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ABRICOT (pron. a-bri-ko), fruit de l’armeniaca vulgaris. Du grec ὰδρος, délicat; de l’ancien latin aperitum, parce qu’il s’ouvre facilement; du celt. abriquesen, abricoden, de abred, précoce.

All., abrikose; angl., apricot; esp., albaricoque; ital., meliaca.

Mais comment de la greffe expliquer le mystère?

Comment l’arbre, adoptant une plante étrangère,

Peut-il, fertilisé par ces heureux liens,

Former des fleurs, des fruits qui ne sont pas les siens?

L’abricotier paraît être originaire d’Arménie; quelques naturalistes prétendent en avoir observé de sauvages en Europe, sur les collines du Piémont, et en Provence.

Tournefort avait placé cet arbre dans la famille des drupacées; Linné l’a rapporté au genre prunier, et depuis lors il y est resté.

L’abricotier a besoin d’être greffé ; sans cette précaution son fruit est amer comme celui que donne l’arbre à l’état sauvage.

L’abricotier ne s’élève pas très-haut, il est susceptible de venir en espalier. Sa fleur est d’un blanc d’albâtre; elle s’ouvre le matin avec le soleil, le soir elle est fanée; la gelée a peu d’action sur elle, si elle n’est pas épanouie.

L’abricot est un fruit charnu, arrondi, tirant sur le jaune, couvert d’un duvet plus ou moins abondant, marqué dans sa longueur d’un sillon profond; il contient un noyau renfermant une amande qui jouit des propriétés de l’amande amère (amygdala amara). Il existe beaucoup de variétés de ce fruit; elles diffèrent par la couleur, la saveur et la grosseur.

Pour que l’abricot soit bon, il faut qu’il soit cueilli ni trop vert ni trop mûr, et ce point est extrêmement éphémère; sa chair est fondante, d’un parfum et d’un goût agréables. On le mange cru ou cuit, en confiture, en marmelade, confit à l’eau-de-vie. Les pâtes d’abricot d’Auvergne sont très-estimées.

Ce fruit contient du sucre, du parenchyme, un principe aromatique, des acides végétaux; l’amande contenue dans le noyau donne par expression une huile fixe, que l’on peut manger en salade. Si l’on distille le résidu ou tourteau avec de l’eau, on obtiendra une huile volatile très-aromatique, et de l’acide prussique, qui est un violent poison.

Le bois de l’abricotier est susceptible de prendre un très-beau poli; les menuisiers s’en servent pour faire des rabots et autres instruments.

ABSINTHE, absinthium vulgare. De α priv. et ψɩνθος, douceur; herbe amère. Autrefois on l’écrivait absince et apsinthe.

All., wermuth; angl., wormwool; esp., agenjo; ital., assenzio.

Sa femme cependant, de cent frayeurs atteinte,

Boit chez elle à longs traits et le fiel et l’absinthe.

L’absinthe, absinthion, ou herbe amère de Dioscoride, est une plante herbacée vivace, qui croit dans presque tous les climats; elle préfère cependant les pays froids, les terrains arides et les montagnes. Les botanistes l’ont rangée dans les synanthérées.

Cette plante est haute d’un mètre, rameuse, cotonneuse; les feuilles sont bi- et tripinnatifides, molles, et d’un vert argenté.

Les fleurs sont petites, globuleuses, jaunâtres, panachées, en petites grappes axillaires; le calice est à folioles scarieuses; toute la plante a une odeur particulière très-forte et presque nauséeuse; son amertume est telle, qu’elle est passée en proverbe.

Les Grecs et les Romains ont célébré les vertus de cette plante; de nos jours on l’emploie en infusion comme tonique, ou on en prépare une liqueur qui est très-recherchée comme apéritive. L’amertume de l’absinthe se transmet au lait, au sang et à l’urine des animaux qui en font usage.

Cette plante contient une huile essentielle verte, un alcaloïde, une matière résineuse, des sels de potasse. On croit généralement dans le peuple que l’absinthe est une panacée propre à guérir toutes les indispositions; ce préjugé était encore plus grand chez les anciens, car ils rangeaient cette plante parmi les contre-poisons minéraux. Au moyen âge on disait:

Prêt à vous embarquer, buvez du vin d’absinthe,

Si du vomissement vous redoutez l’atteinte.

De chasser les serpents l’absinthe a la vertu;

Elle émousse les traits du poison qu’on a bu;

Elle est fortifiante, et dans les sons d’oreilles,

Unie au fiel de bœuf, elle fait des merveilles.

ACACIA (pron, a-ka-sia), acacia. De αϰὴ, pointe, αϰɩος, non sujet aux vers.

All., acacienbaum; angl., the acacia; esp., acacia.

Sous l’acacia léger j’aurais placé Delille.

L’acacia est de la famille des légumineuses, sous-ordre des mimiosées.

