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LA CLASSE OUVRIÈRE DES VILLES

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Exode rural et tuberculose. — Encombrement des villes. — Oxyde de carbone et chauffage. — Alimentation irrationnelle de l’ouvrier. — Alcoolisme. — Intéressante statistique des enfants assistés placés à la campagne.

Avant d’étudier l’organisation des œuvres du grand air, et particulièrement celle des colonies de vacances, il nous a paru utile de jeter un coup d’œil sur la situation sanitaire de la classe ouvrière des villes, pour laquelle ces œuvres ont été fondées.

Cette étude nous permettra d’entrevoir tous les services qu’elles pourront rendre lorsqu’elles se seront généralisées. Elle nous permettra aussi d’apprécier tout le mérité des hommes de bien qui en ont eu l’idée première, qui les ont fondées et dirigées. Il a fallu, en effet, aux promoteurs de ces œuvres, une prévoyance rare, un amour sincère de leur pays, un sentiment très haut de la justice et une conscience très nette de leurs devoirs de solidarité sociale.

Fournir aux travailleurs ce levier puissant, indispensable, qui est la santé, n’est-ce pas la meilleure action qu’on puisse faire? Qui pourrait nous dire le nombre d’ouvriers honnêtes et vaillants qui sont tombés, eux et leur famille, dans la déchéance et l’abandon complet d’eux-mêmes, parce que la santé un moment leur a fait défaut?

Par leur exemple, ces hommes d’initiative bienfaisante ont fait comprendre à ceux que la fortune a comblés, qu’ils avaient des devoirs à remplir envers leurs frères malheureux, envers les vaincus de la vie; qu’enfin, il y avait comme une injustice à réparer envers les enfants du peuple, innocentes victimes de transformations sociales mal préparées.

Le Dr Lancry, le propagateur aussi éloquent que convaincu des jardins ouvriers , commence ainsi son rapport au Congrès d’hygiène sociale d’Arras.

«Une comparaison. — Si, au temps des Contes de Perrault, quelque génie malfaisant s’était imaginé de pousser et de faire vivre, dans les eaux saumâtres d’un estuaire, quelques-uns des bancs de poissons qui vivent en haute mer, quel aurait été le résultat de cette fantaisie? Aurions-nous vu, sous l’influence de la sélection naturelle, de la concurrence vitale,. de l’adaptation des organes, se produire des espèces nouvelles et perfectionnées? Ou bien ces malheureux poissons, arrachés à leur milieu normal et aux conditions d’existence désirées par la nature, ne se seraient-ils pas vus, peu à peu, atteints d’étiolement, envahis de neurasthénie, minés de consomption, puis diminués dans le nombre et la vitalité de leur progéniture, finalement frappés de dépopulation et voués à la disparition des individus et à l’extinction de la race?

«Emigration des campagnes. — Ce n’est pas, hélas, sur les poissons de la mer, mais sur nos si belles populations rurales françaises, que le génie malfaisant dont je viens de parler, a exercé sa funeste influence. Depuis une cinquantaine d’années surtout, nous avons vu nos paysans abandonner la terre bienfaisante qui leur convient et qui les avait faits ce qu’ils étaient: des hommes capables de soutenir pendant vingt-cinq années les guerres continuelles de la Révolution et de l’Empire, pour venir sur l’asphalte et les pavés, entre des séries de murailles ajourées de portes et de fenêtres, en des habitations veuves de soleil et de verdure, dans une atmosphère meurtrière, même aux plantes, essayer de créer une race humaine supérieure, dont le superhomme serait le type et le parisien aborigène l’échantillon... si le parisien aborigène,le parisien issu d’aïeux parisiens, n’était pas un mythe!»

Cette désertion en masse des campagnes dont le Dr Lancry nous expose les dangers d’une façon si pittoresque, nous est également révélée, dans toute sa cruelle réalité, par les statistiques publiées pendant ces soixante dernières années.

Comparons, en effet, comme l’a fait le Dr Boureille , les données fournies par les recensements de 1832 et de 1891.

