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La Tante et la Nièce.

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«Où donc est Mlle Tranquille, Victor?

— Madame la baronne, je n’ai pas vu mademoiselle.

— Comment cela? elle est sortie avec moi tout à l’heure, lorsque je reconduisais le colonel Hameland.

— J’étais alors derrière la serre, sans doute.»

Ce dialogue se tenait dans une des allées du parc attenant au château de Val-Argand, entre la baronne de Val-Argand et son jardinier, qui, le sécateur à la main, visitait un superbe buisson de rosiers.

La baronne de Val-Argand portait vigoureusement son demi-siècle; sa taille était haute et sa marche leste. Ses traits, mal agencés, n’avaient aucune prétention à la beauté ; mais ses yeux roux, bordés de cils blonds, pétillaient d’esprit, et ses manières, son allure, ce je ne sais quoi d’inimitable qui forme la vraie distinction, en faisaient une grande dame de fort belle mine.

Qu’elle se montrât familière ou impérative, très aimable ou très hautaine, qu’elle fît la révérence à un hôte illustre ou l’aumône à un pauvre, elle se retrouvait toujours elle-même, parfaitement distinguée, avec une pointe d’originalité qui était à son esprit ce que la mouche était autrefois à l’ornementation du visage.

Elle n’attendit pas d’autres explications et marcha de son pas ferme et rapide jusqu’à la grande cour sablée qui s’étendait devant la façade du château où attendait une calèche à deux chevaux, conduite par un bon gros cocher immobile sur son siège.

La baronne leva la tête et s’adressant au cocher.


La baronne leva la tête et s’adressant au cocher:

«Vous qui êtes si haut perché, Lucien, dit-elle, n’avez-vous pas vu dans quelle partie du parc Mlle Tranquille s’est égarée?»

Le cocher tendit son fouet vers la crête de zinc que découpaient sur l’azur du ciel les feuilles de trèfle placées dans le blason des Val-Argand.

«Madame la baronne, je crois que mademoiselle en vous quittant a pris la petite allée tournante qui mène à l’église.

— Toujours des dévotions hors de propos! grommela la châtelaine. Tant pis! je ne l’attendrai pas.»

Et elle monta dans sa voiture dont le valet de pied ouvrait la portière.

«Dites à Lucien de ne pas ménager ses chevaux, fit-elle; il faut que nous soyons à Chartres à l’arrivée du train. M. Hameland m’a fort retardée. Que le cocher regagne le temps perdu.

— Madame la baronne n’attendra pas qu’on aille chercher mademoiselle?

— Non, non; elle devait se trouver ici, elle n’y est pas, je pars.»

Elle se pencha par la portière de droite et appela:

«Victorine!»

Un visage très animé, encadré dans une masse de cheveux blancs tout hérissés sous un tuyauté de mousseline, apparut à une fenêtre du rez-de-chaussée.

«Je pars pour la gare, Victorine; dites à ma nièce que je n’ai pu l’attendre. Elle m’a quittée croyant sans doute que j’avais quelque chose de particulier à dire au colonel Hameland. Elle aurait pu en tous cas rester dans mes environs. Je ne puis faire faire le pied de grue dans la gare à l’hôte que j’attends. Une autre fois, elle se donnera la peine de me consulter ou elle se pressera davantage.»

Et, sans écouter ce que lui répondait la vieille femme qu’elle avait appelée Victorine, elle releva les glaces et la voiture partit.

Victorine la suivit quelque temps des yeux; puis elle déposa l’ouvrage de couture qu’elle avait à la main et, ouvrant une porte, traversa un vestibule spacieux, splendidement meublé à la façon du XVIIe siècle, et sortit du château.

Elle prit la route qu’avait suivie la voiture, passa le pont-levis jeté sur les douves profondes qui avaient été primitivement une défense pour le vieux château-fort, et s’engagea dans une allée tournante qui aboutissait à une vieille église dont le clocher s’élançait du magnifique bouquet d’arbres qui délimitait le parc de ce côté.