Le premier pied d’acacia, ou plutôt de robinier, qui fut introduit en Europe, fut planté à Bruxelles dans le jardin de l’Archiduc, annexé aujourd’hui à l’établissement scientifique créé par le laborieux Dekin. Ce fut Jean Robin, professeur de botanique à Paris, qui le rapporta d’Asie, au commencement du dix-septième siècle. Cet arbre ou arbrisseau est armé d’aiguillons; ses feuilles sont simples, composées ou décomposées, stipulées; les fleurs sont sessiles, bractéolées, jaunes, blanches, rouges ou verdâtres.

Cet arbre a parfaitement réussi en France, où il fait l’ornement de nos promenades.

L’acacia, en déployant dans nos bocages son ombre légère, ses fleurs odorantes et sa fraîche verdure, semble y prolonger le printemps; le rossignol aime à lui confier son nid, car les longues épines dont les tiges de cet arbre sont armées protègent ses petits contre la main qui voudrait les lui ravir. L’acacia est d’une grande sensibilité, et dès qu’un nuage passe au-dessus de lui, on le voit fermer son feuillage, en sorte que l’eau glisse sur lui sans laisser de traces.

Les Sauvages de l’Amérique ont consacré cet arbre au génie des chastes amours; leurs arcs sont faits de son bois, leurs flèches sont armées de ses épines.

Les fleurs de l’acacia se mangent cuites avec des œufs, en beignets, en omelette; elles leur communiquent une odeur et une saveur très-agréables.

L’acacia se dépouille de ses feuilles à la fin de l’été ; et c’est à la vue de ses feuilles jaunissantes que le poëte mourant s’écriait:

Bois que j’aime, adieu! je succombe.

Votre deuil me prédit mon sort,

Et dans chaque feuille qui tombe

Je lis un présage de mort.

AIL (pron. a-ie), allium sativum. Du grec αγλαɩ́θες, qui signifie tête d’ail; du celtique all, chaud, piquant.

All., knoblauch.; angl., garlic; esp., ajo; ital., aglio.

L’ail est une plante herbacée, bulbeuse, de la famille des asphodèles dont l’oignon, d’une odeur et d’un goût piquant et fort, se compose de plusieurs petites gousses réunies sous une enveloppe commune; ces petites gousses ou bulbes se nomment caïeux.

L’ail est journellement employé comme stimulant des organes digestifs, ou comme correctif et adjuvant des mets fades. Il ne convient pas à tous les estomacs; aussi ce serait à tort que les personnes faibles, débiles et délicates en feraient usage; il a de plus l’inconvénient de donner une odeur forte, persistante à l’haleine, à la sueur, à l’urine et aux plaies.

On fait beaucoup usage d’ail en Provence, en Bourgogne. Les paysans du Berry en frottent la croûte de leur pain. Les Egyptiens l’ont adoré.

Dans le bas Poitou, on cultive une quantité prodigieuse d’aulx et d’oignons, et ils y sont monstrueux parla grosseur.

L’ail pris en excès est narcotique et stupéfiant; il plonge dans une sorte d’ivresse, analogue à celle que produit l’opium; employé à petite dose, c’est un excellent condiment. Il donne au pot-au-feu un très-bon goût, relève le gigot de mouton, et rehausse la plupart de nos ragoûts; l’aïoli, la brandade sont des mets dont l’ail est la base.

Cette plante contient du mucilage, du sucre, du soufre, une huile volatile âcre, très-odorante, des sels de chaux; elle passe pour antiputride.

ALBE, ablet, ablette (de albus, albe), Cyprinus alburnus.

Esp., breca.

L’albe est un poisson blanc, très-commun dans les eaux douces de l’Europe; ses écailles sont argentées, vives et brillantes.

C’est avec les écailles, et même avec la membrane qui enveloppe tout le corps et le péritoine de ce poisson, qu’on obtient, à l’aide dé l’ammoniaque, l’essence d’Orient, employée pour colorer les perles fines.

Certains poissons sont pourvus, comme les oiseaux, d’une glande huileuse qui enduit leurs écailles et les défend de l’action relâchante de l’eau; l’albe est dans ce cas. Cette glande est placée sur la tête, de manière que la seule action de nager fait glisser l’huile sur les écailles et les enduit entièrement. La chair de l’albe est peu estimée; elle est blanche, molle, et remplie d’arêtes.

ALISE (pron. a-lize), fruit du cratægus torminalis.

All., elsbeere; angl., the fruit of the lote-tree; esp., majuela; ital., frutto del loto.

Il tremble au moindre souffle, ou contre la tempête

Raidit son tronc noueux et sa robuste tête.

L’alisier, ou alizier, est originaire de l’Europe. Il est du genre de plantes de la famille des pomacées; il habite les bois, il y acquiert de grandes proportions de hauteur, ou bien il reste simple arbrisseau. Son feuillage est d’un beau vert; il s’agite au moindre zéphyr. Les oiseaux aiment à y déposer leurs nids; aussi le poëte a dit:

Mais pour défendre leurs travaux

Des tristes effets de l’orage,

Les bois étendent leurs rameaux

Et les couvrent d’un vert feuillage.