En 1832, c’est la France de Louis-Philippe: les routes sont rares et très mal entretenues, les moyens de communications lents et coûteux, aussi le provincial reste-t-il chez lui; son horizon est borné à son département, souvent à son arrondissement. Le paysan reste attaché à la terre qui le nourrit, sort rarement de sa commune. Aussi, c’est à peine si les départements les plus voisins de Paris donnent quelques immigrants. La Normandie, l’Ile de France, la Champagne, font tous les frais du mouvement vers la grande ville.

Mais en 1891, tout est changé : les chemins de fer, le télégraphe, le téléphone font communiquer constamment des régions qui jadis s’ignoraient; les distances sont supprimées; Paris n’est plus qu’à 12 heures de Marseille; Paris et les grandes villes ont attiré la France, aussi la première zone d’immigration s’est-elle étendue aux provinces les plus reculées.

Cette venue à Paris, dit le Dr Boureille, est montée du simple au double, au triple, au quintuple. Dans certains cas, elle a décuplé et plus. L’ensemble de la Bretagne (5 départements) passe de 11.500 à 88.100 en 60 ans. Les Pyrénées (6 départements) fournissent à Paris 32.500 habitants en 1891, contre 5.600 en 1832. Le Berry et le Nivernais, 82.000 contre 7.900. Enfin, en un demi-siècle, 21 départements décuplent leur exode vers Paris: 270.000 en 1891 contre 32.000 en 1832.

Cette immigration continue s’étend naturellement à toutes les grandes villes de France. «En 1846, en France, écrit Vanderwelde, 24 0/0 de la population totale habitaient dans les villes, aujourd’hui la proportion est de 37 0/0, et on calcule que, tous les cinq ans, près de 300.000 Français viennent, de la campagne, s’établir dans les villes.»

Pour loger tous ces nouveaux arrivants, les villes ont dû s’agrandir, se doubler, se tripler; malheureusement, l’espace étant restreint, et le terrain étant revenu fort cher, c’est en hauteur qu’elles se sont développées. Des maisons de 6 et 7 étages se sont dressées sans que les rues se soient élargies proportionnellement, de sorte que, la moitié au moins des appartements ne peuvent recevoir la lumière bienfaisante du soleil, et, à peine, la quantité d’air suffisante.

Qui ne s’est senti ému en parcourant les rues noires, au relent de moisi, de certains quartiers ouvriers? Qui ne s’est senti le cœur serré, en entrant dans ces logements, dans ces chambres obscures, donnant sur des courettes humides, étroites, que n’a jamais égayés un rayon de soleil?

Les physiologistes ont calculé qu’il fallait à l’homme environ 10 mètres cubes d’air pur, par heure, pour vivre. Où les trouver ces 10 mètres cubes d’air pur dans ces milliers de petits logements, où vivent entassées 5, 6 et parfois 10 personnes, où il n’y a place que pour 3 ou 4? Cet encombrement, uni à la misère, est un des facteurs les plus puissants de mortalité. Dans les quartiers riches de Paris, percés de larges boulevards (Champs-Élysées), la mortalité pour 10. 000 habitants est de 10, tandis que, dans les quartiers pauvres (Plaisance), elle atteint le chiffre fantastique de 104!!!

Le manque d’air pur est encore aggravé par cette détestable habitude qu’a l’ouvrier, de n’ouvrir presque jamais les fenêtres de son logement. L’atmosphère y est irrespirable, surchauffée, empoisonnée par des poêles de fonte ou des fourneaux mal joints, qui laissent échapper à jet continu, de l’oxyde de carbone. Comme nous le verrons plus loin pour l’alimentation, le chauffage est irrationnel au dernier point. On cherche à produire le maximum de chaleur avec un minimum de combustible, problème qui ne peut se résoudre sans augmenter beaucoup la production d’oxyde de carbone. Les poêles mobiles donnent 15 à 16 0/0 de ce gaz essentiellement meurtrier, puisque l’air qui en contient seulement un millième à 1/10.000 est déjà toxique. Que d’empoisonnements lents ont causés tous ces engins à combustion lente (phares, calorifères à air chaud), dont la canalisation n’est jamais et ne peut jamais être étanche!

