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SCÈNE V

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Les Mêmes, SYLVIE, avec un fagot.

SYLVIE, entrant par le fond.

Ah! c'est madame!... (Elle jette le fagot par terre et va à Jeanne.)

JEANNE.

Bonjour, fillette!...

SYLVIE, à genoux près-d'elle; Sarah est debout devant la cheminée.

Ah! quel bonheur!... voilà madame revenue! quel bonheur!

JEANNE.

Comme tu es grandie! comme tu es belle! et toujours bonne et sage?...

SYLVIE.

Ah! madame, si vous vouliez m'emmener avec vous à Paris?

PROFILET, à droite avec Cyprien; à demi-voix.

C'est ça.—Les voilà toutes, pour se perdre!

CYPRIEN, à demi-voix.

Laissez donc; nous les retrouverons!

PROFILET, choqué.

Oh!... (Ils regardent par la fenêtre.)

JEANNE.

Nous verrons cela, petite; mais rien n'est prêt, à ce que je vois!

SYLVIE, se relevant.

C'est que mon père n'a reçu la lettre de madame que ce matin; et c'était dans un état ici! (Elle traverse en descendant et va prendre sur la table les gants et les cravaches des deux femmes.) Des fenêtres qui ne ferment pas, et le vent qui vient de se lever avec la marée!—Ça va souffler cette nuit!... nous allons danser!

SARAH.

Ah! mais un instant!... j'ai peur du vent, moi!

JEANNE.

Bah! tu es folle! Sylvie couchera à côté de toi, dans ta chambre, si tu veux!

SARAH.

Et toi?

SYLVIE, montrant la chambre à droite, où elle est sur le point d'entrer.

Oh! madame couche ici, elle; c'est un peu isolé; mais elle est brave, madame, elle n'a peur de rien!...

JEANNE.

Quant à vous, cousins, nous allons chercher vos chambres tout à l'heure.

SYLVIE, s'arrêtant.

Oh! à propos de chambre, il y a bien la bibliothèque là-haut!... mais je ne la conseille à personne!

JEANNE.

Parce que?

SYLVIE, redescendant au milieu.

Parce qu'il y revient un esprit donc!...

SARAH.

Un esprit!

SYLVIE.

Oui, madame, c'est un train là-dedans!...

JEANNE.

Et ton père n'est pas monté voir?

SYLVIE.

Oh! il est bien trop poltron! s'il m'avait seulement laissé faire, avec mon manche à balai, je t'aurais travaillé l'esprit, moi... il ne serait pas revenu, allez!

SARAH.

Est-elle brave!

JEANNE, riant.

Enfin, il y a progrès, au moins! Elle y croit encore; mais c'est pour frapper dessus!...

SYLVIE.

Vous voulez monter voir!... voilà la porte!... nous le cognerons!

CYPRIEN, vivement.

Non, non! à quoi bon?... cette bibliothèque ne me dit rien du tout, à moi!...

PROFILET.

Rien du tout!—On n'a que faire de la bibliothèque pour coucher! (Sylvie redescend, reprend les objets et entre chez Jeanne.)

CYPRIEN.

A moins qu'on n'y mette M. Rennequin.

JEANNE.

Mon oncle!... au fait, où est-il?... Et Trick?

PROFILET.

Votre domestique?—Il a fait la route à pied. Quant à l'oncle Rennequin, je ne sais; n'est-il pas venu avec vous?

JEANNE.

Mais non!

CYPRIEN.

Ah! je croyais!—Comme nous montions en voiture, je l'ai entendu parler de louer un âne pour vous suivre...

JEANNE, inquiète.

Pour nous suivre... mais alors, il est venu par la grève!...

CYPRIEN.

Probablement!

JEANNE, effrayée.

Ah! le malheureux! mais la marée!... Il est perdu!... (Ils vont pour remonter. Rennequin paraît; Sylvie rentre.)

Les diables noirs

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