On distingue en France plusieurs variétés d’alisier. L’alisier allouchier, dont les fruits sont pourpres et bons à manger; l’alisier de Fontainebleau, à fruits d’un rouge jaunâtre, servant à faire du cidre; et l’alisier commun, dont les fruits, d’une couleur orange, ne se mangent que blets.

Les alises se rapprochent beaucoup des nèfles; on les mange en hiver, lorsqu’elles sont parfaitement mûres et blettes. On en fait fermenter avec de l’eau, pour obtenir une boisson saine et agréable; cette boisson, par la distillation, donne de l’alcool. L’alisier est très-commun en Afrique. Pline dit que le fruit de cet arbre y servit de subsistance à des armées; que les Lotophages n’avaient que lui pour nourriture.

On lit, dans Homère, que les compagnons d’Ulysse furent si charmés de la douceur et de la bonté du fruit de l’alisier, qu’ils aimèrent mieux rester chez les Syrtes que de retourner dans leur pays.

Les poules sont très-friandes d’alises; elles deviennent grasses et fermes par cette alimentation.

On dessèche les alises pour en faire une poudre qui, mêlée à de la farine, peut faire un pain très-bon à employer dans les moments de disette.

L’alise est astringente; elle arrête la diarrhée. Elle contient du tannin, de l’amidon, du sucre et des acides végétaux.

Le bois de l’alisier est blanc, très-liant et tenace; il est recherché des tourneurs; les menuisiers s’en servent pour monter leurs outils; les luthiers en font des flûtes et des fifres.

ALOSE, clupea alosa.

On dérive ce mot du grec αλς, qui signifie sel, parce qu’on prétend que ce poisson suit les bateaux qui portent cette substance d’un port à l’autre. Il faudrait supposer que ce poisson aime le sel.

All., alse; angl., shad-fisch; esp. et it., alosa.

L’alose est un poisson d’Europe; on la trouve dans les fleuves; elle nous vient tous les ans de l’Océan Atlantique septentrional, de la mer Méditerranée et de la mer Caspienne. Elle se nourrit de vers, d’insectes et de petits poissons.

Ce poisson est du genre clupéide. On le mange pendant les mois d’avril et de mai; on le pêche au tramail; il meurt aussitôt qu’on l’a tiré de l’eau. Les Russes le considèrent comme malsain; ils le rejettent de leurs filets.

La chair de l’alose est délicate et savoureuse; elle se mange cuite au court-bouillon, à l’étuvée, sur le gril, avec une farce à l’oseille. Les œufs et la laitance de ce poisson sont fort estimés des Indiens; ils en font un grand commerce avec l’Egypte.

ALOUETTE (pron. a-lu-et), anciennement alou. Les Latins en ont fait alauda, galerita, alaudetta; du celt., al, qui signifie s’élever; chwedl, chant; allwedez, qui s’élève en chantant. Les Grecs la nommaient ϰoρυδαλòς. Alauda arvensis.

All., lerche; angl., alark; esp., alondra; ital., allodola.

Il module sa voix, il s’émeut, il soupire,

Il nous fait partager ses doux ravissements;

On voit à ses accords renaître le printemps,

Et la reine des fleurs, reprenant son empire,

Semble s’ouvrir à ses accents.

L’alouette est de l’ordre des passereaux, de la famille des alaudinées, propre à l’Europe, l’Inde et l’Afrique. C’est un oiseau gros comme un moineau, dont un des caractères principaux est d’avoir un éperon ou ongle de derrière très-long, ce qui lui donne beaucoup de facilité pour courir dans les terres labourées, la base des pieds étant plus large.

On distingue de nombreuses espèces d’alouettes: alouette des bois, des prés, de buisson, de champs, de bruyères, de mer, ou alouette huppée, crêtée, babillarde, fredonnante, frétillante, joyeuse, éveillée, amoureuse, matineuse, printanière.

Jules César, qui observait la nature en conquérant, comparait l’alouette huppée au soldat gaulois, qui, la tête couverte d’un casque et vêtu d’un habit court, paraissait toujours leste, hardi et joyeux; il composa même une légion de Gaulois à laquelle il donna le nom d’Alouette; cette légion le servit si bien dans les guerres civiles, qu’il donna le droit de citoyen romain à chaque légionnaire.

L’alouette s’apprivoise peu; elle n’est jolie qu’en liberté ; sa nourriture est végétale et animale. Un poëte a dit quelque part que:

L’oiseau, mieux que nous tous, sans effort est poëte!

Et dans sa moindre note, au charme séducteur,

Mieux qu’Arnaud, qu’Hérion, il est compositeur!

Et, en effet, l’alouette est un des oiseaux d’Europe qui a le gosier le mieux organisé.

L’alouette femelle ne chante pas, parce qu’étant destinée à rester sur la couvée, ce talent pourrait devenir funeste à ses petits en attirant les chasseurs ou ses ennemis; cette prévoyance de la nature se rencontre chez la plupart des oiseaux. Le mâle, au contraire, se fait entendre dans la belle saison, plus particulièrement le matin et le soir; plus cet oiseau s’élève dans les airs, plus il force la voix pour être entendu de quelques femelles; il redescend avec rapidité :

Il se tait; son silence exprime le plaisir.

