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CHAPITRE III

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«Nain qui parcourt cette plage,

«Apprends-moi quel est ton nom.

« – L'homme noir du marécage.»


John Leynen.

L'OBJET qui alarma le jeune fermier au milieu de ses protestations de courage fit tressaillir un instant son compagnon, quoique moins superstitieux. La lune, qui s'était levée pendant leur conversation, semblait, suivant l'expression du pays, se disputer avec les nuages à qui régnerait sur l'atmosphère, de sorte que sa lumière douteuse ne se montrait que par instants. Un de ses rayons frappant sur la colonne de granit, dont ils n'étaient pas très éloignés, leur fit apercevoir un être qui paraissait être une créature humaine, quoique d'une taille beaucoup au-dessous de l'ordinaire. Il n'avait pas l'air de vouloir aller plus loin, car il marchait lentement autour de la colonne, s'arrêtait à chaque pierre qu'il rencontrait, semblait l'examiner, et faisait entendre de temps en temps une espèce de murmure sourd, dont il était impossible de comprendre le sens.

Tout cela répondait si bien aux idées qu'Hobby Elliot s'était formées d'une apparition, qu'il s'arrêta à l'instant, sentit ses cheveux se dresser sur sa tête, et dit tout bas à Earnscliff: – C'est la vieille Ailie, c'est elle-même! lui tirerai-je un coup de fusil, en invoquant le nom de Dieu?

– N'en faites rien, pour l'amour du ciel! c'est quelque, malheureux privé de raison.

– Vous la perdez vous-même de vouloir en approcher, dit Hobby en retenant à son tour son compagnon. Nous avons le temps de dire une petite prière avant qu'elle vienne à nous. Ah! si je pouvais m'en rappeler une…; mais elle nous en laisse tout le temps, continua-t-il, devenu plus hardi en voyant le courage de son compagnon, et le peu d'attention que l'esprit accordait à leur approche; elle va clopin clopant comme une poule sur une grille chaude. Croyez-moi, Earnscliff (ajouta-t-il à demi-voix), faisons un détour comme pour mettre le vent contre un daim.

– On n'a de l'eau que jusqu'aux genoux dans la fondrière, et il vaut mieux mauvaise route que mauvaise compagnie.

Malgré ces remontrances, Earnscliff continuait à avancer, et Hobby le suivait malgré lui. Ils se trouvèrent enfin à dix pas de l'objet qu'ils cherchaient à reconnaître. Plus ils en approchaient, plus il leur paraissait décroître, autant que l'obscurité leur permettait de le distinguer. C'était un homme dont la taille n'excédait pas quatre pieds; mais il était presque aussi large que haut, ou plutôt d'une forme sphérique, qui ne pouvait être due qu'à une étrange difformité. Le jeune chasseur appela deux fois cet être extraordinaire sans en recevoir de réponse, et sans faire attention aux efforts que son compagnon faisait continuellement pour l'entraîner d'un autre côté, plutôt que de troubler davantage une créature si singulière: – Qui êtes-vous? Que faites-vous ici à cette heure de la nuit? demanda-t-il une troisième fois. Une voix aigre et discordante répondit enfin: – Passez votre chemin, ne demandez rien à qui ne vous demande rien. Et ces mots, qui firent reculer Elliot à deux pas, firent même tressaillir son compagnon.

– Mais pourquoi êtes-vous si loin de toute habitation? dit Earnscliff. Êtes-vous égaré? suivez-moi, je vous donnerai un logement pour la nuit.

– A Dieu ne plaise! s'écria Hobby involontairement.

J'aimerais mieux loger tout seul dans le fond du gouffre de Tarrass Flow, ajouta-t-il plus bas.

– Passez votre chemin, répéta cet être extraordinaire d'un ton de colère: je n'ai besoin ni de vous ni de votre logement. Il y a cinq ans que ma tête n'a reposé dans l'habitation des hommes; et j'espère qu'elle n'y reposera plus.

– C'est un homme qui a perdu l'esprit, dit Earnscliff.