Il y a déjà dix ans qu’Henri Moissan dénonçait à l’Académie de médecine ce nouveau péril urbain; mais, sourd aux avertissements de la science, on se chauffe toujours davantage, on dépense de moins en moins, on s’intoxique de plus en plus, et tout le monde est satisfait.

Un autre élément de déchéance physique, c’est la mauvaise alimentation, ou plutôt l’alimentation irrationnelle de la classe ouvrière.

Le lecteur nous excusera d’insister un peu longuement sur ce sujet, car l’alimentation défectueuse nous paraît constituer un facteur de prédispositions aussi important, sinon plus que le précédent. On a écrit des milliers et des milliers de brochures contre l’alcoolisme, on semble avoir tout dit, tandis que la campagne en faveur de l’alimentation bien comprise semble à peine ébauchée.

M. Paul Diffloth, dans un excellent article , nous donne à ce sujet des renseignements des plus intéressants.

«L’accroissement réel des salaires a porté ses effets améliorateurs uniquement vers la recherche des plaisirs factices et du faux luxe, sans qu’aucune partie de cet argent ait servi à accroître la qualité des denrées alimentaires; l’ouvrier moderne, dont la paye a doublé depuis 1840, consacre à son alimentation une somme relativement beaucoup plus faible que son ancêtre, manouvrier sous la Restauration.

«Les cours du pain, de la viande, des légumes, n’ontpas suivi parallèlement l’élévation des salaires; comme des charges plus lourdes pesaient sur les producteurs et que des impôts de jour en jour grossissants grevaient la matière première, le producteur a dû lutter contre cette dépression ou cette stagnation des prix de vente, en réduisant ses frais et ses dépenses par l’emploi de matières d’une valeur évidemment plus faible, ou par la surproduction.

«La recherche du meilleur marché, qui caractérise la mentalité de l’homme actuel, a donc conduit, en dehors des fraudes et des falsifications, à la livraison sur le marché de denrées alimentaires auxquelles des conditions de production toutes spéciales conféraient un pouvoir nutritif incontestablement inférieur.»

Pour la production de la viande, on connaissait autrefois l’engraissement au pâturage dit extensif; à côté de ce mode d’exploitation zootechnique, s’est placé l’engraissement à l’étable, dit intensif, utilisant les résidus industriels: pulpes, drèches, tourteaux et déchets divers.

Evidemment c’est toujours de la viande grasse, mais les dépôts adipeux, constitués par une graisse jaune, fluide, molle, ne rappellent que de fort loin la graisse blanche, ferme, des bœufs d’herbe. Tous les agriculteurs connaissent du reste les maladies (caillette, flacherie) que provoque chez les moutons, porcs, vaches, l’usage des tourteaux, des drèches et des résidus innomables de l’industrie,

La production des œufs a suivi la même orientation. L’alimentation des poules avec les grains est devenue ruineuse; on a donc cherché encore des résidus industriels, susceptibles de permettre l’exploitation rémunératrice des poules pondeuses: tourrillons de brasserie, farine de viande, larves de vers à soie, déchets de sardines.

En vain, observe-t-on le goût spécial des œufs ainsi produits et leur difficile digestibilité ; en vain, les techniciens remarquent-ils l’altération du gésier et des intestins des poules nourries aux farines de viande; le consommateur achète l’œuf «bon marché » et se déclare satisfait.

«Les œufs parcourent souvent de grandes distances par suite du développement des voies de communication. Ils arrivent maintenant de Turquie, de Russie, les jaunes et les blancs séparés; dans un flacon sont réunis les jaunes, dans un autre les blancs; le contenu de chaque flacon est soigneusement préservé des fermentations par des antiseptiques ou des conservateurs; au moment de servir l’omelette savoureuse, on mélange à nouveau jaune et blanc.»

Le pain lui-même n’a pas sa valeur nutritive ancienne. Le levain de nos pères est remplacé par un mélange de bicarbonate de soude et d’acide chlorhydrique (Liebig).

Les légumes sont produits intensivement sur des sols fumés abondamment au nitrate de soude, qui développe la végétation herbacée, et insuffisamment aux phosphates de chaux qui donnent des qualités nutritives. L’abus des pommes de terre a déterminé du reste des états de dégénérescence, parfaitement étudiés par le Dr Henri Barbier.