Mais tout à coup, plein d’une douce ivresse,

Il vole vers le ciel, y chante la tendresse,

Et redescend pour en jouir.

La femelle de l’alouette fait trois pontes dans l’année; elle place son nid entre deux mottes de terre ou de gazon. Cet oiseau ne se perche jamais. La chair de l’alouette est brune, ferme, délicate, succulente, riche en osmazôme, facile à digérer; elle se mange rôtie. Le pâté d’alouettes fut mis à la mode par Louis XV, qui était un connaisseur en bonnes choses.

L’alouette se prend surtout au moment des neiges, au filet, au collet, à la glu, au miroir.

AMANDE (pron. amand), fruit de l’Amygdalus communis. Du grec ὰμυγδαλεα.

All., mandelin; angl., almondtree; esp., almendra; ital., mandorlo; port., amendo.

L’amandier est de la tribu des drupacées, dans la famille des rosacées, qui fait partie de la sous-classe des caliciflores, parmi les plantes dicotylédones.

Pauvre amandier, ta vaine erreur

Ne fut pas de longue durée;

Hélas! un souffle de Borée

Emporte tes fruits et ta fleur.

L’amandier est originaire de l’Afrique septentrionale. De tous nos arbres fruitiers, c’est celui qui fleurit le premier; ses feuilles ne poussent que longtemps après la floraison. Cet arbre s’élève à 8 ou 10 mètres de hauteur; son tronc est raboteux et couvert d’une écorce cendrée. L’amandier commun contient deux variétés: l’amandier à amandes douces et l’amandier à amandes amères.

Les amandes doivent être choisies entières, bien nourries, sèches, blanches et cassantes, et on rejette celles qui sont molles, pliantes et transparentes; on doit les garder dans un lieu sec, les cribler de temps en temps.

Les amandes douces contiennent du sucre, de l’huile fine, un principe aromatique, de l’albumine. On en extrait l’huile de ce nom; on en fait des gâteaux, un sirop, des bonbons; les amandes dites princesses, ou à coquilles tendres, entrent dans les quatre-mendiants. Pilée avec de l’eau,

L’amande, de sa peau par ses mains dépouillée,

Change son suc exquis en lait délicieux;

Sa douceur plaît au goût et sa blancheur aux yeux.

Les amandes amères sont fournies par l’amandier commis; on ne les emploie que pour remonter la saveur des préparations dont l’amande douce est la base. Cette amande est un poison pour les animaux, les poules surtout; elle ne laisse pas que d’être nuisible à l’homme.

Le médecin Drusus, grand buveur, au rapport de Plutarque, prenait, à chaque verre, quelques-uns de ces fruits pour apaiser les fumées du vin. L’amande amère donne par expression une huile qui est douce, sans odeur particulière; l’odeur ne se développe que lorsqu’on ajoute de l’eau au tourteau; si l’on distille ce mélange, on obtient de l’huile essentielle, et une eau aromatique, qui contiendra de l’acide prussique.

L’enveloppe qui recouvre les péricarpes de ce fruit contient du tannin, un principe colorant brun, du ligneux, des traces d’albumine.

Ménage, dans sa définition des mots, dérive le mot amygdalus du grec αμυγμα, gerçure; parce que la première enveloppe de ce fruit s’ouvre en deux, lorsque les péricarpes sont arrivés à leur degré de maturité ; cette première enveloppe n’a pu trouver d’emploi dans le commerce; elle fournit par la combustion une grande quantité de potasse.

Le tronc de l’amandier, ainsi que ses tiges, laissent découler une gomme très-employée dans la chapellerie. Le bois de cet arbre a les veines et presque la couleur du bois de rose; sa dureté est excessive, il est susceptible d’un très-beau poli. Ces qualités le mettent au-dessus du noyer et même de l’acajou, qu’il remplacerait avantageusement dans les petits ouvrages d’ébénisterie et de tour, s’il n’avait pas le malheur d’être indigène.

L’amandier est l’emblème de l’étourderie, parce qu’il répond le premier à l’appel du printemps. Rien n’est plus frais ni plus beau que cet arbre, lorsqu’il paraît, dans les premiers jours de mars, couvert de fleurs, au milieu de nos bosquets encore dépouillés. Les gelées tardives détruisent souvent les germes trop précoces de ses fruits; mais, par un effet assez singulier, loin de faner ses fleurs, elles semblent leur donner un nouvel éclat.

La table donne à cet arbre une touchante origine; elle raconte que Démophon, fils de Thésée et de Phèdre, fut jeté par une tempête, en revenant du siège de Troie, sur les côtes de Thrace, où régnait alors la belle Phyllis. Cette jeune reine accueillit le prince, s’éprit d’amour pour lui et en fit son époux.