– Ma foi, dit son superstitieux compagnon, il a quelque chose du vieux Humphry Ettercap, qui périt ici près, il y a justement cinq ans. Mais ce n'est pas là le corps ni la taille d'Humphry.

– Passez votre chemin, répéta l'objet de leur curiosité. L'haleine des hommes empoisonne l'air qui m'entoure. Le son de vos voix me perce le coeur.

– Bon Dieu! dit hobby, faut-il que les morts soient tellement enragés contre les vivants? Sa pauvre âme est sûrement dans la peine.

– Venez avec moi, mon ami, dit Earnscliff, vous paraissez éprouver quelque grande affliction; l'humanité ne me permet pas de vous abandonner ici.

– L'humanité! s'écria le Nain en poussant un éclat de rire ironique, qu'est-ce que ce mot? Vrai lacet de bécasse. – Moyen de cacher les trappes à prendre les hommes. – Appât qui couvre un hameçon plus piquant dix fois que ceux dont vous vous servez pour tromper les animaux dont votre gourmandise médite le meurtre.

– Je vous dis, mon bon ami, reprit Earnscliff, que vous ne pouvez juger de votre situation. Vous périrez dans cet endroit désert. Il faut, par compassion pour vous, que nous vous forcions à nous suivre.

– Je n'y toucherai pas du bout du doigt! dit Hobby. Pour l'amour de Dieu! laissez l'esprit agir comme il lui plaît.

– Si je péris ici, dit le Nain, que mon sang retombe sur ma tête! mais vous aurez à vous accuser de votre mort, si vous osez souiller mes vêtements du contact d'une main d'homme.

La lune parut en ce moment avec une clarté plus pure, et Earnscliff vit que cet être singulier tenait eu main quelque chose qui brilla comme la lame d'un poignard ou le canon d'un pistolet. C'eût été une folie de vouloir s'emparer d'un homme ainsi armé, et qui paraissait déterminé à se défendre. Earnscliff voyait d'ailleurs qu'il n'avait aucun secours à attendre de son compagnon, qui avait déjà reculé de quelques pas, et qui semblait décidé à le laisser s'arranger avec l'esprit comme il l'entendrait. Il rejoignit donc Hobby, et ils continuèrent leur route. Ils se retournèrent cependant plus d'une fois pour regarder cette espèce de maniaque, qui continuait le même manège autour de la colonne, et qui semblait les poursuivre par des imprécations qu'on ne pouvait comprendre, mais que sa voix aigre fit retentir au loin dans cette plaine déserte.

Nos deux chasseurs firent d'abord, chacun de leur côté, leurs réflexions en silence. Lorsqu'ils furent assez éloignés du Nain pour ne plus le voir ni l'entendre, Hobby, reprenant courage, dit à son compagnon: – Je vous garantis qu'il faut que cet esprit, si c'est un esprit, ait fait ou ait souffert bien du mal quand il était dans son corps, pour qu'il revienne ainsi après qu'il est mort et enterré.

– Je crois que c'est un fou misanthrope, dit Earnscliff.

– Vous ne croyez donc pas que ce soit un être surnaturel?

– Moi? non, en vérité!

– Hé bien! je suis presque d'avis moi-même que ce pourrait bien être un homme véritable. Cependant je n'en jurerais point. Je n'ai jamais rien vu qui ressemblât si bien à un esprit.

– Quoi qu'il en soit, je reviendrai ici demain. Je veux voir ce que sera devenu ce malheureux.

– En plein jour!.. alors, s'il plaît à Dieu, je vous accompagnerai. Mais nous sommes plus près d'Heugh-Foot que d'Earnscliff. Ne feriez-vous pas mieux à l'heure qu'il est de venir coucher à la ferme? Nous enverrons le petit garçon sur le poney avertir vos gens que vous êtes chez nous, quoique je croie bien qu'il n'y a pour vous attendre à la tour que le chat et les domestiques.

– Mais encore ne voudrais-je pas inquiéter les domestiques, et priver même Minet de son souper en mon absence. Je vous serai obligé d'envoyer le petit garçon.