Ce dernier incline à penser que la substitution des pommes de terre, pauvres en matière azotée et en phosphore, aux grains, haricots, lentilles, a déterminé une déminéralisation évidente; une prédisposition morbide, expliquant partiellement les progrès de la tuberculose.

Que dire des vins frelatés, des beurres plâtrés, congelés, laqués, des confitures sans sucre ni fruit! Que dire des laits industriels, des laits chimiques, ou seulement des laits fournis par des vaches nourries dans l’intérieur de la ville avec tous les déchets de ménages!

A côté de cette notion, écrit encore M. Diffloth, de la recherche du bon marché, se place une autre préoccupation de l’homme moderne: c’est celle du moindre souci, du plus faible travail en préparation culinaire.

Actuellement — et c’est à la femme que ce reproche s’adresse — on s’efforce de réduire au minimum les soins de préparation des repas; tous les mets sont livrés «préparés», «cuits», prêts à être «consommés».

«Il y a eu tout d’abord les conserves de légumes — plus verts que nature; l’extrait de viande, puis le consommé concentré, la glace de viande. Ceci était bien, mais insuffisant: nous arrivons à l’heure actuelle au lait en poudre, aux extraits de café, aux conserves de volailles, de gibiers, aux crèmes préparées instantanément; les légumes sont d’avance décortiqués, hachés. Nous demandons sincèrement au lecteur qu’il veuille bien arrêter son esprit à ces considérations, et saisir l’ironie résidant dans ces simples mots, que les épiciers font flamboyer à toute heure du jour: Potages en rouleau, soupes en boites, bouillons en flacons (?).»

Puis la crainte du microbe a amené l’hygiéniste en chambre, ce demi-savant dont l’instruction est faite de coupures de journaux d’hygiène populaire, à user des mets stérilisés. Il y avait déjà le lait stérilisé ; nous avons eu le bouillon stérilisé, les conserves stérilisées; on a même osé parler de lait en poudre stérilisé à 120° dans l’allaitement artificiel des nouveau-nés, niant ainsi le rôle évident des ferments digestifs.

«Il faut pénétrer l’ouvrier, conclut l’auteur, l’employé, le bourgeois, de cette vérité que le premier devoir est de se bien nourrir et de bien nourrir ses enfants; les plaisirs, le luxe, le superflu viennent ensuite. Un grand progrès sera réalisé le jour où l’on ne verra plus ce tableau «éminemment parisien » : l’ouvrier des faubourgs promenant le dimanche sa femme, ses enfants habillés à la dernière (?) mode, guindés dans des vêtements ridicules, empêchant tout jeu, toute liberté, et dînant hâtivement de viande malsaine, de légumes achetés chez le fruitier d’à côté, pour dépenser au music-hall ou au théâtre, quand ce n’est pas au café, la majeure partie de sa paye.»

Comme la plupart de ceux qui ont pénétré dans le monde des travailleurs, nous avons été frappé, chez les ouvriers, de l’ignorance absolue des choses du ménage. Nous avons vu fréquemment de grandes jeunes filles, prêtes à se marier, prêtes à fonder une famille, ne pas savoir faire une soupe, cuire une côtelette, balayer, raccommoder leur linge. Aussi que de services sont appelées à rendre les Ecoles Ménagères, installées depuis quelque temps dans la plupart des centres industriels. On y enseigne les éléments d’hygiène domestique, l’aération surtout, la propreté des habitations, l’économie, en même temps que la préparation saine des aliments; l’art de donner à la maison un air confortable et avenant, tout en restant simple; enfin toutes choses qui font que le ménage ouvrier se trouve bien chez lui.

A ce point de vue, mieux et plus que toutes les ligues de tempérance, la femme peut combattre les ravages de l’alcoolisme, en sachant retenir son mari au logis.

Il est évident, que l’ouvrier mal nourri ira chercher sur le zinc le stimulant, l’excitant passager, dont il a besoin pour fournir son labeur quotidien. Puis, l’excitant deviendra un besoin impérieux et enfin une nécessité qui mène quelquefois lentement, mais toujours sûrement à la déchéance physique et morale.

