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LETTRE XXXV.

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Léonce à sa mère.

Paris, 11 juillet.

Je vous ai écrit, je crois, il y a quatre jours, de Mondoville, ma chère mère, une lettre que je désavoue entièrement; vous aviez raison de choisir mademoiselle de Vernon pour ma femme. Madame de Vernon m'a remis une lettre de vous décisive; le contrat est signé d'hier au soir, et cependant je vis, vous ne pouvez rien désirer de plus.

J'avois abrégé mon séjour à Mondoville, mais ce n'étoit pas dans ce but. A mon arrivée, j'apprends que M. de Serbellane a tué M. d'Ervins à la suite d'une querelle politique chez madame d'Albémar; tout Paris retentit de cet éclat scandaleux; sur le champ de bataille même M. de Serbellane a nommé madame d'Albémar; il étoit renfermé chez elle depuis vingt-quatre heures; elle m'avoit dit qu'il étoit parti pour le Portugal; dans huit jours elle part pour Montpellier, d'où elle se rendra à Lisbonne, s'il n'est pas permis à M. de Serbellane de revenir en France pour l'épouser. Elle-même m'a écrit que madame de Vernon m'apprendroit toute son histoire. Enfin de quoi me plaindrois-je? elle est libre, son caractère devoit m'être connu: ne m'aviez-vous pas dit, ma mère, qu'il ne s'accorderoit jamais avec le mien? pardonnez-moi de vous en avoir parlé: oubliez-la.

Je le sais; il ne m'est pas permis d'en finir; l'existence que vous m'avez donnée vous appartient; j'ai éprouvé une émotion assez forte de tout ceci; mais ce n'est pas en vain que votre sang m'a transmis le courage et la fierté; j'en aurai, je serai dans deux jours l'époux de Matilde. Que dira madame d'Albémar alors, que pensera-t-elle? Mais qu'importe ce qu'elle pensera? ma mère, vous serez obéie.

Le pauvre Barton s'est démis le bras en tombant de cheval; il est obligé de rester à Mondoville encore quelque temps; il s'est aussi comme moi cruellement trompé; mais qu'en résulte-t-il pour lui? rien. Adieu, ma mère.

Delphine

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