Rappelé à Athènes par la mort de son père, Démophon promit à Phyllis de revenir dans un mois, et il fixa le moment de son retour. La tendre Phyllis compta toutes les minutes de l’absence; enfin, le jour tant désiré arriva: Phyllis courut neuf fois au rivage; mais, ayant perdu tout espoir, elle y tomba morte de douleur, et fut changée en amandier.

ANANAS (pron. a-na-na), ananas aculeatus.

All., angl., ital., ananas; esp., anana.

Les vrais plaisirs sont ceux que l’on doit à soi-même,

Et les fruits les plus doux sont les fruits que l’on sème.

En France, les ananas font exception, car celui qui les cultive et qui passe les nuits à les surveiller n’y goûte jamais; il les réserve pour des tables plus somptueuses que la sienne.

L’ananas est une plante exotique, unilobée, qui a de très-grands rapports avec les agaves et les caragates. Il pousse naturellement et sans culture dans l’Amérique méridionale, dans les Indes orientales et en Afrique. Chez nous, on l’élève dans des serres où règne toujours une température de 30 à 40 degrés; aussi nous ne pouvons dire comme le poëte insulaire:

... Tantôt un ananas qui sort du sein des herbes

Rassemble autour de lui ces convives superbes.

Il existe plusieurs variétés d’ananas; elles diffèrent entre elles par la grosseur et la couleur du fruit.

Les premiers ananas qui parvinrent à maturité en France furent mangés en 1733 par Louis XV. Leur culture est très-dispendieuse, il leur faut des soins tout particuliers. On peut suivre les indications suivantes:

Choisissez une planche à l’abri de Borée

Et toujours à midi du soleil éclairée.

Là, sous un peu de terre, heureux berceau des fleurs,

D’une paille fumante enfermez les vapeurs.

La semence, en ce lieu bientôt développée,

Prend l’hiver pour l’été, par la chaleur trompée,

Et sans crainte confie aux rayons caressants

Sa tige frêle encore et ses boutons naissants.

La chair de l’ananas est plus agréable à l’odorat qu’au goût; elle est un peu fibreuse: le père Dutertre dit qu’elle se fond en eau, et qu’elle est si savoureuse qu’on y trouve l’arome de la pêche, de la pomme, du coing et du muscat.

On confit ce fruit au sucre pour en faire des bonbons, des sirops, des gelées, des glaces; fermenté, il donne un vin abondant et délicat.

L’ananas excite les fonctions digestives, sans produire d’échauffement; il a cependant l’inconvénient de faire saigner les gencives. Les Indiens le mangent avec du sel; ils prétendent que sans cette précaution il donne la fièvre.

L’ananas contient du sucre, de la pectine, de l’acide malique, un peu d’acide citrique, un principe huileux aromatique, du parenchyme. Les feuilles de l’ananas sont longues, dures, épineuses; on peut en faire un tissu, du papier, des cordages.

ANCHOIS (pron. an-sciva), clupea encrasicolus. Les Grecs l’ont appelé εγϰρασɩχoλoς, parce qu’il a le fiel dans la tête; ou λυϰòςoμoς, parce qu’ils prétendaient qu’il avait la gueule fendue comme celle du loup.

All., anschove; angl., anchovy; esp., anchoa; ital., accuiga.

L’anchois est du genre de la famille des clupéoïdes; il ne dépasse guère 10 à 11 centimètres. Il est très-abondant dans toutes les mers des régions tempérées de l’Europe, surtout dans la Méditerranée et sur les côtes d’Espagne où l’on en fait des pêches nombreuses et productives pour le commerce de l’exportation; ce poisson se pêche au flambeau, avec des filets nommés rissoles.

Ce petit poisson est remarquable par une sorte de transparence qui n’est interrompue qu’à l’endroit de l’épine; sa bouche est très-grande. Les anchois, de même que les sardines, vivent en société et nagent en troupe serrée.

Les Grecs et les Latins faisaient avec l’anchois fondu et liquéfié dans la saumure, une sauce qu’ils nommaient garum, et à laquelle ils-ajoutaient l’épithète de très-précieuse.

L’anchois se pêche à la fin de l’hiver; dès qu’il est pris, on lui coupe la tête que l’on dit très-amère. Les pêcheurs mangent ce poisson frais et grillé ; les Italiens, les Espagnols le préfèrent salé. C’est un condiment recherché, mars qui ne convient pas aux personnes lymphatiques.

Les anchois qui nous viennent de Bayoone et de la côte d’Espagne sont les plus gros; ceux de Provence sont les plus délicats.

ANE (pron. ân), asinus. Du celt. asen, dont on a fait asne, qu’on écrit aujourd’hui âne.

All., esel; angl., blockhead; esp., asno; ital., asino.

Moins vif, moins valeureux, moins beau que le cheval,

L’âne est son suppléant, et non pas son rival;

Il laisse au fier coursier sa superbe encolure,

Et son riche harnais, et sa brillante allure.

