Église:

«Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Il est du devoir d’un vérita-

» ble chrétien et surtout d’un prêtre, de ne jamais trahir la vérité ; elle doit-

» être sur ses lèvres comme dans son cœur. Pénétré de ces principes, je

» déclare avoir fait le serment civique, pour ce qui est du ressort de la puis-

» sance temporelle; jamais personne n’y sera plus fidèle que moi. L’évangile

» me l’ordonne, quiconque ne serait pas fidèle à la nation, à la loi et au roy,

» paraîtrait un monstre à mes yeux; mais comme je suis convaincu que le

» serment que l’on exige de moi aujourd’hui contre le spirituel, tend à anéan-

» tir la hiérarchie établie par N.-S. Jésus-Christ, et bouleverse par-là même

» ma conscience, et que l’assemblée nationale a décrété que nul ne peut être

» inquiété pour ses opinions même religieuses, je proteste, à la face du ciel et

» de la terre, que je ne le prêterai jamais, moyennant la grâce de Dieu, à

» moins que l’autorité de l’Église, à laquelle je me fais gloire d’être soumis

«pour le spirituel, de même que je me glorifie d’être soumis à la puissance

» civile pour le temporel, ne me le permette. Mon premier devoir est donc

» d’attendre, à l’exemple de mes supérieurs dans l’ordre hiérarchique, la

» réponse du successeur de saint Pierre...

» Ministre d’un Dieu de paix, j’exhorterai toujours mes paroissiens à main-

» tenir cette paix, et je me flatte qu’ils ne la troubleront jamais. Je leur

» apprendrai, autant par mon exemple que par mes paroles, ce que dit J.-C.,

» qu’il faut rendre à César, ce qui appartient à César, et à Dieu, ce qui est à

» Dieu. Tels sont mes sentiments, tel est l’abrégé de ma doctrine. Je l’ai

» exposée comme je ferais mon testament de mort. Je la crois conforme et la

» soumets à celle de notre mère la sainte Église catholique, apostolique et

» romaine, dans le sein de laquelle je veux vivre et mourir moyennant la

» grâce de Dieu...»

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