La vieille gouvernante marchait à petits pas pressés; mais elle s’arrêta tout à coup au moment même d’atteindre la partie de l’allée qui, se faisant droite et large comme une avenue, allait finir au bas d’un escalier de pierre surmonté d’une porte ogivale. C’est que cette porte venait de s’ouvrir sous la main d’une petite fille d’une dizaine d’années qui se mit à descendre l’escalier sans précipitation ni lenteur, d’un pas à la fois très léger et très mesuré.

Elle était coiffée d’un chapeau de paille d’Italie relevé à gauche par un gros nœud de faille blanche, et de ce côté apparaissait un profil enfantin d’une pureté et d’une harmonie très remarquables.

«Victorine, vous venez me chercher? dit-elle d’une voix douce et perlée.

— Oui, mademoiselle, et pourtant vous chercher est tout à fait inutile: madame la baronne est partie.

— Oh! j’en suis bien fâchée, dit la petite fille en se remettant à marcher vers le château aux côtés de Victorine.

«Dites-moi, ma bonne, ma tante était-elle très mécontente? ajouta-t-elle

— Un peu; mais aussi pourquoi êtes-vous allée à la chapelle, sachant que la voiture était attelée?

— Ma bonne, je ne pouvais pas rester avec ma tante qui parlait tout bas avec le colonel; je ne voulais pas m’éloigner non plus, et j’ai pensé que j’avais bien le temps d’aller dire trois Ave Maria pour la sœur Léontia qui est malade.

— Mais, ma petite Béatrix, puisque la voiture était attelée?

— Hier aussi elle l’était, et nous avons attendu ma tante juste une heure; cependant une autre fois je resterai, pour ne pas la fâcher.

— C’est ce que vous ferez de mieux, mademoiselle. Votre tante, vous le savez bien, est lente et vive tout à fait à son gré, et il faut bien en passer par là. Enfin elle n’arrivera qu’à l’heure du dîner et avec ce monsieur étranger, ce qui l’empêchera de montrer de la mauvaise humeur et de vous gronder. Et maintenant, qu’allez-vous faire?

— Mes devoirs, répondit la petite fille en ôtant son chapeau; mais vous m’avertirez, s’il vous plaît, Victorine, quand la voiture entrera dans la cour, car je veux que ma tante me voie lorsqu’elle arrivera.

— Oui, mademoiselle, comptez sur moi; au premier son de cloche, je vous appellerai.»

Et Victorine s’en alla vers la porte qui ouvrait dans l’appartement du rez-de-chaussée contigu au vestibule, tandis que la petite fille traversait celui-ci dans toute sa largeur et, passant sous une lourde portière, montait l’escalier monumental qui conduisait au premier étage. Sur le palier, un immense corridor, qui desservait une véritable enfilade de chambres, s’étendait à droite et à gauche. Béatrix prit à gauche, et entra par une porte donnant dans une chambre très vaste, qui était la sienne.

Elle ouvrit une armoire, posa son chapeau sur un champignon, décrocha un petit tablier de lustrine noire et l’attacha à sa ceinture, puis elle se dirigea vers une table recouverte d’un tapis vert et placée contre la large fenêtre. Elle s’assit avec précaution, en ayant soin de relever les pans flottants de sa ceinture de soie bleue, chercha dans une pile de livres celui qu’il lui fallait, ouvrit un cahier et se mit à écrire, d’une écriture fine et bien formée, une version anglaise.

De temps en temps elle déposait sa plume, appuyait sa charmante tête sur sa main gauche et regardait les prairies verdoyantes qui s’étendaient à perte de vue devant elle. Ses yeux d’un bleu sombre devenaient alors singulièrement profonds, et sa bouche, le plus souvent entr’ouverte par un léger sourire, se fermait de façon à donner à son beau petit visage une fermeté singulière.

Elle travailla une grande heure sans donner aucun signe de lassitude. Tout à coup sur le rebord de la fenêtre se posa un petit oiseau brun qui avait l’air affairé des gens en quête de dîner.

