Читать книгу Poèmes - Renée Vivien - Страница 22

L’Odeur des Vignes

Оглавление

Table des matières

L’ODEUR des vignes monte en un souffle d’ivresse:

La pesante douceur des vendanges oppresse

La paix, la longue paix des automnes sereins.

Voici le champ, meurtri par les longues cultures,

L’enclos tiède, où le fruit livre ses grappes mûres,

Comme une femme offrant l’ambre de ses deux seins.

Un spectre de Bacchante erre parmi les treilles.

Sa rouge chevelure et ses lèvres vermeilles,

Ses paupières de pourpre aux replis somptueux,

Brûlent du flamboiement des anciennes luxures,

Et, dévoilant sa chair aux sanglantes morsures,

Elle chante à grands cris le vin voluptueux.

Les baisers sans amour sur les lèvres stupides,

Les regards vacillants dans le fond des yeux vides

Sortiront, enfiévrés, de l’effort du pressoir.

L’air se peuple déjà de visions profanes,

De festins où fleurit le front des courtisanes...

Les effluves du vin futur troublent le soir...

L’odeur des vignes monte en un souffle d’ivresse:

La pesante douceur des vendanges oppresse

La paix, la longue paix des automnes sereins.

Voici le champ, meurtri par les longues cultures,

L’enclos tiède, où le fruit livre ses grappes mûres,

Comme une femme offrant l’ambre de ses deux seins.

(Études, I, 81; II, 75.)


«Her gentle feet tread down the weeds «And give more place to flowers.»

ELLE écarte en passant les ronces du chemin.

Au geste langoureux et frôleur de sa main

Éclosent blanchement les frêles églantines...

Mais sa chair s’est "blessée à tant d’âpres épines!

J’ai vu saigner ses pieds aux buissons du chemin.

Son lent sourire tombe au sein d’or des corolles.

L’évanouissement de ses vagues paroles

Remplit de bleus échos les jardins d’aconit

Sous les rayons cruels de la lune au zénith.

Son lent sourire tombe au sein d’or des corolles.

Dans l’ombre de ses pas pleurent les liserons...

Le jasmin, diadème aux délicats fleurons,

Cet astre atténué, la chaste primevère,

Parent son front de vierge à la beauté sévère...

Là-bas pleurent d’amour les simples liserons.

Son être, où brûle encor l’ardeur des soifs divines,

S’est blessé trop souvent aux sauvages épines,–

J’ai vu saigner son cœur aux buissons du chemin.

Elle va gravement vers le lourd lendemain,

Inlassable et gardant l’ardeur des soifs divines...

J’ai vu saigner son cœur aux buissons du chemin.

(Études, I, 85; II, 79.)

Poèmes

Подняться наверх