L’âne est un mammifère quadrupède du genre cheval; il paraît être originaire de l’Arabie et avoir passé de cette contrée en Egypte, et d’Egypte en Grèce, de là en Italie, puis en France, en Allemagne, en Angleterre, et enfin en Suède. Cet animal est connu par plusieurs défauts et par plusieurs qualités; de tous nos animaux domestiques il est le plus dédaigné, et cependant il est un des plus utiles, car:

L’âne, chaque jour, apporte sur son dos,

Dans le sein des cités, les tributs des hameaux.

L’âne est sobre, infatigable et très-entêté ; il vit de quinze à vingt ans.

On mangeait anciennement la chair de cet animal, surtout celle de l’ânon sauvage ou onagre jeune.

Les Perses regardaient la chair de l’âne comme un mets délicat; les Romains, au dire de Pline, l’estimaient à un haut prix; Mécène en faisait sa nourriture favorite; le chevalier Duprat engraissait des ânons pour sa table. Les Arabes et les Tartares nomades en font encore de nos jours un grand cas.

En Russie, les côtes fumées de cet animal sont un mets estimé ; sa chair entre dans la composition de plusieurs saucissons.

La chair de l’âne est rouge, fibreuse, aromatique, chargée d’osmazôme; elle est si dure qu’elle est chez nous passée en proverbe.

La peau de cet animal sert à faire des cribles, des tambours. Les os étaient très-recherchés des anciens pour faire des flûtes; ils leur attribuaient plus de sonorité.

ANGÉLIQUE, angelica archangelica. Du latin angelus, ange; et du grec αγγελoς, par allusion aux vertus médicinales qu’on lui attribuait.

All., brustwurz; angi., ital., esp., angelica.

L’angélique est une plante bisannuelle, originaire de la Syrie; elle pousse abondamment en Laponie, en Norwège, et dans toutes les terres grasses et humides de l’Europe; on l’a rangée parmi les ombellifères.

L’angélique a une tige haute d’un mètre et demi, charnue, chargée de nombreuses feuilles ailées. Toute la plante contient une grande quantité d’huile essentielle aromatique qu’on peut retirer par la distillation.

On confit au sucre les jeunes tiges de cette plante; les semences entrent dans la composition des bonbons, des liqueurs et de plusieurs médicaments. La racine d’angélique, que l’on nomme aussi racine du Saint-Esprit, jouit de propriétés excitantes et stomachiques; elle s’emploie aux mêmes usages.

ANGUILLE (pron. an-ghiglie), muræna angilla.

All., aal; angl., an-eel; esp., anguila; ital., anguilla.

La nature de l’anguille n’est pas bien connue: est-elle ovipare ou vivipare, telle est encore la question à résoudre. Quelques naturalistes ont prétendu que l’anguille était une espèce de serpent d’eau.

Aristote croyait que ce poisson n’avait pas de sexe, et se produisait spontanément par la transformation de petits vers, qu’il appelle les intestins de la terre. Le fait est qu’il pullule subitement et d’une manière fabuleuse dans certaines circonstances, et notamment pendant les inondations, où il remplit les nasses et les filets; on en a vu prendre jusqu’à 50,000 kilogrammes à la fois.

L’anguille est du genre murène; elle a la forme d’un serpent, sa peau est extrêmement gluante; elle se trouve dans les eaux douces. L’anguille de Seine est très-estimée; on la pêche au printemps et à l’automne. Une loi défendait aux Juifs de manger des poissons sans écailles: l’anguille était de ce nombre; aujourd’hui ils peuvent lever leurs scrupules sur cette interdiction, car il est reconnu que la peau de ce poisson est couverte d’écaillés, seulement visibles au microscope. Une loi de Numa faisait aux Romains la même défense; il est probable que cette prohibition avait pour motif la nature indigeste de cette nourriture.

La chair de l’anguille est molle, blanche, tendre, agréable, indigeste, surtout lorsqu’elle est chargée de graisse ou qu’elle n’est pas parfaitement cuite. Les individus cachectiques, disposés aux affections muqueuses, atteints de quelques maladies cutanées, doivent s’en abstenir.

On mange l’anguille grillée, fortementassaisonnée de moutarde, bouillie ou cuite à l’étuvée; on la sale, elle devient alors d’une digestion plus facile.

L’anguille était une divinité chez les Egyptiens. Un conte de La Fontaine a rendu proverbial le pâté d’anguille, et tout le monde connaît, au moins de nom, les anguilles de Melun, qui ont la réputation de crier avant qu’on les écorche. Voici l’origine de ce dicton.

Dans un mystère, joué à Melun au moyen âge, un bourgeois de la ville, nommé l’Anguille, remplissant le rôle de saint Barthélemi, que le bourreau devait faire semblant d’exécuter, se mit à pousser de grands cris avant que celui-ci eût fait mine de le toucher, ce qui causa une hilarité si grande, que les spectateurs, venus de loin, répandirent dans toute la France l’aventure de l’Anguille de Melun, qui resta proverbiale.

Les anciens étaient très-observateurs de l’aphorisme suivant, qui est encore bon à suivre aujourd’hui:

L’anguille est à la voix un mets défavorable,

La physique en fournit raison bonne et valable;

Le fromage avec elle augmente le danger;

Bois donc, bois et rebois, si tu veux en manger.