Mademoiselle Tranquille sourit en l’apercevant, passa un papier buvard sur la page commencée, ferma le cahier, essuya la plume sur une rosace de drap noir préparée à cet effet, et se dérangeant sans bruit marcha vers une petite table sur laquelle était posé le verre d’eau obligé, plus une boîte qui contenait des biscuits. Elle en prit un et, glissant dans la vaste embrasure de la fenêtre, elle se mit à l’émietter en murmurant de tendres appels à l’oiseau qui s’était envolé tout effarouché. Pendant cinq minutes, il voleta de ci de là, se rapprochant parfois de la fenêtre, mais n’osant pas encore y poser la patte. Enfin la tranquillité de la petite fille le rassura pleinement, il crut probablement avoir affaire à une de ces toiles peintes qui, dans ce vieux château, lui apparaissaient un peu partout quand les fenêtres s’ouvraient au large les matins d’été, et il se mit à becqueter le biscuit émietté. La petite fille avait abaissé sur lui ses grands yeux, fendus à la façon de ces statues grecques qui offrent aux jeunes générations un éternel modèle de parfait dessin; mais elle ne hasardait pas la moindre caresse, ce qui évidemment eût fait fuir à l’instant même son convive ailé.

Sa contemplation et le dîner de l’oiseau furent interrompus par un double appel. La cloche pendue sous l’arceau de pierre élevé à la tête du pont se mit à tinter joyeusement, la porte de la chambre s’ouvrit et une voix essoufflée, la voix de Victorine qui avait évidemment monté l’escalier quatre à quatre, s’écria:

«Béatrix, Tranquille, madame la baronne arrive!»

Il n’en avait pas tant fallu pour faire décamper l’hôte improvisé de Béatrix. Elle-même, émiettant un peu à la hâte le reste du biscuit, sortit de l’embrasure, détacha son tablier et descendit au rez-de-chaussée. Dans le vestibule, elle prêta l’oreille Ce n’était pas de la cour que lui arrivait la voix de sa tante, mais bien d’un appartement voisin.

Elle alla ouvrir une porte et entra dans une salle à manger boisée de vieux chêne, meublée, on pouvait le dire, de porcelaines superbes, et brillamment éclairée.

«Bonsoir, ma tante! dit l’enfant en se dirigeant vers Mme de Val-Argand qui entrait par une autre porte, encore enveloppée des châles destinés à la préserver de la brise très fraîche du soir.

— Bonsoir, Tranquille, bonsoir! Eh bien! où est Victor?»

Comme elle prononçait ces paroles, Victor, le jardinier, qui remplissait aussi les fonctions de maître-d’hôtel, apparut à une porte du fond en habit noir et en cravate blanche.

«Madame la baronne m’appelle?

— Eh! sans doute, pour vous dire que je souperai à mon heure ordinaire, c’est-à-dire tout de suite.

— Madame la baronne est seule?

— Oui. Ce bon monsieur du Passage n’en fait jamais d’autres. Il se sera oublié devant quelque vieille poterie nouvellement installée au musée de la ville. Il se sera rendu à la gare sans se presser, — il ne se presse jamais, — et aura trouvé le train parti. Il n’en fait jamais d’autres, cet homme charmant et distrait. Demain, il m’enverra une dépêche d’excuse, sans doute, et m’annoncera son arrivée pour après-demain. J’enverrai la voiture; mais je l’attendrai ici de pied ferme. Je n’aime pas ces fausses alertes du tout; je vais avoir une soirée assommante!»

Tandis qu’elle se parlait ainsi à elle-même en quelque sorte, tout en dépliant sa serviette, plusieurs serviteurs, tous anciens, tous dévoués, tous respectueux, étaient rentrés dans la salle à manger.

Mme la baronne était de mauvaise humeur, cela se voyait; ils prirent tous un air de circonstance, moins Béatrix qui conservait son petit air serein et une jeune femme de chambre au visage rieur qui, habituée aux boutades de sa maîtresse, n’en prenait désormais nul souci.