– C'est parler en bon maître! Vous viendrez donc à Heugh-Foot. —

On sera bienheureux de vous y voir, oui certainement.

Cette affaire réglée, nos deux chasseurs doublèrent le pas et gravirent bientôt une petite éminence. – monsieur Patrick; dit Hobby, j'éprouve toujours du plaisir quand j'arrive en cet endroit. Voyez-vous là-bas cette lumière? c'est là qu'est ma mère-grand. La bonne vieille travaille à son rouet. Et plus haut, à la fenêtre au-dessus, en voyez-vous une autre? c'est la chambre de ma cousine, de Grâce Armstrong. Elle fait à elle seule plus d'ouvrage dans la maison que mes trois soeurs, et elles en conviennent elles-mêmes, car ce sont les meilleures filles qu'on puisse voir, et ma grand'mère vous jurerait qu'il n'y a jamais eu une jeune fille si leste; si active, excepté elle, bien entendu, dans son temps. Quant à mes frères, un d'eux est parti avec les gens du chambellan (On appelle ainsi en Écosse l'intendant d'un grand seigneur), et l'autre est à Moss-Phadraig, la ferme que nous faisons valoir. – Il est aussi habile à la besogne que moi.

– Vous êtes heureux, mon cher Hobby, d'avoir une famille si estimable.

– Heureux, oui certes. – J'en rends grâce au ciel! Mais à propos, monsieur Patrick, vous qui avez été au collège et à la grande école d'Édimbourg, vous qui avez étudié la science, là où la science s'apprend le mieux, dites-moi donc, non que cela me concerne particulièrement; mais j'entendais cet hiver le prêtre de Saint-John et notre ministre discuter là-dessus, et tous deux, ma foi, parlaient très bien. Le prêtre donc dit qu'il est contre la loi d'épouser sa cousine; mais je ne crois pas qu'il citât aussi bien les autorités de la Bible que notre ministre. Notre ministre passe pour le meilleur ministre et le meilleur prédicateur qu'il y ait depuis ce canton jusqu'à Édimbourg. Croyez-vous que le ministre avait raison?

– Certainement le mariage est reconnu par tous les chrétiens protestants aussi libre que Dieu l'a fait dans la loi lévitique; ainsi, mon cher Hobby, il ne peut y avoir aucun obstacle à ce que vous épousiez miss Armstrong.

– Oh! oh! monsieur Patrick, vous qui êtes si chatouilleux, ne plaisantez donc pas comme cela! Je vous parlais en général; il n'était pas question de Grâce. D'ailleurs elle n'est pas ma cousine germaine, puisqu'elle est fille du premier mariage de la femme de mon oncle. Il n'y a donc pas une véritable parenté, il n'y a qu'une alliance.

Mais nous allons arriver, il faut que je tire un coup de fusil; c'est ma manière de m'annoncer. Quand j'ai fait bonne chasse, j'en tire deux, un pour moi, l'autre pour le gibier.

Dès qu'il eut donné le signal, on vit différentes lumières se mettre en mouvement. Hobby en fit remarquer une qui traversait la cour. – C'est Grâce! dit-il à son compagnon. Elle ne viendra pas me recevoir à la porte; mais pourquoi? c'est qu'elle va voir si le souper de mes chiens est préparé; les pauvres bêtes!

– Qui m'aime, aime mon chien, dit Earnscliff: vous êtes un heureux garçon, Hobby!

Cette observation fut accompagnée d'un soupir qui n'échappa point à l'oreille du jeune fermier.

– En tous cas, dit-il, je ne suis pas le seul. Aux courses de Carlisle, J'ai vu plus d'une fois miss Isabelle Vere détourner la tête pour regarder quelqu'un qui passait près d'elle. Qui sait tout ce qui peut arriver dans ce monde.

Earnscliff eut l'air de murmurer tout bas une réponse; était-ce pour convenir de ce qu'avançait Hobby, ou pour le démentir? c'est ce que celui-ci ne put entendre, et sans doute Earnscliff avait voulu faire lui-même une réponse douteuse.