Dans le peuple on conserve précieusement la peau de ce poisson pour s’en servir contre les foulures et les entorses; nous pouvons affirmer qu’elle n’a aucune propriété thérapeutique; une bande de toile ou de sparadrap a la même action.

ANIS (pron. a-ni), anisum pimpinella. Du grec ὰνɩσoν.

All., esp., ital., anis; angl., anise.

L’anis est une plante d’Europe. On le cultive en grand en Touraine, en Espagne; il est de la famille des ombellifères. C’est une herbacée dont toutes les parties sont très-aromatiques; on en retire, par la distillation, une huile essentielle très-employée par le pharmacien, le parfumeur et le distillateur.

Le fruit, improprement nommé semence, est gros comme deux têtes d’épingles, allongé, pédiculé, vert, sillonné ; il est aromatique et légèrement sucré. La semence d’anis entre dans la composition de beaucoup de substances alimentaires ou de liqueurs de table; on en met dans le pain d’épice, dans les bonbons; les habitants du Nord en font une grande consommation.

La graine d’anis est digestive, antiventeuse, tonique; infusée dans l’eau, elle forme un thé très-apprécié.

L’anis, bon cordial, rend la vision claire;

L’anis, quand il est doux, fait au mieux et sait plaire.

L’huile essentielle d’anis se solidifie par le froid sous la forme de cristaux, ce qui lui fait donner le nom de stéaroptène d’anis; on l’emploie dans la fabrication des liqueurs.

ANIS ÉTOILÉ (pron. a-ni), badiane, illicium anisatum.

All., sternanies; angl., indian anise; esp., anis de la China; ital., anice stellato.

L’anis étoilé est un arbrisseau toujours vert, de la famille des magnoliacées, originaire de la Chine et de la Tartarie; il est haut de trois mètres; son port ressemble beaucoup à celui du laurier.

Les Chinois et les Japonais regardent la badiane comme une plante sacrée; ils en brûlent les branches sur le tombeau de leurs parents, ou en remplissent des cylindres de fer ou on met le feu. Le fruit est une capsule multiloculaire en forme d’étoile, qui renferme une huile volatile plus abondante, et peut-être plus active que celle de l’anis.

La graine de badiane est stomachique, prise en infusion dans l’eau; elle facilite la digestion et agit comme antiventeuse; elle entre dans l’absinthe, l’anisette et plusieurs autres liqueurs. L’huile essentielle d’anis cristallise par le refroidissement.

ARROCHE. Bonne-dame, belle-dame, follette. Atriplex hortensis.

All., melde; esp., armuelle; ital., atrepice.

L’arroche croît principalement dans les terrains maritimes et sablonneux; elle est herbacée, annuelle, et de la famille des chénopodées.

On mange cette plante comme les épinards, l’oseille, le pourpier; on en met aussi dans certains potages. L’arroche est peu nourrissante, et peu usitée dans les ménages.

ARROW-ROOT (pron. arô-roûte), nom anglais qui signifie flèche, parce que le suc de la plante passe pour guérir la blessure des flèches empoisonnées.

La fécule anglaise que l’on vend dans le commerce nous vient des possessions anglaises des Antilles et des Indes; elle s’obtient de plusieurs plantes, principalement du maranta arundinacea, plante d’Amérique, et; du maranta indica, plante de l’Inde. L’arrow-root est moins blanche que l’amidon, plus fine et plus douce au toucher, cependant elle craque sous la pression des doigts; elle est presque inodore et insipide; on la trouve quelquefois dans le commerce en morceaux irréguliers. Cette fécule s’obtient de la même manière que la fécule de pomme de terre; elle a les mêmes propriétés et se mange de même. Pour les enfants elle est analeptique, fortifiante et d’une digestion facile.

ARTICHAUT (pron, ar-ti-scho). Du celt., art, épine; chaulx, chou; chou épineux. Cynara hortensis ou scolymus.

All., artischoke; angl., artichoke; esp., alcachofa; ital., carciofo.

La fleur du chardon se carrait

Au milieu des piquants dont sa tige est armée,

Et sans plus de façon, d’elle-même charmée,

A la rose se préférait.

L’artichaut est originaire de l’Europe et de l’Afrique méridionale; c’est un chardon sans épines; les botanistes l’ont placé parmi les synanthérées, et du même ordre que celui qui pousse dans les haies, le long des chemins, et que l’on donne en pâture à ces messieurs dont les vers suivants font mention:

Instruit par un lourdaud, conduit par un bâton,

Sa parure est un bât, son régal un chardon.

L’artichaut est une plante annuelle herbacée, cultivée dans tous les jardins potagers; il y en a plusieurs variétés qui diffèrent par la forme et la couleur du réceptacle écailleux des fleurs. Les feuilles de cette plante sont employées, en médecine, comme antirhumatismales; dans les arts on en fait une teinture noire-marron; par l’analyse on en retire une substance particulière, nommée cynarin, que l’on dit agir comme fébrifuge.