«Madame la baronne ne va pas dîner avec son chapeau? dit-elle tout à coup en voyant sa maîtresse se laisser tomber sur la chaise à haut dossier de chêne placée devant le couvert du milieu.

—Es-tu folle, Justine, de penser que je vais dîner en cet équipage? Va me chercher ma coiffure et emporte tout ce fatras.»

Et, se dépêtrant de tous ses châles, elle les jeta sur les bras de Justine qui disparut avec.

«Voyons, quelle heure est-il? dit la baronne en consultant une montre d’ébène qui pendait à sa ceinture accrochée à une magnifique agrafe d’argent. Six heures et demie; allons, il n’y a pas à attendre, je vais souper. Victor, faites servir. Cela m’allongera ma soirée, voilà tout.»

Les domestiques disparurent et Béatrix prit le siège placé vis-à-vis de sa tante.

«Pas là, pas là, dit celle-ci avec impatience; ce couvert est celui de mon hôte, vous savez bien. Il pourrait encore arriver, l’original. Je sais qu’il aime beaucoup mieux mes monuments druidiques que moi, aussi on me l’apporterait ce soir, ramassé par un de mes gardes sous quelque vieille pierre, que je ne m’étonnerais pas. Vous vous mettrez désormais d’ailleurs à cette place à droite, j’aime mieux cela, car de vous voir toujours devant moi avec votre petit air tranquille finirait en vérité par me faire tirer la langue.»

Et s’adressant à Victor qui entrait un plat à la main.

«Mademoiselle Tranquille se mettra désormais à cette place, dit-elle en montrant du geste la petite fille qui se haussait docilement sur la haute chaise de bois sculpté.

— Ma tante, voulez-vous que j’aille chercher votre coiffure? demanda-t-elle en voyant Mme de Val-Argand détacher le caoutchouc qui fixait son chapeau de paille noire sur son chignon natté.

— Du tout! Justine va l’apporter, je suppose. Allons, vite, vite! tu dors debout ce soir.»

Ceci s’adressait à Justine qui apparaissait avec une coiffure de dentelle et de rubans. L’échange se fit en un tour de main.

«Je suis coiffée à faire peur, je pense, dit la baronne gaiement. Ah! vraiment, tant pis!»

Et, renvoyant par un geste vif derrière son dos les attaches bleues de sa coiffure, elle fit rapidement le signe de la croix et commença à dîner.

Elle mangeait d’une façon irrégulière et pleine de distractions. Il lui arrivait de tendre son verre plein à Victor qui servait d’échanson, de dire qu’on lui servait sans cesse du veau alors que c’était du mouton qui était au bout de sa fourchette, et de piquer le couteau à beurre dans un entremets sucré. Victor, qui semblait fait de longue main à ces distractions, les réparait sans mot dire et surveillait même sa maîtresse sans en avoir l’air. Un moment il la vit saupoudrant de poivre son assiette.

«Madame la baronne ne trouve pas les légumes assez assaisonnés? demanda-t-il.

— Dites que tout est d’une insupportable fadeur, ce soir.

— Si madame la baronne aime le poivre...

— Comment! le poivre! je ne peux pas le souffrir.

— C’est que madame la baronne en a couvert son assiette.»

Elle regarda la petite cuiller d’argent, son assiette, et s’écria en riant:

«Je croyais saler ces pommes de terre. Enlevez-moi cela. Il fallait me prévenir avant; me voici assurée d’éternuer toute la soirée.»

Et, en effet, un éternument sonore fut répercuté par les magnifiques porcelaines et même par Béatrix qui le reproduisit tout doucement en l’étouffant dans son mouchoir.

«Bon! vous aussi, Tranquille! dit la baronne; il paraît que j’ai poivré l’air. Vous feriez bien de m’avertir lorsque vous me voyez en distraction; mais non, vous ne savez vous occuper que de votre petit personnage.»

Béatrix jeta à sa tante un regard plein d’une pénétrante mélancolie.