Ils avaient déjà dépassé le loaning, et après un détour au pied de la colline qu'ils descendaient, ils se trouvèrent en face de la ferme où demeurait la famille d'Hobby Elliot; elle était couverte en chaume, mais d'un abord confortable. De riantes figures étaient déjà à la porte: mais la vue d'un étranger émoussa les railleries qu'on se proposait de décocher contre Hobby à cause de sa mauvaise chasse. Trois jeunes et jolies filles semblaient se rejeter de l'une à l'autre le soin de montrer le chemin à Earnscliff, parce que chacune d'elles aurait voulu s'esquiver pour aller faire un peu de toilette, et ne pas se montrer devant lui dans le déshabillé du soir, qui n'était destiné que pour les yeux de leur frère.

Hobby cependant se permit quelques plaisanteries générales sur ses deux soeurs (Grâce n'était plus là); et, prenant la chandelle des mains d'une des coquettes villageoises qui la tenait en minaudant, il introduisit son hôte dans le parloir de la famille, ou plutôt dans la grand'salle; car, le bâtiment ayant été jadis une habitation fortifiée, la pièce ou l'on se rassemblait était une chambre voûtée et, pavée, humide et sombre sans doute, comparée aux logements de fermes de nos jours; mais éclairée par un bon feu de tourbe, elle partit à Earnscliff infiniment préférable aux montagnes froides et arides qu'il venait de parcourir. La vénérable maîtresse de la maison, où la fermière, coiffée avec l'ancien pinner (coiffe des matrones d'Écosse), vêtue d'une simple robe serrée, d'une laine filée par elle-même, niais portant aussi un large collier d'or et des boucles d'oreilles, était assise au coin de la cheminée, dans son fauteuil d'osier, dirigeant les occupations des jeunes filles et de deux ou trois servantes qui travaillaient à leurs quenouilles derrière leurs maîtresses.

Après avoir fait bon accueil à Earnscliff, et donné tout bas quelques ordres pour faire une addition au souper ordinaire de la famille, la vieille grand'mère et les soeurs d'Hobby commencèrent leur attaque, qui n'avait été que différée.

– Jenny n'avait pas besoin d'apprêter un si grand feu de cuisine pour ce qu'Hobby a rapporté, dit une des soeurs.

– Non sans doute, dit une autre, la, poussière de la tourbe, bien soufflée, aurait suffi pour rôtir tout le gibier de notre Hobby.

– Oui, ou le bout de chandelle, si le vent ne l'éteignait pas, dit la troisième. Ma foi, si j'étais que de lui j'aurais rapporté un corbeau plutôt que de revenir trois fois sans la corne d'un daim pour en faire un cornet.

Hobby les regardait alternativement en fronçant le sourcil, dont l'augure sinistre était démenti par le sourire de bonne humeur qui se dessinait sur ses lèvres. Il chercha à les adoucir cependant, en annonçant le présent qu'Earnscliff avait promis.

– Dans ma jeunesse, dit la vieille mère, un homme aurait été honteux de sortir une heure avec son fusil, sans rapporter au moins un daim de chaque côté de son cheval, comme un coquetier portant des veaux au marché.

– C'est pour cela qu'il n'en reste plus, dit Hobby; je voudrais que vos vieux amis nous en eussent laissé quelques-uns.

– Il y a pourtant des gens qui savent encore trouver du gibier, dit la soeur aînée en jetant un coup d'oeil sur Earnscliff,

– Hé bien! hé bien! femme, chaque chien n'a-t-il pas son jour! Que Earnscliff me pardonne ce vieux proverbe; il a eu du bonheur aujourd'hui, une autre fois ce sera mon tour. N'est-il pas bien agréable, après avoir couru les montagnes toute la journée, d'avoir à tenir tête à une demi douzaine de femmes qui n'ont rien eu à faire que de remuer par-ci par-là leur aiguille ou leur fuseau, surtout quand, en revenant à la maison, on a été effrayé… non, ce n'est pas cela, surpris par des esprits?

