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LES COLLECTIONS DU LOUVRE

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Table des matières

NOTICE HISTORIQUE

L’ancienne collection royale. — C’est dans la collection de François Ier qu’il faut chercher l’origine de notre musée national. Le roi de France, passionné pour les beaux-arts, grand admirateur de ce qui se faisait en Italie, faisait recueillir et acheter à grands frais des objets d’art de tout genre. Il ne se contentait pas de charger des agents spéciaux, comme le Primatice, de lui rapporter des tableaux, des statues, des bronzes, des médailles, il attirait à sa cour les artistes italiens et se mettait en relation directe avec ceux qui ne pouvaient venir. Cette première collection était au palais de Fontainebleau, où le roi résidait habituellement. Elle comprenait environ 47 tableaux, provenant presque tous de l’école italienne, et subit peu de modifications pendant la période agitée de nos guerres religieuses.

Le nombre des ouvrages qui composaient la collection royale sous Louis XIII était encore assez restreint.

Mazarin était grand amateur d’art et il enrichit son cabinet des dépouilles de Charles Ier, dont les riches collections furent vendues aux enchères publiques par ordre du Parlement.

«Charles Ier, roi d’Angleterre, avait payé 80,000 livres sterling (2 millions) la collection des ducs de Mantoue, collection qui passait, à juste titre, pour la plus magnifique qui existât en Italie. De précieuses acquisitions vinrent encore augmenter ce trésor, et après la fin tragique du prince on inventoria 1,387 tableaux, 399 statues, distribués comme ornements dans les châteaux royaux. Le Parlement fit faire l’estimation de cette collection, et, séduit par le chiffre de 49,903 livres sterling auquel elle s’éleva, il en ordonna la vente publique au profit de l’Etat. Cette vente eut lieu de 1650 à 1653, et l’on peut trouver dans le catalogue contemporain, publié par Vertue, quelques renseignements sur ’origine, l’estimation des tableaux, sur les prix d’adjudication et les toms des. acquéreurs. Au nombre de ces derniers figura surtout le lameux Jabach, de Cologne, riche banquier, qui résidait à Paris, rue Saint-Merry. Cependant, après tant de prodigalités, l’heure des revers devait sonner pour le fastueux banquier. Forcé d’en venir à me liquidation, il vendit d’abord au cardinal Mazarin ses Corrége ainsi que la plupart des tableaux qui avaient appartenu à Charles Ier, et il fit lui-même un inventaire de ses objets précieux, qu’il adressa à M. du Metz, trésorier du casuel, afin que celui-ci les proposât au oi.»

VILLOT. (Notice des tableaux du Louvre.)

Après la mort de Mazarin, tous les objets d’art qu’il possédait furent acquis pour le roi, et Colbert ne cessa d’augmenter les richesses du cabinet de Louis XIV, qui vint prendre place dans es somptueux appartements de Versailles. Mais ces chefs-d’œurre, dispersés dans les appartements royaux n’étaient guère accessibles au public et ne pouvaient être, par conséquent, d’une tien grande utilité pour l’étude des jeunes artistes.

La collection de Louis XV s’enrichit encore d’un choix de tadeaux fait par ordre du roi et sous la direction de Rigaud, dans la superbe collection des princes de Carignan. Des comnandes faites aux artistes pour la décoration des résidences royales ont fourni également un certain nombre de tableaux, la plupart conçus dans le style qu’on appelait alors galant, et ces ableaux, bien que ne se rattachant pas au noyau de la collection royale, font aujourd’hui partie de notre musée. Les tableaux et les dessins, devenus trop nombreux pour les appartements,. ommencèrent à s’entasser dans les magasins, où ils étaient xposés à de graves détériorations. Le public, d’ailleurs n’était, ous aucun prétexte, admis à les visiter.

M. Villot attribue à Lafont de Saint-Yenne l’idée de faire admettre le public dans la collection royale et de donner aux œuvres d’art qui la composaient les soins nécessaires pour les empêcher de dépérir. Lafont de Saint-Yenne écrivait les lignes suivantes dans son Dialogue du Grand Colbert:

«Vous vous souvenez sans doute, ô grand ministre, de l’immense et précieuse collection de tableaux que vous engageâtes Louis XIV de faire enlever à l’Italie et aux pays étrangers, avec des frais considérables, pour meubler dignement ses palais. Vous pensez (eh! qui ne le penserait pas comme vous!) que ces richesses sont exposées à l’admiration et à la joie des Français de posséder de si rares trésors, ou à la curiosité des étrangers, ou enfin à l’étude et à l’émulation de notre école? Sachez, ô grand Colbert, que ces beaux ouvrages n’ont pas revu la lumière et qu’ils ont passé des places honorables qu’ils occupaient dans les cabinets de leurs possesseurs, à une obscure prison de Versailles, où ils périssent depuis plus de cinquante ans.»

