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PRÉFACE

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Table des matières

On célèbre à tout propos les beautés de notre civilisation. On nous explique que l’homme est d’autant plus avancé qu’il a plus de besoins. En regardant les choses de près, on s’aperçoit qu’il faut en rabattre et que le tableau brillant a ses ombres. La liste des méfaits de notre civilisation est assez longue.

On pousse vraiment les choses à l’excès, et la tendance à négliger le nécessaire pour le superflu et l’inutile, est déplorable. Compliquer sa vie au point d’en contracter des maladies mortelles me paraît une folie. Il serait préférable de la simplifier et de s’organiser de façon à vivre sainement et à penser de même. Est-il permis d’espérer que le singulier animal qu’est l’homme réalise un jour cet idéal, lorsqu’on voit ce qui se passe dans nos villes?

L’homme civilisé s’applique, on le dirait, à prendre le contre-pied de la nature. Il est si pressé qu’il invente mille moyens ingénieux pour gagner du temps. Il rogne même sur les heures consacrées à la cuisine et aux repas, il se nourrit à la hâte, mal et industriellement, Le déjeuner tend à devenir l’accessoire et l’apéritif le principal. La mode se répand d’économiser sur la nourriture pour s’habiller mieux et l’on achète les vivres le moins coûteux. Naturellement les marchands font au goût des consommateurs, d’où les potages en rouleaux, les œufs en flacons (jaunes et blancs séparés) et tant d’autres conserves bizarres dont les ménagères font usage au détriment de la santé ; ajoutez à cela nombre d’aliments privés de leurs ferments digestifs par la stérilisation. La crainte des microbes étant devenue plus populaire qu’on n’imagine, il arrive qu’on a tellement peur des mauvais, qu’on ne songe plus qu’à les endormir, au lieu de fortifier les bons. On m’a dit qu’il y en avait de bons.

L’extension de l’industrie a causé l’entassement des êtres humains, et, chose que nul n’aurait pu prévoir, ils ont fini par mener une vie artificielle, contraire à toutes les lois de l’hygiène, et même ils se sont privés de l’air respirable.

Les civilisés ont prétendu pouvoir se passer de la nature et adapter leurs corps et leurs cervelles aux exigences d’un surmenage déraisonnable. A ce métier, corps et cervelles se détraquent.

Les habitants des villes dont les ressources sont suffisantes, réparent les brèches qu’ils font à leur santé, en consacrant chaque année quelques mois à un séjour à la campagne. Un trop grand nombre d’entre eux, car l’ennui des oisifs est insatiable, mènent il est vrai, sur les plages, un train qui ne ressemble pas au repos.

Les travailleurs, les employés, pour qui les vacances sont denrée rare, sont condamnés à passer les chauds étés dans les villes, où leurs enfants s’anémient et s’étiolent. En particulier, les progrès que font les maladies des organes respiratoires sont effrayants.

Il importait de venir en aide aux déshérités de la fortune. En attendant le jour lointain où les villes seront assainies par des espaces libres, ménagés avec discernement, de manière à donner aux êtres humains l’indispensable part d’air et de lumière; en attendant que les mœurs aient changé et que certains d’entre nous renoncent au trompe l’œil d’un faux luxe pour la solidité d’une table réconfortante; en attendant la disparition des aliments falsifiés et des cervelles sophistiquées, il fallait tenter d’enrayer le mal.

Des gens de bien ont cherché les moyens; ils n’en ont pas trouvé de meilleur que de s’occuper d’abord des enfants, et de combattre les premiers symptômes de tuberculose et de chlorose par un séjour à la campagne, durant la belle saison d’été.

L’auteur de ce livre a lui-même prêché d’exemple et il a le grand avantage de parler par expérience. Il nous raconte ce qui a été fait à l’étranger et en France. Il dit en un style clair les essais, les méthodes diverses, les erreurs. Il explique quelle est la meilleure organisation, la surveillance la plus pratique, la nourriture la plus adaptée, les vêtements les plus commodes, pour les personnes à qui l’on rend la santé par le grand air.

Le lecteur trouvera toutes les indications nécessaires dans ce livre, qui est un véritable manuel à l’usage de ceux qui pensent avec raison que la bienfaisance doit être préventive.

La bonté, pratiquée avec bon sens et intelligemment appliquée, devient une sorte de placement avantageux pour la société, puisqu’elle augmente la valeur physique et morale de l’individu, aussi bien de celui qu’on aide que de celui qui aide.

Le lecteur verra que le bien n’est pas facile à faire: les premiers intéressés sont parfois rétifs au début; les parents, gâtés par les habitudes de la politique alimentaire, se soustraient volontiers aux engagements qu’ils ont pris. Mais ces difficultés donnent, du piquant aux entreprises, elles en sont le sel: avec un peu de persévérance, on les surmonte. Au reste, l’auteur est plein d’entrain, il plaide la cause utilement et avec une chaleur qui se communique. Nous ne doutons pas qu’il ne convainque et ne décide à l’effort les hommes de bonne volonté encore nombreux dans notre France.

GABRIEL BONVALOT.

La Santé par le grand air

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