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ACTE PREMIER
SCENE IV
ОглавлениеLES MEMES, IVAN, SANGARRE, TSIGANES.
Ivan est sorti du salon et s'est rapproché du gouverneur. Sangarre et ses Tsiganes sont restées au fond. – Les reporters et les officiers causent avec elles.
IVAN, déguisé en vieux bohémien et parlant du ton le plus
humble.
Monsieur le gouverneur… monseigneur…
LE GOUVERNEUR.
Qu'est-ce?.. Ah! c'est toi, vieux bohémien! Que me veux-tu?
IVAN. Je viens demander à Votre Excellence si elle est satisfaite des Tsiganes, auxquelles on a bien voulu réserver une place dans le programme de cette fête?
LE GOUVERNEUR. Enchanté… et j'aime à croire que, de ton côté, tu n'auras pas à te plaindre!.. Bien rafraîchis, bien payés?..
IVAN.
Oui, monseigneur, oui!.. Aussi, je ne voulais pas prendre congé de Votre Excellence, sans l'avoir humblement remerciée!
Sangarre se joint à moi!..
LE GOUVERNEUR.
Sangarre?.. Ah! cette belle fille que j'aperçois là?
IVAN, faisant signe à Sangarre de s'approcher. Oui… Sangarre est la véritable directrice de ces Tsiganes, Excellence!.. A elle revient la meilleure part des compliments que vous avez dédaigné leur adresser! (Sangarre reste fièrement campée sans mot dire.)
LE GOUVERNEUR.
Elle ne parle pas le russe?
IVAN. Hélas! non, monseigneur. Aussi, moi, le vieux bohémien, je suis leur factotum, j'organise les concerts, je traite pour les fêtes. Sans moi, la petite troupe serait souvent embarrassée. C'est même à ce propos que je venais solliciter une faveur de Votre Excellence…
LE GOUVERNEUR.
De quoi s'agit-il?..
IVAN.
C'est demain que finissent les fêtes en l'honneur du czar.
Nous n'avons donc plus rien à faire ici, et notre intention est de repasser la frontière.
LE GOUVERNEUR.
Ah! vous voulez retourner en Sibérie?
IVAN. C'est un peu notre pays… Excellence. Or, la frontière va être encombrée par tous ces marchands d'origine asiatique, qui retournent dans leurs provinces. On sera arrêté à chaque instant aux postes de police, et…
LE GOUVERNEUR.
Eh bien! n'as-tu pas un passeport en règle?
IVAN. Sans doute, monseigneur; mais, Votre excellence le sait mieux que moi, un passeport en règle, ça n'existe guère en Russie. Il y manque toujours quelque petite chose!.. tandis que si Votre excellence, qui a daigné se montrer satisfaite de nous, voulait bien m'en donner un… spécial, revêtu de sa signature… avec ce précieux talisman, nul obstacle à redouter… et… je pourrais partir en avant, afin de préparer les étapes de notre troupe!
LE GOUVERNEUR. Soit! Toi et les tiens, vous êtes de braves gens qui avez fait grand plaisir au Palais Neuf, et je ne refuse pas de vous être agréable.
IVAN.
Je baise humblement les mains de Votre Excellence.
LE GOUVERNEUR.
Et quand comptes-tu quitter Moscou?
IVAN. Moi?.. demain… au lever du soleil, monseigneur, avant que les portes de la ville ne soient encombrées par les milliers d'étrangers qui vont partir.
LE GOUVERNEUR. Eh bien! dis à cette belle fille, ta compagne, que rien ne retardera ton voyage, ni le sien. Je vais d'abord faire préparer ton passeport, et celui-là… sera bien en règle. (Le gouverneur sort par la gauche. Le général remonte vers les groupes d'invités.)