Ces plaintes ne furent pas écoutées; ce fut seulement en 1750 que le roi permit l’exposition publique d’une partie de son cabinet. Cent dix tableaux des maîtres flamands et français vinrent, par les soins du marquis de Marigny, prendre place dans le palais du Luxembourg et le public fut admis à les visiter le mercredi et le samedi de chaque semaine. Le reste de la collection resta en réserve à Versailles pour renouveler la décoration des appartements, mais ceux qui vinrent à Paris furent choisis parmi ce que le roi possédait de plus beau.

La collection royale subit peu de modifications sous Louis XVI; cependant elle s’enrichit d’un certain nombre de tableaux des maîtres hollandais, pour lesquels le roi avait une affection toute particulière. On chercha aussi à organiser sur une plus grande échelle l’embryon du musée tenté sous le règne précédent, et il fut décidé que les plans et modèles des forteresses de France, jusque-là placés dans la grande galerie du Louvre, iraient prendre place aux Invalides et seraient remplacés par les chefs-d’œuvre de la collection royale, en peinture et en sculpture. On ne devait laisser dans les appartements royaux que ce qui était strictement nécessaire à leur décoration. Ce projet toutefois ne fut pas réalisé : le public fut même privé de la vue des tableaux exposés aux Luxembourg. En effet, le roi ayant ordonné un changement dans la distribution intérieure du palais, toutes les œuvres d’art qu’il renfermait furent ramenées à Versailles et réintégrées dans les magasins. En 1785, il n’y avait pas à Paris la moindre collection ouverte au public et où les artistes pussent étudier librement.

Tel était l’état des choses quand la Révolution éclata. Le décret constitutionnel de 1791, qui fixe à vingt-cinq millions la liste civile de Louis XVI et lui assigne les Tuileries pour résidence, décida également que le palais du Louvre recevrait le dépôt des monuments des sciences et des arts. Néanmoins ce projet ne put encore recevoir une réalisation immédiate.

Fondation d’un Musée. — Lorsque la Révolution éclata, l’idée d’une grande collection publique, ouverte aux études, était un besoin que tout le monde devait ressentir également. Aussi, malgré les grands événements qui auraient dû, à ce qu’il semble, préoccuper exclusivement les esprits, l’organisation de notre musée national date de l’époque la plus agitée de notre histoire. Voici le texte du décret adopté par la Convention, dans la séance du 27 juillet 1793:

ART. 1er. Le ministre de l’intérieur donnera les ordres nécessaires pour que le Muséum de la République soit ouvert le 10 août prochain dans la galerie qui joint le Louvre au Palais national.

ART. 2. Il y fera transporter aussitôt, sous la surveillance des commissaires des monuments, les tableaux, statues, vases, meubles précieux, marbres déposés dans les maisons des Petits-Augustins, dans les maisons ci-devant royales, tous autres monuments publics et dépôts, excepté ce que renferment actuellement le château de Versailles, les jardins, les deux Trianons, qui est conservé par un décret spécial dans ce département.

ART. 3. Il y fera transporter également les peintures, statues, bustes antiques qui se trouvent dans toutes les maisons ci-devant royales, châteaux, jardins, parcs d’émigrés et autres monuments nationaux.

ART. 4. Il sera mis à la disposition du ministre de l’intérienr, par la trésorerie nationale, provisoirement, une somme de 100,000 livres par an pour faire acheter dans les ventes particulières les tableaux ou statues qu’il importe à la République de ne pas laisser passer dans les pays étrangers, et qui seront déposés au Musée, sur la demande de la Commission des monuments.

ART. 5. Il est autorisé à faire les demandes nécessaires pour le transport des tableaux et statues dans le Musée des dépôts particuliers où ils sont maintenant.

Cette fois, le décret fut observé et le Muséum français, appelé ensuite Muséum central des arts, ouvrit peu de temps après sa promulgation. L’ancienne collection royale, devenue collection nationale, s’enrichit beaucoup par suite des campagnes d’Italie, où les traités firent venir en France, comme trophées de la victoire, une foule de chefs-d’œuvre fameux.

