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Pour quelques passages de quelques-unes des Vapeurs de ce livre.

Table des matières

L’âme est comme l’ouragan qui souffle, qui ébranle, qui renverse, qui entraîne, qui abîme, qui confond; ou, comme la brise qui fait naître, qui verdit, qui caresse, qui adule.

On pourrait peut-être encore dire que l’âme est un vaisseau d’air dont les voiles se gonflent de vague et d’incertitude, dont notre esprit est le mât, l’espérance la proue, et nos pensées la carcasse.

On est tenté de croire qu’il y a deux faces à notre âme:–l’une rouge, l’autre blanche. La rouge, c’est l’ouragan qui déchaîne; la blanche, c’est la brise qui retient.

Il y aurait dans les recoins de ces deux faces autant de pensées, autant de parties de pensées, autant de couleurs, autant de nuances dans ces couleurs qu’il y a d’étoiles au ciel.

L’âme est aussi l’étoile du corps; elle jette son feu par la marche, les mouvements, les gestes, les paroles, les regards, la pression.

Elle file souvent, mais elle revient à sa place sous trois rayons qui l’éclairent:–Dieu, la femme et le cœur humain.

Dieu, c’est tout sur la terre et au ciel.

La femme, c’est tout sur la terre.

Le cœur humain n’est presque rien nulle part.

L’auteur de ce livre est quelquefois plus triste qu’une larme, jamais plus gai qu’un sourire; souvent plus en fièvre qu’une dent qui souffre, jamais plus calme qu’une feuille en équilibre sur une branche.

Ceci est dit non pas pour entretenir de lui, mais seulement pour son livre.

On parle de soi au coeur qui nous connaît, parce que ce coeur nous le demande, parce qu’il vit de nos sensations, parce qu’il se couvre de notre ame, parce qu il s’étend sur notre vie pour essayer de la faire sans plis, parce qu’il se met derrière nous pour y voir, parce qu il rit avec nos lèvres, pleure avec nos yeux, donne avec nos bras, aime avec notre être.

L’auteur comprend la poésie comme il ne pourra jamais la faire, c’est-à-dire grande, élevée, sublime, naïve, ardente, railleuse, line, emportée, suave, mordante, mélancolique, soupirante, onctueuse, toute de jour, toute de nuit, brillante ou noire.

Pour lui, dans ce monde, la poésie en tout, c’est son rêve.

Quand il a écrit, c’est le réveil, et ce réveil l’accable. Il se trouvait bien, il se trouve mal; il a tout senti, il n’a rien dit, puisqu’il a dit à sa manière; il s’était cru brillant, il devient raide de froid; il est monté par un chemin qui l’a fait descendre.

Pourtant il croit presque qu’il a une âme, et, bien sûr, il n’afficherait pas cette croyance s’il n’était permis de se glorifier de ce qui nous vient de Dieu.

Certes, c’est bien assez qu’il ait osé dire: Ce livre est de moi.

Vapeurs : ni vers, ni prose

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