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DEUXIÈME PARTIE
LES BAGNES

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I. TRANSPORT AU BAGNE

Pendant longtemps, le transport des condamnés se fit à pied, par étapes, en réunion de forçats dont l'ensemble dépassait quelquefois le nombre de deux cents. On donnait à cette longue série de malfaiteurs le nom de chaîne.

II. LE FERREMENT

Le ferrement des galériens s'effectuait à Bicêtre et se composait d'un collier espèce de carcan dont le boulon était solidement rivé. De ce collier partait un chaînon qui descendait à la ceinture, pour monter de ce point au collier du forçat voisin et ainsi de suite jusqu'à l'extrémité de la colonne, rattachée dans son ensemble au moyen d'une chaîne générale.

III. L'INSTALLATION

Aussitôt que le forçat est rendu à destination, il perd son caractère d'homme; il n'est même plus une chose: un numéro sur la matricule du bagne, et c'est tout. On lui rase la tête, on le dépouille de ses vêtements, que l'on remplace par le costume réglementaire.

IV. LE TROUSSEAU DU FORÇAT

Ce trousseau se compose comme suit: deux chemises de grosse toile écrue.

Le Mouy, veste rouge en étoffe de laine très-commune, sans collet ni bouton.

Deux larges pantalons, soit en étoffes semblables à celle de la veste, soit en toile écrue suivant la saison.

Un bonnet de laine portant le numéro sur une petite plaque de fer-blanc. Ce bonnet est rouge pour les condamnés à temps, vert pour les condamnés à perpétuité.

Une paire de gros souliers ferrés.

Cette garderobe doit durer deux ans.

V. LA CHAÎNE DU FORÇAT

La chaîne du forçat est composée de dix-huit maillons; chaque maillon a 33 centimètres.

Voici comment s'opère l'accouplement. À peine descendu ou plutôt transporté de la voiture cellulaire, le condamné est placé à plat ventre sur la souche, un forçat lui fait plier le genou en lui élevant la jambe jusqu'à la hauteur d'une enclume fixe; un anneau d'acier nommé la manille lui embrasse la jambe, et aussitôt est fermé et rivé par le marteau du ferreur. La chaîne est prise dans la manille. À l'aide d'un anneau de jonction on marie les deux chaînes et on opère l'accouplement ou la mise en couple.

Le condamné revêt une ceinture en cuir à laquelle est attaché un crochet de fer qui supporte une partie de sa chaîne, et la relève le long de la jambe jusqu'à la ceinture.

La double chaîne est une longue et lourde entrave qui attache à son banc l'indocile, le récidiviste ou l'évadé quand il subit un jugement à perpétuité. Cette attache laisse au condamné la faculté de faire quelques pas dans la salle où il vit tout le jour parmi ceux qui subissent la même peine et où il a surtout abondance d'air vital.

Un maillon triangulaire, qu'on nomme martinet, réunit pendant la promenade dans le port qu'on accorde quelquefois plusieurs heures des condamnés de cette catégorie; et la nuit il est fixé au ramas, anneau où aboutissent toutes les chaînes.

Peines, tortures et supplices

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