Les guerres qui remplissent le règne de Napoléon Ier marquent également les transformations du Musée. Une foule de tableaux qui faisaient partie de l’ancienne collection sont envoyés en province et forment le noyau des musées départementaux. Ils sont remplacés par de magnifiques ouvrages que l’empereur nous envoie d’Italie, d’Espagne et d’Allemagne. Quand arrive l’heure des revers, l’étranger reprend tout ce qui lui a appartenu, sans daigner se le faire rendre par un traité régulier, ou plutôt contrairement au traité régulier qui consacrait le respect des propriétés publiques. L’empire en tombant, laissa le Musée plus pauvre qu’il n’était auparavant.

Pour remplir les vides du Musée, la Restauration fit replacer au Louvre les tableaux qui avaient été pendant l’empire exposés dans le palais du Luxembourg, savoir les toiles de Rubens sur la vie de Marie de Médicis, celles de Le Sueur sur l’histoire de saint Bruno, et les ports de France par Joseph Vernet. En joignant ces tableaux à ceux qui provenaient de l’ancienne collection, on reconstitua un Musée nouveau. En même temps, le Luxembourg fut affecté à la création d’une collection d’ouvrages des artistes modernes.

Il ne faut pas oublier de nommer ici le Musée Charles X, collection d’antiquités égyptiennes et grecques extrêmement intéressantes et dont Champollion a été le premier conservateur. Quant au Musée d’Angoulême, aujourd’hui Musée des sculptures du Moyen âge et de la Renaissance, on ne peut guère en faire honneur à la Restauration, qui n’a fait que placer dans des salles nouvelles des ouvrages appartenant antérieurement à nos collections publiques.

Préoccupé uniquement des galeries de Versailles, Louis-Philippe s’est toujours montré d’une parcimonie extrême à l’égard du Louvre. Le public, cependant, croyait à une augmentation notable de nos collections nationales, quand il a vu ouvrir une riche série de tableaux de l’école espagnole, qui occupait plusieurs salles du Louvre. Mais cette collection a été revendiquée par la famille d’Orléans comme lui appartenant et elle lui a été rendue après 1848. En fin de compte, le règne de Louis-Philippe compte à peu près comme zéro dans l’histoire du Musée.

Malgré la pauvreté de son budget, le musée a trouvé moyen de faire quelques acquisitions pendant la période agitée de 1848 à 1851; mais ces acquisitions furent en somme peu importantes.

Le Louvre, durant cette période, n’a eu que 50,000 fr. par an pour acheter des objets d’art. Comment, avec une somme aussi modique, pourrait-on accroître les collections de peintures, de dessins, de sculptures antiques et modernes, de vases, d’antiquités assyriennes et égyptiennes? Une belle statue antique, un seul tableau de grand maître absorberait, et au delà, les 50,000 fr. destinés aux besoins de tous les départements.»

VILLOT. (Notice des tableaux du Louvre.)

Pendant cette période de quatre années, le musée s’est sensiblement amélioré quant à la disposition, car c’est seulement de cette époque que date le classement rationnel dont on ne s’est plus départi depuis. En outre on a cessé de faire dans la grande galerie des expositions annuelles de peinture et de sculpture, usage qui privait le public du Musée pendant six mois de l’année.

Le Musée a fait sous le dernier empire des acquisitions assez importantes: la collection Campana, la collection Sauvageot et la collection Lacaze. Un désir du souverain, ratifié par un vote de la Chambre, nous a valu la première; les deux autres sont dues à la générosité des amateurs dont elles portent le nom. Mais le chiffre de l’allocation pour les musées n’a jamais dépassé celui qui avait été alloué primitivement sous la Convention, alors que les œuvres d’art se payaient dix fois moins cher qu’aujourd’hui.

On s’est souvent plaint de l’insuffisance des fonds destinés à accroître nos grandes collections; quand le Musée relevait de la liste civile, on espérait toujours que s’il se présentait une occasion importante, le souverain pourrait lui venir en aide. Aujourd’hui que le Musée est revenu à l’Etat, son avenir est tout entier dans les mains de ceux qui votent le budget; il importe donc que le public sache exactement en quoi il consiste. Voici quelles sont en moyenne les sommes affectées à l’entretien de nos musées:

MATÉRIEL


Le chiffre pour les acquisitions du Musée, que la Convention avait porté à 100,000 fr., est donc aujourd’hui de 75,000 fr., et cette somme doit être répartie entre les collections de peintures, de dessins, de sculptures, d’antiquités, d’objets d’art de toute espèce que possède le Louvre. Le malheur du Louvre est de contenir plusieurs collections d’un ordre très-différent, bien que réunies dans le même bâtiment. Si nous comparons le Musée national de France à celui d’Angleterre, nous verrons que le chiffre des acquisitions que peuvent faire nos voisins est beaucoup plus considérable que le nôtre, par la seule raison que le musée chez eux est divisée en sections qui sont pourvues chacune d’un budget spécial. Ainsi notre musée de peinture répond à la National Gallery, notre musée d’antiquités au British Muséum, et notre musée d’objets d’art de la Renaissance et des temps modernes répond au South Kensington. Si l’on place la somme dont peut disposer annuellement chacune des trois collections anglaises à côté de celle dont dispose notre Musée, où les trois sections sont réunies, on comprendra pourquoi nous ne pouvons pas lutter sous le rapport des acquisitions nouvelles.

