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I

Table des matières

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES

Avant d’entreprendre l’examen méthodique et analytique des œuvres du passé, il importe d’indiquer dans quel sens et dans quel ordre d’idées il paraît nécessaire de procéder.

Pour quiconque s’intéresse à l’architecture, et veut se rendre compte du rôle qu’a rempli jadis cet art, l’histoire et l’archéologie sont d’un grand secours quant aux origines, aux conditions sociales, ainsi qu’à l’égard des mœurs, des climats et des matériaux, mais il est un point qui est toujours tenu dans l’ombre et qui est cependant capital. On nous laisse ignorer comment sont nées les dispositions, les ordonnances et les formes de l’architecture, à quelle méthode de composition elles sont dues. On constate bien, dans cette vulgarisation historique et scientifique, que tout ce qu’a créé l’homme en architecture provient de l’antiquité et du moyen âge, véritables époques créatrices et qu’à un moment donné — que l’histoire fixe à la Renaissance, — sous le vain prétexte de rénovation, — l’architecture est devenue au contraire un art d’imitation pour l’exercice duquel furent exploitées, sans principes et sans logique, les expressions esthétiques nées antérieurement. Mais historiens et archéologues semblent accepter cette infériorité, comme si désormais il n’y avait plus lieu de raisonner et d’inventer en architecture. Tant que les sociétés nouvelles furent dominées par la monarchie, cette façon de concevoir le rôle de l’architecture s’explique historiquement, mais le jour où la puissance démocratique s’affirma, notamment en France, à la suite de la Révolution, il est évident que l’art devait se mettre, petit à petit, au service de conditions et d’exigences nouvelles qu’il lui était impossible de satisfaire par la copie du passé. D’ailleurs d’autres considérations inhérentes au progrès scientifique et industriel sont venues contribuer singulièrement à entraîner l’art vers des horizons nouveaux.

Aussi dans l’étude méthodique et comparative des œuvres de nos devanciers, il importe de ne jamais perdre de vue la nécessité de donner satisfaction aux intérêts présents. Au contact des manifestations de la beauté, partout où elle s’affirme, formons notre goût, mais apprenons surtout à raisonner, en profitant de l’exemple donné uniquement par certaines périodes magistrales, sans nous arrêter à de vaines et puériles préoccupations d’une esthétique spéciale qui a fait son temps; efforçons-nous de saisir, là où elle se révèle, la véritable méthode à suivre dans l’utilisation judicieuse de la matière au point de vue des formes et tâchons de profiter d’une richesse, dans les moyens d’action, que n’ont pas connue nos devanciers, qui cependant nous dominent de si haut, de toute leur supériorité. La transformation de l’art dans le sens moderne est à ce prix.

C’est donc uniquement en vue des principes que nous trouvons dans le passé que je me place pour l’examen historique qui va suivre; aussi je n’entrerai à leur sujet que dans les détails absolument indispensables, pour en tirer, sans aucun souci d’imitation, l’enseignement que nous offrent ces magistrales manifestations de l’architecture.

Ce qu’il faut surtout envisager dans les œuvres du passé c’est, d’une part, l’organisme des éléments de structure qui détermine les dispositions générales et les proportions des édifices; d’autre part, les formes de détails et de décoration. A ce propos j’observe que souvent on se sert indifféremment des adjectifs architectonique et architectural. Ces deux mots ont cependant une signification bien différente. L’œuvre est architectonique dans sa structure et elle ne devient architecturale que lorsqu’elle est complétée par les formes et la décoration.

Si j’insiste sur ce point, c’est que cette distinction est un des moyens les plus sûrs d’analyse et d’étude, pour arriver à saisir l’origine des formes, ainsi que les méthodes de composition dont la connaissance est indispensable pour qui veut comprendre ce qu’est l’art dans la construction, c’est-à-dire l’Architecture elle-même.

L'architecture : le passé, le présent

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