Telles sont donc les multiples et malfaisantes influences, sous l’empire desquelles les enfants de la classe ouvrière naissent et grandissent: prédispositions héréditaires néfastes, allaitement mercenaire ou anormal, manque de soleil, air vicié, dû à l’encombrement; nourriture insuffisante, irrationnelle ou frelatée, travail exagéré, surmenage, habitudes précoces d’intempérance.

La nature a mis le remède à côté du mal; le remède, c’est le retour à la vie naturelle, à la vie physiologique; le retour au milieu biologique pour lequel nos organes ont été faits.

. Si l’on doutait encore de l’effet curateur du grand air, il n’y aurait qu’à consulter les statistiques si instructives, fournies par le service des enfants assistés, qui envoie tous ses pupilles à la campagne chez les paysans.

Pourtant, s’il est des enfants prédisposés à la tuberculose par leurs antécédents héréditaires ou acquis, ce sont bien ceux-là.

Pères et mères fréquemment syphilitiques, alcooliques la plupart du temps, tuberculeux souvent, dans la misère noire toujours. Malgré ces tares accumulées, nous n’avons constaté, pour notre compte personnel, depuis 12 années que nous inspectons régulièrement les enfants de la circonscription de Tournon, que trois ou quatre cas de tuberculose osseuse ou pulmonaire.

C’est ce que démontre, du reste, la statistique suivante qu’a bien voulu nous fournir M. Goyet, inspecteur des enfants assistés du Rhône:


Remarquons bien que dans le chiffre des décès sont compris, non seulement ceux causés par la tuberculose pulmonaire, mais encore ceux qui sont dus à toutes les autres manifestations de cette affection.

Ils se répartissent de la façon suivante:


Le professeur Grancher a été lui-même frappé de là rareté de la tuberculose parmi les enfants assistés de la Seine:

«Qui ne connaît, dit-il, les statistiques des enfants assistés du département de la Seine? Ces enfants, pris au hasard, dans le milieu social le plus pauvre, le plus misérable, et où la tuberculose latente est assurément très fréquente, deviennent robustes à la campagne et, parvenus à l’adolescence, forment une génération vigoureuse où la tuberculose ne compte que des unités (18 pour 20.000)!»

Et le professeur Grancher ajoute, à propos des recherches si intéressantes qu’il a poursuivies sur les écoliers parisiens:

«Nous continuerons avec l’espoir que le Conseil municipal de la ville de Paris nous aidera à étendre, à généraliser même, à toutes ses écoles, cette recherche, ce dépistage des enfants atteints de tuberculose pulmonaire à l’état naissant.

«Nous espérons aussi que la ville de Paris nous aidera à faire le traitement préventif de ces enfants que la phtisie menace. Les intérêts humanitaire et financier sont ici d’accord pour engager nos édiles à ne pas attendre que la maladie ait progressé. En effet, si l’Assistance publique succombe aujourd’hui sous le fardeau des milliers et milliers de phtisiques qu’elle ne peut secourir, c’est parce qu’elle attend, pour y porter remède, que le mal ait achevé son évolution souterraine.

«Mieux vaut aller au-devant de lui, mieux vaut prendre l’offensive que d’attendre l’arme au pied. En matière de tuberculose, la défensive est une mauvaise tactique, et c’est un acte d’imprévoyance que le budget paiera fort cher; car il devra, plus tard, dépenser des sommes énormes en faveur des phtisiques avérés, et pour un résultat très médiocre.»

C’est sous l’impression de ces paroles que nous commencerons l’étude des œuvres du grand air.

Cette étude aura surtout pour objectif l’organisation des colonies scolaires qui s’adressent à l’enfant, sur lequel doit tout d’abord s’exercer la lutte antituberculeuse; nous dirons quelques mots des œuvres qui viennent au secours des jeunes ouvriers et des jeunes ouvrières malades. Nous aurions aussi voulu étudier les jardins ouvriers, que les services déjà rendus placent parmi les œuvres les plus importantes du grand air. Nous y reviendrons plus tard; pour le moment, il nous a paru plus sage de ne pas trop étendre notre horizon.

La Santé par le grand air

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