Le réceptacle écailleux, ou cul d’artichaut, est agréable à manger cuit ou cru, à la sauce blanche ou à l’huile et au vinaigre. On peut le conserver pour l’hiver.

ASPERGE, asparagus officinalis. Du grec ασπαραγος, jet tendre.

All., spargel; angl., sperage; esp., esparrago; ital., sparagio.

L’asperge est une plante cultivée dans toute l’Europe, à . cause de ses jeunes pousses vertes, allongées, cylindriques, que l’on nomme bourgeons ou turions.

On connaît trois espèces d’asperges, la grosse, la commune et la sauvage. Elles sont vivaces.

On mange les asperges cuites à l’eau, à l’huile, à la sauce blanche, et assaisonnées à la manière des petits pois; elles sont faciles à digérer; elles ont l’inconvénient de donner à l’urine une odeur infecte, qui plus d’une fois a trahi des dîners illicites. C’est du reste la providence des estomacs débiles et des convalescents. C’est peut-être ici le lieu de parler du tour spirituel que joua le chanoine Rosset à M. Courtois de Quincey, évêque de Belley. Ce prélat était très-grand amateur d’asperges. On vint lui dire un jour qu’une asperge d’une grosseur merveilleuse pointait dans un des carrés du jardin potager; à l’instant toute la société s’y transporta pour vérifier le fait, car, comme dit Brillat-Savarin, dans les palais épiscopaux aussi, on est charmé d’avoir quelque chose à faire.

La nouvelle ne se trouva ni fausse ni exagérée, la plante avait percé la terre et paraissait déjà au-dessus du sol; encore qelques jours, et l’on pourrait venir la couper.

Le jour fortuné arriva; l’évêque, armé d’un long couteau et suivi de toutes les personnes de sa maison, s’avance avec gravité, fléchit un genou, et plonge le couteau officiel dans une terre humide et bien préparée; mais, ô surprise! ô douleur! le prélat se relève, ayant dans la main une asperge de bois. Monseigneur avait presque envie de se fâcher; mais il prit son parti, se mit à rire, et alors l’hilarité devint générale.

Le chanoine Rosset savait tourner le bois, il peignait également bien. Il avait conditionné de tous points la fausse plante, l’avait enfoncée en cachette, et la relevait un peu chaque jour pour imiter la croissance naturelle.

L’asperge contient de l’asparagine, substance neutre blanche, cristalline, inodore, d’une saveur faible; de la chlorophylle, de l’amidon, une huile aromatique, une matière résineuse.

C’est en 1829 que Broussais découvrit que les turions d’asperge avaient une action sédative sur le cœur. La racine de la plante est également employée en médecine comme diurétique.

AUBERGINE, mélongène. Du latin albus, blanc.

Esp., berengena.

Le mélongène ou aubergine est une plante herbacée annuelle, de la famille des solanées. Elle est devenue par la culture une plante potagère; on mange le fruit en salade ou sur le gril.

L’aubergine est originaire de l’Arabie et de l’Inde; on la cultive dans le midi de la France.

Le fruit de l’aubergine a la forme d’un œuf, ou il est allongé comme le concombre; il est blanc, violet, jaune ou rougeâtre; son analyse chimique n’est pas faite.

AVELINE, fruit du noisetier.

Ménage dérive le mot aveline, de avellana, que Servius dit avoir été fait de Avella, village de Campanie, où cet arbre est très-commun.

Les naturalistes ont noté que le noyer, le coudrier, l’olivier, qui se plaisent à végéter près des fleuves, des rivières ou des ruisseaux, ont des fruits façonnés comme des tonneaux, ce qui leur permettrait de naviguer d’une rive à l’autre sans être altérés; la même prudence de la nature se rencontre pour les graines des plantes aquatiques.

AVOINE (pron. a-voan), avena sativa. Du latin aveo, je désire, parce que certains animaux aiment cette graine.

All., haber; angl., aveine; esp. et ital., avena.

L’avoine est une graminée cultivée dans toute l’Europe. Les botanistes en distinguent plusieurs variétés, qui ne diffèrent que par la forme de l’épi et la grosseur du grain; elle est originaire de l’Asie. L’avoine est l’aliment de prédilection des chevaux; les pauvres de la Norwège et de la Suède placent cette céréale au premier rang de leurs plantes alimentaires; les anciens Germains, et encore de nos jours les Suisses en font un abondant usage. L’eau aigrie sur cette semence, forme avec le sucre et un peu de vin blanc, une limonade antiseptique et stimulante; elle fournit un pain peu nutritif et très-désagréable; ou peut en faire de la bière, et, par la distillation, de l’eau-de-vie.

La graine d’avoine mondée de son enveloppe constitue le gruau; le gruau est adoucissant, analeptique, diurétique, très-employé pour faire des poissons,

L’avoine a souvent été analysée; on pense que le principe qui donne de la vigueur et de la force aux chevaux existe dans l’écorce; la fécule qu’elle contient diffère beaucoup de celle du froment.

Physiologie des substances alimentaires

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