L’administration des Musées, — Le personnel de l’administration du Louvre comprend trois catégories distinctes: 1° les conservateurs et les attachés à la conservation; 2° les commis préposés aux écriture; 3° les gardiens.

Il ne faut pas faire aucune confusion entre les conservateurs du Louvre et les commis et employés de l’administration. Le conservatoire du Louvre (on nomme ainsi la réunion des conservateurs), est avant tout un corps savant; il ne se recrute pas par les voies ordinaires de l’administration et son travail se rattache essentiellement à l’instruction publique. La mission d’un conservateur roule sur trois points: 1° rechercher les meilleures occasions pour enrichir la collection qui lui est confiée, en comblant autant que possible les lacunes qu’elle peut présenter; 2° classer cette collection méthodiquement de manière à en rendre l’étude instructive pour le public; 3° publier un catalogue raisonné de sa collection afin de mettre le public au courant des travaux les plus récents de la science et de la critique.

La rédaction d’un catalogue est un travail extrêmement aride et qui présente presque toujours des difficultés immenses. Le mérite d’un catalogue n’est pas dans le charme de la narration, car le style en est forcément sec et sommaire, mais il consiste à accumuler le plus de renseignements possibles sur un espace aussi restreint que possible. Aussi un catalogue raisonné est surtout utile pour les travailleurs de seconde main, qui sont sûrs de trouver là un renseignement toujours exact sur l’objet dont ils veulent parler. Or ce sont ces travailleurs de seconde main, ces vulgarisateurs qui, dans les journaux quotidiens, dans les revues, dans les livres d’éducation, dans les volumes d’étrennes, dans les publications de tout genre destinées aux gens du monde, répandent sous toutes les formes et popularisent l’instruction artistique et archéologique, et c’est dans les catalogues du Lonvre qu’ils puisent nécessairement.

Les catalogues du Louvre font foi; ils représentent pour notre pays la science officielle, et si le catalogue contient une erreur, on peut être certain que toute la France la répétera après lui. La haute opinion que le public se fait du savoir des conservateurs tient à l’excellence des catalogues publiés jusqu’à ce jour et à la compétence reconnue des hommes placés à la tête de nos collections. Malheureusement la série des catalogues est loin d’être complète. Il y a au Louvre des collections qui, faute d’un catalogue raisonné, sont absolument lettre morte pour le public; en passant, il regarde d’un œil indifférent une foule d’objets, qui ne manqueront pas de l’intéresser le jour où on voudra bien lui en donner l’explication.

L’emplacement des collections diverses qui composent le Musée du Louvre est quelquefois difficile à trouver quand on ne connaît pas à fond tous les détours du palais.

La grande porte placée sous la colonnade du Louvre, quand on vient de la place Saint-Germain-l’Auxerrois, donne accès du côté gauche au Musée égyptien, du côté droit au Musée asiatique. L’entrée du musée des sculptures du moyen âge et de la Renaissance est dans la cour du Louvre, à gauche, si on arrive par la place Saint-Germain-l’Auxerrois, à droite si on arrive par le pont des Arts. L’entrée du musée de la sculpture moderne est à côté du pavillon Sully (ou de l’Horloge), et l’entrée du musée de la sculpture grecque et romaine est sous le vestibule du même pavillon. Toutefois ce musée a une autre porte ouverte au delà de la cour du Louvre entre les pavillons Daru et Mollien.

Pour les salles du premier étage, l’entrée la plus fréquentée est par l’escalier placé à gauche du pavillon de l’Horloge. Cet escalier mène à la galerie Lacaze, par laquelle on arrive à la galerie d’Apollon, qui donne accès sur le salon carré du musée de peinture. C’est également par le pavillon de l’Horloge qu’on arrive au musée des dessins, qui tourne autour de la cour, aboutit au musée des objets d’art, après lequel on rencontre l’escalier qui redescend au musée assyrien. Un escalier analogue, placé au fond du musée égyptien, aboutit d’un côté au musée oriental (ancien musée des souverains) et de l’autre au musée des antiquités au bout duquel on retrouve la galerie Lacaze et la galerie d’Apollon.

Les curiosités artistiques de Paris

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