Читать книгу Vapeurs : ni vers, ni prose - Xavier Forneret - Страница 16
ОглавлениеRAYON DE SOLEIL.
Laissez-moi! laissez-moi! vous tous qui avez vie!
Quelque chose en plein air,–le soleil–me convie
Sur l’herbe, près de l’eau, sur des feuilles tombant;
Je cherche un souffle pur et le plus enivrant.
Je cherche, j’ai besoin qu’il m’arrive dans l’âme
Un son, un regard doux comme une voix de femme.
Il me faut que le bruit se meurt dans le lointain,
Il me faut une cloche à soupir incertain.
Il me faut du soleil à côté d’un nuage;
J’ai besoin d’un ciel beau qui prédise l’orage.
Mon coeur se fond, hélas1sous des larmes de feu;
Il regarde partout sans rien voir en tout lieu;–
Il a dans ses replis un sentiment avide,
Qui désire, qui veut, qui prend et reste vide
En étant toujours plein. Quand il donne un baiser,
C’est le rêve menteur qui vient le caresser:
Ce qu’il touche le blesse; il s’en va dans le vague,
Il s’y heurte à grands coups, il saigne, il extra vague;
Il crie comme un perdu, qui, la nuit, aux abois,
Fait cent tours pour sortir, et ne sort pas d’un bois.
Il s’agite, il remue, c’est à en perdre haleine;
Il se pique aux pensées qui l’abreuvent de peine;
Il est tout noir de sang, debout dans son caveau;
Il demande, en priant, secours à mon cerveau.
C’est mon cerveau, dit-il, qui le tue, qui l’écrase;
Qui l’arrose de soufre allumé.–C’est un vase
Rempli de glu d’enfer où se débat l’espoir;
On pourrait l’appeler Danaïde-entonnoir
Où tout ne fait séjour qu’au moment du passage.
C’est l’heure allant à flots se poser sur un âge.
C’est un haillon pendant, tout fier de vétusté,
Qui vient tirer la langue à ce qui a été.
C’est du verre en couteau, qui taille l’existence,
Et se casse en la plaie pour gonfler la souffrance.
Ce sont des yeux en pleurs, parce qu’ils ne voient plus.
C’est une pauvre mère, aux esprits éperdus,
Qui se donne à manger à l’enfant qui la sèche,
Et que rien ne nourrit sa chair qui se dessèche.
Son sein qui tombe, hélas! et qui n’a plus de lait,
Crie, de tout son pouvoir, à la mort: Est-ce fait?
Car la mère et l’enfant sont enfants l’un de l’autre,
Si la mère s’en va, l’enfant, son saint apôtre,
Met ses pieds dans ses pas,–et la colonne d’air
Les renverse tous deux;–le ciel se fait enfer,
Mais un enfer bien doux;–chez lui, tout il emporte
Pour ne rien séparer, et met clef sous la porte.
C’est enfin, dit mon cœur, comme une horrible dent
Qui limerait des os en se graissant de sang.
C’est un rayon de soleil qui me sembla écrire dans ma chambre, par le jour d’un volet, ce mot: désespoir, et qui me fit fuir.