«C’est cela, faites maintenant vos yeux à la Greuze pour m’attendrir. Vous ne me comprenez pas, n’est-ce pas? C’est bien! Victor, servez donc vite le dessert et faites allumer dans ma bibliothèque.

— Madame la baronne ne fera pas sa partie ce soir!

— Non, les Hameland ne viendront pas, se figurant qu’une soirée en tête-à-tête avec mon vieux cousin du Passage était nécessaire à mon bonheur

— On pourrait les faire avertir que le cousin de madame la baronne n’est pas arrivé.

— Du tout, cela nous mènerait trop loin. Une soirée de lecture de temps en temps m’est très agréable d’ailleurs, et je me sens très fatiguée.»

Sur ces paroles, la baronne prit au hasard dans les assiettes dorées qui passaient devant ses yeux quelques cerises et quelques croquignoles, puis, se levant, refit son rapide signe de croix et s’en alla flâner par le parterre, qui étendait depuis le château jusqu’au lac ses plates-bandes diaprées.

Béatrix la suivit, mais de très loin, comme quelqu’un qui sait que sa présence n’est pas désirée.

La baronne erra une demi-heure parmi les massifs embaumés; puis elle rentra et monta au premier étage où se trouvaient ses appartements. Le premier était une pièce spacieuse, éclairée par quatre grandes fenêtres qui donnaient toutes sur le parc. C’était plutôt une galerie qu’un apparment. Une bibliothèque luxueuse en faisait le tour, et çà et là se voyaient des choses disparates, mais précieuses; statuettes de bronze, vases antiques, tableaux de maîtres, portraits de famille, socles supportant des bustes, armoires vitrées contenant des échantillons minéralogiques, corbeilles débordant de feuillages et de fleurs. Tout cela artistiquement placé, pittoresquement agencé comme par le hasard, mais au fond soigneusement étudié et parfaitement réussi.

La baronne s’était asssise devant la plus grande des tables, recouverte d’un tapis vert, et, rapprochant la lampe, elle se mit à décacheter une à une les lettres posées sur un plateau d’argent. Sur son visage expressif passèrent, selon les circonstances, mille expressions diverses, qui révélaient une intelligence bien pénétrante, un cœur bien vivant, une âme bien vibrante. Telle lettre la faisait sourire d’un air heureux, telle autre lui arrachait de profonds soupirs. Il y en eut une lisérée de noir qui fit longtemps tomber de grosses larmes de ses yeux. Quand elle eut pris connaissance de tous ces papiers, elle fit un triage, en mit plusieurs à part, déchira les autres, puis, choisissant dans la pile de livres et de revues un livre d’apparence sérieuse, elle l’ouvrit au moyen de la marque d’ivoire déjà placée entre ses feuilles.

En ce moment on frappa à la porte.

«Entrez! dit-elle.»

Béatrix se présenta, un livre et un atlas sous le bras.

«Ma tante, permettez-vous que je passe la soirée avec vous? demanda-t-elle.

— Non, certes; allez vous coucher. Je déteste la géographie, vous le savez bien, excepté quand je médite un voyage.

— Vous voulez bien que j’étudie un peu ce soir?

— Pas longtemps. Du reste la sœur Saint-Denys vous a donné le règlement voulu, n’est-ce pas? Suivez-le, mais ne venez pas m’ennuyer avec votre atlas.

— Bonsoir ma tante, bonne nuit!»

Elle avait fait un pas en hésitant.

«Bonne nuit, petite! répondit la baronne en s’adossant bien confortablement contre son fauteuil. »

Ce mouvement était justement le contraire du mouvement fait par Béatrix. La petite fille comprit qu’elle n’avait pas à compter sur une caresse ce soir-là. Elle s’en alla sans bruit et regagna sa chambre.

Et là elle se mit à étudier la géographie, plus seule dans ce vaste château, plus abandonnée, que bien des pauvres enfants qui ne portaient pas un nom sonore, qui n’habitaient pas une demeure princière, mais qui avaient les bras d’un père pour les recevoir à la fin du jour et le baiser d’une mère pour les disposer au sommeil.


Tranquille et Tourbillon

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