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E n’a jamais esté mon intention de faire imprimer cecy: car il n’a couru &ne court encore que trop de telles fadaises, Que ce ne lait point esté, le long temps qu’il y a que la pluspart en est oubliee du fonds d’un coffre, le peut assez faire enser, y ayant quarante&quatre ans &plus que ces leïpogrammes&la plus-part du reste ont esté batis. Et quelques-uns sans reproche n tesmoigneroient, si le fait estoit l’importance. La raison donc en est, que me trouvant il y a quelque temps touchez deffunct monsieur Estienne avec quatre ou cinq de mes amis, comme on eut tombé sur le propos des vers françois, il dit en avoir d’une sorte qu’on n’avoit point encore veüe,&les vouloit donner au sieur Iannon pour les imprimer,&luy estant demandé quelle il dit que c’estoient vers leïpogrammes. Je dy lors, qu’il y avoit long temps que je m’estois adonné à ceste sorte de vers,&que j’avoy creu que personne ne l’eust essayee que moy,&sur le chap luy en recitay quelques-uns: puis le priant de me monstrer ceux qu’il avoit, je trouvay que d’estoiet les miens mesmes qu’il disoit avoir eus d’un que je ne nommeray pas, pource qu’il est mort, Auquel il me souvint les avoir prestez il y avoit fort long temps. Et combien que je priasse ledict sieur Estienne de ne les publier point, pour le peu de faict que c’estoit, il y persista plus pour la nouveauté, que pour autre raison que il eust (à ce que je croy) de le faire. Je le pressay donc de superceder tant que je les eusse reueus, avec promesse de les luy bailler pour en faire a, sa volonté. Ce que j’eusse fait incontinent après, sans son decés. Depuis, m’ayant ledict sieur Iannon sollicité de ma promesse, je m’y laisse emporter, les hazardant à la mer des humeurs d’un chacun. Mais source que le livre eust esté trop petit, pour le grossir, me servant de la mesme raison de la nouveauté, j’y ay adiousté quelques sestines, tirees par cy par là d’un plus gros ouvrage, dót la structure n’est gueres moins difficile que celle des leïpogrammes. Te priant de ne me blasmer pour le sujet qui est de follies l’amour, qui lors qu’elles furent composees estoit excusable, si excuse y eschet: car c’est seulement pour la rareté du poëme, peu se trouvans qui l’ayent encore tenté en nostre langue. Puis me voyãt si avant en mes nouveautez, pour la troisiesme j’y ay encore cousu la nouvelle façon des vers mesurés, d’aucuns hayë&reprouvee d’autres admiree&non approuvee, mais de fort peu loüee, tentee&essayee. Entre lesquels, après ce peu, mais de très-excellens que nous en ont laissé Jodelle &Passerat, nul ne l’a si heureusement traictee que feu monsieur Rapin. Celuy seul qui m’a le plus incité&enfin persuadé de me remettre à ceste façon de vers. que j’avoy plus de trente cinq ans sont, delaissee. Et pour la fin, pour monstrer que je ne suis pas entierement extravagãt, je te presente quelque chose de la façon accoustumee, que je souhaitte au moins trouver grace envers roy, avec ce peu d’essay d’Epigrammes latins, aussi peu considerables, après tant de si excellés de nostre temps comme les françois, apres ceux de tant de rares esprits. Que si quelcun qui le merite peut estre mieux que moy, me veut donner le nom qu’on donne à ceste heure aux faiseurs de livres, encore qu’il n’en face point; qu’il considere que je l’ay donc sans en avoir eu dessein. Mais pour le moins est-ce contentement à mon esprit, qu’à personne ne nuira ceeste façon d’escrire, qui n’embroüille point les cerveaux de douteuse creance, comme sont tant d’escrits en la Théologie, ne tue&n’estropie point les Corps humains, comme tant en Medecine,&ne ruine point les maisons& les biens, comme tant en droict: des trois sortes desquels la terre est pour le iourd’ huy grandement abusee, infectee, &ravagee. Adieu.

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