– Effrayé par des esprits! s'écrièrent toutes les femmes à la fois; car grand était le respect qu'on portait et qu'on porte peut-être encore dans ces cantons à ces superstitions populaires.

– Effrayé! non: c'est surpris que je voulais dire. Et après tout, il n'y en avait qu'un; n'est-il pas vrai, monsieur Earnscliff? vous l'avez vu comme moi.

Et il se mit à raconter en détail, à sa manière, mais sans trop d'exagération, ce qui leur était arrivé à Mucklestane-Moor, en disant, pour conclure, qu'il ne pouvait conjecturer ce que ce pouvait être, à moins que ce ne fût ou l'ennemi des hommes en personne, ou un des vieux Peghts (sans doute les Pictes, que le peuple en Écosse croit avoir été des êtres surnaturels) qui habitaient le pays au temps jadis.

– Vieux Peght! s'écria la grand'mère, non, non, Dieu te préserve de tout mal, mon enfant; ce n'est pas un Peght que cela. – C'est l'homme brun des marécages (sans doute de la famille des Brownies). O maudits temps que ceux où nous vivons! Qu'est-ce qui va donc arriver à ce malheureux pays, maintenant qu'il est paisible et soumis aux lois? Jamais il ne paraît que pour annoncer quelque désastre. Feu mon père m'a dit qu'il avait fait une apparition l'année de la bataille de Marston-Moor, une autre fois du temps de Montrose, et une autre la veille de la déroute de Dunbar. De mon temps même, on l'a vu deux heures avant le combat du pont de Bothwell; et on dit encore que le laird de Benarbuck, qui avait le don de seconde vue, s'entretint avec lui quelque temps avant le débarquement du duc d'Argyle, mais je ne sais pas comment cela eut lieu. C'était dans l'ouest, loin d'ici. Oh! mes enfants, il ne revient jamais qu'en des temps de malheurs; gardez-vous bien d'aller le trouver!

Earnscliff prit la parole, en lui disant qu'il était convaincu que l'être qu'ils avaient vu était un malheureux privé de raison, et qu'il n'était chargé ni par le ciel ni par l'enfer d'annoncer une guerre ou quelque malheur; mais il parlait à des oreilles qui ne voulaient pas l'entendre, et tous se réunirent pour le conjurer de ne pas songer à y retourner le lendemain.

– Songez donc, mon cher enfant, lui dit la vieille dame, qui étendait son style maternel à tous ceux qui avaient part à sa sollicitude, songez que vous devez prendre garde à vous plus que personne. La mort sanglante de votre père, les procès et maintes pertes ont fait de grandes brèches à votre maison. – Et vous êtes la fleur du troupeau, le fils qui rebâtira l'ancien édifice (si c'est la volonté d'en haut). Vous, un honneur pour le pays, une sauvegarde pour ceux qui l'habitent, moins que personne vous devez vous risquer dans de téméraires aventures. – Car votre race fut toujours une race trop aventureuse, et il lui en a beaucoup coûté.

– Mais bien certainement, mistress Elliot, vous ne voudriez pas que j'eusse peur d'aller dans une plaine ouverte en plein jour?

– Et pourquoi non? Je n'empêcherai jamais ni mes enfants ni mes amis de soutenir une bonne cause, au risque de tout ce qui pourrait leur arriver; mais, croyez-en mes cheveux blancs, se jeter dans le péril de gaîté de coeur, c'est contre la loi et l'Écriture.

Earnscliff ne répondit rien, car il voyait bien que ses arguments seraient paroles perdues, et l'arrivée du souper mit fin à cette conversation. Miss Grâce était entrée peu auparavant, et Hobby s'était placé à côté d'elle, non sans avoir lancé à Earnscliff un coup d'oeil d'intelligence. Un entretien enjoué, auquel la vieille dame de la maison prit part avec cette bonne humeur qui va si bien à la vieillesse, fit reparaître sur les joues des jeunes personnes les roses qu'en avait bannies l'histoire de l'apparition, et l'on dansa pendant une heure après le souper, aussi gaîment que s'il n'eût pas existé d'apparition dans le monde.

Le nain noir

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